le disque tournait depuis maintenant un bon quart d'heure dans la stéréo, le volume poussé à fond. le blond, vautré sur le matelas de sa soeur, les pieds sur la tête de lit, balançait la tête en mesure avec la musique - sans se soucier du fracas qui lui parvenait d'en bas. en vérité, il s'était habitué à tout le vacarme qui régnait dans la maison des mckinnon : c'était devenu une habitude d'entendre des cris provenant des endroits les plus incongrus. en attendant, la chaleur étouffante qui régnait dans la baraque depuis le début de la semaine n'aidait pas à calmer les tempéraments bouillants de son pays d'origine et le nombre de bagarres avait haussé de 50%, à vue d'oeil.

aussi, quand la porte s'ouvrit brusquement en grand et qu'une tornade blonde entra dans la chambre, il n'y fit d'abord pas attention et continua de bouger en rythme avec la mélodie. « C’est quoi ça ? Tu ne vas pas à la coupe du monde de quidditch ? Si j’ai pas le droit, t’as pas le droit ! » levi redressa la tête, et comprit à voir la mine furax que tirait marlene que c'était sa gueule des mauvais jours. elle en avait plusieurs, des têtes, marlene, mais celle là était une des pires - ou des plus amusantes, tout dépendait du point de vue. « t'as encore été punie, soeurette ? » se contenta de chantonner son frère, ses lèvres s'étirant en un sourire malicieux...

...sourire qui disparut aussitôt lorsqu'elle se précipita vers son sac et l'en débarrassa de son contenu d'un trait. les affaires tombèrent au sol avec un grand BOUM à peine étouffé par les couches de vêtements. levi se redressa d'un bond - « FUCK DHETH !* » - et se jeta sur ses biens pour les ramasser en toute hâte. mais avant qu'il ait pu ramasser tout son paquetage, la porte claqua et, redressant la tête, les genoux au sol, il comprit que la discussion risquerait d'être longue... et bruyante, très bruyante, si on en jugeait au tempérament des deux ado.

« MAIS T’ES FOU ? » s'exclama la lionne, les yeux plus ronds que la terre elle même. le corps rompu par des années à sauter de murs en murs, le mckinnon se redressa souplement et jeta son sac sur le lit, derrière lui. il croisa les bras, adoptant une position défensive. « c'est TOI qui est folle ! ça vaut une fortune ce truc, je vais pouvoir me faire masse d'argent avec ça - et je te signale que c'est toi, qui m'en a apporté en premier ! » piètre défense il le savait, mais ces plantes représentaient tout son argent de poche - c'était son travail, et clairement, il était dans la merde.


*va te faire foutre !

les chamailleries entre levi et marlene étaient fréquentes. très fréquentes, trop fréquentes, mais elles faisaient irrémédiablement partie de la routine qui s'était installée entre eux dès qu'ils avaient appris à se connaître. en un sens elles étaient essentielles dans leurs relations, parce qu'elles forgeaient le lien qui les unissait. mais là - là, la dispute qui arrivait au grand galop était radicalement différente de leurs petites insultes de gamins. levi le sentait, dès le moment où l'affaire du deal avait été porté sur la table. s'ils avaient un peu de bon sens ils auraient baissé la voix. mais le fait était qu'ils étaient levi et marlene - et levi et marlene faisaient rarement preuve de bon sens lorsqu'ils étaient tous les deux.

« masse de... QUOI ?! » la mckinnon ne paraissait pas en revenir - comme si elle avait voulu dénier la vérité qui s'imposait à elle. le blond eut un rire jaune. « de fric, ouais, t'as bien entendu ! » ah ! c'était mal, très mal, Dieu le punirait sûrement pour cela - et pour tout ce qu'il avait fait, et ce qu'il ferait encore - mais il ne pouvait s'arrêter. « si tu racontes ça à maman, la coupe du monde de quidditch deviendra mon dernier problème … et le tien aussi ! PARCE QUE JE T'AURAIS ASSASSINE ! » elle hurlait, et elle hurlait encore marlene, et les murs tremblaient, et ses cris ne faisaient qu'alimenter la rage sourde qui montait plus vite que la lave d'un volcan chez le garçon.

« t'es complètement aveugle ou tu le fais exprès ? tu croyais quoi, que j'en récoltais autant pour ma consommation personnelle ? j'en prends presque plus, de tout ça, mais je te raconte pas la fureur que ça fais chez les autres. » ça claquait, ça claquait aussi sèchement qu'un fouet, alors qu'il se déplaçait, donnant un coup de pied au sac qui tomba à terre derrière lui, et qu'il posait un pied sur celui ci en un geste protecteur. «  je t’ai apporté ça en premier ? très bien ! TU LE RENDS ! » les yeux qui s'agrandissent, le cri qui résonne, « NON ! »

il la voyait esquisser un mouvement vers sa baguette, et la peur grimpait, enflait en lui comme un énorme ballon d'hélium. car il savait, le mckinnon, il savait que si elle faisait usage de magie, il n'avait aucune chance. « TU NE PEUX PAS- tu ne peux pas vendre ça d’accord ? c’est à peine légal chez les sorciers et ça ne l’est définitivement pas chez les moldus ! » et elle continuait, à déferler ses leçons de morales qu'il n'avait que trop entendu - et il ne saisissait pas la portée de ces leçons, l'gamin. il en avait juste marre, trop marre, beaucoup trop. « oh non, Levi, dis moi que tu ne vends pas ces plantes à tes copains moldus ! »

la goutte de trop. les yeux du blond flambent de fureur, le serpent se met à siffler, « tu comprends toujours pas, hein.  » ses mouvements deviennent incontrôlés, alors qu'il voit toujours la main de sa soeur près de sa baguette, « touche pas à ça ! t'as pas intérêt, tu- t'as pas- MAIS MERDE TU COMPRENDS VRAIMENT RIEN ! » coup de tonnerre, la rage éclate au grand jour, plus violemment qu'une balle de fusil. « PUTAIN MAIS T'AS PAS PIGÉ ? TU PEUX PAS M'ENLEVER ÇA ! TU PEUX PAS ME FAIRE TES PUTAINS DE LEÇONS COMME ÇA ! » à cet instant il se fout bien de qui l'entendra et qui ne l'entendra pas, parce qu'à cet instant la rage avait trop prit le contrôle de ses mots pour qu'il l'en empêche.

« tu peux pas m'enlever ça, marlène, t'as pas le droit. parce qu'en fait c'est ta faute, non ? » sa voix frémit, au paroxysme entre la retenue et le laisser-aller, elle vibre de colère sourde et d'impuissance enfouie. « C'EST TA. PUTAIN. DE. FAUTE. ET TU PEUX PAS, TU PEUX PAS M'ENLEVER ÇA. PARCE QUE SI TU ME L'ENLÈVES, JE SUIS QUOI, MOI ? JE SUIS QUOI SINON UN... UN HUMAIN ? JE SUIS RIEN. » et soudain sa voix se brise, comme un verre éclate en un millier d'éclats de cristal. « je suis normal. » le sanglot monte, enveloppé dans une bulle, et il réprime les larmes de fureur qui lui montent. « j'en ai rien à faire de la légalité. 'puis de toutes façons on va tous crever, non ? » rire amer, dénué de toute joie, alors que le marbre de ses yeux se veine de rouge.