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Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA

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Razvan Vacaresco

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MANGEMORT
L'homme n'est libre que de choisir sa servitude.

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MessageSujet: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Mar 30 Avr 2019 - 14:14

Si les journées s'allongeaient irrémédiablement, cela ne changeait rien au fait que Razvan sortait tard pour rentrer encore plus tard. Ses activités, néanmoins, n'étaient plus celles très triviales qui le conduisaient à s'amuser dans quelques clubs de boxe non-déclarés au fisc anglais. Il aurait aimé que sa vie continue de manière si paisible, mais Antonin Dolohov, en venant le voir pour la première fois  à l'été 1975, avait mit à mal toutes ses plus belles espérances. Maintenant qu'il était soumis, et marqué au groupuscule funeste duquel il faisait parti, il n'avait plus son mot à dire. On lui donnait une mission et le roumain l'effectuait comme le bon petit soldat qu'il avait accepté à contre-coeur d'être. Tuer ? Il le faisait. Vite, sans pourparlers. Il n'avait pas le droit à l'erreur et la menace au dessus de sa tête, comme une épée de Damoclès, l'empêchait de s'en aller. Il aurait bien aimé partir d'ici, au lieux de renvoyer sa fille dans son pays qu'il avait dû quitté. Mais pour aller où ? Razvan en avait marre de lutter pour se retrouver asservit partout. C'était comme si le destin l'enveloppait de ses tentacules sombres pour être sûr qu'il ne s'enfuie pas une bonne fois pour toute. Dans son esprit torturé d'homme qui n'a pas le choix, le roumain assimilait étrangement mais non pas moins justement son destin à la mort. Il était familier de celle-ci, mais n'avait, avant 1975, jamais apprit à la donner. Maintenant, il avait tant de sang sur les mains qu'il se trouvait bien incapable de trouver la paix. Et en cette soirée de printemps 1977, il savait que le destin allait rattraper quelqu'un d'autre. Mais pas lui, pour une fois.
Razvan marchait dans un Pré-Au-Lard vidé de toute vie, les mains dans les poches, le regard rivé vers le sol pour s'approcher de la devanture du pub Les Trois Balais. Des bruits en venaient, des rires et des souffles de conversations sur lesquels notre homme ne se concentra guère. Il prit soin d'allumer un cigare à l'entrée de l'établissement pour le fumer en silence, comme avec le bon espoir qu'il calme les battements de son coeur. Son organe vital lui rappelait un peu plus combien il n'aimait pas faire ce qu'il faisait. Le remords dévorait son coeur autant que son âme, lui semblait-il, et quelques minutes plus tard, il éteignit son cigare avant de jeter son reste de manière négligente au sol. Il s'essuya les pieds sur le tapis de l'entrée, et pénétra dans l'établissement. Les effluves d'alcool, les rires et les éclats de voix l’agressèrent violemment alors qu'il fermait la porte derrière lui. Razvan n'eut aucune difficulté à trouver la personne qu'il était venu trouver. Ses yeux sombres se posèrent immédiatement sur elle, et il s'approcha du comptoir pour y prendre place, en commandant un xérès. La voix du roumain claqua fermement tant et si bien qu'il l'adoucit tant bien que mal d'une formule de politesse. Il prenait toujours un xérès lorsqu'il venait ici, depuis, en fait, qu'il en avait discuté avec Raven. Le souvenir de leur conversation le toucha d'autant plus lorsqu'il remarqua qu'il était sur le même siège que là où il était assit lorsqu'ils s'étaient rencontrés. On pouvait facilement dire que des choses s'étaient passées, entre temps. Mais il n'était pas là pour se laisser aller à ses bons sentiments. Il avait autre chose à faire.

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Svetlana Vassiliev

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MessageSujet: Re: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Mer 1 Mai 2019 - 22:52

Le vin. Boisson divine. Malgré sa belle robe couleur rubis, il sait revêtir de sordides desseins d’un luxe miraculeux, inattendu. Il fait surgir un monde merveilleux, teinté de richesses, dans l’or de ses vapeurs écarlates. Dehors, le soleil a terminé depuis longtemps sa course dans un ciel nébuleux, faisant place à la nuit étoilée, temps du clair-obscur. Et si la plupart des gens partaient se réfugier dans les tréfonds de leur lit, ensevelis sous une montagne de couvertures, Svetlana, elle, était parfaitement éveillée et arpentait l’auberge en long et en large.

A présent, la jeune femme était complètement à l’aise dans ce travail qu’elle avait pris depuis Noël. Elle savait quand il fallait resservir les clients, quand arrêter, s’il fallait engager la conversation ou, au contraire, s’effacer discrètement. Ce soir, avec Rosmerta, elles avaient fait salle comble. Alors même s’il était fatigant de courir dans tous les sens pour satisfaire les clients, elles gardaient le sourire. Tout n’était qu’une cacophonie, vibrante et résonnante, loin des grandes musiques qu’elle connaissait et qu’elle jouait habituellement au violon, mais elle passait outre. Elle devait bien cela à la tenancière. Ne lui avait-elle pas offert le gîte et le couvert ?

Tandis qu’elle ravitaillait une grande tablée en bierraubeurre, la porte de l’établissement s’ouvrit, laissant entrer un homme en même temps qu’un courant d’air frais. Svetlana frissonna de plaisir. Il faisait tellement chaud ici, entre l’agitation des clients et sa course entre les tables. Rosmerta l’accueillit comme il se doit, avec la même bonne humeur et le même sourire, un masque que Svetlana s’évertuait à copier, elle qui avait été éduquée avec le masque de glace. « Oh.. hé, Rosyyyyyyyy. Tu sais, la petite n’velle, elle est trooooooooop… » Il n’eut pas le temps de répondre, ni même de faire le geste qu’il s’apprêtait à faire, la tenancière avait avalé la distance les séparant en deux pas, s’interposant entre sa petite protégée et le client, soumis à l’ivresse du vin. « Je m’en occupe. Tu n’as pas encore l’habitude… et tu es trop jeune pour ça. Occupe-toi du nouveau client, il a commandé un xérès. » Svetlana hocha la tête et d’un pas rapide mais néanmoins fluide et gracieux, elle passa derrière le bar. « Bonsoir et bienvenue au Trois Balais » dit-elle en servant la boisson, généreusement.

