Seules, les choses auraient été sans doute plus simples, plus courtoises même pour Elise. Mais non, elles étaient deux ce soir-là et ce n’était pas pour le meilleur! Les tensions entre elles retomberaient d’ailleurs sans doute sur leur victime. Alors pour le coup ce n’était pas un argument auquel Elise était très sensible. De toute façon, le pauvre Asterion allait mal finir ce soir. C’était déjà clair.

Bellatrix s’était vite énervé d’ailleurs. Alors qu’Elise restait plutôt tranquille et prenait son temps comme très souvent, Bella se jeta sur le pauvre homme pour l’empoigner. Méthode bien plus expéditive. La prise en main ferme, le ton agressif, les menaces. Et voilà, elle était énervée. Bientôt elle le torturerait sans même lui laisser le temps de répondre à quoi que ce soit. Elise leva les yeux au ciel, de plus en plus exaspérée par le manque de contrôle de la jeune femme. Asterion la regardait, visiblement encore déterminé à garder pour lui les informations. Alors répondant à son regard dans un sourire, Elise s’approcha de lui et se pencha légèrement vers son visage.

-Et bien mon cher, tu as réussi à énerver la jeune fille. Cela dit à ta place je parlerais effectivement, tu connais sans doute l’impatience de la jeunesse…

Cet homme était mou. Mou selon les standards de Bellatrix. Elle était habituée aux hommes de fastes et de grandes lignées, aux hommes purs que chacun lui envieraient. Il y avait tout d'abord Rodolphus, son époux bien malgré lui, bien malgré eux, qui possédait pourtant ce charme qu'elle refusait de lui admettre à voix haute, ensuite il y avait Walden, le charmant MacNair qu'elle appréciait plus qu'elle ne l'aurait dû, lui et ses yeux bleus, lui et ses beaux cheveux blonds. Mais Monsieur Funestar, aussi charmant était-il, n'était qu'une chose. Ceux qui ne partageaient pas de lignée pure, n'étaient que des choses, à peine plus que des animaux. Ce n'était certes pas de leur faute, mais c'était ainsi, c'était en eux jugeait-elle gravement. La plus jeune ne comprenait pas pourquoi Elise ne le frappait pas, pourquoi elle ne le torturait pas. Elles n'avaient pas toute la nuit, si leur victime était attendue ailleurs, il valait mieux faire vite. Elle eut un soupir profondément dédaigneux pour le pauvre homme avant de sortir sa baguette pour la pointer contre son torse : "Diffindo" articula-t-elle. Peut-être même avait-elle susurrée ses paroles. Dire ce genre de sortilèges, ça lui faisait du bien, ça la détendait. La jeune femme passa outre la provocation de la vieille branche baguette. "Ce n'est rien" fit-elle d'un ton pédagogue en passant un doigt sur la chemise d'Asterion, qui s'humidifiait rapidement, "mais cela sera pire". S'il savait.

Bellatrix était une petite impatiente impétueuse. Leurs différents se sentaient à plein nez et Elise ne cherchait finalement plus tellement à le cacher. Difficile de dire lequel lui mettait le plus les nerfs en pelote. Que ce soit le stoïque professeur décidé à ne rien lâcher, ou cette petite teigne décidée à en lâcher beaucoup trop.

-La jeunesse est bien trop avide et impétueuse … Elle se précipite …

Amusant, pour une fois qu’elle se trouvait en accord avec une victime. Amusant également de voir qu’il se prêtait au jeu. Etait-il déjà résigné? Avait-il déjà fait une croix sur ses chance? Quoi qu’il en soit elle lui accorda ce sourire amusé. Il avait de l’humour pour un impur vivant sans doute ses derniers instants. Mais cette nouvelle provocation ne sembla pas trop plaire à Bellatrix. Pour changer…

-Diffindo

Une large entaille fait son apparition sur le torse de l’ancien professeur qui pousse un hurlement de douleur. Elise ne bronche pas, ne bouge pas même d’un pouce, fixant cette tâche qui se répand sur la chemise du pauvre homme.

