Cela faisait plaisir, un peu de soleil et de chaleur ! Etre confiné dans le château pendant tout le mois d’hiver n’était pas très agréable, et encore Sven avait la chance de pouvoir sortir pour s’exercer un peu au hockey, sinon quoi ses articulations pouvaient finir toutes rouillées tel un ancien… Mais là ! De la température, un beau jour, des plantes et des papillons, un petit vent mais pas trop froid, juste comme il fallait… Cela ressemblait à une journée parfaite.
Sven, ôté de son habit sorcier, sortit du château en pantalon-t-shirt pour prendre la route du lac, là où s’entraînait sûrement son frère Njal. Il aimait bien le voir nager, ça l’apaisait. Le garçon se passa une main dans les cheveux tandis qu’il descendait les marches extérieures et se dit que cela faisait longtemps qu’il n’avait pas eu de discussion avec son frère aîné. Il avait vu sa jumelle fort énervée dernièrement sans savoir ce qu’il s’était passé. Mais Sven était prêt à parier que ces deux-là n’étaient pas innocents, ça n’aurait pas été la première fois qu’ils se disputaient fortement. C’était d’ailleurs un peu le rituel à la maison, de se chamailler pour un oui ou un non. Et le Poufsouffle qui était là au milieu, à lever les yeux au ciel en priant Merlin de les tenir un peu. Sven sourit à cette idée.
Il continua son petit chemin tout tranquille, les mains dans les poches. Il était presque arrivé. Lorsqu’enfin, déambulant entre les arbres le châtain arriva au bord du lac, il put apercevoir le Serpentard en maillot de bain en train de se sécher le corps. Sven était donc arrivé à la fin de l’entraînement, mais tant pis. Chose utile à savoir, son aîné était de dos. Un petit sourire malicieux apparut sur le visage du jeune norvégien à cette idée. Quelques pas silencieux et…
« BOUH ! » hurla-t-il.
Njal fit un bond de peur et se retourna, les yeux paniqués. Durant les prochaines minutes, Sven eut droit à un sermon, comme quoi il était malade de faire ça, qu’il aurait pu avoir une crise cardiaque, que ce n’était pas drôle… Pendant que le Poufsouffle riait aux éclats. L’action avait été vraiment très très drôle, c’était pour dire. Njal boudait un peu, mais son frère savait que ce n’étai pas pour très longtemps. Un sourire commençait d’ailleurs à reprendre forme sur les lèvres de son aîné qui commençait à ramasser ses affaires. Le Poufsouffle entendit alors un bruit provenant du lac. Une jeune fille – pas trop mal, soyons honnêtes – était en train d’en sortir. Il la regarda un instant avant de reporter son attention sur son frère. Celui-ci devait partir, des « choses à régler » disait-il. Sven lui sourit et lui tapota l’épaule en guise d’au revoir. Une douce voix parvint alors à ses oreilles et le sorcier se retourna. La rousse lui faisait un signe de la main lui indiquant de s’approcher, ce qu’il fit en mettant ses mains dans les poches. Les rayons du soleil donnaient un reflet blond à ses cheveux et il avait tout l’air d’un petit ange.
« J’avais l’intention de rester, mais c’est gentil de m’avoir proposé, » lui répondit Sven en se tournant face au lac.
Il regarda alors son interlocutrice que, il le remarqua, la Nature avait doté de jolies formes. En garçon pudique qu’il était, Sven rougit et lui posa une question afin de se débarrasser de sa gêne.
« Tu t’appelles comment ? »

Rosalyn Weasley. C’était joli, ça. Comme une rose mais en un peu plus gracieux. Et Weasley… Sven avait déjà entendu ce nom-là quelque part, mais pas vraiment en bien. Après, les préjugés, le Poufsouffle n’en avait pas trop puisqu’il voyait le bien partout – niaiserie bonjour – et chez tout le monde, même s’il était conscient que c’était la guerre, là-dehors. Alors que les Weasley ne soient pas aimés, ce n’était pas trop grave. Puis Rosalyn n’avait pas l’air bien méchante, après tout.
