Des vacances.

Moran en rêvait, en fait, depuis sa sortie de Poudlard. Car les vacances qu'il avait eu à la fin de sa septième année, il n'en gardait qu'un souvenir vague, entre beuverie et alcoolisme grandissant. Un an plus tard, sa vie avait changé du tout, au tout. Il était marié, père, et désormais avec Gardenia, ils allaient tous les deux en vacances comme un couple de parents normal, en Grèce. Aedhan était gentiment gardé par Darius et Luzia pour la semaine, et jamais le jeune homme n'avait été si heureux de quitter le Royaume-Uni. Et pour se changer concrètement les idées, les deux jeunes adultes avaient opté pour Corfou. "J'te jure que si on a oublié un truc, je te laisse là-bas" fit-il sur le ton de la plaisanterie alors qu'il cherchait de quoi protéger sa peau pâle made in Scotland du soleil violent grec. Ils créchaient tous les deux dans un petit hôtel qui leur était suffisant pour ce qu'ils allaient faire sur l'île grecque. Il sortit victorieux sa crème solaire aux racines de mandragore et enchaîna : "Mais comme on a le principal, tu devrais pouvoir revenir en Angleterre". Car en effet, c'était Moran qui gérait le portoloin. S'il voulait se débarrasser de sa femme, ce serait peut-être le bon moment...

Spoiler:

Des vacances.

C'était l'idée qui la faisait rêver depuis quelques mois, entre les nuits terriblement courtes et les changements de couches, il fallait dire que ni elle, ni lui n'avait eu de temps pour soi. Les vacances d'été, de même que le diplôme de Luzia et le fait que le couple Powell se soit décidé à jouer l'entremetteur, tombaient à pique. Ni une ni deux, elle avait déposé Aedhan entre les mains du futur couple (et elle était persuadée de ce fait) et avait fait les bagages tandis que Moran s'était occupé du portoloin et de de la réservation de l'hôtel. « La confiance règne. » fit-elle moqueuse en regardant son mari farfouiller dans la valise pour trouver son Saint-Graal tandis qu'elle le regardait depuis le canapé de leur loft londonien. « Je resterai volontiers là bas ! Tellement plus avantageux que de repartir ! » rit-elle avant d'attraper le bras de son mari. Il fallait dire que vacances était synonyme de calme, sérénité... mais pas seulement. « Prêt à partir ? » L'idée de balancer la crème solaire au dernier moment lui effleura l'esprit, ainsi que la vision de Moran restant au loft avec Aedhan tandis qu'elle bronzait sur une plage.

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Gardenia et Moran s'étaient souvent montrés très taquins l'un envers l'autre. Surtout elle, en fait. Son sens de l'humour douteux rencontrait son côté blasé à lui, qui avait tendance à la laisser faire sans rien dire, voire en levant les yeux au ciel. Mais en matière de crème solaire, le jeune homme ne comptait pas laisser passer cela. Car en effet, il brûlait comme une plaquette de beurre au soleil. Autant dire, de ce fait, qu'il comptait bien sur sa protection totale à la racine de mandragore pour ne pas finir complètement grillé à la fin de leurs vacances. Car quoi de pire que d'être rouge écrevisse alors qu'ils devaient prendre du bon temps, visiter un peu les environs ? "Comment veux-tu que la confiance règne alors que tu me fais toujours des..." s'arrêta-t-il un instant en écarquillant les yeux, l'air débile, "... trucs dans le dos". Il était passé à un cheveux près de dire qu'elle passait son temps à lui faire des enfants dans le dos mais il n'était pas certains qu'elle eût aimée la comparaison. "Ouais, moi j'suis prêt" fit-il en regardant sa montre. Il lui tendit une fourchette, qui serait leur portoloin et ajouta en lui prenant la crème solaire des mains - qu'elle avait vicieusement récupéré sans doute dans le but de lui faire une mauvaise farce : "Et je prends ça, vicieuse".

Ils transplanèrent quinze secondes plus tard.

Le léger arrêt de Moran la fit tiquer, mais la jeune fille passa outre se disant qu'il avait du penser à l'une des choses qu'elle lui avait fait subir pendant leurs premières années au château, même si, il fallait l'avouer, à cette période ils étaient sur un pied d'égalité à ce niveau là. Très certainement la fois où elle avait placer toute la journée des petits mots dans Poudlard faisant référence à l'amour irradiant de son meilleur ami pour l'infirmière du collège. Elle avait été très, très, très fière — j'insiste — de voir le jeune homme venir la voir en furie. La bonne époque. La jeune fille lui adressa un clin d'oeil de fierté, loin de se douter de la véritable pensée de son acolyte. Pendue à son bras et bagages à la main, elle versa presqu'une larme lorsque le trésor lui fut retiré des mains : « Tant pis, l'huile de poil de Fléreur sera pour la prochaine fois ! » fit-elle en lui claquant un bisous sur la joue tandis que la fourchette bleue ornée d'une licorne rose signa le début de leurs vacances paradisiaques. La devanture de l'hôtel lui semblait presque irréelle, même si il s'agissait d'un petit hôtel, le moins cher, ils y étaient. À plus de deux mille cinq cent kilomètres des couches et des biberons, juste eux, tout les deux. Ils allaient peut-être enfin pouvoir se trouver tranquillement, profiter des dernières minutes d'adolescence qu'ils n'avaient pas eu. La main de la jeune femme se resserra sur le bras de Moran. « À nous vacances de rêves ! » dit-elle les yeux pétillants, fixés entre le ciel et l'hôtel.