Son sourire était encore maladroit mais elle souriait. A un inconnu. Auparavant, jamais elle n’aurait ne serait-ce que bougé la commissure de ses lèvres. La beauté froide de ces filles de l’Est, qui plus est affiliée à l’une des plus grandes familles de la Russie, les Tsar. Alors qu’elle relevait la bouteille, Svetlana en profita pour détailler son nouveau client. Le trait dur, mature, un regard sombre, froid. Il la regardait d’une étrange manière. Tant bien qu’elle sentit peser sur une une étrange impression qu’elle était incapable de définir. « Si vous vouliez une soirée animée, vous êtes servis. » dit-elle avec un rire maladroit dans la voix. « Qu’est-ce qui vous amène ici ce soir ? » Demanda-t-elle pour engager la conversation. Rosmerta lui avait dit qu’il fallait toujours commencer une conversation et aviser après selon la réponse. Evasive ? Elle passerait alors à un nouveau client. Directe, franche ? Bien, il fallait passer un peu de temps avec lui sans oublier les autres clients, évidemment.
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MessageSujet: Re: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Mer 1 Mai 2019 - 23:51

Les Trois Balais n'était pas vraiment devenu une habitude comme Razvan était davantage un homme habitué à inhaler de la fumée plutôt qu'à avaler de l'alcool. Il n'en demeurait pas moins qu'il s'entendait bien avec Rosmerta et qu'il l'appréciait suffisamment pour venir boire un xérès chez elle, de temps en temps. Cela dit, ce n'était pas pour discuter avec la belle tenancière qu'il était là ce soir, mais davantage pour accomplir une mission qu'on lui avait attribué. Le roumain n'avait pas fait attention de prime abord à cette femme blonde mais jeune qui aidait la tenancière à servir ses clients. Généralement perdu dans ses pensées, l'homme de l'Est avait tendance à ne pas trop faire attention aux gens qu'il ne connaissait pas plus que cela. Jusqu'à ce qu'on lui ordonne de mettre la main sur Mademoiselle Svetlana Vassiliev, et qu'on lui avait fourré une photo sous les yeux. Ce qu'il ressentit à la vue de ce visage encore poupon pouvait s'apparenter à une impression de déjà-vue, suivie d'un choc lorsqu'il avait réalisé qu'il savait très bien où elle était et ce qu'elle faisait. Pourquoi n'avait-il pas directement dit à sa famille où elle se trouvait ? Bonne question. Sans doute avait-il encore un cœur malgré tous les meurtres qu'il devait accomplir et qu'il avait effectué. Razvan, dans son entier altruisme et sa sincère bienveillance, avait bien envie d'entendre d'abord ce que Svetlana avait à lui dire. Peut-être préférera-t-elle fuir plutôt que de discuter. Peut-être ne se méfiera-t-elle pas de lui.

Le médicomage n'était pas un manipulateur, ce n'était pas quelque chose qu'il prenait passion à faire, et cela se sentait. Il avait tendance à parler librement sans vergogne ni barrières. Jouer avec la mentalité et l'esprit des individus avec qui il parlait, ce n'était pas quelque chose qu'il faisait. On ne lui avait pas enseigné la manipulation et elle n'était pas innée dans ses gènes. Un homme simple, ça oui, il l'était. En s'approchant du comptoir, son regard sombre accrocha la silhouette de l'étudiante non diplômée de Poudlard, mais il n'esquissa pas un geste autre que pour commander un xérès à Rosmerta, en lui affichant un sourire de circonstance. Svetlana s'approcha de lui de son air gracieux pour lui souhaiter la bienvenue et lui servir son verre. Il la remercia d'un hochement de tête, sans ouvrir sa bouche pour ajouter quelques mots. Le silence était, paraît-il, le meilleur moyen de se concentrer. Mais le bruit ambiant et le tapage de certains clients n'aidaient certes pas à s'exercer à pareil exercice, aussi soupira-t-il en portant son verre à ses lèvres. « Ce n'était pas tout à fait ce que je recherchais » admit le roumain en faisant claquer sa langue de manière agacée par la présence nuisible de certains buveurs notoires. Son accent semblait fendre l'air comme les paroles des ivrognes qui envahissaient le fond du pub écossais. Il reporta son attention sur la russe en l'écoutant parler. Son accent lui rappelait désagréablement toute ses mésaventures en Roumanie qu'il essayait d'oublier pour ne garder que le meilleur de son pays. C'étaient des russes qui l'avaient poussé à partir. Tout ça pour quoi ? Pour qu'il soit mandaté par un russe pour retrouver sa progéniture fugueuse, russe ? L'ironique situation ne l'empêcha pas de formuler, en souriant à la jeune femme : « Je venais pour un travail, à la base » formula-t-il tout d'abord dans la langue de Shakespeare avant d'ajouter, dans un russe presque parfait : « mais je crains que ce ne soit que trop bruyant pour me laisser me concentrer correctement ». Razvan se tut pendant quelques instants, en faisant rouler le glaçon dans l'alcool de son verre, le regard pensif, l'esprit résolument tourné vers ce qu'il était censé faire. Comment était-il censé l'isoler pour la ramener chez elle ? Comment le pourrait-il ? Il était humain, il avait de sentiments, et il était malheureusement, beaucoup trop paternel. Le courage qu'il pensait avoir pour la tâche semblait l'avoir quitté brusquement en rencontrant les yeux bleus de la soviétique Vassiliev : « Je ne me trompe pas en parlant russe n'est-ce pas ? Votre accent semble assez parlant ».

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MessageSujet: Re: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Jeu 2 Mai 2019 - 13:52

Le claquement de langue résonna à ses oreilles de façon dissonante avec l’actuelle ambiance du bar. Le bruit, les discussions, les rires des sorciers devaient pourtant s’entendre depuis l’extérieur. Pourquoi alors faire fit de toute cette agitation et pénétrer dans l’auberge ? L’être humain a la capacité d’être bien trop souvent en contradiction. Son regard envers les autres clients était sombre, brillant de contrariété. Il y avait quelque chose aussi dans le timbre de sa voix, grave et posée, comme une petite note chantante qui titillait son esprit.

