« Aoutch » marmonna la jeune femme avant de se mettre incontrôlablement à rigoler. Elle venait encore de  rater une marche et de perdre pieds dans les escaliers, se retrouvant ainsi à quatre pattes à essayer de se remettre droite et de continuer son ascension. Peut-être avait-elle pris un verre ou deux de trop. Elle n’en savait rien, tout ce qu’elle savait en ce moment était qu’elle avait vraiiiiiiiiiiiiment envie d’aller faire pipi et que les coquines de marches ne cessait de bouger pour la faire trébucher. Parce que c’était les marches qui bougeaient, pas vrai?

Elle arriva enfin à la salle de bain, passa la porte en accrochant le cadre de porte de son épaule – « pardon j’ai pas fait exprès » s’excusa-t-elle au cadre de porte – et fut interpellé par Svetlana. Elle regarda la blondinette, puis regarda la toilette, puis regarda la blondinette encore, puis regarda la bouteille de vodka, puis regarda la blondinette, puis sourie, puis lui adressa enfin la parole : « Minute papillon! Je viens de me rappeler pourquoi je suis ici. C’est pas pour la vodka, mais je veux beaucoup la vodka, bouge pas de là. » Wilda rejoint enfin la toilette pour y faire ce qu’elle devait, clignant ses yeux collants en tentant d’y voir plus clair. Au bout d’un moment elle se releva et remis sa culotte – jolie petite culotte bleue nuit en dentelle qu’elle avait achetée  avant tout par amour de la lingerie, mais aussi un peu pour les yeux d’Evan – et regarda son jean en plissant des yeux. Pourquoi porter un pantalon? Qui avait inventé ce truc inconfortable? Nan, vraiment des pantalons c’était pas cool et elle n’allait très certainement pas se soumettre une seconde de plus au dicta social qui disait qu’il fallait porter des pantalons en public… Gare au premier qui oserait la gronder, elle lui filerait une paire de jeans trop petits et taille haute en plus de ça, il ravalerait sa langue bien rapidement. Convaincue, la sorcière laissa donc son jean au sol et alla nonchalamment laver ses mains.

En relevant le visage dans la glace, aperçue Svetlana et sa magnifique chevelure blonde assise dans le bain et se rappela qu’elle avait de la vodka à boire. Elle croisa son regard et lui dit, par l’intermédiaire de la glace : « les pantalons…pas cool ». La sorcière secoua ses mains et tituba pour venir s’asseoir dans la baignoire avec sa colocataire de dortoir. Est-ce qu’elles devaient prendre un bain ensemble? La serdaigle plissa des yeux, elle n’y avait pas d’objection, mais elle n’était pas certaine de se rappeler pourquoi elles étaient dans le bain…ah oui, la vodka. Elle pris une des longues mèches de cheveux de la blonde qui pendait hors de son chignon et la mise sur son visage à elle, impressionnée par la douceur et la brillance des cheveux de la russe. « Hummm t’es cheveux c’est de la Pure Or, siiiii beaux et soyeux…c’est de famille ça aussi? Oh c’est la vodka qui fait ça? File m’en ! Moi j’ai pas les beaux cheveux… je me suis toujours demander c’était quoi ton secret… si c’est être alcoolique alors j’embarque sans hésiter! » déblatéra-t-elle. Wilda plannait. Elle était saoule. Elle était heureuse. Elle était étourdie. Elle était à demi nue dans un bain avec Svetlana et c’était trop cool. Elle n’aurait pas échangée pour le moins du monde sa place avec quelqu’un d’autre. « C’est trop bien de prendre un bain avec toi Svet! On devrait le faire plus souvent. » dit-elle en lui donnant un bisou sur la joue.  

