Tout ce qui touchait à l'argent mettait Flora Joan Dawlish d'excellente humeur. Que cela soit le fruit d'un vol conduisant à un recel dans son petit appartement londonien, ou tout simplement quelque chose ou des pièces durement gagnées pendant son labeur, cela suffisait à lui étirer un sourire angélique sur son visage jeune et faussement innocent. Elle avait grandi dans une pauvreté si envahissante et étouffante, qu'elle avait longtemps cru ne jamais pouvoir s'en sortir, même parmi les sorciers. Son talent lui avait souri cependant, pour son plus grand bonheur, et elle avait pu gagner correctement - ou presque ! - sa vie avec le Quidditch. Mais voilà, les vilaines habitudes ne disparaissaient pas pour autant, et l'ancienne attrapeuse n'était pas toutefois, une ancienne cleptomane. Sans doute d'ailleurs qu'elle s'améliorait avec le temps, comme le bon vin que son père n'a pas et qui, par extension ne mûri pas dans leur cave. Mais ce n'était pas pour acheter du vin moldu ou du vin des elfes qu'elle sortait de Gringotts avec une petite bourse pleine - à ses yeux - de pièces d'or. Flora, depuis quelques temps et plus particulièrement depuis qu'elle avait reprit ses études pour devenir une fière Auror, se sentait terriblement seule. Son appartement était vide, n'accueillait malheureusement pas grand monde à part son frère John qui restait fidèle au poste. Pour le reste, la jeune femme, pourtant si belle et si douce, ne recevait pas grand monde. Il n'était pas tant question du fait qu'elle n'avait pas d'amis plutôt que de celui qu'elle s'en était éloignée avec sa carrière de Quidditch, qu'elle avait volontairement avorté pour aller défendre la veuve et l'orphelin. Ses envies généreuses trouvaient justement leur source dans cette justice sociale qu'elle n'avait jamais trouvé. Elle espérait, de ce fait, permettre au moins une véritable justice sur le plan judiciaire.
Dans la poche de sa cape donc, se trouvait une petite bourse qu'elle ne risquait pas de lâcher malgré tout. Aujourd'hui, après deux ans et demi de deuil, Flora allait s'acheter - oui oui - un nouveau boursouf. Il n'y avait bien que l'argent réel et la nourriture que la délicate fleur de mai volait. Jamais, jamais, elle ne se risquerait à voler un bour... Oh... Pourquoi pas, après tout ? Plongée ainsi dans ses pensées, les sourcils froncés, le regard rivé sur l'animalerie, elle mit quelques pas à comprendre qu'on l'avait interpellé et elle se retourna, le fantôme de ses peu glorieuses pensées s'effaçant dans ses yeux chocolat. La jeune femme observa d'un oeil médusé un garçon qu'elle eut connu en des temps passés. "Ooooh ! Kyrre !" s'exclama-t-elle en lâchant enfin sa bourse ratatinée pour sortir sa main de sa poche, "ça fait tellement longtemps !". Flora, malheureusement pour le jeune homme, n'était pas très discrète contrairement à l'air qu'elle laissait entrevoir. Elle savait se faire remarquer, aimait cela, il fallait bien l'admettre. Son plus beau profil était le droit. La future Auror se rapprocha de lui en comblant les quelques pas qui les séparaient pour le prendre dans ses bras, toute tactile qu'elle était avec les gens qu'elle avait connu et au moins apprécié. Elle lui colla deux bises sur les joues avant d'ajouter : "Comment vas-tu ?".