Puis, les traits de son visage se détendirent légèrement tandis que ses lèvres se courbaient en un sourire. Un travail ? Ici ? Elle allait approfondir la question lorsqu’il parla à nouveau. Quelle stupéfaction lorsqu’elle entendit les mots de sa terre natale. Son regard s’écarquilla de surprise mais bientôt il se mit à pétiller à l’idée d’avoir en face d’elle un immigré des pays de l’Est, en joie de parler russe. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait point usé de la langue de Tolstoï. « Je ne me trompe pas en parlant russe n'est-ce pas ? Votre accent semble assez parlant ». Svetlana hocha la tête de gauche à droite tout en souriant. Sourire… Quel bonheur de se laisser aller à ses sentiments, ses émotions. « Vous avez une bonne oreille. » répondit-elle dans la même langue. « Mais aussi parfait soit votre russe, vous avez un léger accent lorsque vous dites ‘semble’. Moldavie ? » Tenta-telle avec une sincère curiosité. Cela faisait partie de l’histoire de son pays et de ses voisins. L’URSS, et le gouvernement des tsar avant lui, n’avaient guère été tendre avec les pays adjacents, que ce soit du coté moldu ou sorcier.

Quel plaisir de nouveau parler dans sa langue natale. Depuis qu’elle était partie de chez elle, Lana n’avait plus prononcé le moindre mot en russe. En y pensait, la jeune femme eut un pincement au coeur. Malgré ce sentiment de trahison, sa famille lui manquait. Son père, son frère… Mais elle ne pouvait pas leur pardonner. La forcer à vivre dans la restriction, dans l’obéissance alors qu’elle est condamnée ? N’est-ce pas pervers ? « Le calme va revenir d’ici une petite demi-heure. Ou sinon, je peux demander à Rosmerta de vous placer dans le petit salon si vous avez besoin de vous concentrer maintenant. » Ce n’était pas tous les jours ou soirs qu’elle pouvait parler en russe. « De quel genre de travail s’agit-il, si ce n’est pas indiscret ? » Demanda-t-elle tout en s’affairant derrière le bar, rangeant ci et là des verres et autres choppes.
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MessageSujet: Re: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Ven 3 Mai 2019 - 16:22

L'on avait judicieusement apprit à Razvan que Svetlana Vassiliev était, comme toutes les russes, fière de sa patrie. Fière de l'histoire de son pays, fière de sa langue ainsi que de sa culture. Quoi de mieux, donc, que de l'amadouer en parlant dans son dialecte ? Le roumain parlait russe parce qu'il avait été forcé de l'apprendre lorsqu'il était enfant. Chez lui, on parlait généralement roumain ou bulgare, mais l'étau soviétique qui s'était abattu sur son pays l'avait forcé à apprendre une langue qu'il préférerait peut-être, en fait, ne pas connaître. Trop de mémoires douloureuses résonnaient dans les mots de la langue de Tolstoï, l'histoire trop mouvementée se faisait sentir dans sa bouche alors qu'il articulait presque parfaitement des mots qui ne devraient pas être les siens. Sans doute que sa maîtrise de la langue était un peu rouillée, comme il ne l'avait pas parlé depuis des années. C'est en tout cas ce qu'il se dit lorsque Svetlana lui fit remarquer qu'il avait un accent, en s'essayant à le deviner. Moldavie, hein ? Presque, presque. Un sourire sincèrement malicieux s'afficha sur les traits du roumain, qui donnait à son visage l'éclat naturel qu'il avait toujours eu dans son pays. Ici, tout paraissait plus sombre, y comprit ses airs. « Raté » répondit-il en laissant perdurer le suspens pour boire une gorgée de vin blanc, « Roumanie, mais vous n'étiez pas très loin ». Et le pari de notre homme fut apparemment le bon, tant la joie semblait égayer les traits de la sorcière blonde. Il pouvait comprendre. Lui-même ne parlait plus roumain depuis qu'il était au Royaume-Uni. S'il parlait avant avec sa fille, c'était lorsqu'il ne l'avait pas encore renvoyé chez eux. Depuis, il se contentait de penser en roumain pour parler souvent dans un anglais fort approximatif. Mais qu'importe ! Du moment qu'on le comprenait.

La jeune femme lui proposa gentiment de le mettre dans une pièce au calme et il soupira. Il aurait aimé qu'il s'agisse de ce genre de travail qui ne demande qu'une plume et de l'encre. Pas le quasi-enlèvement d'une gamine dans un pub plein. Razvan n'effaça point son sourire de son visage dur, et répondit : « Ne vous embêtez pas. Je travaille trop ». Ce n'était pas faux, c'était même affreusement vrai. Le roumain avait des journées longues, complètes et éprouvantes à côté de ses activités de mangemort. La curiosité de la russe aurait pu le déranger si le but n'était pas de la mettre en confiance pour mieux la trahir par derrière. Il détestait cela. Sourire, se faire passer pour inoffensif. Tout ça pour quoi ? Ramener une fugueuse chez son père afin qu'il lui mette la raclée de sa vie ? C'était pathétique, indigne de son éducation et de son caractère. Il se passa une main dans les cheveux pour les ébouriffer et lui répondre : « Médicomagie. J'en ai marre de travailler dans mon bureau à l'hôpital » avoua-t-il simplement. C'est que Sainte-Mangouste, Razvan l'avait en horreur. Il avait toujours profondément haït les hôpitaux et travailler dans l'un d'eux n'avait pas changé son avis du tout. Il était médecin traitant dans un village perdu en Transylvanie, lui. Pas médecin dans une grande ville comme Londres, et dans un hôpital qui plus est, nom de dieu ! « Vous avez l'air un peu jeune pour être barmaid à temps-plein » souligna le roumain d'un air curieux, en penchant un peu la tête, « si je peux me permettre ? » ajouta-t-il plus tard sa formule de politesse.


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MessageSujet: Re: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Ven 3 Mai 2019 - 19:07

Raté !!! Roumanie. Elle avait hésité. Mais en tout cas, elle avait l’impression que cet homme se détendait petit à petit. Elle crut lire dans ses prunelles une étincelle de malice. Quel réel plaisir de pouvoir parler en russe. Svetlana ne pensait pas éprouver autant de bonheur à l’entente de cet accent de l’Est alors qu’elle était en pleine scission avec sa propre famille. Mais il ne fallait plus y penser. Elle devait tirer un trait… pour l’instant en tout cas. Elle devait se libérer des chaines de sa famille pour profiter pleinement du temps qui lui restait à vivre.

