Sujet: Beauty and the Beast • ft. Svetlana Jeu 10 Jan 2019 - 14:01
Beauty and the Beast
Comment gérer sa vie lorsqu’on était une demi-goule une semaine sur quatre ? Question peu banale que, même à Poudlard, peu voire pratiquement personne se posait. Sauf Elliot. La fièvre de la goule était une maladie particulièrement rare, qui ne touchait qu’une poignée de personnes en Grande-Bretagne et souvent, lorsque sonnait l’heure d’arrêter son traitement pendant une semaine, le gryffondor se surprenait à philosopher sur le sens de sa vie et sur la raison pour laquelle, sur des milliers de sorciers britanniques, il avait été touché par sa drôle de maladie. Était-ce un signe du destin ? Un karma particulièrement mauvais ? Il n’en savait rien mais, de peur que la professeure de divination ne lui diagnostique une vie plus horrible qu’elle ne l’était jusqu’à présent, il n’avait jamais choisi cette option de cours. Pour peu que l’enseignante s’exclame "Oh mais votre cœur est aussi rabougri que celui d’une goule" ! On n’était jamais trop prudent.
En ce lundi soir, comme presque douze lundis dans l’année, Elliot s’était expressément éclipsé de la salle commune malgré le bon feu qui y brûlait et l’atmosphère chaleureuse. Traversant des couloirs venteux et à peine illuminés par la seule lueur de la lune, on aurait pu aisément le prendre pour une âme en peine. Et cela n’en était pas si éloigné. Cela faisait presque vingt-quatre heures qu’il n’avait pas ingéré la potion miraculeuse du médicomage Sivans et les effets de sa maladie revenaient en force. C’était pour cela qu’il cherchait désespérément une salle vide dans laquelle s’isoler : le lundi était toujours le pire jour de la semaine, celui où, comme s’il était en manque d’une drogue, de sa drogue médicamenteuse, son corps le mettait au supplice. Les autres jours, cela passait. Un peu. Mais Elliot détestait le lundi. Il devait se contenir toute la journée pour ne laisser apparaître la goule qui était en lui et le soir, tout lui revenait à la figure : l’énervement, la susceptibilité, l’agressivité. Il devait s’isoler. Il venait de faire un étage, emmitouflé de son épaisse écharpe, sans trouver la moindre salle ouverte. C’était à ne plus rien y comprendre ! D’habitude, il y avait toujours quelques anciennes salles d’ouverte ! Désespérant de ne pas pouvoir se réfugier à l’abri des regards, il se hâtait dans ce nouveau couloir, testant une à une les lourdes portes en bois massif sans que l’une d’entre elles ne daignât le laisser rentrer. Il allait tester la dernière porte de la rangée lorsqu’une lueur blafarde apparut à l’autre bout du couloir, immédiatement suivie de l’ombre encapée d’un inconnu. Alors plus goule que garçon, Elliot tourna la tête en sa direction, laissant s’échapper un grognement mécontent. Par pur réflexe de survie, il ouvrit la porte qui, par miracle, n’était pas verrouillée. Il s’engouffra alors dans la pièce sombre, ne laissant voir à l’inconnu une silhouette voutée et des yeux brillant d’un éclat doré à la lueur de sa baguette. La goule attendit alors, espérant ne pas entendre la porte grincer à sa suite. Elle attendait dans un coin noir, sombre et froid.
Citation :
Je me suis dit que ça pouvait se passer durant une ronde de Lana, histoire de l'obliger à venir ouvrir la porte pour voir qui rode dans les couloirs à cette heure-ci
Sujet: Re: Beauty and the Beast • ft. Svetlana Dim 13 Jan 2019 - 14:56
Une ronde en solitaire, quoi de mieux pour s'aérer l'esprit. Mais cette nuit là, Svetlana baillait aux corneilles. La journée avait été longue, studieuse, sans pause. Elle avait à peine fermé les yeux avant de prendre ses responsabilité de préfète. Baguette en main, elle parcourait les couloirs sombre de l'école d'un pas lent, attentive au moindre mouvement mais aussi particulièrement pressée de rentrer dans son dortoir. Lana eut un petit frisson. La nuit était fraiche. Elle aimait le froid mais le froid sibérien, sec, glacial, pas ce genre de froid humide qui vous donne la goutte au nez. La russe resserra son écharpe bleue autour de son cou et poussa même le vice à rabattre sur sa tête la capuche de sa cape de sorcier.
Déjà, c'était un peu plus confortable. Allez ! Plus que cet étage et elle pourrait rentrer et passer la relève. Et alors qu'elle tournait à l'angle, en face d'elle, au loin, elle aperçut une silhouette se détacher. Svetlana sursauta de surprise et eut même un mouvement de recul. Etait-ce un grognement ? Une créature, aussi grande, dans Poudlard ? La DCFM n'étant pas sa matière de prédilection, la russe eut un léger doute sur la démarche à suivre. Prévenir un professeur au risque de perdre la piste ou bien s'aventurer seule. Lana prit la deuxième décision en prenant une grande inspiration même si l'image de ce regard doré et brillant lui restait en tête. La préfète eut un léger frisson.
Elle était à présent devant le porte derrière laquelle la forme s'était introduite. Elle était entrouverte. Prudemment, elle la poussa de sa main libre et entra dans la pièce, baguette et lumos en premier. La salle de classe était faiblement éclairée avec le sortilège, laissant de nombreuses zones d'ombre. "Je sais que tu es là." chuchota-t-elle plus pour elle-même qu'autre chose. Mais elle ne vit rien. Juste une salle vide, obscure, dont les nombreuses créatures empaillées décoraient l'espace. La salle de défense... C'était glauque ici, surtout en pleine nuit.