Flora n’était pas réputée pour être une jeune femme discrète. Bien qu’elle ne fut guère grande, elle avait une personnalité que l’on remarquait bien facilement, et une voix qui malheureusement pour Kyrre, portait loin. Comme elle était, par ailleurs, très douée en commérages en tout genre, Flora était tout au fait de sa triste situation suite à la coupe du monde. Elle ne doutait pas cependant, qu’il allait s’en remettre et revenir plus fort que jamais… Ou du moins l’espérait-elle sincèrement. Il le valait bien se dit-elle en le détaillant comme pour évaluer le poids des années sur ses traits. Il la complimenta, et le rouge lui monta un peu aux joues. C’est qu’elle était très sensible aux compliments. Elle se rappelait bien lui avoir mis un râteau, mais pour l’amour du Quidditch et du jeu, elle ne pouvait pas s’empêcher de jouer la carte de la promiscuité avec lui. Le norvégien lui proposa de l’accompagner où qu’elle allait, et elle ne put empêcher un trait d’humour : “Tu prends des risques !”. Elle accompagna sa phrase d’un rire joyeux, “j’allais m’acheter un boursouf !”. La future aurore se mit bras dessus bras dessous avec l’ancien joueur de l’équipe de Norvège.
Sa question innocente sur son état, ne l’était finalement pas tant que ça, et elle se sentit mal-à-l’aise de lui avoir demandé comment il allait alors qu’il s’était fait virer de son club, et qu’on lui crachait dessus depuis son échec à la coupe du Monde. Oui, Flora savait tout. Les commérages, bien sûr. Elle fit passer son malaise à travers un immense sourire, “oooh, tu n’es pas au courant ! J’ai arrêté le Quidditch il y a deux ans !”. En effet, du jour au lendemain, elle avait eu envie de sauver le monde, d’aider les plus démunis et d’enfermer les vils individus à Azkaban. C’était grosso modo comme ça qu’elle avait fini étudiante pour être Auror, comme son frère avant elle ! Qui n’était d’ailleurs pas au courant… Une troupe de gamin passèrent en courant à côté d’eux sans qu’elle ne les calcule, ses iris vissés sur l’animalerie magique : “J’espère que tu n’es pas allergique aux poils de chats !” s’exclama-t-elle en poussant la porte de la petite boutique dans laquelle se promenaient une dizaine de chats de couleurs et tailles différentes.

Les boursoufs étaient la grande passion de Flora depuis toujours. Pourtant sa relation avec ces étranges bêbêtes avait bien mal-commencée, puisque la jeune femme petite fille à l'époque, s'était faite pincée le bout du doigt par la petite créature apeurée de voir une humaine lui tirer les poils. Il fallait bien convenir qu'elle n'était pas très délicate non plus en ces temps-là, et qu'elle n'avait pas vraiment le sens de la souffrance et de la joie. Mais elle s'était bien vite rattrapée avec la créature de l'époque, qui avait fini par devenir son meilleur ami dans le règne animal. Ce souvenir d'enfant attendrit les traits de la future Auror qui ne partagea cependant rien de ces moments intimes avec Bloops - c'était le nom de la petite chose du temps de son existence - et préféra se reconcentrer sur l'ange attrapeur déchu. Sa réaction d'ailleurs face à la retraite anticipée de la cadette Dawlish ne lui tira pas d'autre réaction qu'un soupir désabusé. Elle ne se doutait absolument pas que l'on puisse avoir besoin d'elle pour quoique ce soit... "Je sais" s'écria-t-elle dramatiquement, "peut-être que je reviendrai un jour, tu sais comme je suis !". Elle accompagna sa phrase d'un rire tout aussi innocent qu'insignifiant. Kyrre aimait faire des compliments et Flora les recevoir, ils ne pouvaient donc que bien s'entendre.
La ménagerie magique était la boutique la plus bruyante de tout le Chemin de Traverse sans doute, mais le magasin de Quidditch devait bien arriver en seconde position comme les plus jeunes avaient tendance à pousser des cris effarés devant de nouveaux ouvrages, outils ou même, balais. La jeune femme s'approcha de l'aquarium aux crapauds violets et décida de le conseiller : "Je pense que celui-ci irait bien à ton teint !". Ah, l'impertinente et provocatrice Flora Dawlish, qui avant de voir la réaction du joueur de Quidditch se recula comme si elle planait dans la boutique. Les boursoufs ne changeaient jamais de place, alors elle s'éloigna en prenant soin de caresser un chat noir qui regardait Kyrre de son regard jaune.  "Devine !" décida-t-elle de lancer une véritable devinette dans la boutique en lui offrant un fier sourire. Quelqu'un sorti de la boutique sans qu'elle ne lui accorde la moindre attention. Son regard restait focalisé sur Kyrre duquel elle s'amusait de l'ignorance. C'est que personne, personne - et surtout pas son frère d'ailleurs ! - ne s'attendait à la voir elle, la cadette Dawlish, la délicate et très naïve cadette Dawlish, devenir Auror. Elle s'éloigna encore pour arriver devant une cage de boursoufs...Vide.