C’était étrange… parfois, elle ressentait une véritable joie de vivre, de croquer la vie à pleines dents, faire des choses qu’auparavant elle n’aurait jamais fait, et parfois, elle était mélancolique, triste, elle baissait les bras face à son destin. Aujourd’hui, elle était dans un bon jour. Les vacances l’aidaient à sortir de l’enfer des études et la belle tenancière lui changeait les esprits grâce au travail qu’elle fournissait à l’auberge. Elle n’avait pas le temps de penser à elle. Seuls les clients comptaient. « Ne vous embêtez pas. Je travaille trop » La russe haussa les épaules. « Comme vous voudrez. » Le calme n’allait pas tarder à revenir. Déjà Rosmerta accompagnait une tablée vers la sortie. L’établissement perdait petit à petit de son imposante cacophonie. « Et vous travaillez dans quoi ? » Demanda-t-elle pour faire la conversation. Lorsqu’il répondit médicomage, une petite lumière s’alluma dans son esprit.

Svetlana avait toujours aimé cet aspect de la magie, créer des potions pour soigner les personnes, user de sortilège pour contrer des maléfices… et il fallait bien avouer que depuis la découverte de sa malédiction, son intérêt pour la médicomagie s’était accrue plus encore. « Je comprends. Trop d’animation dans un hôpital. Mais cela reste un beau métier. » avoua-t-elle. Un client réclama plus de bière alors elle délaissa l’espace d’un instant pour resservir le client déjà bien éméché. A l’autre bout de la pièce, Rosmerta lui fit comprendre d’un signe que c’était, pour ce client, le dernier verre. La blonde acquiesça.

Lorsqu’elle revint auprès de cet homme de l’Est, il lui fit une réflexion qui la mis légèrement mal à l’aise. Etait-ce un homme du ministère sous couverture venu vérifier qu’elle était bien à Poudlard ? « J’ai la majorité depuis décembre dernier. » dit-elle d’un ton un peu plus sec que tout l’heure. Puis elle se radoucit, elle se faisait des films, sûrement. Elle n’avait plus la trace, le ministère n’avait aucune raison d’envoyer ses hommes. « Je travaille ici pendant les vacances mais je suis toujours à Poudlard. » Mais elle ne parvenait pas pour autant à chasser cette étrange impression. « Je… » « Lana !!! » L’autre serveur de l’auberge l’avait rejoint derrière le comptoir. « Est-ce ça te dérange de faire la fermeture ce soir ? Je prendrai ton tour demain. » Svetlana haussa les épaules. De toute façon, elle dormait ici. « Pas de problème. » Le garçon la remercia mille fois avant de reprendre son service avec entrain, trop heureux de quitter plus tôt ce soir.

Certainement un rendez-vous. Puis, elle fut prise d’un doute. « Si vous êtes médicomage, quel genre de travail êtes vous venu faire ici ? »
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MessageSujet: Re: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Ven 3 Mai 2019 - 21:54

Les accents d'Europe de l'Est avaient cela de beau qu'ils étaient incroyablement proches tout en étant particulièrement différents. Il avait toujours été amusant pour Razvan de parler dans sa langue à des individus d'autres pays, sans difficulté particulière pour se comprendre. Apprendre le russe n'avait pas été très compliqué, même si l'alphabet était quelque peu différent. Mais lorsqu'on est enfant, tout est plus facile, apparemment. Il avait souffert pour apprendre l'anglais, c'était le cas de le dire. Était-ce également le cas pour elle ? Peut-être. Les slaves avaient quelque chose de mystique qu'ils partageaient tous un peu au Royaume-Uni. Cette idée de venir d'ailleurs, d'une terre unique aux mœurs et attitudes si différentes de celles de britanniques. Le roumain aimait profondément son pays, et voir la joie de la jeune femme de parler sa langue lui fit plaisir, d'une certaine manière. Sur ce point-là, nul doute qu'il aurait aimé avoir la même chance qu'elle. Mais hélas, les roumains étaient plus rares que les russes, et pire encore, ces derniers demandaient service aux premiers pour faire ce qu'ils voulaient. Razvan avait accepté de venir la chercher, non pas par sadisme ou malveillance, mais parce qu'il préférait qu'on ne le remarque pas. Notre homme ne désirait pas que le courroux des gens qu'il devait considérer comme ses partenaires de magie noire, ne le prenne pour cible, lui ou pire, sa fille. Il avait entraîné assez de monde dans ses malheurs et ne désirait pas en faire davantage. Pourtant, il entraînait bel et bien Svetlana dans sa déchéance. Il lui expliqua être médicomage, et comme souvent lui paraissait-il, il perçu une pointe d'admiration dans les yeux de la jeune femme. Sauver des vies pouvait être quelque chose de merveilleux, si on ne les arrachait pas un peu plus tard, pensait-il... L'occupation de la jeune femme, pour le coup, lui paru plus saine. « D'accord » répondit-il simplement sans insister davantage, malgré le ton plus sec de la russe. Ce n'était pas la jeunesse d'une barmaid qui allait le choquer, il avait vu pire par chez lui. Les petits villages transylvains, c'était quelque chose de particulier. Sympathique, mais particulier.
Il s'amusa avec le fond de verre qui restait et avec le glaçon qui se balançait à droite et à gauche au rythme qu'impulsaient ses mains, lorsque la russe s'évapora pour aller servir à boire à un autre client. Lorsqu'elle revînt, elle lui paru plus méfiante et il fronça de manière imperceptible les sourcils. « Mmh. C'est compliqué » répondit-il en relevant ses yeux profondément sombres sur elle. Razvan était un être laconique, c'était ainsi. Ne pas trop en faire, ne pas trop en dire. Le prix était celui-ci pour avoir été maltraité à Durmstrang pendant une majeure partie de sa scolarité. « Vous me paraissez brusquement suspicieuse. Je ne connais même pas votre prénom » continua-t-il d'un ton tranquille. Une main à plat sur la table, une autre autour de son verre, Razvan se détourna d'elle pour suivre du regard deux jeunes femmes quitter l’échoppe sorcière. Sans rien dire, ni sans rien penser de particulier pour être tout à fait honnête, il se retourna face à son verre pour y perdre son regard dans le résidu d'alcool qui se promenait au fond du récipient. « Je m'appelle Razvan. Inutile de me dire le votre, je saurais me satisfaire de mon ignorance crasse » soupira-t-il en finissant son verre. Il se trouvait désormais face à un dilemme. Soit il sortait maintenant et reviendrait le lendemain pour commencer à devenir un habitué. Soit, il faisait ce qu'il avait à faire ce soir, dans le dos de son amie Rosmerta Orpington.