« Sven. Sven Lænsen », fit-il en retour avec un sourire au coin des lèvres.
La question qui suivit le fit encore plus sourire. Il passait par là juste pour se promener avec Greta ou Adrian pour s’aérer un peu la tête mais sinon, restait beaucoup plus dans le Parc que vers le Lac. Non pas qu’il n’aimait pas cet endroit, bien au contraire, mais ce n’était tout simplement pas dans ses habitudes. Il secoua donc un peu la tête en reportant son attention sur l’eau paisible.
« Non, pas vraiment. J’ai les bases en nage, mais la natation c’est plus pour mon frère Njal. Moi je fais du hockey sur glace, donc je viens là seulement quand le lac est gelé. »
Sven avait commencé le hockey dès l’âge de six et depuis, il ne s’était jamais arrêté. C’était un sport qu’il appréciait beaucoup mais il sentait qu’il avait perdu du niveau depuis qu’il était à Poudlard. Personne pour s’entraîner avec lui et le lac était beaucoup trop grand, le galet partait trop loin des fois. L’avantage d’un terrain, c’était que ça délimitait une aire de jeu et que le galet pouvait rebondir contre les murs. Ainsi, on restait dans une dimension précise. Là… Pour travailler la vitesse, c’était bien. Pour faire un match, puis seul en plus… Un peu plus compliqué.
« D’ailleurs, fit-il en la regardant à nouveau, tu nages souvent avec mon frère ? »
Simple question, il n’y avait aucune agressivité dans sa voix. Bien au contraire. Sven était un garçon très avenant.

Sven émit un petit rire à sa remarque. C’est vrai que, d’un côté, lui et son frère étaient plutôt différents, autant dans le caractère que dans les sports qu’ils avaient mutuellement choisis. Cela était d’ailleurs plutôt étrange parce que l’un était de nature solitaire mais préférait l’eau en plein été, et l’autre était chaleureux, rieur et souriant tout en favorisant le lac gelé en plein hiver. Comme quoi… La Nature était bien surprenante lorsqu’il s’agissait de créer. En-dehors de ça, Sven s’entendait à merveille avec son frère, tout comme avec le reste de sa famille d’ailleurs. Si certains points les différenciaient, ils se ressemblaient cependant pas mal sur le plan physique. Et puis, le sang les liait. C’était probablement le plus important.
Il secoua la tête négativement.
« Nop, pas tant que ça. Je dois même être le seul, mais j’ai appris à un autre élève à en jouer, il était assez curieux. Il s’appelle Dave, Dave Goujon. Tu le connais ? » fit-il en tournant la tête vers elle.
Le Poufsouffle ne savait pas dans quelle Maison la demoiselle était, mais il n’aurait pas été étonnant de la voir à Gryffondor au vu de sa chevelure enflammée qui rappelait les couleurs du blason des lions. Si son hypothèse était juste, il était drôle de voir un lion et un serpent nager ensemble dans les eaux du lac de Poudlard. Sven ne faisait pas confiance aux préjugés, mais il connaissait certains élèves qui auraient pu être choqués d’un tel mélange.
Il rit avec elle lorsqu’elle mentionna les Strangulots et autres créatures marines. C’est vrai que, pour le coup, Njal n’avait pas eu de chance et le Poufsouffle avait eu très peur pour lui. Au début, Sven avait pensé que Dumbledore allait interdire tout accès au lac pour plus de précaution. Une telle décision aurait affecté son grand-frère et le jeune sorcier le savait. Alors lui permettre de continuer à nager tout en étant accompagné, c’était vraiment une très bonne chose.
« Il a raison, faut faire attention. Au moins Njal est en bonne compagnie, » rajouta-t-il sans vraiment comprendre le pourquoi de cette dernière phrase.