HJ:

Lorsque Svetlana complimenta sa culotte, la sorcière s’egosilla, leva les bras en se dandinant pour montrer son derrière et lui confia sa provenance : « oooohhh tu sais, je les ai pris, chuuuuuuuuuuuuuuuuuut – dit-elle en mettant maladroitement son doigt devant ses lèvres – chez Madame guipure…tu sais le petit rideau rouge derrière la caisse… c’est là que se cache les trésors ma poule » fini-t-elle en rigolant.  La serdaigle pris évidemment la bouteille de vodka que sa nouvelle meilleure pote de salle de bain lui tendait et l’enfonça directement dans sa bouche, probablement un peu trop loin, mais, pour une raison mystérieuse, elle ne mesurait pas très bien les distances. Le contraste entre le Pur feu et la Pure glace était incroyablement bien réussie, si bien que la jeune femme claqua des dents le temps de quelques secondes. « Wahouuuuuuuuu » s’exclama-t-elle en serra la bouteille contre son cœur, comme si c’était un doudou, « je vais la garder toute ma vie » s’exclama-t-elle, le regard émerveillé. Sauf qu’en faits, elles allaient probablement la boire d’une belle vitesse.

Alors qu’elle regardait tendrement son bébé – la bouteille d’alcool – sa collègue se mis à déblatérer toutes sorte de choses comme quoi Wilda ne l’aimait pas. La jeune femme plissait des yeux, incertaine, tout en frottant affectueusement la froide bouteille de vodka contre sa joue. « Svetlana Vasslievvvle » dit-elle avec ardeur – tout en massacrant son nom dû à l’eau de vie précédemment ingurgité – moi j’ai rien contre toi c’est toi » continua-t-elle d’une articulation pâteuse tout en se redressant sur les genoux dans la baignoire, « tu me fais jamais les sourires! Moi, moi je te fais les gros sourires, mais toi tu les aimes pas et tu me regardes toujours avec des gros yeux fâchés et je me sens pas bien » fini-t-elle piteuse et en vacillant. « En fait, t’es la seule personne qui me fait sentir toute petite mini mini » ajouta-t-elle en fronçant des sourcils. Wilda comprenait que la belle blonde venait de lui dire qu’elle la trouvait jolie…et qu’elle voulait être comme elle. Non, finalement la poursuiveuse n’était pas sur de comprendre. « Jecomprendpas » murmura-t-elle. « Svet, tu es tellement chaude, genre, genre si j’étais un mec, j’te frais pas mal hein…je veux dire, tu es toujours parfaite! Ça sert à rien d’essayer de compétitionner contre toi, t’es genre la meuf que je présenterais à mes parents…si j’étais un mec…’fin même en étant une meuf ils seraient ravis quoi ». Wilda enlaça le bras de Svetlana et vint coller sa tête brune contre son épaule avant de conclure logiquement : « moi j’aimerais être comme toi, on devrait faire un enfant, il serait parfait.» Wilda laissa aller ses pensées floues vers une petite gamine blondinette qui sautillait partout et se mis à imaginer comment Svetlana et elle pourrait physiquement faire une enfant, avant de se rappeler que c'était impossible et de rigoler toute seule.

Chez Madame Guipure !!! Ainsi donc cette coquine dissimulait ces petites merveilles derrière le comptoir. Svetlana se mit alors à imaginer. Elle était dans la boutique et elle essayait des dizaines et des dizaines de culottes, strings, shorty… touuuut. Dans un coin de la salle, Swann commentait allégrement ses « tenues » alors qu’elle dandinait ses petites fesses sous son nez. Non, évidemment… ce n’était qu’un rêve. Une idée farfelue. Une utopie. Son père… en pensant à son père, Svetlana eut un haut le cœur. Elle sentit le gout de la vodka remonter puis redescendre. Ouf.

