Gabin était la, dans un endroit où il n'avait strictement rien à faire mais il s’était donné une mission et rien ne pourrait l’arrêter ! En effet, il venait tout juste de retrouver une de ses plus proches amies, et au moment où ils arrivaient enfin à se confier à nouveau l'un à l’autre, il apprend qu'elle vient de se faire briser par un espèce de crétin qui de toute évidence n'a rien compris à rien. Il était plus qu'énerver surtout que la raison de cette rupture en elle-même était complètement ridicule, c’était un gamin ou quoi ? Il arrivait parfaitement à comprendre que son amie d’enfance ait pu être attiré par quelqu’un de plus âgé mais pourquoi était-elle tombé sur le plus immature de tous ? Le voilà donc planté devant l’entrée magique du ministère de la magie en attendant que ledit imbécile arrive enfin. Il avait toutes les infos, de nombreuses photos de Wilda alors il n'avait aucun doute de pouvoir la reconnaître ! Et enfin, au moment où il commençait à s’énerver tout seul et s'impatientait d’attendre, il le reconnut se diriger vers lui avec un de ses collègues sûrement. « Evan Talbott, je voudrais te parler ! » Il avait la chance d’être grand, donc son adversaire ne l'intimidait pas le moins du monde ! Il attendait d’être seul avec lui pour lui sortir son petit speech mais il avait surtout envie de lui passer un savon. « Je viens te parler de Wilda » dit-il en simple introduction.

La journée d'Evan avait été longue. Depuis que son ami et collègue Kieran Graves avait été emprisonné, son travail avait été réparti entre tous les Langue de Plomb restant, et donc aussi sur lui. Résultat : il avait encore plus de travail, personne à qui parler pour faire passer le temps, et Melody venait de temps en temps le voir, ce qui voulait dire qu'il devait tenter, toujours vainement, de lui rendre un semblant de sourire ou de lui faire penser à autre chose, alors que lui aussi souffrait par amour... En bref, même s'il adorait son travail, les journées étaient longues et il en voyait de moins en moins le bout. Il sorti enfin du Ministère, mais un gamin s'approcha de lui en scandant son nom. Evan leva les yeux au ciel avant de se tourner vers le jeune homme. Il devait avoir seize, peut-être dix sept ans, et avait seulement quelques centimètres de moins que Talbott. Il était blond, et son visage ne disait absolument rien au sang-pur. "Qu'est ce que vous me voulez ?" demanda-t-il en tentant de garder un ton poli, mais il était fatigué et n'avait pas le temps de bavarder autour d'une tasse de thé et des gâteaux. De toute façon, le blondinet semblait ne pas s'embêter avec la politesse, puisqu'il avait utilisé le tutoiement...
Le gamin dit vouloir parler de Wilda. Evan le regarda quelques instants sans rien dire, les émotions qu'il avait dissimulées au fond de lui le temps de sa journée de travail remontant immédiatement à la surface. Il n'avait pas envie de parler d'elle, il ne pouvait pas parler d'elle. Ce n'était pas possible, pas ici, pas avec ce gosse qu'il ne connaissait pas. Un sourire triste apparut sur ses lèvres, avant qu'il ne dise "Désolé, mais je n'ai pas le temps de parler de...". Il prit une grande inspiration. "De Wilda. Je dois rentrer chez moi, bonne soirée" dit-il d'une voix lasse, comme s'il était absent, avant de se retourner et de poursuivre son chemin, la tristesse faisant le sien dans son être.

Gabin avait suffisamment attendu pour voir défiler un nombre incalculable de personnes devant la sortie du ministère bien caché. Il avait eu le temps de s'imaginer ce qu'il se passerait, ce qu’il porterait. En bref, il avait eu le temps de se faire un bon nombre de situations dans sa tête pour passer le temps tant l’arrivée de la personne qu'il attendait était longue. Lorsque le moment arriva enfin, il fit face à un jeune homme, la trentaine, brun, un regard arrogant et nettement plus sévère et blasé que dans les photos qu'il avait pu apercevoir. Il ne ressentit pas le moindre élan de sympathie pour lui ce qui l’arrangeait bien vu ce qu'il souhaitait faire. Il était peut être jeune mais bien prêt à avoir une conversation d’homme à homme. En abordant Wilda, il sentit une chose différente chez ce jeune homme, il y avait quelque chose de changer en lui, peut être de la tristesse mais il était bien trop absorbé dans sa mission pour y faire attention au-delà du raisonnable. Il se calma et décida de se contrôler afin d’éviter toute esclandre ce qui le desservirait plus qu'autre chose. « Il va quand même falloir que vous preniez du temps parce que c’est important. » il le regarda bien dans les yeux et ne détourna pas le regard. Il avait profité d'une jeune fille extraordinaire puis il l'avait rayé de sa vie sans se retourner ce que Gabin trouvait révoltant. « Êtes vous au courant d’à quel point vous la faites souffrir ? » Il le fixa avec toute la rage qu'il ressentait pour lui, pour ce qu’il avait fait à son ami d'enfance.

