Qui de nous deux est le préfet — GABIN (terminé)

On m'a toujours dit que les envies qui nous prennent d'un coup ne sont pas à négliger. Alors que je suis dans mon lit et que mes camarades de dortoir semblent dans un sommeil profond, j'ai ce soudain besoin d'écrire à ma mère. Il ne me faut pas plus de cérémonie pour que je sorte de la salle commune des serpentards et que je me faufile dans les couloirs. Les vieilles salles inutilisées sont mon repère principal quand je veux m'échapper et prendre enfin quelques minutes pour être moi-même. Cette histoire autour de mon père a pris beaucoup d'ampleur depuis la première année et je m'efforce toujours d'alimenter au mieux les mensonges autour de celui-ci. Il n'existe pas, enfin si, mais moi je ne le connais pas.

Je marche donc dans les couloirs, par chance, je ne suis pas loin de mon havre de paix et il y a peu de chances que je tombe sur le concierge ou pire, sur l'un des préfets. Mon excès de confiance retombe bien vite lorsque j'entends des bruits de pas dans le couloir. Comme par hasard ! Je souffle bruyamment ce qui est complètement stupide puisque j'attire plus l'attention sur moi qu'autre chose. La personne apparait dans mon champ de vision et je devine sans difficulté qu'il s'agit d'un garçon. Comme je ne sais pas quoi faire d'autre et qu'il existe toujours une chance d'échapper à son destin, je me retourne vivement et prends mes jambes à mon cou. Après tout, peut-être qu'il ne m'a pas vu.

NEUTRE

Gabin faisait tranquillement sa ronde de préfet, il aimait assez cette petite habitude depuis le début de l’année. En règle générale, les nuits étaient calmes, il avait croisé quelques amoureux cachés, un somnambule, un premier année qui s’était perdu en voulant aller aux toilettes et qui s’était retrouvé on ne sait comment deux étages plus haut. Rien de bien grave quoi. Il profita donc de sa soirée pour aller vers les salles inutilisées et contrôler la salle qu’il utiliserait le lendemain pour sa fête. Après tout, il ne faisait rien de grave car cela ne l’empêchait en rien d’être attentif à ce qui l'entourait. Seulement, au lieu de la tranquillité habituelle, il entendit des bruits de pas, qui pouvait bien se balader à une heure pareille ! Il allait lui poser des questions lorsqu'il vit une traînée de cheveux blonds qui s’éloignait à vive allure à son opposé ! Donc une fille car à sa connaissance il n'y avait aucun garçon avec des cheveux longs et blonds ici. Sérieusement ? Elle comptait vraiment le faire courir ? Un peu dommage pour elle, il était très grand et il réussit sans peine à la rattraper en quelques foulées. C’était en effet une personne blonde pas très grande et serpentard de toute évidence vu ses habits. « Qui es-tu ? Et que fais-tu ici à cette heure ? » Le faire courir n’était pas la meilleure solution pour se mettre dans ses bonnes grâces, elle n'avait de toute évidence pas compris grand-chose !

Je cours mais c'est dur. Mon cœur palpite et m'envoie des signaux, je vais mourir d'un arrêt cardiaque si je ne m'arrête pas d'une seconde à l'autre. Au moins ça. J'espère même secrètement que ce garçon me rattrape pour mettre fin au supplice. Il est vraiment temps que je me remette au sport ou une ânerie de ce genre-là. Dieu merci j'ai quand même la chance d'avoir un corps de rêve et cela sans faire le moindre effort. Bon, pour le coup ce sont mes jambes qui souffrent, et mon estomac qui risque de rendre mon repas, et mon cœur, et mes bras puisque je les balance, et mes... argh ! Je meurs.

C'est comme si j'avais couru un marathon quand le garçon qui me pourchasse me rattrape. – Comment ça qui je suis ? Je l'agresse quand il me pose la question, tu me connais pas ? Quand même, je ne suis pas n'importe qui dans cette école. Et toi qu'est-ce que tu fais là, d'abord ? T'es pas censé être dans ton lit ? Je préfère faire comme si je n'avais pas vu son insigne de préfet brillant sur sa poitrine. Avec un peu de chance il est assez idiot pour me laisser tranquille.