Lorsque la belle et trop jolie Wilda gouta SA vodka pure glace, elle bomba le torse fièrement, mais elle glissa plus encore dans la baignoire. Elle allait bientôt se retrouver les quatre fers en l’air. « C’est quand même mieux que la vodka bulgare hein ! » Et sa camarade devait vraiment l’aimer car elle la serrait contre elle, la câlinant comme elle le ferait avec une peluche ou un doudou. La garder toute sa vie ? Il y avait un stock entier chez ses parents, elle pourrait même lui en ramener. Et pas qu’une bouteille évidemment. « Va-SSI-LI-EV. La fin c’est comme un F. » corrigea Svetlana après la tentative de Wilda. Mais alors qu’elle allait ajouter quelques choses, déblatérer certainement d’autre bêtises, elle s’arrêta. Rien contre elle ? Vraiment. La belle brune se redressa comme le put dans la baignoire et finit par trouver une position qui n’avait pas l’air confortable. Ses genoux devaient crier « help » de toutes leurs forces.

Jamais de sourire. C’était vrai. Des yeux fâchés ? Vraiment ? La culpabilité l’envahit. Svetlana sentit une émotion l’envahir. Ça montait. Montait. « Je suis désolée » chuchota-t-elle si bas qu’elle-même n’était pas sûre de s’être entendue. « Svet, tu es tellement chaude, genre, genre si j’étais un mec, j’te frais pas mal hein…je veux dire, tu es toujours parfaite! Ça sert à rien d’essayer de compétitionner contre toi, t’es genre la meuf que je présenterais à mes parents…si j’étais un mec…’fin même en étant une meuf ils seraient ravis quoi ».  Quoi ??? Svetlana n’était pas sûre de comprendre. « Moi j’aimerais être comme toi, on devrait faire un enfant, il serait parfait. » ajoute-t-elle en se blottissant contre elle. L’émotion qui était redescendue venait de grimper plus haut. Sa tête lui tournait. Enfant…mariage… fiançailles… Les souvenirs des récents événement vinrent la frapper de plein fouet, remettant sur le tapis un sujet qu’elle voulait oublier ce soir.

Svetlana déglutit avec difficulté. « Je ne suis pas chaude. Toi tu l’es. T’es désirable. Moi c’est… froid. » Glacial même. « Svetlana, ne montre pas tes émotions, qu’elles ne trahissent pas tes pensées » dit-elle en imitant la voix de son père. « Putain je vis dans un moule depuis que je suis né et … menya eto zaebalo (ca fait chier) », cria-t-elle en tentant de se relever. Ça grimpait encore. Et vite cette fois. La slave quitta l’étreinte de Wilda pour se précipiter aux toilettes et vomir. Et elle éclata en sanglot. « Je suis désolée ». Et elle répéta ce mot, encore et encore. Toutes ces émotions refoulées. « Je ne voulais pas… Et en plus je vomis. » Et elle vomit encore. Une dernière fois. Le souffle court, elle se redressa et tira la chasse. C’était comme si elle était libérée d’un poids.

Encore tremblotante, elle s’aspergea le visage et se rinça la bouche. Elle n’avait pas pleuré depuis des années. Pas depuis l’épisode du puits. Elle avait honte… un peu. Ce sentiment-là s’envola rapidement. « File moi un peu de vodka… » Quand on tombe à cheval, il faut toujours remonter, dans la seconde. Pour l’alcool, c’est pareil.



622 mots.

Wilda fronça légèrement les sourcils, la tête lui tournait, ainsi posée sur l’épaule de sa jolie Svety. Elle ne comprenait pas trop pourquoi celle-ci parlait d’elle-même à la troisième personne, avec une grosse voix et tout. «Hmmm Svet tu fais ce que tu veux hein, tu es une personne à part entière et toute pleine d’intelligence et de jugement et tout et euh…» commença la fêtée d’une voix pâteuse, exprimant naïvement sa vision de la vie, une vision forte et bonne, mais qui pouvait sembler simpliste pour un individu provenant d’une famille complexe et autoritaire. Avant qu’elle puisse pousser sa réflexion – réflexion ma foi embrumée et qui ne suivait aucun fil conducteur – la belle blonde la bouscula et se leva promptement pour aller se vider l’estomac dans sa toilette – heureusement, car la sorcière avait beau être majeure, elle n’était pas certaine d’être capable de réussir un recurvite en bonne et due forme et l’idée de ramasser du vomis à quatre pattes lui était peu ragoûtante.