Kyrre avait un sens de l’humour qui plaisait beaucoup à celui de la jeune femme. Flora aimait lorsque les gens étaient heureux, riaient entre eux, plaisantaient, sortaient… Elle aimait la joie de vivre, et tomber sur des individus éteints la mettait parfois tellement en rage, qu’elle se sentait le besoin de leur donner un peu d’amour. Sans doute était-ce pour cela qu’elle était si collante avec son grand frère John. Mais Kyrre ! Ah, Kyrre ! Si drôle, si gentil ! Si tout ce qui donnait du charme à un homme sans qu’elle ne soit pourtant attirée par lui ! “Question difficile” releva-t-elle en même temps qu’elle releva son sourcil. Elle l’observa longuement, poussa même la comédie jusqu’à sortir sa main délicate pour le tourner un peu comme si elle observait les lignes de son dos, “les pustules, c’est mon dernier mot”.
L’instant d’après, elle papillonnait ailleurs dans la petite boutique, un sourire joyeux et sincère étiré sur ses lèvres pleines à l’idée qu’il soit incapable de trouver sa majestueuse reconversion. Il fallait dire que la voir elle, si naïve, si gentille, si incroyablement délicate, cela ne correspondait pas vraiment à l’idée que l’on se faisait des Aurors. Pourtant, pourtant, la jolie Dawlish était maintenant en dernière année de préparation… Sans que son frère n’en sache quelque chose, en plus de cela ! Elle éclata d’un rire franc devant sa proposition : “Mince, je vais encore devoir me reconvertir !”. Elle passa une main dans ses cheveux bruns comme pour les remettre en place, et s’éloigna du chat qui ne semblait pas voir le norvégien d’un bon oeil. “En fait… Je vais être…” commença-t-elle avant de ménager un grand suspens, “Auror !”. De nouveau, Flora laissa échapper un rire franc qui malheureusement s’évanouit devant la cage vide pour Boursoufs. “Oh” répondit-elle en écho à la réaction du jeune homme qui l’accompagnait. La grande déception qu’elle ressentit eut raison de sa joie de vivre momentanée. Mais, le désappointement, loin d’arrêter la jeune femme, avait tendance à raviver le feu naturel qui brûlait dans son coeur et elle se dirigea d’un pas décidé vers la gérante du magasin : “Bonjour, ne vous reste-t-il aucun Boursouf ? Vraiment aucun aucun ?”. La femme était en train de fumer une espèce de pipe que jamais encore, la future Auror n’avait vu. “Il m’en reste un… Mais personne ne le veut” répondit-elle avec flegme avant de porter sa pipe à ses lèvres. Mais c’était bien mal connaître l’ancienne attrapeuse, car pour un Boursouf, Flora était prête à tout : “Je le prends ! Les plus laids sont mes préférés !”.