NEUTRE

Gabin n'avait pas eu le moindre mal à rejoindre la jeune fille qui se débrouillait presque aussi bien qu’un pingouin pour courir ! Seulement voilà, s'il aurait pu trouver le petit exercice sympathique dans une autre situation, là, il était excédé. De un, parce qu'il sentait que cette fille allait être une teigne, la première véritable difficulté de son rôle de préfet ! Er de deux, parce que pour rien en fait, il n’était juste pas d'humeur à faire face à une personne qui le priverait de sommeil pour jouer à chat dans les couloirs ! « Eh bien non je ne te connais pas, sinon je ne te poserais pas la question ! » Mais elle était bêta ou quoi, pour quelle raison il aurait dû la connaître ! Certes il connaissait un bon nombre de personnes mais elle n'en faisait pas partie. « Je fais mon boulot ! Et c’est justement toi qui m’empêche d’y aller. « il regarda ses affaires afin de déterminer sa maison « Ok alors serpentard, quelle année et comment t'appelles- tu ? » Si elle pouvait éviter de le faire traîner pendant des heures, cela pourrait être mieux. Il prenait sa fonction très au sérieux, essayant au mieux de respecter les consignes tout en étant compréhensif lorsqu'il le fallait ! « Et bien sûr que fais-tu ici en pleine nuit ? »

J'ouvre la bouche, outrée. Quatre années que je me bats pour exister à Poudlard et être reconnue de tous. Pour de bonnes ou de mauvaises raisons qu'importe, voilà qu'un préfet, Poufsouffle de surcroît, ne sait pas qui je suis. C'est vexée que je lui lance un regard noir, on aura vraiment tout vu dans cette école. J'enchaîne directement en esquivant la question. S'il pense que ça va être facile, il a perdu d'avance. – Oula mon grand ! Je m'exclame, je ne t'empêche de rien moi, si tu veux aller dans ton lit vas-y, je ne te retiens pas. Je lance un signe vague en direction du couloir. Ce n'est quand même pas ma faute s'il me colle aux basques. Il ne va pas m'accuser de l'empêcher de dormir, non mais oh. En plus, il est hors de son lit tout comme je le suis. Il jette un coup d'oeil à ma robe et me parle mal. – Dis donc, ne dis pas serpentard avec autant de dédain, ok ? Stop à l'exclusion des verts par le reste de l'école. Pourquoi dès qu'il s'agit de nous, tout le monde prend cet air hautain et médisant ? – Je m'appelle Vespyr Wilkes. Je balance sans regrets. Si je peux éviter la punition en accusant ma camarade de maison, soyez sûrs que je ne vais pas hésiter. Il a l'air trop perché de tout façon pour remarquer la supercherie. Et, s'il ne me connait pas moi, il ne risque pas non plus de connaître Vespyr. Ce que je faisais ici en pleine nuit ? Je répète sa question pour gagner du temps. Il me faut une excuse. J'étais... hum... t'es sûr que c'est la pleine nuit ? Je me frappe le front du plat de la main. Oh zut ! J'ai raté le couvre-feu ! Bon, bah j'y vais alors, merci de m'avoir informé. Et vite, je fais demi-tour et m'engage en direction de ma salle commune, abandonnant l'idée d'écrire à ma mère.

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Cette élève était insolente et un peu cruche, on aurait dit un chat qui sortait les griffes et qui faisait le dos rond en même temps, une vraie contradiction à elle seule. « Dommage pour toi, je fais correctement mon boulot et tu n’as rien à faire ici à cette heure. Alors tu me donnes ton nom et tu rentres direct dans ton dortoir dormir comme les enfants, après tout tu en es une » dit-il avec une pointe de dédain histoire de la faire descendre de ses grands chevaux. Il faisait deux fois sa taille et sa stature était bien plus impressionnante mais il ne chercha pas à en abuser, il se demandait juste pendant combien de temps il devrait gérer cette personne qui cherchait le moindre détail pour tout compliquer. « Je parle de chaque maison de la même manière alors arrête de faire ta victime. » il tiqua très légèrement face au nom et commença à se demander si elle n’était pas complètement en train de se moquer de lui. « Vespyr Wilkes vraiment ? » demanda-t-il confirmation auprès d’elle. « Magnifique très grande actrice. Et en vrai maintenant ? » En effet, Vespyr était venu une ou deux fois à ses soirées et n’était pas la plus désagréable des personnes. Il se souvenait d’elle Comme de chaque personne qui avait un jour foulé le sol de ses soirées. « Pendant combien de temps comptes-tu encore raconter n’importe quoi ! Vas-y direct dans ton lit et attend toi à recevoir une punition demain et des points en moins ! » Il la laissa partir bien tranquillement heureux de pouvoir se débarrasser d'une personne une pointe étrange.