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MessageSujet: Re: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Ven 3 Mai 2019 - 22:50

Compliqué ? Svetlana ne comprenait pas ce qu’il y avait de compliqué, aussi fronça-t-elle les sourcils et croisa les bras sur sa poitrine avant de les desserrer aussitôt. Les laisser le long du corps, détendus, les mains lâches. Des bras croisés sur la poitrine attestaient d’un repli sur soi, d’une attitude de protection, fermée à l’autre. Elle dévoila une faiblesse. C’était là un des nombreux enseignements inculqués par son père afin d’avoir une posture digne face à autrui. Plus qu’une pensée sur son ancienne vie, c’était un réflexe. « Je… » commença t-elle avant d’être interrompu par le roumain.

Suspicieuse ? Son prénom ? Etait-elle donc devenue si lisible ? Presque aussitôt, le masque de froideur reprit place, et alors on put y voir l’incroyable ressemblance entre elle et son père.  La même mâchoire, anguleuse, légèrement carrée, ce regard acier, froid et dur comme la glace. Une petite copie au féminin. Svetlana contempla longuement son profil tandis qu’il observait le départ de deux jeunes femmes. La salle de vidait encore. Il restait encore trois tablée, dont une de huit personnes, la plus bruyante et qui avait toute l’attention de Rosmerta. Le Bras toujours le long du corps, sa main se posa sur sa cuisse et toucha sa baguette, accrochée de manière visible grâce à une manière de cuir et un petit étui, pratique pour la dégustait afin de débarrasser les nombreux cadavres des tables de l’établissement ou engager une vaisselle à la manière d’un apprenti sorcier avec balai… sauf qu’elle maitrisait parfaitement le sortilège.

Le regard de cet homme était perdu dans les méandres de l’alcool, de son verre presque vide. Quel genre de personne avait ce regard si ce n’est un homme perdu, triste, mélancolique. Peut être se faisait-elle des idées. La fatigue et les nombreuses lettres de son père y étaient surement pour quelque chose. « Ignorance crasse ? » Répéta Svetlana, fendant son masque de glace pour laisser transparaitre sa surprise face à la violence de ces mots. Puis, ce fut à son tour de pousser un long soupir. Alors, elle ressortit la bouteille et remplit à nouveau son verre. « Il est pour moi… ». Elle lui offrait cette nouvelle dose d’alcool. « Il faut que je m’habitue au rythme et puis…. Je n’ai pas l’habitude d’être aussi… comment dire… sociable. » Il fallait dire qu’elle passait d’une certaine réserve princière au métier de barmaid. Les deux n’avaient absolument rien à voir. Et puis surtout, elle n'était pas habituée à travailler, encore moins de la sorte. « Svetlana, mais ici, tout le monde m’appelle Lana. » Que perdait-elle à lui offrir sa confiance l’espace d’une nuit ?

Enfin, la nombreuse tablée se leva et paya la tenancière. « Lana, je te laisse pour ce soir, ca va aller ? Tu sais que tu peux me joindre par hibou en cas de soucis, je transplanerai immédiatement. Surtout tu… » « Oui, je n’hésite pas. » Svetlana sourit chaleureusement à la belle Rosmerta tandis que cette dernière lui déposait un baiser sur le front. Comme une mère… Puis, un peu plus loin du comptoir, occupée à faire un peu de vaisselle, Svetlana la vit échanger quelques mots avec ledit Razvan… Cet échange lui fit complètement oublier sa méfiance. Il restait encore deux tables, au fond de l’établissement. Mais, enfin, le calme était revenu. « Vous voyez, je vous avez dit que cela deviendrait plus calme. » dit-elle en revenant. « Mais dites moi, est-ce que votre ignorance crasse est satisfaite ? » Le ton n’était guère cassant et encore moins ironique… juste malicieux, enfin, à sa manière.
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MessageSujet: Re: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Sam 4 Mai 2019 - 15:42

Razvan n'était pas psychomage. Mais force était de constater qu'il devait faire de la psychologie dans son métier. Sans aller, néanmoins, jusqu'à la manipulation. Mais finalement, le roumain ne la manipulait-il pas, contre son gré ? En la poussant dans ses retranchements pour obtenir un prénom qu'il connaissait déjà, en utilisant des aptitudes qu'il avait développé au gré de son métier de médicomage, n'était-ce pas ce qu'il détestait tant ? N'était-ce pas pour gagner sa confiance ? Le roumain la vit surprise, mais n'eut aucune réaction particulière,le regard toujours porté sur son verre. Il se rappelait très bien de la conversation de Raven sur les alcools, et il se rappelait également ce qu'elle lui avait dit à propos du xérès. Un alcool "noble". Jamais il ne l'avait si peu été. Il buvait ce qu'elle avait bu, et ce qu'elle prenait toujours par sentimentalisme. Mais il n'était pas noble. Sans doute pas de sang, et encore moins de caractère, pensait-il en relevant enfin ses yeux lorsqu'elle répéta ses mots. La violence de ceux-ci ne frappèrent pas notre homme qui avait grandi dans un environnement sauvage. Il la regarda lui servir un verre sans avoir de réaction particulière. Cette situation dans laquelle il était embourbé - et non pas celle qu'il vivait avec la jeune femme - le lassait. Être l'esclave de quelqu'un ou d'un groupe, c'était du pareil au même. Razvan ne pensait pas mériter pareil traitement. Lui qui avait voué sa vie à sauver celle des autres se trouvait contraint désormais d'en ruiner certaines ou d'en arracher d'autres. Le carnage dans un village moldu en compagnie d'Evan lui trottait toujours en tête, tout comme le visage défait de la première victime du garçon qu'il avait éviscéré comme une truie. Les paroles de Svetlana lui arrachèrent au moins un autre sourire pour le détourner de pensées qu'aucun homme de bien ne devrait subir : « C'est que nous n'avons pas la même culture » formula-t-il poliment non pas en les opposant l'un à l'autre, mais en les réunissant en comparaison de la culture britannique, « il peut être dur de s'habituer aux mœurs d'ici. Même si on y est depuis longtemps ». Le roumain ne retira pas son air tranquille lorsqu'elle lui donna un nom qu'il connaissait déjà pour l'avoir entendu de la bouche même du père de la jeune femme.
Rosmerta décida qu'il était temps pour elle de quitter les lieux et elle s'arrêta quelques secondes pour discuter avec lui. Il fallait bien dire qu'ils se connaissaient bien, et qu'il l'appréciait plutôt pas mal. Razvan lui offrit un chaleureux sourire lorsqu'elle quitta l'établissement. La pièce se vidait drastiquement et ils ne seraient bientôt plus que tous les deux. La russe lui fit une remarque qui lui attira un rire : « Je crois pouvoir dire qu'elle est même comblée » formula-t-il, toujours l'air tranquille en buvant une gorgée de son vin, avant d'ajouter : « Merci pour le verre ». Il le leva pour sa santé et le reposa. Les deux dernières tables finirent par partir, et ils étaient seuls. Devant l'ironique situation, il la regarda nettoyer les dernières chopes qui avaient été bues ce soir. Il n'espérait pas une occasion aussi belle. « Je sais qui vous êtes, Miss Vassiliev » l'informa-t-il sans se départir d'un air tranquille qui n'était que de façade. La main posée sur sa jambe, juste à côté de son porte baguette, était prête à s'en saisir pour la stupéfixer s'il le fallait.


