Octobre 1977

« Tu feras attention à toujours remuer ta potion dans le sens inverse des aiguilles d’une montre auquel cas leurs propriétés magiques disparaîtront, » indiqua en grande professionnelle Madame Zabini, la gérante de cette boutique de potions et fournitures dans l’allée des embrumes. « Trente gallions, mon cher. » Trente gallions ?! Rabastan la gratifia d’un regard aussi sévère qu’indigné en entendant le prix exorbitant qu’elle pratiquait pour seulement trois feuilles d’arbre à hyène. Ce à quoi elle répondit avec un sourire malicieux et un faux ton fataliste : « Ce fut difficile de me les procurer, tu sais. La rareté est la loi du marché. » Rabastan, bien que scandalisé par le sens des affaires de la sorcière, ne put que mettre le prix demandé. Trente gallions sonnant et trébuchant sur le bois usé du comptoir. Trente gallions qui ne faisaient qu’accroître le déficit d’une famille qui, bientôt, serait sans le sou. Le cadet Lestrange s’empara alors rageusement de la petite enveloppe dans laquelle la marchande avait placé les feuilles et s’en alla sans se retourner. Alors qu’il passait la porte, elle eut le culot de le saluer. « Bonne nuit à toi. »

Rabastan fulminait et même le temps maussade de cette fin octobre ne refroidissait pas ses ardeurs. L’air était glacial, saisissant et le pavé de l’allée des embrumes humide. Seuls quelques rayons de lune s’y reflétaient et apportaient un peu de clarté au lieu lugubre. Il ne faisait pas bon trainer en cet endroit en cette saison. La nuit tombait tôt, le jour tardait à se lever. Minuit était une heure plus que propice aux crimes et aux affaires.
Et quelles affaires ! Rabastan avait la terrible et rageuse impression de s’être fait rouler. Trente gallions pour trois feuilles d’alihotsy, quel scandale ! Les propriétés hystérisantes de la plante la rendait dangereuse. Ou étrangement intéressante lorsque l’on trempait dans l’obscur et les ténèbres. Mais de fait, cela rendait l’arbre à hyènes difficile procurable.  Zabini n’avait pas tort, ce n’était pas un produit que l’on trouvait à chaque coin de rue et c’était pour cela que le mangemort avait été obligé d’aller se fournir chez elle.
Dépité, Rabastan fouilla frénétiquement dans sa cape jusqu’à en ressortir son paquet de cigarette et son briquet. D’un geste parfaitement rodé, il en alluma une dont le rougeoiement illumina un instant son visage austère et lugubre.  Il rangea son attirail tout en tirant avidement sur son mégot dans l’espoir que la grisante fumée puisse l’aider à supporter la triste vérité : ces trois pauvres feuilles d’alihotsy étaient minables. Il venait de jeter un nouveau coup d’œil au contenu de l’enveloppe et voulait hurler de rage. A la lueur de la lune et de sa cigarette, il pouvait clairement distinguer que les feuilles n’étaient plus vertes mais avaient commencé à dépérir, se craquelant déjà sur les bordes du limbe. Cette diablesse l’avait bien eu ! Un jour, il devra la faire payer pour son sens des affaires désastreux et son sourire foutrement narquois. Un jour peut-être. Un jour, sûrement. Mais ce soir-là, Rabastan allait rentrer à Leicester. Il avait une potion à préparer. Sauf si …

Citation :

Je me disais que Levi, qui trainait par là, pourrait vouloir piquer le paquet de Stan

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