Alors qu’il avait repris son chemin comme si de rien n’était, Evan entendit des pas derrière lui et, sans avoir besoin de se retourner, il savait que le garçon sorti de nulle part le suivait. Pourquoi le suivait-il ? Pourquoi voulait-il parler de Wilda ? Ce blondinet était-il une de ses conquêtes ? Lui avait-elle menti, à lui aussi ? Le jeune homme regretta immédiatement cette pensée. Wilda était certes une menteuse, mais elle n’avait semblé être la femme de plusieurs hommes… Il se retourna finalement vers le garçon. « Oui, c’est important, comme sujet. Assez important pour ne pas en parler en plein milieu d’une rue avec un parfait inconnu ! » lâcha-t-il, la mâchoire serrée. Wilda, ainsi que leur rupture, était un sujet bien trop sensible pour en parler à quelqu’un d’autres qu’à ses plus proches amis. Il se tourna de nouveau, prêt à définitivement reprendre son chemin, quand le blondinet repris la parole. A quel point il la faisait souffrir ? A quel point IL la faisait souffrir ?! Par Merlin, ce gosse avait intérêt à courir vite ! Une colère sourde et profonde envahie rapidement l’esprit d’Evan. Qui avait fait souffrir qui, ce garçon ne semblait pas le savoir. Il se retourna vers lui, lui lançant un regard noir, le visage défait. « Je la fais souffrir ? » Un rire nerveux sorti de sa gorge. « C’est elle qui a passé son temps à me mentir, encore et encore, pendant des semaines, des mois... » énuméra-t-il avant de garder le silence quelques instants. Elle lui manquait tant… « Je n’ai appris la vérité que grâce à ce connard de Rosier. Elle n’a même pas eu le cran de tout m’avouer avant lui ! » dit-il en serrant les poings, sans quitter du regard ce foutu écolier. Il arrivait, l’air de rien, sur son balai, et brisait tout au passage. Evan réussissait peu à peu à remonter la pente, enfin à au moins essayer, mais rien que le fait d’entendre son nom dans la bouche d’un autre le faisait replonger. « Ne confonds pas les rôles, dans cette histoire, parce que ce n’est pas moi qui ai le mauvais » lâcha-t-il avant de tourner de nouveau les talons. Il espérait que le gamin s’en irait, très vite et très loin de lui.

A défaut de vouloir l’écouter, son interlocuteur semblait au moins sérieux à ce sujet ce qui améliore un tout petit peu l’avis de Gabin a son égard mais vraiment un tout tout petit peu, il ne fallait pas trop lui en demander quand même. « Très bien dans ce cas, nous pouvons nous décaler sur la place » répondit- il sarcastique. « Et je suis certes un inconnu pour vous mais pas pour elle. » lui dis-je tout en le fixant du regard ne cherchant pas un instant à fuir cette situation que j'avais moi-même créée. Le calme qui s’était peu à peu insinué en lui se dispersa bien vite. La fureur et la froideur qu'il sentait dans les yeux de ce Evan était à ses yeux inexcusable. Certes, il avait souffert de ce non aveu de Wilda mais c'est lui qui les rendaient encore plus malheureux en refusant de comprendre la jeune femme. « C'est vrai, elle vous a menti, mais pouvez-vous m'assurer que vous ne l’avez jamais fait à son égard. Ne lui avez-vous jamais caché quelque chose en vois disant que c’était plus simple ainsi ou que vous faisiez ça pour elle ? » Après tout qui n'avait encore jamais fait ça. On se dit que c'est mieux, qu'on protège l’autre mais ce n’est finalement qu'une excuse afin que l'on ne se considère pas comme lâche. « Vous pensez vraiment qu'elle s’amusait ? Que cette situation était facile pour elle ? Quand une personne débarquait dans nos vies et qu'on se disait qu’on pouvait être qui on voulait, jusqu'à ce qu’on se rende compte qu’on souhaite que tout cela ne se termine pas mais que l'on doit faire avec nos mensonges ? « Il regarda cet homme que Wilda lui avait tant décrit et ne ressentit que du dégoût, avec tristesse pour ce que Wilda ressentait. « Vous avez cru Evan sans le moindre doute, et pourtant vous êtes incapable de croire Wilda quand elle vous disait qu’elle était sur le point de toit vous dire. Pourquoi ? Est-ce que vous réagissez vraiment Com me ça pour une personne que vous dites aimer ? » Il savait qu'il allait toujours plus loin mais il assumait, il voulait le faire réfléchir. S'ils s’aimaient autant que Wilda lui en avait parlé, il était vraiment prêt à tout laisser tomber juste comme ça ? Au moins, cette altercation permettrait de comprendre à qui il avait à faire. A un lâche ou à un homme triste. « Je ne crois pas qu'aucun de vous n'ait un mauvais rôle. »