Moran manqua de s'offusquer à la mention de l'huile de poil de Fléreur - car rien de mieux pour faire frire quelqu'un qu'en le badigeonnant de cette horreur ! - mais ils transplanèrent à l'aide du portoloin. Cela lui coupa le sifflet et lui donna l'impression d'être arraché du sol par l'estomac. Il cru qu'il allait dégobiller sur le tapis devant la façade de l'hôtel - situé en quartier sorcier ! - mais la poigne de sa femme sur son bras le fit justement penser à autre chose. "Enfin !" s'écria-t-il, ravi qu'elle soit de son avis, "j'avais l'impression que l'odeur des couches sales avait imprégné mes narines...". Charmant, mais réaliste de leur quotidien depuis la naissance de leur fils. Aedhan avait su, certes, réveiller la bonne humeur chez eux, et les lier comme un véritable couple marié, il avait aussi amené des inconvénients. Dont les couches sales, et les nuits blanches. Mais plus question de songer à cela, maintenant, ils étaient en Grèce, prêt pour des vacances de rêve !
"Bon tu veux aller où ?" questionna-t-il plus tard sa femme alors qu'il avait les fesses vissées sur le siège en face du bureau, une carte énorme ouverte devant lui. Il aurait presque pu avoir des lunettes sur le nez que rien n'aurait été surprenant. De toute façon, que Gardenia choisisse où ils allaient ne le dérangeait pas plus que cela. Moran avait surtout besoin de temps pour souffler et elle aussi. Du temps pour se retrouver, également. Ils avaient beaucoup de choses encore à partager, des choses à se dire. Les deux jeunes époux avaient besoin de temps pour eux, et ici, perdus sur une île grecque pour une semaine, peut-être qu'ils pourraient enfin le trouver ensemble.

Bagages posées et rangées d'un coup de baguette dans les placards de la chambre trois cent deux, Gardenia s'était étalée sur le lit comme la touriste qu'elle était pendant que Moran, qui s'était bien plus documenté qu'elle — à tel point qu'il avait étudier ce fichu guide durant 6 minutes au lieu de 5 — tenait la carte de l'île. Queulques images lui vinrent à l'esprit, lui, quelques années plus tard, dans une chemise à carreaux, pantoufles aux pieds se balançant sur une working-chair tout en lisant le dernier article de la Gazette. Un sourire apaisant vint se coller sur son visage tandis que le jeune homme la sortit de ses pensées futuristes-sentimentalistes. « Pour une fois... J'ai bien envie de te laisser les rênes, Monsieur Powell. » dit-elle en posant son menton sur ses mains jointes. Après tout, elle avait toujours eu l'impression que ses envies avaient guidées leurs vie depuis qu'ils avaient emménagé ensemble, peu de temps avant leur mariage. Alors cette fois, elle voulait lui laisser le choix, tout ce qu'elle voulait, c'était du temps. Du temps à ne pas être nourriciers, mais deux adultes, un couple tout à fait normal. À être amis, ensemble. « Alors Monsieur l'Explorateur ? Où allons-nous ? »

Moran regardait sa carte d'un air appréciateur - on aurait presque dit qu'il regardait sa femme ! - en cherchant les divers lieux touristiques de l'île. Il ne savait pas encore s'il désirait se faire cramer au soleil, ou s'il préférait plutôt agir en parfait touriste, avec un short, un chapeau et des lunettes de soleil. Au final, les deux se valaient sans doute. Mais il avait bien envie de partir à la découverte de l'île plutôt le soir, quand le soleil commençait à tomber et que la chaleur se faisait moins pesante. Cela dit, au final, il écoutait toujours Gardenia et la suivait. Elle avait, il fallait bien l'admettre, un tempérament plus affirmé que lui, et ses décisions à elle ne le dérangeaient pas foncièrement à lui. Alors, il acquiesçait silencieusement, parfois même religieusement. "Ah" fit-il, désabusé alors qu'il cherchait la traduction d'une inscription en langue grecque, "ok". Réaction très expressive et extravertie du jeune homme qui retourna sa carte pour trouver ce qu'il cherchait. "On peut aller au Vieux Fort ce soir ? Quand y'aura moins de monde, et qu'il fera moins chaud" - il s'arrêta un instant pour voir qu'il était quinze heures à sa montre - "mais on peut aller se dorer la pilule quelque part en attendant. Et ouvrir cette bouteille de crème solaire à la mandragore qui m'a coûté une blinde".