Sven tourna la tête à sa question pour la regarder, ne sachant que faire pendant une micro seconde. C’était que… Elle était en maillot de bain. Rien que ça, ça valait tous les arguments du monde. Il était déjà assez gêné comme ça, il ne voulait pas avoir l’air d’un gamin ou d’un coincé ou d’un peureux, ou d’un je ne sais quoi encore. Mais en tout cas, elle avait vraiment l’air très gentille et n’attendait visiblement pas de réponse de sa part pour décaler ses affaires et lui laisser une petite place. C’est donc avec le teint encore plus rouge et ne voulant pas paraître impoli et que le garçon s’installa à ses côtés. La chaise longue n’était pas si large que ça, aussi la cuisse de Sven toucha celle de Rosalyn. C’était… Un peu gênant. Il se racla la gorge et se passa une main dans les cheveux. Détends-toi, c’est bon, se dit-il pas très rassuré néanmoins. Ce n’était pas souvent qu’il était aussi proche d’une fille, il ne savait pas bien comment réagir.
Il regarda en direction du lac, conscient que la Weasley se trouvait vraiment pas loin de lui, et ferma les yeux. Sven sentit les rayons du soleil réchauffer ses paupières et son visage. Ça faisait vraiment du bien. Il sourit alors et rouvrit les yeux pour tourner son visage vers sa camarade.
« Ouah, ça fait vraiment du bien ! Je crois que je vais venir ici un peu plus souvent ! » s’exclama-t-il avec un petit rire qui était davantage là pour faire disparaître sa gêne qu’autre-chose.

Dave et lui, c’était la rencontre du grand hasard. Le Gryffondor l’avait une fois vu en train de s’entraîner et, toute tête brûlée qu’il était, avait demandé au scandinave de l’initier à ce sport merveilleux. Sven avait accepté en toute sympathie, assez content que quelqu’un s’y intéresse, pour une fois. C’est dire à quel point il était le seul à faire du hockey à Poudlard. Jusqu’à présent, il n’avait trouvé personne qui ne partage sa passion du patin, si ce n’était le meilleur ami de son frère, Alexandre. Mais lui, c’était encore un autre domaine. Le patinage artistique, ce n’était pas vraiment son truc, pas vraiment les mêmes sensations non plus. Puis la souplesse… Il y avait pire, mais il y avait aussi beaucoup mieux. Le jeune Poufsouffle avait toujours été époustouflé de voir certains faire un grand écart vertical tout en tournoyant à vive allure sur eux-mêmes. Une chose qu’il était bien incapable de produire ; lui c’était plus virages inattendus et course de vitesse.
Il sourit à la remarque de la jeune fille. Ce sport était assez méconnu du grand public, pour son plus grand désespoir, donc sentir ici une curiosité émaner de Rosalyn l’enchantait vraiment.
« Lorsque viendra l’hiver, je te ferai signe si tu veux venir voir à quoi ça ressemble. C’est plutôt un chouette sport ! »
Il défendait bien évidemment sa paroisse, le hockey était une grande partie dans sa vie bien qu’il avait de moins en moins le temps d’en pratiquer, d’une part parce que le lac n’était pas gelable à souhait, mais aussi en raison de ses études et des BUSES qui approchaient. Sven était un élève studieux, c’était bien connu de ceux qui lui étaient proches. Il savait aussi s’amuser pour compenser le stress des examens, mais il faisait du coup des choix et des priorités dans sa vie. Abandonner peu à peu le hockey en faisait partie, même s’il prenait toujours plaisir à aller sur la glace. Le sorcier avait un peu l’impression de revivre, dans ces moments-là.
Sven rigola, néanmoins un peu gêné. Elle l’avait fait exprès, c’était obligé. Mais comment lui répondre sans passer pour un beauf ou un dragueur ? Le norvégien s’était mis dans une situation un peu compliquée.
« Du moment où on porte pas la même moustache informe que lui, tout est plus plaisant, » répondit-il avec souplesse.
Ouf. Il l’avait échappé belle. C’était moins une. Étrangement, il avait l’impression de s’y prendre avec des pincettes pour lui parler alors que c’était plus la spontanéité qui parlait en son nom à l’accoutumée. Mais bon. Cela devait certainement n’être qu’une impression.