Puis, un léger froissement attira son attention. Aussitôt elle tourna sur elle-même. "Lumos Maxima" prononça-t-elle. Et la lumière fut. Elle éclaira la salle entièrement et elle le vit. Il avait détourné le regard à cause de la forte luminosité mais elle reconnut ses cheveux, son uniforme, sa stature, son profil... Elliot. Ainsi donc, c'était parce qu'il arpentait les couloirs la nuit qu'il disparaissait. Et dire qu'elle lui prêtait ses notes pendant tout ce temps, qu'elle l'aidait pour leurs devoirs. Quelle idiote. Une vague de colère et de déception l'envahit et son attitude tellement plus chaleureuse depuis le début de l'année disparut pour faire réapparaitre cette tsarevna glaciale et insensible. Sa voix devint polaire et tranchante. "Elliot ! Tu n'as rien à faire ici ! Retourne dans ton dortoir avant que..." mais elle ne put continuer sa phrase.
Le surprise la rendait muette. Son regard… il n’était pas comme d’habitude. Animal. Doré. Violent. Et son teint… terne, maladif. Il n’était pas comme d’habitude. Et elle, elle était figée.
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Sujet: Re: Beauty and the Beast • ft. Svetlana Ven 18 Jan 2019 - 16:59
Elliot tremblait. Seul, dans son recoin sombre, il tremblait.
La salle était glacée, comme beaucoup d’autres endroits dans ce château venteux. Pourtant, ce n’en était pas la raison. Les jambes repliées contre son torse, le front enfoncé dans ses genoux, il luttait. Il savait que quelqu’un, qu’importe qui était-ce, l’avait vu et allait certainement entrer dans la salle où il s’était réfugié. Était-ce Picott ? Ce serait la meilleure des options. Si le concierge n’en était pas moins sévère, il était tout du moins au courant des troubles d’Elliot, ces mêmes troubles qui le rongeaient à présent. Mais si ce n’était pas lui ? Si c’était un préfet ? Ou n’importe qui d’autre ? Elliot avait peur. Non pas pour lui. Miraculeusement, il n’en était jamais venu à se mutiler durant ses semaines difficiles. Il avait peur pour l’autre, celui qui se tenait de l’autre côté de la porte et qui hésitait à pousser le loquet. Le lundi était toujours le pire jour, celui durant lequel Elliot avait véritablement l’impression qu’une goule voulait prendre le contrôle de son corps. Que se passerait-il s’il n’arrivait pas à se contrôler ?
Non. Il devait se contrôler.
Caché à l’autre bout de la salle de classe vide, Elliot tenta de se rassurer. S’il ne bougeait pas, s’il ne respirait pas bruyamment, peut-être que l’inconnu ne le verrait-il pas dans le noir ? Oui, voilà. Il devait se calmer, respirer calmement. Inspirer. Expirer. Et faire le vide. Soufflant à la manière d’un athlète se préparant à l’effort, il se força à évacuer les pensées négativement comme il expulsait l’air de ses poumons. Voilà, ça allait déjà mieux. Un peu mieux. « Je sais que tu es là. » Quoi ? Trop occupé par son exercice de gestion du stress, Elliot n’avait pas entendu la porte s’ouvrir. Il tressaillit à l’entente de ce murmure hésitant. Puis il y eut un flash de lumière, un éclat intense qui l’aveugla et lui fit perdre le peu d’emprise qu’il avait sur son mental vacillant. Son rythme cardiaque s’accéléra, sa respiration aussi. Il perdait le contrôle. Il se perdait. Il se força à ne pas bouger, serrant fort ses jambes contre lui en priant pour que l’inconnue ne le remarque pas. Toutefois, c’était peine perdue. Et ce qu’il entendit ensuite lui glaça le sang. « Elliot ! Tu n'as rien à faire ici ! Retourne dans ton dortoir avant que... » A la manière d’un prédateur tapi dans les fourrés sur lequel aurait braqué un projecteur, il braqua des yeux d’un jaune aurifère, d’un jaune bestial, sur l’inconnue qui, malheureusement, n’en était pas une. C’était Svetlana, la préfète de Serdaigle et surtout, c’était Svetlana, son amie, elle qui, par sa bonté, lui permettait de ne pas avoir trop de retard lorsqu’il manquait des cours. Mais Svetlana ne savait pas. Et elle le découvrait ainsi pour la première fois. Cette pensée traversa étrangement l’esprit étriqué de la créature qu’était devenue Elliot et, l’espace d’un instant, le garçon reprit le dessus. Et il fut effrayé. « Non ! » s’exclama-t-il en enfouissant une nouvelle fois son visage dans ses genoux. La formulation était mal choisie. Il ne s’opposait pas là à l’injonction de Svetlana. C’était simplement là un cri de désespoir de voir l’une de ses proches amies frappées par le secret et les mensonges qu’il ne cessait de forger. « P-pars ! » C’était là la seule demande qu’il pouvait faire. Elle devait le laisser seul. Elle devait partir. C’était mieux pour lui. C’était surtout mieux pour elle. Mais ça, elle ne pouvait pas le comprendre.