J'hallucine. Il a quel âge pour me parler sur ce ton ? S'il était un adulte ou un membre du personnel, pourquoi pas mais ce poufsouffle qui me fait face est au même rang que le mien : c'est un adolescent. – Je ne suis pas une enfant. Je grince et croise les bras sur ma poitrine. Il veut la jouer provocation, je peux le faire aussi. Je ne peux pas m'empêcher de lui trouver un air niais, c'est un septième année ça ? Il possède la crédibilité d'un élève qui vient d'arriver dans l'école. Je chasse ses paroles d'un geste de la main, je joue un personnage odieux et j'adore ça.

– Je ne fais pas ma victime, idiot. Je te mets juste en garde. C'est un regard mauvais que je lui envoie avant de minauder que je m'appelle Vespyr. Cette peste n'en dormira pas moins bien cette nuit. Sauf que la faute à pas de chance, il ne me croit absolument pas. – En vrai ? J'hausse un sourcil. Vespyr Wilkes. Je prends tout de même en note qu'il me considère comme une grande actrice. En revanche, ils se connaissent sûrement, zut ! Je fais mine de rien, autant jouer le jeu à fond. Je continue, encore un petit peu jusqu'à me retourner et fuir MAIS il me cause d'une manière qui ne me plait pas du tout. – Ce n'est pas à moi que tu parles comme ça, j'espère ?! Je suis face à lui et je franchie les quelques mètres qui nous séparent.

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Cette jeune fille était insupportable, horrible et pimbêche. Il n’aimait pas faire de préjugés mais elle avait bien tout d’une serpentarde dans toute sa splendeur. Elle se trouvait dans un endroit où elle n’avait strictement rien à faire, et pourtant elle agissait purement comme une victime que l’on oppressait ! Il était vraiment temps que quelqu’un la remette à sa place. Et il allait se faire un plaisir de s’acquitter de cette tache. « Bien sûr que si tu en es une ! Et vu l’heure, tu aurais d’ailleurs du être couché depuis bien longtemps, tu vas être fatigué demain » dit-il en appuyant toujours plus sur le fait de la traiter comme une enfant ignorante et qui ne savait pas quoi faire si elle n’était pas guidée.

Il ne comprenait pas comment on pouvait avoir un égo si important alors qu’elle n’avait pas la moindre raison de l’être, elle n’avait pas l’air particulièrement intelligente ni futée et elle n’était pas particulièrement belle, juste insupportable et grinçante. « Bien sûr que si ! Et puis, tu peux me mettre en garde de ce que tu veux, tu n’as aucun moyen de me toucher, tu es d’un niveau bien plus inférieur. » Elle pensait combien de temps qu’elle pourrait se moquer de lui ainsi. Très bien, dans ce cas là, il se renseignerait plus tard sur sa véritable identité pour qu’elle reçoive une punition à la hauteur de ses fautes. « Désolée de te décevoir mais je connais bien Vespyr et d’ailleurs elle est nettement plus intéressante que toi ». Elle essaye bien de s’enfuir mais je n’ai besoin que de mes mots pour l’arrêter. Il semblerait que la petite princesse capricieuse n’appréciait pas d’être critiquée ! « Bien sûr que si, il n’y personne d’autre ici à part toi ! Je ne fais que te dire ce que tu sembles avoir besoin d’entendre pour te calmer. Je retire des points à Serpentard et je signalerai ton comportement inacceptable dès demain. Attend toi à recevoir quelques visites très désagréables.

J'écarquille les yeux devant toute l'arrogance que possède ce garçon. Je ne l'aime pas. – Je te parie ce que tu veux que tu seras plus fatigué que moi demain. Mes bras sont toujours croisés sur ma poitrine et j'aborde désormais une moue boudeuse. Peut-être suis-je encore une enfant mais lui n'est pas très mature pour son âge plus avancé que le mien. Je ne vais pas manquer de faire quelques recherches sur cet odieux personnage et découvrir quel genre d'élève il était lorsqu'il avait des années en moins. Je suis presque sûre de le ranger dans la catégorie des soumis inexistants aux yeux de la société avant qu'il n'ait un déclic et décide de se mettre en lumière pour x raisons. Tout le parcours d'un débutant et d'un amateur.