Cependant, plus les minutes passaient, plus cette sensation de gêne s’accentuait. Sven avait l’impression de paraître pour un gros nul – alors que ce n’était pas le cas – ou d’un garçon trop timide qui rougit simplement parce qu’il voit une fille – timide ? Sven ? Enfin bref, il essayait de passer outre, mais difficile à faire lorsqu’il sentait la cuisse de la sorcière toucher la sienne.
Il rit encore à sa question – le scandinave ne faisait que rire, décidément – et tourna la tête vers elle. Oula. Elle était beaucoup, beaucoup, beaucoup trop proche de lui. S’il s’y était attendu… Ses yeux se noyèrent dans ceux de la nageuse et il déglutit un peu avant de lui répondre en tentant de ne pas tarder son regard sur ses lèvres.
« Les deux ? » fit-il avec un sourire pour masquer son malaise.
Il se focalisa à nouveau sur la surface du lac puis, l’air de rien, rebondit sur ce qu’elle avait mentionné précédemment.
« Je dois donc comprendre que je fais partie de ces gens intéressants ? » Dire que la jeune fille ne le troublait pas aurait été mentir au tout puissant Merlin. C’était bien la première fois que le cadet Lænsen ressentait une chose pareille et il ne savait pas vraiment comment l’interpréter.  

La confiance. Rosalyn pouvait, en effet, lui faire confiance. Sven était de ceux sur qui l'on pouvait compter, qui ne faisaient pas de faux pas et qui ne posaient pas de lapins. Le Poufsouffle était quelqu'un de fiable, mais surtout il avait une parole qu'il tenait jusqu'au bout. Cela pouvait paraître un peu exagéré, mais Sven avait des valeurs qu'il respectait, ce qui faisait de lui un être assez droit mais qui savait tout de même s'amuser. Sa prochaine spectatrice allait donc être la rousse – et de toute façon, pas beaucoup de personnes venaient le voir lorsqu'il s'entraînait, le froid certainement. Ce n'était pas des plus déplaisant, il fallait se l'avouer. Le scandinave aimait avoir de la compagnie et du monde autour de lui même si ce n'était pas forcément pour lui. Être au contact avec les autres était normal à ses yeux et son côté sociable le poussait à aller vers eux. En revanche, là... Avec Rosalyn, il était plus qu'au contact avec elle. C'était du contact contact – et encore le pauvre jeune homme ne savait rien de ce côte-là de la vie. Il lui restait encore beaucoup à apprendre en matière de femme...
« Ça, c'est sûr, surenchérit l'hockeyeur avant d'ouvrir grand les yeux tellement il était étonné par la suite de la phrase, sérieusement ? Ça doit être étrange quand-même... » Il avait du mal à s'imaginer une fille avec une moustache, m'enfin bon. Y'en a à qui ça plaisait, apparemment. Pour sa part, Sven n'avait encore qu'un petit duvet de bébé qui rendait sa peau toute lisse.
Il tourna la tête vers la jeune sorcière, un peu hypotisé par ce qu'elle dégageait, et sourit légèrement à sa réponse. Sven la sentait un peu piégée.
« J'espère bien que je le suis, » fit-il, doucement.
Le blaireau appréciait de plus en plus la compagnie de sa camarade mais qui, elle ne semblait pas être très sensible à sa présence. Ou alors, elle le cachait très bien.
Conscient qu'un petit silence se prolongeait, Sven, tout naturellement, eut un geste énergique et se leva pour lui faire face avec un grand sourire.
« Tu me montres un peu comment tu nages ? » Avant de se dire, un peu trop tard, que Rosalyn n'avait peut-être pas envie de nager à nouveau, qu'elle était peut-être fatiguée. Mais pour lui, allait-elle faire un petit effort...?