Sujet: Re: Beauty and the Beast • ft. Svetlana Sam 19 Jan 2019 - 23:39
Comment pouvait-il avoir un tel regard ? Celui d'une bête. Aussitôt Svetlana pensa à la lyncantropie mais alors il ne pourrait errer de la sorte dans les couloirs, au nez à à la barbe de Dumbledore. Et puis, cela ne concordait pas pas, ce n'était pas la pleine lune ce soir. Les prunelles jaunes la fixaient avec une violence sauvage et puis, elle y lut de l'effroi. "Non !". La russe sursauta. Elle avait l'impression que ce mot se répercutait à travers les couloirs de l'école, tel un écho. Mais elle retrouva son courage lorsque le jeune homme rompit le contact visuel en enfouissant son visage dans ses genoux. Il avait l'air vulnérable, dans un position foetal.
Elle perçut de nouvelles paroles, si faiblement prononcées, mal assurées. Partir ? Comment le pouvait-elle alors qu'il semblait clairement avoir besoin d'aide. Il était en détresse. "Eliott..." souffla-t-elle. Elle avait été là pour lui, pour ses devoirs. Dès qu'il était absent, elle l'aidait à rattraper. Pourquoi le laisserait-elle tomber maintenant ? Son lumos perdit petit à petit en intensité jusqu'à ne devenir qu'une faible lueur. D'un pas lent, elle s'approcha de lui.
Svetlana était proche. Toute proche. Le souvenir de ce regard était ancré en elle. Quel maléfice pouvait bien provoquer cela ? Avec la même prudence et la même douceur, la russe plia les genoux et les laissa toucher le sol afin de s'asseoir sur les talons. La pierre froide la fit frissonner tout comme cette salle sombre dont les courants d'air avaient fait baisser la température de quelques degrés. "Parle-moi, Eliott." dit-elle en murmurant. Il tremblait de tous ses membres. "Que t'arrive-t-il ?". La question était plus pour elle-même qu'autre chose. Il l'inquiétait. Jamais elle ne l'avait vu ainsi. Svetlana se sentait perturbée par un tel changement, cette situation l'affectait, et bien plus qu'elle ne voulait l'avouer.
Ses dents mordillèrent ses lèvres tant l'inquiétude la rongeait. Que devait-elle faire ? Appeler un professeur ? Non. Ce n'était pas une bonne idée. Son visage effrayait lui revint en mémoire. Pourquoi avait-il si peur ? Il tremblait toujours. Ne craignant guère le froid écossais - la Sibérie était bien plus glaciale - la tsarevna, déchue, tira sur le noeud de sa cape. Le tissu glissa de ses épaules, la laissant en simple chemise.
Alors, elle tendit la main vers lui afin de poser une main sur son épaule qu'elle voulait rassurante et en profiter pour placer la cape sur ses épaules.
Dernière édition par Svetlana Vassiliev le Mer 30 Jan 2019 - 18:05, édité 1 fois
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Sujet: Re: Beauty and the Beast • ft. Svetlana Mer 30 Jan 2019 - 17:28
Svetlana ne partait pas. Malgré l’injonction tonitruante du garçon, elle ne tournait pas les talons. Pire même, elle s’avançait vers lui.
Elliot se colla plus encore contre le mur, comme s’il eût été possible pour lui de s’y fondre, ou de le traverser à la manière des fantômes éthérés qui hantaient le château. Il ne souhaitait à cet instant que s’enfuir, mais il était fait comme un rat. Néanmoins, dans cette drôle de situation où il passait pour la proie, les rôles étaient en réalité inversés et Svetlana ne se doutait pas un seul instant qu’elle faisait face à un monstre violent, tout tremblant qu’il était en cet instant.
« Non non non … » psalmodiait Elliot d’une petite voix à mesure que son amie comblait la distance qui les séparait. N’osant pas la regarder, le visage enfoui dans ses mains pour mieux cacher ses iris dorées, il avait tout l’air de prier comme un dévot. Et il priait. Il espérait sincèrement qu’au dernier moment, la préfète comprenne le danger qui la menaçait et qu’elle prenne enfin en compte l’ordre qui lui avait hurlé. Elle devait s’en aller. Il le lui avait dit. Mais elle s’obstinait et voilà qu’elle lui parlait, s’accroupissant de sorte à lui faire face. « Non … » continua-t-il de se lamenter alors qu’elle lui demandait avec bienveillance de lui parler, de lui expliquer. « Pars. S’il-te-plait, pars … » Il ne pouvait pas lui expliquer. Il ne voulait pas. Tout ce qu’il souhaitait, c’était un peu de calme et surtout de la solitude. Il devait être seul. Il ne voulait pas lui faire de mal. Pourtant, il sentait monter en lui une colère sourde, cette même colère qui le rendait si différent et violent. Elle devait partir. Vite.
Comme le petit chaperon rouge qui ne se méfie pas du loup caché sous l’édredon, Svetlana persista et posa une main sur l’épaule du garçon, se voulant réconfortante et bienveillante. Il tressaillit. Que ne comprenait-elle pas ?! N’avait-il pas été assez clair ?! Devait-il lui hurler plus fort encore qu’elle devait décamper ?! La serdaigle fit mine de vouloir passer sa cape sur les épaules d’Elliot mais ce dernier la repoussa d’un geste vif et puissant, la faisant basculer de son équilibre précaire. Le garçon-goule se leva alors brusquement et rejoignit le coin de la salle, un endroit qui lui semblait sur l’instant plus sûr. Ce ne fut que lorsqu’il l’eût rejoint qu’il comprit ce qu’il venait de faire. Il avait fait mal à son amie. Jamais il n’avait voulu ça. Pourtant il l’avait fait. Le souffle court, il fixait cette fois Svetlana d’un regard hagard et étincelant, la protégeant comme il le pouvait en érigeant une barrière entre elle et lui sous la forme de ses genoux tremblants. « J-je suis désolé, » bredouilla-t-il. « T-tu ferais mieux de partir. Tu dois avoir une ronde à terminer, » se força-t-il à lui asséner froidement dans l’espoir que, cette fois peut-être, elle le laisse enfin seul avec ses démons.
