Hors-sujet:

Il serait mentir que de dire que Yelena n’avait pas eu peur, même un peu. Elle répondrait sans doute que ce n’était pas première fois. Ce qui je serait en aucun cas une justification suffisante. Sans doute encore moins pour son interlocuteur actuel. Même si Yelena sous-estimait sans doute assez fortement l’attachement réel de ce dernier. Alors qu’il faisait pourtant l’un de ses principaux sujet d’inquiétude, d’incertitude, ou autres questionnements possibles.

La réponse douce et affirmative qu’il lui avait accordé lui réchauffait un peu le coeur. Assez peu rassurée pour le moment, la belle russe était plutôt contente de ne pas refaire son chemin seule. Si en plus c’était lui qui l’accompagnait, c’était sans doute encore une petite victoire.

-Une chance que je sois passé par là … Qui étaient ces hommes ? Qu'est-ce qu'ils te voulaient ?

Forcément, elle devait s’attendre à ce genre de questions. Même si en premier lieu elle avait surtout noté qu’il ne repassait pas au vouvoiement habituel une fois les plus grosses émotions passée. Elle ne comptait pas le reprendre, c’était un autre pas en avant qu’au final elle n’avait pas forcé. Alors qu’ils marchaient, perdue pour perdue, elle avait pris son bras, déjà un peu plus détendue que les minutes précédentes. Cherchant sa réponse, elle avait même un léger sourire, un peu mal à l’aise. Ce n’était pas son habitude de parler de tout cela, mais après tout il lui demandait. Et elle n’avait pas franchement envie de lui mentir.

-Il est possible que j’ai un peu cherché ces ennuis… peut-être… sans doute…

Un peu gênée tout de même, un sourire assez nerveux aux lèvres, sans pour autant oser regarder son interlocuteur, elle cherchait par quoi commencer.

-Je cherche des réponses… C’est en grande partie pour cela que je suis venue en Angleterre. J’avais un frère, un grand frère. Cela va bientôt faire 20 ans que son dossier traine quelque part au ministère. Je veux juste des réponses. Je sais que les responsables portent ces masques, je veux les voir, et surtout je veux leur faire payer ce qui est arrivé à Ivan…

Le visage fermé, elle continuait à avancer à ses côtés, au moins aussi déterminée que quelques heures avant. C’était sans doute ça son problème, sa motivation pour une entreprise qui ne lui donnerait sans doute que des ennuis. Mais au moins sa réponse était honnête. Elle voulait voir ces gens souffrir, de sa main ou non. Et surtout, Yelena voulait trouver les coupables directs de ce meurtre injuste.

-J’ai apprécié ton aide, mais je crois que ça serait mentir que de dire qu’une situation similaire n’arrivera plus… J’ai l’impression que si je ne le fais pas, personne ne le fera.
     

Ils avaient eu assez peu l’occasion de se parler au final. Ou plus précisément ils n’avaient jamais trop osé prendre ce temps. Enfin, Yelena ne voulait pas trop s’avancer non plus mais pour sa part, elle n’avait jamais osé. Difficile de croire qu’une femme habituée à côtoyer des dragons puisse être impressionnée par un seul homme. Et pourtant!

Un sujet bien trop sérieux les avait réuni ce jour-là. Elle avait eu une nouvelle altercation avec ces mangemorts qu’elle cherchait trop souvent. Sa chance avait bien heureusement placé au même moment et au même endroit le professeur Dorkins. Ils faisaient donc maintenant route vers chez elle alors qu’elle lui parlait un peu de son frère. Un sujet délicat et pas forcément agréable. Mais elle n’avait pas spécialement envie de lui mentir…

-Tu finiras par trouver ! Mais s'il te plait ne te mets plus en danger de cette façon … Ne peux-tu pas retourner au Ministère, demander la réouverture du dossier ?