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MessageSujet: Re: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Sam 4 Mai 2019 - 20:19

L’auberge se vidait, petit à petit. Svetlana voyait la fin du travail se profiler à toute vitesse. Elle n’avait qu’une hâte, remonter dans a chambre et se glisser sous les couvertures. Elle commençait à prendre ses marques mais elle restait assez novice dans le monde du travail et surtout le monde de la nuit. Razvan avait raison disant qu’il était difficile de s’habituer aux moeurs. Voilà Dix longues années qu’elle foulait le sol anglais mais elle ne parvenait pas à apprécier ce climat, préférant le froid sec de la Sibérie. La langue était encore parfois un problème. Quand elle était stressée, contrariée ou fatiguée, il lui arrivait de se tromper, de chercher ses mots ou de faire des erreurs de grammaire.

Lorsqu’il la remercia pour le verre, elle se contenta de hocher la tête, simplement, avec un sourire de circonstance. Pourquoi avoir ressenti cette sensation étrange, cette alerte ? Elle n’en avait aucune idée. Son instant l’avait trompé. La fatigue, assurément. Et puis, en voyant Rosmerta le saluer chaleureusement avant de partir, elle oublia tous ses doutes. Non vraiment c’était impossible. Impossible. Impossible. Elle se le rappelait, inlassablement. Elle délaissa plus d’une fois le roumain pour régler les consommations des clients. Les derniers clients prenaient également le chemin de la sortie tandis qu’elle débarrassait la table des consommations. D’un coup de baguette, elle fit en sorte que les chaises sur retourne sur le bois, essuyé des dernières traces de bière et autres alcools. Le passage de la serpillère sera faciliter. Bien, il ne lui restera plus que le bar, encore occupé par son dernier client.

Et il ne semblait pas vouloir partir. Alors, cette fois encore, son esprit fit doucement teinter la cloche de la suspicion, mettant tout son corps en alerte. En silence, attentive, tournant le dos au comptoir, elle nettoyait sa dernière chope. « Je sais qui vous êtes, Miss Vassiliev » Aussitôt, elle suspendit son geste. Son corps était tendu, droit, comme une baguette. Son coeur avait manqué un battement. Alors son père n’avait pas menti en disant qu’il enverrait quelqu’un à sa recherche. Ce ne pouvait être que cela… pourquoi donc aurait-il attendu la fin du service pour lui lancer cela sinon ?

Toujours dos à lui, elle pesta en russe, plus pour elle-même qu’autre chose tandis que la colère et l’effroi se bataillaient en elle. « Et qui suis-je ? » Elle renifla avec mépris. « Vous ne savez rien. » Dire qu’elle avait baissé la garde. Quelle idiote ! Svetlana se gargarisait d’être intelligente mais elle avait été manipulée depuis le début.

Le dé du destin:

Puis, sans crier gare, elle fila vers la porte menant sur l'arrière cour. Elle n'était pas loin. Elle pouvait y arriver. Lancer un sortilège ? C'était un adulte et si son père avait fait appel à lui, c'est qu'il devait être doué. Ce serait suicidaire de l'affronter. Elle avait de bons réflexes grâce au Quidditch.


Dernière édition par Svetlana Vassiliev le Sam 4 Mai 2019 - 20:23, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Sam 4 Mai 2019 - 20:19

Le membre 'Svetlana Vassiliev' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'le dé ' : 5
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MessageSujet: Re: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Sam 4 Mai 2019 - 22:54

La position tranquille de Razvan derrière le comptoir contrasta immédiatement avec le corps figé de Svetlana Vassiliev lorsqu'elle entendit sa phrase. Le roumain ne la quitta dès lors plus des yeux et posa sa main sur sa baguette, délaissant son verre, pour se lever de son tabouret. Qui était-elle ? Une héritière au sang-pur qui avait décidé de fuguer pour échapper à son destin. Voilà ce qu'elle était. Pouvait-il, pourtant, la blâmer ? Non. Svetlana avait eut le courage d'une lionne et la fougue de la jeunesse pour partir au nez et à la barbe de son père. « J'en sais plus que vous ne voudriez bien le croire » répondit-il de son air laconique. Mais la jeune femme le prit par surprise. Elle s'enfui, et il la poursuivi. Razvan fut tenté, pendant un long instant de la stupéfixer dans son dos. Pourtant, quoique l'on dise et quoique sous-entende la marque sur son bras, il restait un homme d'honneur. Et à ses yeux de trentenaire, l'héritière restait une enfant. Aussi fit-il quelques pas avant de transplaner juste devant elle, pour lui saisir brusquement les mains en donnant un coup sec sur le poignet qui tenait sa baguette pour la faire tomber par terre. « Calmez vous, bon sang. Je ne vous veux pas de mal ! » siffla-t-il tout en essayant de la maîtriser. C'était pourtant exactement ce que dirait quelqu'un qui lui voulait du mal et Razvan comprenait bien que son attitude physiquement agressive voulait dire autre chose que des mots. « Je souhaite que nous discutions, Miss Vassiliev, c'est tout » assura-t-il, sans pourtant relâcher ses poignets qu'il maintenait fermement entre ses doigts. Razvan était persuadé de pouvoir la raisonner par la parole et non pas par la peur. Il n'était pas un oiseau de proie qui fondait sur son repas. C'était un homme paternaliste qui ne supportait pas la souffrance de la jeunesse qui n'avait pas encore vécu. Lui qui avait grandit vite et sans père, s'était toujours sentit le besoin d'agir avec bienveillance. Même maintenant qu'il était marqué à vie par le tatouage funeste des mangemorts, cela ne changeait pas sa personnalité. L'homme qu'il avait apprit à devenir et qu'il était désormais, ne pouvait pas changer en une nuit, ou en quelques années, malgré les sortilèges de mort qui sortaient de sa baguette. « Je peux vous lâcher sans que ne vous enfuyez ? » demanda-t-il calmement à la jeune femme, sachant pourtant qu'elle pourrait mentir pour partir à nouveau, « si vous repartez, je vais vous stupéfixer. Et je ne pense pas que ce soit ce que vous désirez ». La prévenir avait au moins le mérite de poser les bases de la bonne entente, pensait-il. Le père de la jeune femme aurait sans doute fait une attaque de le voir agir comme cela et la protéger ainsi. Mais il ne se sentait pas de la pétrifier pour la forcer à rentrer dans une tour dorée de laquelle elle ne pourrait plus s'enfuir. Razvan n'était pas comme ça. Quoiqu'on lui demande de faire.