Sujet: Re: Beauty and the Beast • ft. Svetlana Mar 5 Fév 2019 - 17:24
« Haaaa. » cria-t-elle, de surprise. Svetlana n’avait pas vu le coup venir. Le bras d’Elliot avait fusé, tapant contre son épaule, son corps, son visage. La blonde bascula, sous la force du geste, sur le coté. Sa tête percuta le mur et tandis qu’elle se recroquevillait sur elle-même en se tenant la tête, grognant d’une légère douleur, elle sentit son ami s’enfuir à l’autre bout de la pièce. La tête basse, choquée par ce qu’il venait de se passer, elle releva le regard sur cette personne, cet étranger qui lui faisait face et la regardait d’une manière tout aussi étrange. Animal. Une bête. Oui, elle avait une bête en face elle.
Il bredouilla quelques mots maladroitement, puis la froideur envahit sa voix. Froideur ? Il croyait lui faire peur avec un tel ton ? Par merlin, elle avait érigé une barrière de glace entre elle et le monde pendant plus de dix ans. A dire vrai, la froideur faisait partie de son nom, Vassiliev. Mais aujourd’hui, c’était terminé. Elle avait rompu ce lien entre elle et les siens. Fini la froideur, bas les masque. Alors ce n’était monsieur McLane qui allait s’y mettre. Alors quand il l’envoya sur les roses avec son « tu dois avoir une ronde à terminer », Svetlana lui lança un regard noir. Et puis quoi encore ?
Ce regard jaune et brillant la fixait. Et elle lui rendait son regard. Un silence s’installa. Puis, elle entendit alors clairement des bruits de pas résonnant dans le couloir. Mince, son homologue devait surement faire une deuxième ronde de son coté. « Nox ». Sa baguette qui illuminait la pièce s’éteignit, plongeant les lieux dans l’obscurité. Même la lune se dissimula derrière d’épais nuages. Elle l’agita également en direction de la porte qui se ferma doucement, sans un bruit grâce au « collaporta » qu’elle murmura. Puis, un silencio vint terminer la série des sortilèges afin que personne n’entendent les voix issues de cette pièce. Quiconque passerait devant cette porte ne pourrait entrer et encore moins entendre quoique que ce soit. La lumière bleuté du lumos traversa légèrement le dessous de la porte, accompagné d’un pas régulier, puis lentement, elle disparut et il n’y eut plus un bruit.
La pièce était de nouveau plongée dans le noir et Lana hésitait à remettre la lumière. Le noir, ce n’était pas sa tasse de thé. Depuis qu’enfant elle s’était retrouvée coincée dans un puits, elle ne supportait pas d’être dans le noir. Le temps avait passé depuis mais elle n’était jamais très à l’aise dans l’obscurité. Trop de mauvais souvenirs. Et puis, à l’autre bout de la pièce, les yeux jaunes continuaient de la fixer, brillants dans le noir, sorte de veilleuse pour elle, une présence à la fois hostile, intriguant et rassurante. Tendue, elle massa l’arrière de sa tête et grimaça. Une bosse était en train de se former douloureusement. Rien de bien méchant, il y avait pire.
La blonde resta sur le sol froid de la classe et laissa son dos reposer contre le mur. Il n’était pas dans son état normal… Etait-ce donc pour cela qu’il loupait les cours régulièrement ? Ce n’était pas un loup garou, d’ailleurs ce n’était même pas la pleine lune. En parant de l’astre, son croissant réapparut dans le ciel et la pièce gagna en luminosité. Une lumière faible et blafarde mais suffisante pour rassurer la jeune femme dont la respiration se fit plus posée. Qu’était-il ? Qu’avait-il ? Devait-elle le laisser ? Plusieurs fois il lui avait demandé de partir, peut-être devait-elle l’écouter, réellement.
Lentement, alors, elle se releva tout en ramassant sa cape. Avec les mêmes gestes calculés, Svetlana se dirigea vers la porte tout en ne lâchant par Elliot du regard. Enfin, elle rompit le sortilège de la porte. « Fais attention à toi… je m’occupe de tes cours, comme d’habitude. » Oui, comme d’habitude, sauf que cette fois, il allait devoir lui expliquer. Et elle quitta la pièce, refermant doucement la porte derrière elle.
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Sujet: Re: Beauty and the Beast • ft. Svetlana Lun 11 Mar 2019 - 18:20
Aucune réponse. Pas la moindre réponse.
Dans le silence pesant d’une nuit hivernale, seule retentissait la respiration saccadée d’un garçon-goule dans la salle froide et humide. Elliot avait peur. Pour lui car cela était un réflexe animal que la goule lui avait transmis en l’attaquant mais aussi pour elle. Svetlana. Elle ne bougeait pas. Elle s’obstinait à rester là alors qu’il n’avait eut de cesse de lui répéter qu’elle devait partir. Il pouvait lui faire du mal. Il lui en avait déjà fait. A voir comment elle se massait le crâne, elle avait dû écoper d’une belle bosse. Ce n’était rien et pourtant, pour Elliot qui n’était plus tout à fait lui-même, cela ressemblait à la pire des agressions. Il avait encore conscience de l’avoir blessée et il s’en voulait plus que de raisons. S’il lui expliquait, si elle avait su, elle ne lui en aurait pas tenu rigueur. Svetlana était douce et il était ignoble avec elle. C’était un monstre et il pouvait à tout moment fondre sur elle.