On pouvait dire que Sven avait été plutôt gâté par la nature. Il avait un peu cette gueule d’ange, et pourtant il ne trouvait pas avoir tant de succès que ça auprès de la gente féminine. Beau corps de sportif, des yeux charmants et un sourire éblouissant, il en fallait pourtant peu pour que le norvégien puisse s’accaparer du cœur d’un demoiselle. Mais il n’était pas d’un naturel dragueur, c’était peut-être cela qui le rendait moins… comment dirais-je ? Attractif ? Car les minettes de cet âge-là adoraient que les garçons leur fassent la cour. C’était dans les gênes. Mais comme tous les garçons de quinze ans, Sven commençait à se poser des questions sur ce que c’était, les filles, un couple, et toutes ces idées jusqu’à-là assez abstraites. Il n’avait jamais embrassé quelqu’un, par exemple, ni touché le corps d’une fille. Il avait bien pris, du temps de ses premières années, pris la douche avec son frère à sa sœur, mais les choses prenaient une ampleur un peu moins innocente à partir de l’adolescence.
« C’est clair que ça doit être difficile pour ceux qui possèdent un tel handicap… » fit pensivement le blaireau.
Il y avait pire comme handicap. Mais le plus dur à leur âge était de s’accepter comme ils étaient, trouver cette confiance en soi, ce qui n’était pas évident du tout. Le regard des autres comptait beaucoup, les remarques également, et pour se faire sa place il fallait avant tout se dire que l’on était très bien comme on était. Lorsque quelqu’un avait confiance en soi et s’aimait, cela se ressentait tout de suite. L’inverse aussi.

L’envie le prit soudain de se lever et de proposer à son interlocutrice de faire quelques longueurs en sa compagnie. Rosalyn eut l’air surprise avant de se ressaisir. C’est vrai que sa demande avait été assez brusque et Sven se maudit intérieurement de ne pas y être allé avec davantage de tact. Le scandinave la suivit des yeux avec un fin sourire, lorsqu’elle se retourna pour lui demander s’il avait un maillot de bain. Oh… Le jeune homme n’avait pas du tout pensé à ça. Il parlait plus vite qu’il ne réfléchissait, génial. Il se gratta la tête, la moue un peu embêtée avant de se reprendre. Ne pas faiblir, garder la face. Il lui répondit avec un grand sourire en faisant un geste nonchalant de la main, comme si ce n’était pas grave. Mais intérieurement, le cœur de Sven palpitait à mille allures à l’idée de montrer son corps à quelqu’un. C’était qu’il était assez pudique.
« Ça ne fait rien, j’enlèverai mon t-shirt. »
Mais qu’est-ce que t’es en train de faire, nom d’un scroutt à pétards ? Il s’engageait dans une affaire beaucoup trop inconnue pour lui. Et pourtant, Merlin savait que Sven aimait prévoir, il aimait savoir dans quoi il s’orientait.
Il joignit d’ailleurs ses gestes à sa parole en enlevant gracieusement son haut, laissant à découvert sa jolie musculature due aux efforts du hockey. Charmant jeune homme. Le sorcier eut un regard pour son pantalon. C’était un peu gênant de nager en pantalon, non ? Puis il n’en avait pas de rechange pour rentrer au château. Et puis il ne voulait pas mouiller ses vêtements non plus. Mais bon, se retrouver en caleçon devant Rosalyn, c’était ultra gênant. Mais en même temps, le poids de son pantalon imbibé d’eau n’allait pas l’aider pour nager. Que de questions qui fusèrent dans son esprit en deux secondes pour qu’il se décide enfin à l’enlever, après s’être ôté de ses chaussures et de ses chaussettes. Hop, le jean qui atterrit sur le t-shirt. Sven ferma les yeux et pencha la tête en arrière pour profiter du beau soleil qui se répandait sur eux. Cela était tellement agréable comme sensation.
« Tu préfères la nage de rapidité, d'endurance ou la plongée ? »
Le scandinave rouvrit les yeux pour regarder la rouquine et fut incapable, pendant un instant, de lui répondre. Le soleil lui conférait une allure divine, c’était indéniable.