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MessageSujet: Re: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Jeu 30 Mai 2019 - 22:05

Elle y était. Le bras tendu, elle s’apprêtait à franchir la porte, échapper à cet homme qui venait de révéler son vrai visage. Mais ce qui devait arriver arriva. La forme sombre du mangemort se matérialisa devant elle et son corps entra en collision avec le sien. Une statue de pierre. Son souffle se coupa et alors qu’elle saisissait sa baguette pour tenter une maigre défense, Ravzan lui saisit violemment les mains, lui tordant celle de droite afin de lui faire lâcher prise. Svetlana résista mais elle capitula avec un petit cri de douleur. Le bruit du bois s’effondrant sur le sol résonna dans son esprit, symbole de sa capitulation et de son humiliation.

Il lui dit ne pas lui vouloir de mal. De colère, la russe inspira, profondément, serrant les dents, les muscles tendus, cherchant à se soustraire à cette prise humiliante. Comment pouvait-elle se calmer, ne serait-ce qu’une seule seconde ? Et ne la tenait-il pas en otage ? Comment avait-elle pu être aussi insouciante ? Naïve ? On lui avait pourtant tant appris sur la ruse, la sournoiserie et tant d’autres vertus. La russe tenta une fois encore de se tirer en arrière pour se soustraire, peine perdue. Il ne bougea, il ne trembla pas, il restait immobile. « Je souhaite que nous discutions, Miss Vassiliev, c'est tout » Discuter ? Etait-il sérieux ? Svetlana le regarda par dessus une mèche folle venu barrer son visage dans ses vaines tentatives de défense. Les cheveux en bataille, le regard serré, à demi fermé, telle deux fentes méfiantes, les traits tendus, la jeune Vassiliev avait tout l’air d’un animal affolé, pris au piège. Immobile, à présent, la bête regardait le prédateur, sondant son regard, s’attendant au coup de grâce.

Mais en même temps, Svetlana était intriguée. Ce n’était pas commun. Elle ne s’attendait pas à un tel comportement venant d’un de ces hommes que côtoyaient son père. Son regard coula malgré tout jusqu’à sa baguette qui avait roulé un peu plus loin. Il lui suffisait de faire un pas. Il lui demanda s’il pouvait la lâcher. Sa voix était devenue plus douce, calme, sereine. La blonde ne répondit pas, gardant la tête basse, le regard fixé sur sa baguette. Mais lorsqu’il parla de la stupéfixer, elle releva les yeux et le contempla, cherchant une trace de fourberie sur les traits marqués du trentenaire. Lentement, avec méfiance, la slave opina du chef et elle sentit l’eau se desserrer.

Son regard coula une fois encore jusqu’à sa baguette, puis, un long soupir franchit ses lèvres. Elle n’avait aucune chance. « Vous êtes bizarre. » Elle ne pensait pas que les mangemorts avaient de telles méthodes. « De quoi voulez-vous parler ? » Dit-elle en se massant légèrement les poignets. Elle n’avait pas mal, en soit, mais elle sentait encore la pression des mains de Razvan sur les siennes. « Mon père a du tout vous expliquer… ou non, le connaissant il a du oublier la partie la plus intéressante. Celle qu’il m’a caché pendant dix-sept ans. »  L’ironie tranchait sa voix aussi facilement qu’une lame aiguisée. « Que vous a-t-on dit et que savez vous des Vassiliev ? » Svetlana a le ton provoquant mais elle était également curieuse. Que savait-il ? Rien, elle serait prête à le parier. A parier sa propre liberté.
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MessageSujet: Re: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Jeu 30 Mai 2019 - 22:48