La jeune femme sortit avec beaucoup de difficulté du bain et se dirigea vers son amie en prenant autant appuie sur ses pieds que sur ses mains. Elle s’installa près d’elle et lui flatta le dos. Si elle avait été plus rapide sur ses pieds, elle se serait dirigée vers le lavabo pour mouillé un linge et lui passer sur le front, mais Wilda avait rapidement fait le calcul qu’il s’agissait d’une opération difficile. Elle attendit donc, désolée de la voir ainsi vomir son repas, son alcool, et fondre en chaudes larmes. La jeune femme ne connaissait pas l’étendue de la peine de la russe, mais elle supposait que l’ingurgitation outrageuse d’alcool y était pour beaucoup… probablement avait-elle l’alcool triste. Peu importe si les larmes avaient pris naissance de l’alcool ou d’une réelle tristesse, Wilda n’allait pas laisser la blondinette broyer du noir, non, non, non, pas à sa fête, pas à leur âge. La vie se devait d’être belle. Se rappelant ses propos sur sa désirabilité, la fêtée lui répondit, alors qu’elle vomissait à plein débit : « Mais meuf, tu entres dans une pièce et les gens cessent de parler, t’as même pas à dire un mot et les mecs seraient prêts à tout te donner pour prendre ne serait-ce que ta main. Moi, jamais on me regarde comme ça, j’dois papoter et rigoler pour attirer les regards et encore là, je trouve toujours le moyen de sortir une blague trop honnête qui me faut une bine sur l’épaule comme si j’étais un de leur bros. Bref, Svetlana, crois-moi, tu es chaude comme la braise ». Au milieu de son dialogue trop long et unilatéral, sa comparse se leva et quitta vers le lavabo et ses pensée divaguèrent vers le doux visage de son Evan, son homme qui, soyez en certains, ne la considérait pas du tout comme l’un de ses potos…sinon on n’avait pas le même genre d’amitié hein.

La brunette suivit sa cadette et lui pris le visage entre les mains – visage dégoulinant d’eau dont toute trace de vomis semblait magiquement être disparue – pour venir le placer à trois centimètres du sien afin de lui partager le fond de sa pensée. « Svet, les moules, c’est pour les biscuits pas cuits. Toi t’es en pleine cuisson…tu vas l’éclater ce moule, tu vas grandir plus grande que ça et le démolir, crois-moi. » déblatéra la serdaigle, en louchant quelque peu. Elle ne connaissait pas grand-chose à Svetlana, outre qu’elle était merveilleusement belle, et digne, et droite, et maniéré et certainement plus présentable qu’elle, mais elle se rappelait que Darius lui avait glissé deux ou trois mots au sujet d’une famille coincée et conservatrice et les neurones enivrées d’alcool de Wilda connectaient ensemble en faisant des liens plutôt perspicaces, de quoi rendre Rowena fière de sa progéniture par allégeance. La jeune femme était consciente de la chance inouïe d’être née dans une famille aimante parfaite et se dit qu’elle devait communiquer d’une manière ou d’une autre son soutien à sa nouvelle amie, car après tout, Svety était plutôt chill. « Cheers à la rébellion! À la fin du dicta sociétal et euh… tous les autres ! » s’exclama-t-elle en leva le bras haut avant de s’enfiler une gorgée de vodka et de frissonner. « Ça c’est la belle attitude » dit-elle, avant de tendre la bouteille à la serdaigle qui la lui demandait. « Ce soir, toi et moi, on fait les folies et le plaisir, on oublie tout ok? » ajouta-t-elle avec de petits yeux, les sourcils levés comme pour s’assurer que ses yeux allaient restés ouverts. « Aller, montre-moi tes dents mon enfants, c’est comme ça qu’on sourit » fini-t-elle en lui mettant un doigt dans la bouche, tentant de découvrir ses dents.