-Ce n'est rien…mais cela sera pire

Et voilà que cette jeune femme reprenait des méthodes qui ressemblaient plus à celles de son aînée. C’était franchement se moquer du monde… Elle qui avait décrié plus tôt sa façon de prendre son temps, la voilà qui papotait avec cet homme en jouant avec cette tâche de sang. Elise serra les dents, impatiente de voir la suite, et surtout d’avoir une ouverture assez grande pour s’y engouffrer. Ce qui ne se fit pas attendre trop longtemps…

-Vous n'obtiendrez rien de moi que des hurlements !!!

Parfait. Ah Bella voulait du rapide? Elle en aurait. Ce fut donc au tour d’Elise d’avancer d’un pas rapide (bien que toujours irrégulier et instable) pour se retrouver face à leur victime. Levant rapidement sa baguette devant son visage, elle le fixait avec un regard plein de haine et d’une colère qui était en réalité plus destiné à son acolyte du soir.

-Très bien, alors hurle pour moi. Edoloris!

Elise le regarde se tordre devant elle, laissant durer ce moment sans doute insoutenable pour lui. Puis elle finit par le laisser respirer, sans pour autant réellement baisser sa baguette, prête à enchainer.

-Lève-toi Asterion.

Sans attendre qu’il ne le fasse réellement, la belle le met en lévitation. Ainsi redressé face à elle, son regard sombre s’éclaircit peu à peu, laissant place à un sourire plein de sadisme. Elle l’observe quelques instants, flottant de la sorte dans la lumière faible qui passait entre les rideaux fermés derrière lui.

-C’est toi qui l’a choisi… Avada kedavra…

Une lumière verte l’enveloppe alors qu’il tombe en arrière, passant à travers la fenêtre. Les éclats de verres volent, brillants de cette couleur si particulière qui signait la fin de la vie d’Asterion Funestar.

Elise se place à cette même fenêtre et admire le résultat en contrebas. Elle lève le bras et bientôt la marque des ténèbres flotte au-dessus d’eux. Un dernier regard à ce corps étendu en bas, le sourire aux lèvres, avant de retourner dans cet appartement terminer ce pour quoi elles étaient venues au départ.

Bellatrix se retrouvait maintenant face à l'imprévue. Elle pensait sincèrement que Monsieur Funestar allait abdiquer, ou au moins lâcher quelques informations rien qu'avec une coupure sur le torse. Malheureusement, les bêtes acculées contre un mur sont parfois celles qui opposent le plus de résistance et la jeune femme aujourd'hui, en fait durement les frais. Si l'homme pense simplement résister, il l'humilie en réalité. Ces quelques phrases lâchées ont le don de l'agacer, si bien que cette farouche lueur dévastatrice envahie ses yeux aussi noirs que son âme. Bellatrix possède encore un résidu d'humanité, mais ce résidu d'humanité ne subsiste que grâce à ses sœurs - même l'immonde traîtresse dont elle ne parvient pas totalement à se détacher - et grâce à certains sentiments qu'elle n'est pas en droit d'éprouver pour un autre homme que son époux. Elle est un humain complexe, cependant et hélas pour l'ancien professeur de Défense contre les Forces du Mal, son humanité ne touche pas les moins que rien. Ni la vermine. Elise se réveille alors que Bellatrix elle-même semble être dans un froid léthargique. La lumière du Doloris ne ravive pas la flamme du feu dévastateur qu'elle devait éprouver. Ce devrait être elle qui devrait le faire hurler. Pas Elise. Finalement, elle lance le sort final et ce n'est que la vue du cadavre désenchanté d'Asterion que Bellatrix réagit enfin. "Il était trop tôt pour le tuer" lui fit-elle remarquer, "mais qu'importe. Il n'aurait pas parlé". Sans attendre la plus âgée, elle enchante les parchemins restants, les met dans sa bourse et tourne le dos à la vieille Elise Lerouge.

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