Elle voyait bien dans ses yeux que ses explications ne lui avaient pas forcément plu.. Mais ce regard plein de bonnes intentions, son sourire et son bras qui serrait le sien… Yelena avait le coeur qui s’emballait et son visage fermé avait retrouvé son sourire en croisant son regard. Qu’est-ce qu’il était craquant quand même…

-Le dossier n’a jamais vraiment été fermé. Ils sont coincés, alors il a été oublié, comme beaucoup d’autres. Et puis, ils sont débordés, visiblement…

Yelena avait l’espoir que puisqu’ils arrivaient à son appartement, le sujet changerait et que l’ambiance serait sans doute un peu plus légère. A voir… En tout cas, une fois devant la porte, elle l’avait vite ouverte avant d’inviter Ragmar à entrer en lui prenant la main dans un sourire.

C’était un petit appartement tout ce qu’il y a de plus modeste. Une pièce principale avec un canapé et une petite table basse que l’on devinait faciles à bouger pour passer en lit, un grand buffet sur le mur en face, et une multitude de petits objets ramenés de chez elle. Bien qu’organisé c’était un peu surchargé comme décoration. Il y avait sur le buffet quelques photos qui trônaient fièrement. Des photos de sa mère, de son frère, du clan… Quelques souvenirs de chez elle pour les moments un peu trop longs qu’elle devait parfois passer ici. En face se trouvait une petite cuisine, tout à fait fonctionnelle bien qu’étroite. Entre les deux, juste en face de la porte d’entrée, une porte blanche cachait la salle de bain assez confortable pour un tel appartement. En bref, un petit nid juste pour les quelques moments où elle n’était pas au château mais pas chez elle non plus! Yelena invita d’un geste son collègue à prendre place dans le salon.

-Je peux t’offrir quelque chose? Au moins le temps que je m’occupe… de tout ça…

Mettre une première potion sur ses blessures devraient au moins arrêter les saignements et éviter des dégâts supplémentaires. Une fois la question d’une éventuelle boisson réglée, elle avait été dans la salle de bain pour commencer le gros du travail. Ce qui avait dans un premier temps nécessité une inspection un peu plus détaillée. Un linge propre et une potion qu’elle avait l’habitude d’utiliser et déjà c’était mieux. Enfin… restait un détail… une petite zone un peu plus délicate… Alors au moins dans une robe propre et plus légère, elle était ressortie avec son linge et la bouteille, un peu gênée tout de même.

-Ragmar je… c’est délicat mais… Est-ce que ça t’embêterais de m’aider pour une ou deux blessures? Elles sont un peu… difficiles d’accès…

Robe ouverte dans le dos pour éviter les tâches, elle se mordillait la lèvre inférieure entre la gêne extrême et le rire. Certains diraient que c’était un peu bourrin comme approche, mais en même temps c’était un peu comme si c’était offert…

Il était touchant de voir que son collègue semblait réellement s’intéresser à cette histoire. Yelena avait voulu lui livrer cette vérité. Il aurait tout aussi bien pu volontairement détourner la conversation ou simplement ne pas répondre. Tout comme il aurait aussi pu lui dire qu’elle était folle de prendre ces risques et la laisser là. Au contraire il agissait avec une compassion qui lui plaisait beaucoup… comme presque tout avec lui en fait.

-J'ai une amie qui travaille au département des aurors , je peux lui en parler si tu veux … Histoire que ton dossier ne soit pas « oublié »..

Il est vrai que toute voix supplémentaire était bonne à prendre. Yelena n’était pas certaine que cela change beaucoup de choses, mais refuser serait d’une stupidité rare. On ne sait jamais et si son pessimisme habituel n’était pas très loin, cela donnerait toujours un peu d’espoir à d’autres. D’autres personnes à qui cela plairait déjà beaucoup plus. Elle offrit donc un petit sourire à son collègue.