« Et bien… J’aime bien la nage de rapidité. Mais la plongée aussi, avant de pointer un bout de tronc qui jaillissait en-dehors du lac, le premier arrivé là-bas a gagné ! »
Et sans lui demander quoi que ce soit, mais aussi pour étouffer cette gêne qui l’envahissait, Sven s’élança dans l’eau et fut surpris de la fraîcheur du lac. Il se mit alors à battre des pieds et à mouliner des bras – sa technique de nage étant très basique – et ne se débrouillait plutôt pas mal pour un niveau tel que le sien. Mais son crawl étant celui d’un débutant, Rosalyn le gagna d’un bon mètre avant que le hockeyeur ne s’agrippe à la branche, essoufflé, en se passant une main dans les cheveux.
« Ouah ! Tu nages vachement bien ! Ça fait longtemps que tu en fais ? »

L’eau et Sven, c’était une toute autre paire de manche. Le Poufsouffle savait nager, certes, mais ce n’était pas son milieu et ne s’y sentais plus trop à l’aise à partir d’une certaine durée. Il y avait de quoi différencier les trois membres de la famille Lænsen qui, d’une certaine manière, avait chacun leur propre élément. L’eau calme pour Njal, le feu imprévisible de Nina et la glace pour Sven. Quoique, le dernier couple n’allait pas très bien ensemble. Le froid pour quelqu’un qui était chaleureux, on pouvait mieux faire. Mais le hockey s’était imposé à lui et Sven ne regrettait pas son choix.
Cependant, quelque chose en lui le poussait à rester plus longtemps dans l’eau que prévu. Le Poufsouffle était assez intelligent pour deviner que la présence de Rosalyn y était pour quelque chose… Et pourtant il se voilait un peu la face. C’est sûr qu’elle était gentille, jolie, qu’elle avait l’air d’avoir quelque chose dans la cervelle et… Mais bon, ça s’arrêtait là. Est-ce que t’es vraiment sûr de ça ? Il secoua intérieurement la tête pour tenter d’oublier l’effet que la jeune fille produisait sur lui. Le jeune homme voyait son propre comportement changer de plus en plus à mesure qu’il restait dans le périmètre de la rousse, et cela était plutôt… Perturbant. C’est vrai quoi, Sven était de nature un peu extravertie, joyeux, de bonne humeur, à déconner un peu… Là, c’est un peu comme s’il perdait ses mots, lui le grand orateur, lui à qui les phrases venaient naturellement. Il devenait… Timide. Et ce n’était pas lui. En même temps, s’il était très à l’aise dans les relations sociales, il l’était un peu lorsqu’il s’agissait d’une fille qui lui plaisait. Et ça n’avait rien à voir avec les filles en général, il parlait à Greta sans problème. Est-ce que Rosalyn l’intimidait ? Bon, peut-être un peu. Pourtant, il n’y avait pas de quoi s’en faire. Mais c’était plus fort que lui.
Il lui sourit en se passant la main dans les cheveux.
« Tu dois être une sacrée championne alors. Son regard dériva alors « sans faire exprès » sur les lèvres de la jeune fille et il resta un instant à les fixer sans pouvoir s’en détacher avant de se racler la gorge et de jouer un peu avec l’eau avec ses mains. Il n’avait pas vraiment l’habitude d’être aussi perdu. Est-ce que c’était ça l’amour ? Bah voyons Sven. L’amour quoi. C’est pas encore de ton âge. T’es encore qu’un enfant. Le blaireau menait son combat intérieur pendant qu’il menait une discussion tout à fait normale avec sa camarade. Et euh… T’es en quelle Maison du coup ? Gryffondor non ? »
Ça faisait un peu cliché, mais Rosalyn avait les cheveux roux, elle avait des lèvres plutôt rouges et… Il ne savait pas trop, mais elle avait l’air d’avoir un petit caractère, soit le profil idéal pour aller dans la maison des Lions. D’ailleurs, Sven se demanda si elle connaissait sa sœur.