Flora papillonnait partout dans le petit magasin et faisait durer le suspens avec un talent que seule elle - pensait-elle ! - possédait. Révéler à Kyrre qu'elle allait enfin mettre en prison des mages noirs, qu'elle allait se battre et faire partie du sommet de la société sorcière britannique la faisait jubiler, c'était le moins que l'on puisse dire. La jeune femme avait des rêves en tête et sans doute que ce n'était pas là, la meilleure idée qu'elle ait eu. Il n'y avait certes pas grand chose qui la choquait, car elle était plus résistante que ce qu'elle paraissait. Mais la vie pour elle était un jeu, être Auror risquait surtout d'être un défi qu'elle voulait relever pendant un temps avant de s'ennuyer à nouveau. Comme avec le Quidditch. Hélas ou tant mieux, la cage vide des boursoufs fit dériver leur attention. Bien que son compagnon d'achat du jour semblait quelque peu circonspect devant son idée - lumineuse - de prendre LE boursouf dont personne ne voulait, cela ne fit pas changer d'avis Flora. Les pieds bien enfoncés dans le sol, le regard déterminé comme lorsqu'elle jouait au sport préféré des sorciers, elle essayait de convaincre la fumeuse de lui vendre le petit animal. « Les gens sont bêtes ! » asséna pour seule réponse la future Auror, qui, par sa détermination sans faille, fit plier la vendeuse qui les fit entrer dans l'arrière boutique. Lorsqu'elle souleva le drap, ils tombèrent sur le boursouf le plus laid que l'on puisse faire. La pauvre créature, au lieu d'être ronde, était en forme d'oeuf. Sa fourrure semblait déteinte, et il ronflait sur le dos comme si rien ne pouvait le réveiller : « OOOOH IL EST SPLENDIDE JE LE VEUX ! » s'écria-t-elle si fort en frappant dans ses mains. Tout cela ne serait rien si elle ne sautillait pas dans tous les sens, en ajoutant : « IL EST TROP MIGNOOON ON DIRAIT UN OEUF ! REGARDE KYRRE ! ». Elle s'extasiait derrière la cage tandis que la vendeuse s'étouffait avec la fumée de sa pipe. Le petit animal ouvrit un oeil et regarda sa nouvelle propriétaire avec une admiration qui n'était pas feinte. Flora, bien entendu, faisait même de l'effet aux animaux domestiques. Sans demander l'avis de la vendeuse, elle ouvrit la cage et y passa sa main dedans pour que la petite chose saute dans sa paume, ce qu'elle fit en ronronnant. Des larmes étaient visibles aux yeux de la jeune femme qui le mit à la hauteur de son visage pour l'admirer. Ses iris ne semblaient jamais avoir été aussi ouverts. « Je vais l'appeler... hum hum... TIPIAK ! ».

Kyrre avait retenu son souffle, à la manière d’un petit enfant lorsqu’il est excité et sur le point de faire une découverte incroyable ou d’assister à quelque chose de stupéfiant. Un matin de noël aux pieds du sapin, par exemple, un spectacle de cirque — et il faut dire que les cirques magiques étaient phénoménaux —, ou plus fabuleux encore, un match de Quidditch en loge VIP…
Rien pourtant, absolument rien, ne l’avait laissé présager toute l’horreur de ce qu’il allait découvrir sous ce drap…
Non, c’est vrai quoi, la petite chose qui s’y trouvait était tout bonnement infâme ! Ronflant plus fort encore que papy Magnus — et ce n’était pas peu dire, niveau comparaison ! —, il était d’une laideur inquiétante, et avait une forme jusque-là encore inédite — ou bien c’était qu’à Durmstrang, on vous enseignait sur des créatures magiques différentes de celles que l’on trouvait au Royaume-Uni… Circonspect, son regard alternait entre l’animal repoussant, Flora qui semblait être au comble de la béatitude, et la tenancière de la Ménagerie, visiblement aussi surprise que lui, et qui lui semblait soudainement de très mauvaise foi.
— Euh… Parvint-il péniblement à articuler, cherchant les mots pour ne pas vexer la brunette. Il fusilla la fumeuse de pipe du regard, et s’apprêtait à glisser un aparté à l’oreille de Flora, avant que la propriétaire des lieux ne le devance.
— C’est à prendre ou à laisser, elle cracha un lourd nuage de fumée grise qui fit s’époumoner Kyrre — en bon sportif qu’il était, il n’était pas fumeur et commençait sérieusement à suffoquer dans cette ambiance confinée — et croyez pas que je vais vous faire une ristourne parce qu’il est… Différent des autres ! Osa-t-elle en plus les menacer, brandissant son index sous leur nez, comme une maîtresse d’école qui sermonnait ses cancres d’élèves.