-Je te remercie, ça serait vraiment gentil. Je pense que tout est bon à prendre maintenant. (Coucou Audrey! )

Ils étaient rapidement arrivés chez elle et tant qu’à faire elle avait été bien contente de voir qu’il ne semblait pas pressé au point de repartir tout de suite. Ou en tout cas il ne lui avait pas signifié. Alors après lui avoir servi un verre, elle s’était empressé de soigner ce qu’elle pouvait et de se changer pour se retrouver pieds nus et dans une robe mal fermée (volontairement pour le coup je précise…), potion en main. Là encore heureusement il était assez gentil pour accepter de l’aider jusque-là.

-Sur ton épaule ?

C’était assez impressionnant en fait une fois dans cette position. Pas parce qu’elle en avait peur, Yelena n’en était pas là. Mais parce qu’il restait cette petite énigme, cette personne qui la fascinait toujours de loin, un collègue qu’elle voyait sans trop oser l’approcher. Alors que d’un coup il était donc son dos découvert pour l’aider…

-Entre autres… je crois… J’ai eu un peu de mal à voir…

Se repliant un peu sur elle-même alors qu’il commençait, son coeur battant assez vite et son ventre étant soudaine un peu noué, elle le laissa pourtant faire tout à fait confiante. Elle avait récupéré ses cheveux qu’elle caressait nerveusement alors qu’il les avait repoussé. Il ne lui faisait pas mal, il était même très doux. C’était plutôt cette potion qui aurait tendance à picoter méchamment. Ce qui était assez normal… Oh elle en avait déjà vu d’autres. Ses cicatrices assez nombreuses en témoignaient. Notamment cette énorme marque de griffure dans son dos, au niveau des hanches. Sa première griffure d’ailleurs. D’où son importance…Au pire il lui arrachait une vague grimace qui ne durait pas. Alors elle fermait simplement les yeux, tenant toujours ses cheveux sur son épaule. Petit à petit pourtant, elle s’approchait de lui. Presque imperceptiblement. Il devait sans doute le remarquer puisqu’à force elle finit contre son épaule à lui. Une part d’elle priait plus ou moins pour qu’il ne lui fasse pas remarquer tout de suite. Dans cette position elle sentait sa chaleur à lui, elle pouvait même sentir son souffle. Ce contact, sans doute le plus proche qu’ils aient partagé depuis ces cinq dernières années, cela lui avait donné des frissons. Si elle n’avait pas eu peur de ses remarques elle se serait même accordé un sourire un peu béat…

Il avait peut-être fallu des circonstances particulières pour laisser naître cette proximité qui lui semblait toute aussi particulière. Ce n’était d’ailleurs peut-être que le côté exceptionnel de la situation qui faisait que Ragmar n’avait pas encore eu le courage ou l’envie de mettre à terme à cette situation. Mais quoi qu’il en soit, Yelena restait près de lui et lui avait confié la tâche relativement simple de l’aider dans ses soins. Honnêtement, elle était tout à fait capable de le faire seule. Mais si elle avait déjà osé le ramener ici, ce qui était un grand pas en avant, ne serait-il pas un peu dommage de s’arrêter? Même si c’était sans doute le plus raisonnable à faire. Yelena n’avait jamais été raisonnable. Elle était timide et réservée en temps normal, oui, mais pas raisonnable. Alors elle avait osé petit à petit s’approcher de lui. Il n’avait encore rien fait contre, s’acquittant avec douceur de sa première tâche, lui laissant volontairement ou non l’occasion de profiter de cette proximité plus qu’agréable. Cela faisait un moment qu’ils se tournaient autour, ou en tout cas Yelena n’avait pas toujours eu l’impression d’être seule dans ce jeu. Ce n’était pas pour autant que la russe avait été assez sûre d’elle pour donner plus d’invitations à son beau collègue. Si pour le coup s’en était une, difficile de dire si elle serait comprise et plus encore si il aurait l’envie d’y répondre. C’est pourquoi lorsqu’elle senti qu’il posait le linge, son souffle s’était momentanément arrêté, attendant de savoir si il s’écarterait. Elle sentait déjà son souffle terriblement proche (pour son plus grand plaisir) et elle préférait s’abstenir toute prévision de la suite.