Des bruits de pas retentirent alors dans le couloir, leur parvenant de plus en plus clairement. Elliot se raidit. Dans sa paranoïa, il s’imagina que Svetlana avait appelé du renfort car elle s’obstinait à lui tenir compagnie. Toutefois, lorsqu’elle éteignit sa baguette et qu’elle repoussa la porte, il se rendit compte qu’elle cherchait à dissimuler leur présence. Le temps sembla s’étirer à l’infini alors que l’inconnu -un préfet sûrement- se rapprochait. Inconsciemment, Elliot retint son souffle, suivant des yeux le rait lumineux qui diffusait sous la porte comme l’autre passait son chemin. Il s’en était allé mais le silence ne se rompit pas pour autant. Pas plus que l’obstination de Svetlana. De ses yeux d’or en fusion, Elliot la dévisageait toujours, tiraillé entre l’envie de réitérer son injonction et la peur de déraper une nouvelle fois. Il ne bougeait pas plus qu’elle bien qu’il tremblât de tout son être. Que devait-il faire ? Devait-il écouter son instinct ? Non. Non, il ne le devait pas. Il devait résister. Ne pas bouger. Attendre. Juste attendre. Puis elle se leva. Enfin ! A reculons, comme se méfiant d’un chien féroce -ce qui était tout à propos- elle rejoignit la porte. L’instant d’après, elle avait disparu dans le labyrinthe des couloirs du château.
***
Une semaine plus tard. Infirmerie de Poudlard. 8h03.
Assis sur un lit aux draps immaculés, Elliot savourait les effets salvateurs de la potion qui lui permettait de retrouver une vie normale. Sa vie. Madame Pomfresh la lui avait administrée quelques minutes auparavant et il pouvait à présent se délecter de sentir son corps redevenir le sien. Déjà sa peau avait reprise une carnation naturelle même si dans ses yeux brillaient encore de rares paillettes d’or. Habituellement, il ne prenait pas la potion à l’infirmerie mais il avait voulu faire part à l’infirmière de son ressenti au sujet de la semaine écoulée. A vrai dire, il n’avait cessé de penser aux dernières paroles de Svetlana, même alors qu’il n’était pas dans son état normal et cela avait rendu la semaine particulièrement difficile. Mais à présent tout était fini. Il soupira longuement avant de basculer sur le côté pour allonger ses jambes. Il était épuisé, autant physiquement que mentalement. Ses muscles étaient encore raides, ses articulations douloureuses. Il ferait mieux de dormir un peu. De ne plus penser à cette histoire. Oui, c’était mieux. Il y penserait plus tard. A moins que le destin ne le décide autrement.
Citation :
Je suis désolé pour le retard, je suis impardonnable
Sujet: Re: Beauty and the Beast • ft. Svetlana Mer 24 Avr 2019 - 22:36
Une semaine s’était écoulée depuis cette nuit étrange, cette rencontre à la fois familière et monstrueuse. Svetlana y pensait tout le temps. Eliott… « que t’est-il arrivé ? » murmura-t-elle en fermant un grimoire qu’elle avait emprunté à la bibliothèque. Aucune réponse à ses questions. Il était encore tôt, la jeune soviétique s’était levée bien avant l’aube, trop pensive pour continuer sa nuit sereinement. Ainsi commença une belle journée, emplie de questions sans réponses, dans les couloirs à peine éveillés du château. Svetlana avisa un petit groupe de Gryffondor. Ses pensées revinrent une fois encore vers Eliott. « Eliott est toujours à l’infirmerie. C’est vraiment bizarre… ca lui arrive très régulièrement. » Froncement de sourcil. Son regard glissa sur le petit groupe de rouge et or. Mais oui, l’infirmerie. Quelle idiote. Combien de fois lui avait-elle ramener un double de ses cours, ses devoirs, parfois commencés pour lui faire gagner du temps.
Ni une, ni deux, telle une danseuse étoile, la pointe de son pied se tourna et elle fit volte face. Son pas auparavant lent se fit plus rapide. Son coeur avait-il manqué un battement, devant cette soudaine appréhension. Depuis cette nuit, elle avait imaginé mille scénarios, mais aucun ne semblait tenir la route. Et au fil de ses pensées, elle se retrouva, trop rapidement à son goût, devant la porte de l’infirmerie. Mais elle se s’enfuit pas. Oh non. Elle devait le voir, elle en avait terriblement envie. Mais que dire ? Il avait, semble-t-il, un lourd secret à porter, un fardeau. Il ne voulait pas qu’elle soit au courant. Le destin en avait voulu autrement. Alors que dire ?
Sans laisser ses pensées défiler plus encore, Svetlana entra dans ce lieu stérile, blanc, immaculé, avec cette odeur de potion qui flottait dans l’air. Au loin, elle avisa un lit occupé. Eliott… Aussitôt, ce lourd sentiment de culpabilité mêlé à de la curiosité s’envola, ne laissant que cette émotion soudaine, vraie, puissante, ce bonheur de le retrouver. Tant bien qu’elle fut troublée par cet élan inattendu. Doucement, elle s’approcha. Il lui tournait le dos, allongé sur le côté. Rapidement, elle se retrouva au bord du lit et elle contempla son dos sans prononcer une seule parole.