Qui aurait dit qu’un jour elle vomirait ses tripes devant une tierce personne, déblatérant des compliments et des mots d’amour à Wilda et pleurant comme une madeleine. Les mots de la belle résonnaient dans sa tête, un écho étrange. Vraiment ? Les mecs prêts à tout pour ne serait-ce que prendre sa main ? Elle avait du mal à y croire. Et pourtant… maintenant qu’elle y pensait… « Moi, jamais on me regarde comme ça ». Svetlana siffla entre ses dents. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre. Avec qui les mecs préféraient faire le premier pas, osait ne serait-ce que poser les yeux franchement, lancer un sourire charmeur ? Wilda, évidemment. « J’suis sûre qu’il y en a au moins un qui te… comment tu as dit déjà… bref yen a un qui te trouve chaude, j’en suis sûre. » Elle toucha le bout de son nez, au bout de trois fois. « Je le sens… et je me trompe rarement. »

Puis, visage contre visage, les mots l’émurent à un point que son cœur se gonfla d’amour et de tendresse pour la jeune femme. Bon, elle ne comprenait pas tout à fait cette histoire de moule et de gâteau… mais à voir son regard c’était gentil. Comment avait-elle pu passer à côté d’elle ? Quel gâchis. « Cheers à la rébellion! À la fin du dicta sociétal et euh… tous les autres ! » Svetlena se retint de rire. Oui, une belle attitude. Elle saisit la bouteille et s’enfila une gorgée également. « Ok, on oublie tout. On s’écl… » Mais Svetlana ne put aller plus loin dans ses paroles. Wilda avait mis son doigt dans sa bouche et Lana la regardait d’un air ahurit. Montrer ses dents ? Et elle comptait l’aider en lui fourrant son index entre les lèvres.

Svetlana la fixa pendant de longues secondes, lui semble-t-elle. « C’est bizarre non ? » dit-elle toujours avec le doigt de Wilda dans la bouche. Et puis, sourire avec un doigt dans le bouche… Avec des gestes un peu gauche, Lana éleva le doigt de Wilda. « Attends !!! Je vais te sourire, tu vas voir. » Et ses lèvres s’étirent légèrement. Bon d’accord, elle était pas au max. Elle se tourna vers la glace et se regarda, elle et Wilda dans le reflet. Son sourire s’agrandit alors, de plus en plus, et puis… elle fit une horrible grimace. Devant son air hideux, la slave ne put s’empêcher d’éclater de rire. « Dommage que je n’ai pas d’appareil photos… Ça aurait fait des souvenirs trop drôles. »

Oh mais elle aurait presque oublié !!!! Svetlana fit au nouveau couler l’eau pour se rincer la bouche puis elle regarda Wilda d’un air sérieux. Enfin, aussi sérieux qu’elle le put. « Dans mon pays, quand deux personnes se rencontrent et veulent marquer un symbole de paix, elle s’embrasse. C’est la tradition hein ! Et j’y tiens. » Alors la belle prit le visage de sa nouvelle amie, compagne de beuverie entre ses mains et l’embrassa sur la bouche, légèrement et furtivement. « A l’amitié et à la fraternité !!!! »

Spoiler:

« Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh! Maiis tu vois comment tu es belle quand on voit toutes tes dents ! » cria-t-elle en retirant son doigt de la bouche de la blonde et en lui sautant au coup. Wilda avait volontairement ignoré le commentaire de la russe sur sa chaudité, qui, en fait, lui avait fait penser à son homme, son beau Evan qui, pouvait-elle l’affirmer avec certitude, la trouvait chaude. Dommage qu’il ne soit pas là ce soir d’ailleurs. « Des souvenirs, maintenant qu’on est super potes on và s’en faire plein » rigola la brunette en lâchant la blondinette. Wilda était sincèrement excitée de tisser de tels liens avec Svetlana, en qui elle n’aurait jamais cru trouver une personne si agréable et si… chaleureuse. Alors qu’elle la regardait dans les yeux en louchant légèrement et en se demandant si elle pouvait physiquement arriver à atteindre la bouteille de vodka pure glace qui était placée sur le comptoir derrière elle, Svetlana déblatéra quelques paroles et l’embrassa sur la bouche. Wilda trouva ce baiser furtif très sensuel – qui ne l’aurait pas trouvé ainsi sous les lèvres d’une femme comme Svetlana – et ses yeux s’écartillèrent instantanément. Il s’agissait de la deuxième femme qui l’embrassait ce soir – peut-être devrait-elle changer d’orientation, elle semblait avoir la côte avec le sexe féminin, pensa son cerveau embrumé – et, bien que personne ne le sache, elle était très loin de vivre dans le célibat. Oh bien sûr, il y avait toujours ces couples qui clamaient que des bisous entre filles ça ne comptaient pas comme de la tromperie, mais, à vrai dire, Wilda n’avait jamais questionné son chéri sur ce qui était acceptable ou non dans leur relation et elle ne savait pas trop ce qu’il penserait des bécos échangés entre quelques filles pompettes.