A sa grande surprise mais aussi un certain soulagement, il ne s’était non seulement pas éloigné, mais il avait également commencé une douce caresse le long de son bras. Dans un souffle elle avait l’impression de relâcher presque quinze ans de pression. Plus ou moins toute celle qui la tenait à chaque entrevue avec lui depuis qu’ils s’étaient rencontré en Russie. Toute tension finit par partir lorsqu’elle senti également ses lèvres sur sa tempe. Après un frisson, elle avait pris sa main dans la sienne alors qu’elles se touchaient déjà et recula d’un pas pour se retrouver contre lui, entrainant en même temps son bras autour d’elle par cette main qu’elle tenait. Toujours les yeux clos elle profita pleinement de sa chaleur qu’elle sentait dans son dos toujours nu. Elle pris une grande inspiration, laissant un très léger sourire se dessiner sur ses lèvres, petit aperçu d’un bien plus grand sentiment. Dans l’idée de lever le dernier doute, la belle russe s’était finalement retournée vers lui, sans pour autant lâcher sa main. Après un regard de quelques secondes elle avait finalement approché son visage du sien pour déposer un baiser sur ses lèvres. Un baiser léger, sans trop oser encore, presque une caresse, de peur qu’il lui refuse…

Yelena s’était souvent prise à rêver de son beau joueur de Quidditch qui était venu avec elle il y a quinze ans. Une fois tous deux à l’école, il était évident que son esprit avait de nouveau vagabondé, largement aidé par les moqueries amicales de certaines collègues. Alors maintenant qu’il était vraiment avec elle, seuls, totalement seuls, hors de l’école… bon… la situation étant différente, Yelena se sentait comme plus libre de se laisser un peu aller, ou au moins de tester un peu les réactions de son sublime collègue.

Visiblement par contre, Ragmar suivit son mouvement. Un caresse dans ses cheveux, un doux baiser, et un regard qui en disait sans doute beaucoup trop. Sans rien ajouter ils en avaient tiré les mêmes conclusions. Après une attente qui avait semblé interminable, des années à se poser des questions, comment pouvait-il en être autrement? Alors quand elle senti sa main glisser dans son dos, Yelena l’avait serré contre elle, prise d’une fièvre dévorante.

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Dans un sommeil plus que doux, Yelena en avait même un léger sourire sur les lèvres. Finalement dans un semi réveille elle s’était retourné et pu sentir la chaleur de Ragmar près d’elle. Agréablement surprise car évidemment pas encore habituée à la situation, la belle s’était retrouvée blottie contre lui, appréciant sa douce odeur au petit matin. Elle pris conscience qu’il la caressait doucement, commençant à se réveiller réellement. Ouvrant finalement les yeux, un sourire aux lèvres, elle leva son regard vers le beau Ragmar qui semblait déjà réveillé depuis un moment.

-здравствуйте professeur. Bien dormi?

Yelena revint un peu contre lui pour déposer un baiser dans son cou, trop heureuse de pouvoir profiter de sa présence.

-J’espère que tu n’avais pas quelque chose d’important à faire hier soir, je ne t’ai pas tellement demandé ton avis avant de t’entrainer ici…

La belle imaginait qu’il lui aurait signalé si il avait un rendez-vous important à honorer… ou pas justement. Peut-être qu’il aurait été capable de tout laisser en plan pour la suivre. Puis se redressant un peu à son tour, prenant appuis sur son avant bras, déjà plus réveillée, elle ne quitta pourtant pas de suite cette compagnie plus qu’agréable, ne prêtant aucune attention au drap qui n’avait pas suivi le mouvement.

-Je peux t’offrir quelque chose de chaud ce matin? Un thé?