Menacer des adolescents, jeunes adultes ou des enfants avait la même saveur dans l'esprit du roumain que celle sur des adultes. Il détestait la menace. En fait, il abhorrait cela. Pourtant, depuis qu'il était marqué par le sombre tatouage des mangemort, jamais il ne s'était autant exercé à cette pratique-là. Il le faisait parce qu'on le lui demandait, et reléguant de côté sa conscience horrifiée, il faisait ce qu'on lui commandait. Froidement. Platement. Même lui n'y croyait pas, mais les gens qu'il menaçait avec sa baguette en bois de noyer noir, y croyaient désespérément. L'accent étranger de sa voix n'aidait pas à adoucir ses mots. Bien au contraire, toute leur violence semblait éclater à la figure de ceux qui les entendaient contre eux. Lorsque Monsieur Vladimir Vassiliev lui avait demandé - ordonné - de mettre la main sur sa fille Svetlana, Razvan avait su qu'il devrait la menacer. Ou la ramener de force. En se matérialisant devant elle pour lui saisir brusquement les mains, ne faisait-il pas simplement ce qu'on lui avait demandé ? Non, finalement. On ne lui avait pas demandé d'avoir une conversation avec la Serdaigle, et on ne lui avait pas demandé d'agir avec bienveillance. On lui avait donné un ordre et on attendait de lui qu'il obéisse comme le parfait soldat qu'il était censé être. Toute sa volonté, néanmoins, lui avait paru défaillir en rencontrant ses yeux clairs, effarouchés et désespérément désireux de vivre. Son regard libre semblait le supplier au fond de la lâcher et de la laisser partir. Si on ne menaçait pas le roumain en utilisant odieusement sa fille, sans doute qu'il lui aurait dit, d'u ton paternaliste, de rentrer chez Rosmerta et de faire attention aux clients qu'elle servait. Mais il ne pouvait pas le faire, parce qu'il n'était plus libre. Dépossédé de son droit de mener sa vie comme il l'entendait, Razvan essayait de cloisonner au mieux sa conscience pour qu'elle cesse de le harceler. C'est à elle, et uniquement à elle, que la jeune femme devait son répit.
Lorsqu'il lui lâcha les mains, elle fit un commentaire auquel il ne répondit pas. Bien sûr qu'il était bizarre. C'était évident, non ? N'était-ce pas évident que le statut de mangemort ne définissait pas qui il était ? N'était-ce pas évident qu'il n'était pas à sa place ? Comme un adolescent de douze ans dans une classe d'enfants de trois ans, c'était risible, et infaisable. Un homme tel que lui n'avait rien à faire dans un groupuscule pareil, rien du tout. Mais qu'y pouvait-il ? Ses yeux sombres tombèrent sur les poignets de la russe et il demanda : « Vous ai-je fait mal ? ». Il était conscient que sous l'impulsion de l'adrénaline, sa force pouvait avoir tendance à être... Exagérée. Et cela n'était pas arrangée par ses années de pratiques sportives moldues en Roumanie. Ce n'était pas le mangemort qui posait la question mais le médicomage qu'il était. Razvan était censé sauver des gens, pas les blesser ou pire, les tuer. La jeune femme se montra assez revêche et vindicative à son grand dépit. « Votre père ne m'a dit que ce qu'il voulait bien dire, Miss Vassiliev » répondit froidement le roumain en reculant d'un pas pour ne plus se montrer menaçant, malgré sa baguette toujours bien tenue entre ses mains, « vous pouvez la ramasser, si vous ne m'attaquez pas stupidement ». Il la regarda faire attentivement, ses yeux portés sur ses mouvements avant de continuer : « Et c'est pour cela que je veux que nous discutions. Pourquoi êtes-vous réellement partie de chez vous ? ». Razvan attendait la vérité, pas celle que Vladimir lui avait dit. Il ne voulait pas de la manipulation perfide du mangemort mais la vérité que serait capable de lui délivrer sa fille. Il prit soin de ne pas répondre à sa question. Le roumain n'était pas stupide. Une fille comme elle pourrait se montrer perspicace et manipulatrice. Trop lui en dire sur ce qu'il savait pourrait conduire à sa propre perte et ce n'était certainement pas une option que notre homme trouvait envisageable.


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MessageSujet: Re: Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA Entre deux effluves d'un xérès | SVETLANA  129196351Jeu 30 Mai 2019 - 23:28

De plus en plus étrange. Cet homme se balançait entre douceur et froideur, inquiétude et distance, confiance et méfiance. Svetlana ne savait comment réagir. Que devait-elle faire ou même dire ? Lorsqu’il lui demanda s’il lui avait fait mal, elle balança la tête de gauche à droite. Non… et puis, elle avait connu pire avec les match de Quidditch. Puis, la pression entre eux diminua d’un cran lorsqu’il recula d’un pas. Sa stature imposante ne la dominait plus. Il lui semblait qu’elle pouvait à nouveau respirer. Sans même s’en rendre compte, elle avait retenu sa respiration. Ses épaules descendirent d’un cran tandis que ses traits se détendaient quelque peu.

Qu’avait bien pu dire son père ? Que le nécessaire, évidemment. Vladimir Vassiliev savait être concis, véritable tsar, royal, décideur, chef né. Svetlana sentait son regard perçant peser sur elle tandis qu’elle ramassait sa baguette, lentement. Pour la laisser récupérer son item magique, son congénère de l’Est devait être bien sûr de lui, de sa capacité à la dominer lors d’un potentiel combat de sortilège. La jeune femme réalisait des gestes lents, bien consciente de la tension actuelle. « Et si je ne suis pas stupide. » marmonna-t-elle à voix basse, plus pour elle-même qu’autre chose. Et tandis qu’elle pliait genou, il lui posa la question. LA question. Son geste se suspendit au-dessus de sa baguette. « Est-ce tellement surprenant ? » Lui demanda-t-elle tout en tournant le visage vers lui.

Cependant, elle resta elle-même face à sa question. Oui sa famille était extremiste, prônant le sang pur. Mais avec une éducation comme la sienne, elle n’avait aucune raison de se rebeller.Et les mariages arrangés étaient monnaie courante. Dès son arrive en Angleterre, elle avait été fiancée au fils Rowles. Elle avait plié devant l’injonction de son père à revenir dans le rang, lui demandant de cesser toute relation avec les anges impurs. Mais surtout, elle aimait sa famille. Dans d’autre famille, un acte comme le sien… Sirius avait été renié par sa mère. Mais pour elle, c’était différent. Chez les Vassiliev, la famille est tellement importante. Son père l’aimait, plus que tout. Il l’avait montré à de nombreuses reprises. Sa hire, violente, redescendit peu à peu tandis que dans son esprit se succédaient les souvenirs de son enfance, stricte certes, mais heureuse.

Son attention revint sur sa baguette. Lentement, elle s’en saisit et la contempla, longuement. Svetlana l’avait choisi en compagnie de son père, un beau souvenir. « Vous croyez qu’on peut à la fois adorer quelqu’un mais aussi le détester de toute son âme ? » La russe avait l’impression que son coeur se déchirait à chaque fois qu’elle pensait à sa famille. Elle était heureuse de ne plus être avec eux, d’avoir échappé à la pression, rancunière par ces années de cachotteries et de diktat. Mais en même temps, tout lui manquait, le regard bienveillant et fier de son père quand elle jouait du violent, sa main rassurante caressant ses cheveux, son frère qui la couvait à la moindre occasion.

Avec la même lenteur, la tsarevna se redressa, main pendant le long du corps, baguette bien en vue. « Je suis partie parce que j’ai envie de profiter pleinement de la vie avant de mourir. » Sa voix était posée, neutre. L’idée avait fait son chemin. L’idée de la mort approchant à grand pas l’effrayait, encore aujourd’hui. Mais elle s’était résignée. Alors, adieu les diktats, adieu les règles, les faux semblants. Elle devait vivre, tant qu’elle le pouvait encore. « Et vous, pourquoi êtes vous différents d'eux ? »
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