« Sveeeeeeeeeeeeeet » souffla-t-elle, semi hystérique, « je suis contente que tu sois ma pote, sauf que j’ai un petit copain – sur ces mots elle ricana comme une imbécile amoureuse – et je sais pas si j’ai le droit de faire les bisous aux filles, hi-hi » termina-t-elle en mettant la main contre sa bouche. Devant sa confidence, ses yeux s’agrandir de nouveau et elle écrasa son majeur contre les lèvres de Svetlana, « chuuuuuuuuuuuuuuuuut, c’est un secret sauf, hi-hi – elle hoqueta – il ne faut pas que ça se sache, hi-hi… je l’aime beaucoup tu sais? » renchéri-t-elle joyeusement avant de se lever et de se mettre à faire des tourniquets de danse sur une musique inaudible. Comme elle était heureuse avec cet homme. Comme elle était heureuse avec sa nouvelle amie blondinette ici présente. « Il est tellement gentil avait moi, hi-hi-hi et en plus, il me fait les beauuuuuuux biiiiiiisous comme toi ! » termina-t-elle avant de venir lui coller un autre court baisé sur les lèvres. « Oh non! Oupsidoupsi, hi-hi » s’exclama-t-elle en réalisant ses gestes. Elle fronça les sourcils en se demandant pourquoi elle venait d’embrasser Svetlana et ramassa la bouteille de vodka pour s’en enfiler une belle gorgé avant de s’exclamer : « À l’amitier! ».

Voir Wilda heureuse. Et bien, ça la rendait heureuse. Svetlana se mit à rire, toute seule, enfin non pas vraiment seule parce que Wilda aussi rigolait. Mais... enfin, c'est une expression. « Ohhhhhh tu as un petit copain ? C'est quiiiiiihumph ». Une fois encore, la serdaigle venait d'écraser son doigt contre ses lèvres. Encore. Etait-ce une lubie ? Ou alors une coutume chez les Griffiths ? Etrange tout de même non ? Quoi un secret ? Svetlana enleva le doigt de sa nouvelle meilleure amie et mima le fait de fermer à clef, de façon bancale et titubante mais tout de même. « Même sous la torture je ne trahirai pas ton secret, foi de Vassiliev. ».

Et la belle se mit à danser. Alors, elle la rejoignit. Quel magnifique ballet. De véritable danseuses étoiles du Bolchoï. Et elle en avait passé des soirées au Balchoï. et hoooooop. Encore un bisou. En le recevant Svetlana fut heureuse mais elle devait préciser. « Tu sais, en Russie, un baiser entre deux personnes du même sexe, c'est pour sceller une entente, une nouvelle amitié, la fin d'une mésentente. » Alors elle leva la bouteille à l'amitié. Svetlana suivit le mouvement. C'était encore mieux qu'un pacte de sang. C'était troooooooooop bien. Mais là... elle étouffait. Trois chaud ici. La russe prit Wilda dans ses bras. « Je vais sortir un peu... prendre l'air... j'suis bourrée. ».

Après un dernier baiser, Svetlana quitta la salle de bain en titubant. Aurait-elle seulement un seul souvenir de cet instant ?