Kyrre voyait rouge ! Mais tandis qu’il pensait que la situation ne pouvait pas être plus désespérée, il s’aperçu avec horreur que Flora frappait joyeusement dans ses mains et affirmait adorer la bestiole. « Regarde Kyrre ! », oh oui, Kyrre regardait, regardait bien, même… Et plus il regardait, moins il comprenait. Il se demandait même presque pourquoi il avait accepté de venir ! Un regard à la mine enchantée de Flora le lui rappela. Flora. Tous les espoirs qu’il avait fondé sur elle venait de s’écrouler comme un château de cartes, suite à sa révélation.
— « Omelette » lui siérait mieux… Grommela-t-il dans sa barbe, zyeutant la petite créature et sa forme d’œuf avec défiance.
— Ah, il faut que je vous prévienne aussi, ajouta la vendeuse, faites bien attention à son régime alimentaire surtout. Kyrre s’attendait au pire et gagna en pâleur. Il a l’estomac fragile… Le mauvais ingrédient, et ça lui déclenche une crise de flatulences ! La main de Kyrre vint se crasher sur son visage en mode facepalm. Si vous le prenez, ça vous fera 125 gallions d’or ! Quoiii ?!? Le Norvégien faillit tomber dans les vapes.
— Flora, tu es sûre que ce n’est pas… Un peu hors budget, tout ça ? Là, plus de doute : la fumeuse de pipe essayait d’escroquer son amie !

Flora, dans sa folle joie enfantine de s'être enfin trouvé l'animal de compagnie qu'il lui fallait - celui à notre image, celui mignon, celui avec lequel on se voit faire notre vie en fait - ne réalisait pas l'étendue de son propre ridicule. A dire vrai, la jeune femme avait passé sa vie à se tourner en ridicule sans même le voir, la force de ses émotions étant toujours décuplée par dix comme si elle avait tout prit à son frère à qui il ne restait rien. L'air patibulaire de John était inscrit dans ses gènes à lui et avaient sauté leur tour avec la jeune femme, qui enjouée, et toujours heureuse, ne pouvait pas être prise pour quelqu'un de méchant. Et justement, elle ne l'était pas. Son engouement pour son petit animal, Tipiak, ne semblait pas pouvoir s'évanouir alors même qu'il était, soyons-honnête, affreux. Kyrre semblait moins enthousiaste mais loin de s'attarder, Flora continua de bavasser joyeusement : « C'est terrible de s'arrêter au physique tu ne trouves pas ? » demanda-t-elle naïvement comme s'il allait être d'accord avec elle, alors que, de toute évidence, il ne l'était pas. Les nuages de fumée commençaient à la faire s'étouffer autant que le jeune homme - deux sportifs et une pipe, qu'elle idée ! - et devant la mauvaise foi de la tenancière, Flora se retourna vers elle avec un regard défiant : « Eh oh ! Vous êtes en train d'étouffer Tipiak alors éteignez votre pipe ! » dit-elle en se disant que ce serait un très bon argument pour justement, avoir sa ristourne. Il lui suggéra de l'appeler Omelette, ce qui lui irait bien, mais le prix lui coupa le sifflet comme jamais personne ne l'avait fait. Elle fit les gros yeux devant la mauvaise foi de la tenancière - c'était au moins le triple que pour un boursouf normal... - et se tourna d'un air ahuri vers le Norvégien.

Néanmoins, Flora Dawlish avait un instinct de sauveuse du monde et c'était une femme forte. Alors, elle gonfla ses poumons et bomba son torse comme un petit poulet des champs, en serrant bien fort son boursouf contre elle, dont les yeux s'arrondissaient sans doute à cause de la pression de sa main : « C'est le triple d'un boursouf. Celui-ci n'a pas trouvé d'acheteur. En plus vous l'empoisonnez ce n'est pas très étonnant qu'il lui faille un régime particulier. En fait, je travaille au ministère... » commença-t-elle à déblatérer en extrapolant un peu sa position vis-à-vis de l'institution sorcière, « et j'ai un très bon ami au département de contrôle et de régulation des créatures magiques » - c'était totalement faux - « et vu votre irrespect vis-à-vis de cet animal, je pense qu'il y a maltraitance. Alors si vous voulez garder votre commerce, vous me vendez Tipiak au prix d'un boursouf habituel ».