Avec la même finesse dans les mouvements, Lana s’assit au bord du lit. « Comment vas-tu ? » Une légère inquiétude perçait dans ces mots, soufflés dans un murmure. Son regard accrocha le sien. Il avait perdu cette lueur inquiétant mais elle y décelait encore quelques éclats dorés. « Et si tu me racontais, maintenant, Eliott. »
Spoiler:
A ce rythme on va finir le RP l'année prochaine hahaha. A mon tour d'être désolée du retard
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Sujet: Re: Beauty and the Beast • ft. Svetlana Ven 26 Avr 2019 - 11:39
Lors de sa semaine critique, Elliot ne dormait guère et souvent, il errait dans les couloirs du château come un animal sauvage dérouté par l’environnement incompréhensible qui l’entourait. Ses balades nocturnes n’arrangeaient en rien son état, loin de là, puisqu’elles l’épuisaient encore plus et mettaient ses nerfs à rude épreuve. L’administration du remède était alors une véritable délivrance. Si sentir son corps redevenir sien était grisant et satisfaisant, elle lui permettait aussi d’enfin se reposer. Et d’oublier l’espace d’une sieste bien méritée, le stress et la frustration accumulés durant toute la semaine. Etendre ses jambes, caler sa tête contre l’oreiller et fermer les yeux. Puis lentement sombrer dans un sommeil réparateur. Ce matin-là, pourtant, Elliot n’arrivait pas à trouver le sommeil. Allongé sur l’un des lits de l’infirmerie où régnait un silence bienvenu, il ne cessait de repenser à sa confrontation malheureuse avec Svetlana, une semaine avant. Et il avait beau se répéter encore et encore qu’il ne devait pas y penser pour le moment, rien n’y faisait et cette histoire, les paroles qu’il avait eu et le regard apeuré de son amie ne cessaient de lui revenir en mémoire.
Alors qu’il commençait, enfin, à s’endormir, il entendit la porte de l’infirmerie s’ouvrir. Madame Pomfresh certainement. Mais dans son esprit embrumé, oscillant entre rêves et réalité, Elliot se prit à croire qu’il s’agissait de son frère qui venait lui rendre visite. Arthur … Cela faisait si longtemps qu’il avait quitté Poudlard. Si longtemps qu’il n’était plus venu s’asseoir au bord du lit pour veiller silencieusement sur son sommeil. Elliot aurait tout donné pour que son frère soit là ce jour-là, pour qu’il puisse lui parler, le rassurer, que lorsqu’il sentit un poids se poser près de lui, il ne réagit pas. Dans ces rêveries à moitié lucides, il était persuadé que son frère était venu lui rendre visite et que, comme toujours, il le regardait dormir en silence. Néanmoins, une voix troubla le silence. Une voix qui n’était pas celle d’Arthur ni même de Madame Pomfresh. Si elle l’avait tiré des limbes, Elliot mit un certain temps avant de reconnaître la détentrice de cette voix douce à l’accent chantant. Svetlana. Ellito ouvrit aussitôt les yeux et adressa un regard aussi piteux qu’empli de regrets à son amie. Elle était venue le voir. Elle avait eu le courage de venir lui rendre visite et de s’asseoir à ses côtés après tout ce qu’il avait dit et fait. « Ça va. Mieux, » lui indiqua-t-il en se redressant. Il ne voulait en aucun cas lui paraître faible ou diminué. Ce n’était pas parce qu’il s’accordait quelques instants de repos qu’il était à l’article de la mort ! « Et si tu me racontais, maintenant, Eliott. » Oui, elle avait raison. Il lui devait des explications. De vraies explications. Il n’avait pas eu le courage d’en fournir à Agatha le jour où un incident similaire s’était produit et il avait très bien vu où cela les avait menés. Il refusait d’en arriver au même point avec Svetlana. Mais par où commencer ? Comment lui faire comprendre quelque chose que lui-même peinait à se figurer ? Le silence se fit à nouveau dans l’infirmerie. Elliot cherchait ses mots. Sans oser croiser ses beaux yeux clairs. Le regard perdu entre les plis du drap immaculé, il réfléchissait. « Je suis malade, » finit-il par avouer sans relever le nez. Malade, oui, c’était bien le terme. Mais cela lui semblait bien étrange. Il avait l’impression d’avoir été un monstre la semaine passée. « Ça s’appelle le Syndrome de Sivans ; la Fièvre de la Goule. Je … » Il voulait lui décrire les symptômes, les accès de colère, de stress, la fatigue. Il voulait s’en tenir aux faits mais l’idée-même de lui expliquer que cette chose qu’elle avait rencontrée la semaine dernière était le véritable Elliot lui était insupportable. « J-je ne voulais pas t’effrayer. Ni te blesser, » finit-il par se défiler. C’était vrai mais ce n’était pas ce que Svetlana voulait entendre. Pourtant, elle put voir dans son regard encore brillant d’étoiles d’or à quel point il était sincère.
