Si le Ministre Harold Minchum pouvait bien se souvenir d’un grand événement de sa première année de mandat, c’était bien la Coupe du Monde de Quidditch. Durant sa scolarité, l’ancien Poufsouffle avait été davantage spectateur que joueur, mais c’était à ses yeux toujours un régal d’assister à ces matchs, surtout lorsqu’ils étaient disputés entre professionnels provenant des quatre coins de la planète. Le Département des Jeux et Sports Magiques était débordé depuis plus d’un an pour organiser cette rencontre attendue par tant et Harold avait suivi les étapes de loin – les questions sécuritaires avaient été sa priorité dès son élection – non sans réserver son emplacement et sa place dans les tribunes grâce à sa secrétaire, Mrs. Bones. Toujours là où il fallait, même si la figure de Mr. Powell le rendait nostalgique parfois. Du sang neuf ne faisait jamais de mal, il lui faisait juste prendre conscience que le temps le vieillissait toujours un peu plus.
Placé à l’endroit le plus stratégique dans les gradins afin d’avoir la vue la plus globale qui soit, le Ministre tenait dans sa main droite la main de sa femme, habillée très élégamment pour l’occasion. Ils étaient entourés de gardes du corps et autres de ses conseillers qui étaient chargés de sa protection. De la sécurité, il y en avait un peu de partout. De la police magique déguisée en civile, des Aurors, des membres des tireurs d’élite… Après ce qu’il s’était passé au Musée l’an dernier, on n’était jamais trop prudents.
« Tu as vu Abe ? » s’enquit-il auprès de sa femme la mine inquiète. Leur fils s’était éclipsé discrètement après avoir dépassé la file d’attente, et le sorcier n’avait pas eu de nouvelles depuis. Sa chère et tendre leva gracieusement les yeux au ciel avec un petit sourire avant de le regarder tendrement.
« Harold Minchum, il va falloir que tu apprennes à lâcher un peu ton fils, le sermonna-t-elle, ce à quoi le Ministre répondit par une moue réprobatrice, il a rejoint ses amis, tu le sais bien. ajouta Temperance.
Et avant que le plus que quarantenaire ne puisse répliquer quoi que ce soit, le commentateur annonça l’entrée de l’équipe indienne qui fut accueillie par les rugissements des spectateurs. Harold se contenta d’applaudir cette équipe étrangère dont il ne souhaitait aucunement la victoire, mais qui avait eu le mérite de passer toutes les sélections pour parvenir jusque-là. Le rythme de ses clappements de mains se fit en revanche beaucoup plus frénétique lorsque son équipe nationale entra sur le terrain. Ça, c’est de la bonne équipe, se dit-il en lançant un sourire ravi à sa femme.
Il reposa alors ses mains sur ses cuisses, suivit avec intérêt les salutations des deux capitaines et se fit attentif au déroulement des premières minutes du match. Le sorcier ne masqua pas sa légère grimace lorsque le Poursuiveur indien s’empara du Souaffle mais sentit comme une grosse satisfaction quand l’Angleterre reprit le dessus. Ses yeux fixèrent le Poursuiveur anglais alors qu’il retenait sa respiration avant de se lever en applaudissant pour ce premier but. 10 points à 0, si ce n’était pas beau ! Conscient que Temperance le regardait avec un certain étonnement, Harold se rassit l’air de rien en se raclant la gorge et en desserrant un peu sa cravate. Il y avait un temps pour tout. La détente en faisait partie.