Je me retiens de taper là où ça fait mal et, comme il le dit si bien, à un niveau inférieur. Mon oncle m'a appris plusieurs techniques de défense dont l'une particulièrement efficace. Je n'en fais rien. Au lieu de ça je pouffe tant sa répartie n'atteint pas la blanche colombe que je suis. Il connait Vespyr, je suis démasquée. Tant pis, il n'est pas plus avancé sur mon identité pour autant. – Effectivement tu me déçois si tu considères que Vespyr est plus intéressante que moi. Je ricane avant de fuir. Et de revenir car je ne peux qu'affronter les mots du garçon et les maux qu'ils me causeraient si je le laissais s'en tirer comme ça. – Mais dis donc, ta poussée d'autorité te vient d'où ? Je le questionne. Tu peux t'attendre en retour à un compte rendu bien pimentée pour abus de pouvoir et respect inexistant à l'encontre d'un élève de l'école, à toi de voir. Et puis, personne d'autre que toi n'est témoin que j'étais bien dans ce couloir ce soir... Sans preuves, pas de punitions. Je papillonne des yeux.

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Quelle amabilité elle avait c’était plutôt impressionnant. « C'est gentil de te soucier de mon bien être et de mon sommeil mais je suis habituée à dormir peu alors ça devrait aller" dit-il une pointe sarcastique. C'est vrai, il ne comptait plus les nuits où il avait dansé et bu jusqu'au petit matin et avait été en cours quelques heures ou quelques minutes après comme s’il ne s’était rien passé. Il avait acquis une très bonne récupération en très peu de sommeil ce qui l’aidait également dans son rôle de préfet, car à bien y regarder entre tout ça, il ne pouvait presque jamais avoir de nuits complètes. Il avait donc bien envie d'envoyer au lit cette élève. Mais bon même s'il ne le faisait pas, il s'en remettrais et elle s’en mordraient les doigts bien plus que lui le lendemain. Il irait en parler à son professeur référant des le lendemain afin de récolter des infos et surtout qu'elle puisse être sévèrement punie pour avoir un comportement inadmissible, si elle agit ainsi avec les professeurs, elle doit être une vraie catastrophe ambulante.

Elle le fatiguait déjà alors que cela faisait à peine quelques minutes qu’il l'avait rencontré. Il plaignait sincèrement ceux qui devaient la côtoyer chaque jour que ce soit dans les cours ou autres. « Vespyr est intéressante, désolée de te décevoir, et puis je ne suis pas sûre que ton opinion soit très objective. » Elle représentait peut-être ce qu’elle n’était pas à bien des égards. Même si ça ne ferait pas de mal à la blonde de prendre un peu exemple sur sa compatriote de maison. Il l’écouta attentivement sortir sa petite tirade de victime « Mais dis moi, comment comptes-tu signaler un abus d’autorité si tu n’étais pas présente dans ce couloir ? Il faut savoir ce que tu dis au bout d'un moment. » Rien que sa position de préfet lui donnait un rôle de confiance donc à voir entre lui et elle, pas sur qu'il y ait longtemps un doute sur l’identité du menteur. « Et puis, tu ne pourras pas contester ta présence car des demain matin tu recevras une notification officielle comme quoi tu devras nettoyer les toilettes Comme punition de ta présence à un endroit inadapté à un horaire inadapté. » C’était une punition humiliante qui ne lui ferait pas de mal. Il en parlerait à son professeur qui avait toujours validé ses punitions jusqu'ici donc aucun risque que cela ne change. Puis il tourna les talons et partit continuer sa ronde.

Je veux mettre un terme à cette plaisanterie de mauvais goût au plus vite. Gabin et moi ne sommes pas sur la même longueur d'onde et il vaut mieux en rester là avant que les choses ne dégénèrent vraiment. Il se donne un genre je-suis-au-dessus-de-tout-le-monde qui ne me plait pas. Il est préfet et je suis en tord, certes, mais je n'en reste pas moins une Hurley et une Hurley se doit d'être traitée avec le plus grand respect et la plus grande importance. Il aurait du, par exemple, me raccompagner jusqu'à ma salle commune. Les vrais hommes - les gentlemans - l'auraient fait, eux. Je n'ai même pas envie de débattre sur le peu d'intérêt que dégage Vespyr à mes yeux, me justifier ne ferait que prouver que je n'ai pas raison et ce n'est pas le cas. – C'est ça. Je me contente de répondre. Il enchaîne donc en me méprisant et j'en ai assez entendu pour la soirée, je ne lui réponds plus, il ne le mérite pas - et je n'ai pas de réels arguments pour contrer ses propos, je préfère me taire. Je roule des yeux une dernière fois pour accompagner les mots du poufsouffle puis, tandis qu'il tourne les talons en promettant de mettre ses menaces à exécution, je fais de même en jurant de retourner dans les couloirs du château quand l'envie me viendrait.