Sujet: Re: Beauty and the Beast • ft. Svetlana Ven 26 Avr 2019 - 19:12
Tant de regrets. Svetlana sentit son coeur manquer un battement. Depuis plusieurs mois, elle avait travaillé sur ses sentiments, ses émotions, apprendre à les dévoiler petit à petit. Et de voir autant de remords dans ces prunelles dorées… Il allait mieux au moins, c’était le principal. Il se redressa sur ses oreillers et lui faisait à présent face. Il avait bonne mine. Svetlana se rappela de toutes ces fois où elle était venue lui apporter des notes, ses devoirs, parfois commencés par ses soins et elle avait beau retourner ses souvenirs dans tous les sens, elle ne se remémorait pas ces étoiles d’or scintillant faiblement dans ses yeux.
Un silence pesant s’était installé tandis que son ami cherché ses mots. Alors elle attendait, patiemment, assise sur le lit immaculé, les jambes élégamment croisées sur le coté, les mains reposant sur ses genoux, le dos droit. Il semblait perdu et son regard semblait chercher une quelconque réponse dans le creux de ses draps. « Je suis malade. » finit-il par dire, le nez toujours penché, le regard fuyant. Oui, ça elle le savait. Depuis longtemps même. Mais jamais elle ne lui avait demandé de quoi il souffrait. C’était une question indiscrète et elle estimait que s’il voulait qu’elle le sache, il lui en aurait parler. Mais depuis la nuit dernière, les choses avaient changé. Elle devait savoir. « Ça s’appelle le Syndrome de Sivans ; la Fièvre de la Goule. Je … » La fièvre de la goule ? La goule ? Comme cette créature qui hante parfois les vieilles maisonnées anglaises ? Sa tête se pencha légèrement sur le coté, comme à chaque fois qu’elle cherchait à comprendre quelque chose, signe de sa curiosité. Mais la voix soudainement pleine de détresse de son ami interrompit ses interrogations.
Ses yeux s’écarquillèrent légèrement et ses lèvres s’entrouvrirent légèrement, sans qu’aucun son ne sorte, trop surprise. « Je sais cela, Eliott. Crois-tu que je serai là sinon ? » dit-elle doucement mais avec malgré tout une note de sermon dans la voix. Puis, elle eut un petit sourire. « Ce n’est qu’une petite bosse, » dit-elle en se massant la tête. « Avec le Quidditch, j’en ai vu d’autre. Et c’était bien plus douloureux. » Sa collision avec Swann avait été tellement rude qu’elle n’avait pu jouer le match de la victoire. Interdiction formelle de l’infirmière. « Donc tu te transformes en goule une fois par mois, c’est ça ? C’est quoi réellement cette fièvre ? » Svetlana était réellement curieuse de ce qui lui arrivait et elle voulait savoir non pas pour son simple savoir personnel mais pour le comprendre au mieux. Mais voyant son état, sa détresse, ses remords, elle enchaina : « On a tous nos démons. Le tien est un peu plus visible que les autres… Racontes moi, dis moi ce que tu ressens face à cela et… ». Svetlana laissa sa main se posa sur son visage pour l’obliger à la regarder. « Et je te montrerai mon démon. »
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Sujet: Re: Beauty and the Beast • ft. Svetlana Mer 22 Mai 2019 - 19:02
Elliot avait toujours su qu’un tel moment arriverait. Pendant longtemps, il avait nié cette éventualité en bloc, croyant pouvoir autant protéger les autres que se protéger lui-même en s’éloignant d’eux. Eux, tous les autres. Tous ceux qui voulaient savoir même s’ils auraient prétendu le contraire. Tous ceux qui l’auraient regardé de travers s’il leur avait avoué la vérité. Puis il avait fini par comprendre que l’on ne peut pas mener sa vie seul. De toute façon, il ne le pouvait pas. Il avait besoin de ces autres pour exister, pour se sentir vivant et surtout bien portant. Alors il était sorti de sa solitude, l’avait remisée au placard et avec elle avait disparu cette idée affolante qu’un jour les masques tomberaient. Il l’avait remplacé par une insouciance à tout épreuve. Ou du moins presque. A présent, sur ce lit d’un blanc pur, il ressemblait bien plus à ce petit garçon qu’il avait été, ce petit garçon qui se sentait coupable d’être ce qu’il était devenu. La seule différence était que, cette fois, ce n’était pas Arthur qui tentait de le rassurer mais une amie, une véritable amie.
Toutefois, malgré les paroles de Svetlana et l’assurance dans sa voix qui faisait comprendre à Elliot qu’elle ne lui reprochait rien ou du moins pas ce qu’il s’imaginait, il n’arrivait à se défaire des images encore vivaces dans son esprit, de la façon dont il l’avait rudoyée et surtout du regard qu’elle lui avait porté. « On a tous nos démons. Le tien est un peu plus visible que les autres… Racontes moi, dis-moi ce que tu ressens face à cela et… Et je te montrerai mon démon, » tenta alors judicieusement Svetlana face au mutisme troublé de son ami. Elliot releva le nez, montrant enfin un signe de réponse. Ce n’était pas la curiosité pour un secret confié qui le fit réagir. C’était la promesse d’une amie faite à un ami. La confiance qu’elle lui portait et qui devait être mutuelle. Une confiance qu’avait toujours porté Elliot envers Svetlana mais qui, face à cet évènement douloureux, s’était estompée. Il comprenait à présent qu’il n’avait pas à avoir peur de la réaction de sa camarade. Il pouvait le lui dire, lui expliquer. Après tout, les plus grandes confusions naissaient de l’incompréhension. Un sourire naquit alors sur son visage. Faible, timide, mais un sourire tout de même. « Non, je ne me transforme pas en goule une fois par mois, » commença-t-il alors avant de se reprendre. « Enfin si. Mais c’est plus compliqué que ça. Disons que je prends un remède qui me permet d’être normal la plupart du temps mais que je ne peux pas le prendre tous les jours. Du coup … Du coup voilà ! » rit-il alors plus pour cacher son malaise que de bon cœur. Il n’avait pas la force de lui expliquer clairement, cliniquement, les symptômes de sa maladie. De toute façon, n’avait-elle pas déjà pu observer de très près cette créature aux yeux d’or qu’il devenait une semaine par mois ? Il n’avait pas plus envie de s’épancher sur les circonstances qui l’avaient mené à vivre cette demi-vie dans l’ombre et le secret. « C’était dur à accepter au début., tu sais, l’idée qu’au fond de toi, il y a toute cette violence qui sommeille, » reprit-il d’un air pensif. « Mais ce n’est pas comme un loup-garou. Ils n’y peuvent rien, eux. C’est comme s’ils étaient deux, l’humain et la bête, à partager le même corps. Moi … » Il se tut un instant, réfléchissant à la manière de formuler ses pensées. « D’une certaine manière, il n’y a pas de goule. J’agis comme une goule quand je ne prends pas mon traitement. Je suis une goule. »
Sujet: Re: Beauty and the Beast • ft. Svetlana Jeu 30 Mai 2019 - 20:40
Lorsque leurs regards se croisèrent, Svetlana vit cette étincelle de nouveau briller dans ses yeux, celle de l’espoir, de la confiance, il reprenait vie.
Puis, vint ce sourire qu’elle affectionnait tant, même dans cette période où elle gardait un masque d’insensibilité face à lui. Au fond de son coeur, elle souriait avec lui. Cachée aux yeux de tous. Elle aimait son sourire car il était franc, sincère, spontané. Il y a, à Poudlard, des sourires qui ne sont que mensonge, perfection dans la dissimulation. Aujourd’hui, pour la russe, les choses avaient bien changé. Son visage s’était ouvert, mettant à nu cette douceur, ces émotions qu’elle retenait auparavant. Ses sourires, bien que maladroits, s’affichaient à présent sans peur, encore légèrement retenu à cause de cette éducation des Vassiliev, un sourire comme retenu au coin des lèvres par des coutures.
Elle l’écouta attentivement lorsqu’il expliqua les effets de sa maladie. Alors il y avait quand même un traitement mais qu’il ne pouvait pas tout le temps le prendre. Lorsqu’il eut un petit rire, la tête de Svetlana se pencha légèrement sur le coté avec un air surpris. Avait-il fait une blague, qu’elle n’aurait pas compris ? Ou un jeu de mot ? Encore aujourd’hui, certaines expressions anglaises lui échappaient.
Puis, il évoqua son sentiment face à cette maladie. Une violence qui sommeille et qui se réveille une fois par mois. Elle allait le comparer à un loup garou mais Eliott la devança en reniant son hypothèse. Cependant, elle ne put s’empêcher de froncer les sourcils. « Tu crois que c’est en quelque sorte naturel chez toi ? » C’était idiot. « Mais je comprends pourquoi tu dis cela. » dit-elle malgré tout. Quand on subit une telle malédiction, difficile de ne peut s’empêcher avoir de telles pensées. Elle-même ne parvenait pas à oublier cette épée de Damoclès qui menaçait de tomber sur elle à un moment ou un autre. Si elle se fiait à sa vision de la nouvelle année, elle surviendra après Poudlard, au sein d’un appartement londonien. Elle se voyait plus âgée. Mais guère vieille. 19 ans. 20 ans peut être. « Tu sais, je crois que les loups garous pensent comme toi. Eux aussi doivent culpabiliser lorsqu’ils se rendent compte qu’ils ont tué ou blessé quelqu’un. »
Puis, elle repensa à son pays. « La première fois que j’ai vu une goule, ici en Angleterre, j’ai tout de suite pensé au domovoï. » Son regard se mit à pétiller tandis qu’elle parlait de l’histoire et du folklore de son pays. « Chez nous, c’est un esprit protecteur, du foyer et de la famille. Ils vivent généralement près du four mais on en retrouve dans le grenier dans certains régions plus à l’ouest. » L’Angleterre étant encore plus à l’ouest, la plupart devaient vivre dans les greniers. Svetlana avait entendu d’autres familles en parler mais elle n’avait guère fait d’étude sur le sujet.
Mais elle ne voulait pas que comparer leur folflore. Son sourire se fit alors plus lumineux. « Ces créatures ont des pupilles qui transforment en clarté la pénombre. Ils guident les Hommes et se nourrissent des bonnes ondes de la famille, l’amour, la sécurité, le respect des anciens. » Et chez les Vassiliev, la famille, c’est sacré. Svetlana se souvenait de leur domovoï à St Petersbourg. Et il les avait accompagné à Moscou, et puis à Londres. « Mais il leur arrive d’être violent. Souvent c’est pour avertir la famille d’un danger ou parce qu’il ne reçoit plus suffisamment de bonnes ondes. » Leur Domovoï avait commencé à devenir violent à Londres, tandis que son père, Vladimir, s’enfonçait de plus en plus dans la magie noire, emportant son frère Dimitri dans cette sombre vague. « Tu sais, cette nuit, je crois que tu voulais me protéger. Sinon, j’aurai fini avec plus qu’une simple bosse, tu ne crois pas ? » Elle voulait le rassurer. Il n’était pas un monstre, loin de là.