Les paumes sous le menton, Gardenia  se demandait ce que les gens pouvaient bien voir lorsqu’ils les regardaient. Avaient-ils seulement l’air de jeunes adultes tout à fait normaux ? En regardant son époux, elle ne pouvait se résoudre à penser autrement, les seuls détails pouvant les trahir étaient très certainement les bagues à leur doigt et les cernes sans fond qu’ils  avaient sous les yeux. Là tout de suite, elle ne pouvait cesser de se demander ce qu’ils étaient au juste et si un mot pouvait réellement définir les personnes qu’ils étaient devenus cette année. Cela ferait bientôt un an. Un an qu’ils avaient commencer leur stupide relation sans chaudron ni baguette, relation qui les avait fait grandir trop vite et conduit à cette chambre d’hôtel à essayer de ne pas penser à tout ce qu’ils auraient pu être. La blonde ne se reconnaissait même plus dans le miroir lorsqu’elle se regardait le matin dans la salle de bain, son corps avait changé, tout comme ses traits, mais ce qui la marquait le plus, c'était de voir la transformation de son meilleur ami. Elle le découvrait et redécouvrait chaque matin que Merlin faisait. La jeune femme se releva du lit, chassant toutes ses pensées lorsque le pilote de la journée annonça la destination, ils étaient en vacances après tout, non ? « Hm.. » acquiesa-t-elle. « Je suis à vos ordres, Capitaine ! » dit-elle en attrapant un t-shirt et un maillot de bain pour les lancer sur Moran et sa carte touristique. « Dans ce cas, Bellâtre, allons nous y allez vêtus ainsi ? » Elle écarta les bras, se disant que des jeans et des t-shirts qu’elle portait depuis quelques jours, parsemé de tâches de petits pots, n’étaient sûrement pas de circonstance pour aller se dorer la pilule sur la plage de l’hôtel. Autrement dit un mauvais départ pour des vacances ! « Je me ferais une joie de de tartiner une fois à la plage ! Histoire de voir si ta crème vaut son prix, ou si quelqu’un t’a pris pour un débutant ! » dit elle en attrapant des vêtements à la volée pour s’enfermer dans la salle de bain.

Gardenia et Moran avaient changé. Indéniablement, totalement. Ils n'étaient plus les mêmes, ni dans leurs têtes, ni dans leurs corps et encore moins dans leurs comportements. Leur vie n'était guère plus rythmée par le changement des couches pour bébé, le bruit presque incessant des pleurs, et le regard envoyé à l'autre pour savoir qui allait se lever à trois heures du matin. Généralement, le jeune homme se dévouait. Aussi avait-il des cernes immenses sous les yeux que son sourire présent pourtant semblait presque effacer. Le jeune couple avait eu des mois difficiles avant la naissance d'Aedhan. Si leurs soucis n'avaient pas complètement disparu avec l'arrivée du petit garçon, ils s'étaient au moins un peu effacés. Le fait est qu'ils n'avaient plus le temps de penser à leurs ressentiments : ils étaient soit préoccupés par les visites chez le pédiatromage, soit préoccupés par son changement de couches, soit préoccupés par la nourriture. Ils étaient obnubilés par lui, et oubliaient un peu de vivre. Ces vacances leurs faisaient du bien. Il sursauta lorsqu'elle envoya un tee-shirt et un maillot de bain sur la carte qu'il examinait toujours : "J'pourrais. De toute façon, on passe bien pour des touristes !" s'écria-t-il en se saisissant des affaires pour se diriger vers la salle de bain. Moran lui jeta un regard de défi, non seulement en raison des propos sur sa crème solaire, mais également parce qu'il se demandait bien lequel d'eux deux allait entrer dans la salle d'eau les premiers. Il se précipita et la dépassa en se mettant devant l'ouverture, un sourire aux lèvres. Il avait prit dix années en sortant de Pouldard. Mais là, il venait d'en perdre quinze. "Eh oh. J'y vais le premier, Pitiponk, non mais !" ricana-t-il en refermant la porte à clé, avant d'ajouter : "Et bien sûr qu'elle en vaut la peine. C'est Darius qui me l'a conseillé, il connait bien les propriétés des plantes j'te rappelle !"

Ce regard là, elle ne le connaissait que malheureusement trop bien pour l’avoir vu pendant plus de cinq ans sur le visage de Moran, ni une ni deux, elle avait commencé à courir. Trop tard. La demoiselle tentant la solution de facilité en lui adressant une moue triste avant d’abandonner bien vite devant la porte qui se ferma tout aussi vite devant son nez. « Je m’en souviendrai, Dirico ! » dit elle faussement menaçante en entendant la clé tourner à l’intérieur de la serrure. Non pas qu’elle avait oublié qu’elle était sorcière, mais sa baguette était de l’autre côté de la porte, placée sur le meuble de salle de bain en prévision de son entretien annuel. Saleté de bigorneau. Mais si un homme sur Terre était capable de la faire rire comme lorsqu’elle avait quatorze ans, nul doute qu’il s’agissait du Serpentard. Gardenia avait simplement l’impression de revivre leurs années à Poudlard, rires, joie et un poil de concurrence. « Paix à son âme. » ricana la demoiselle en ôtant et balançant ses vêtements à côté de la porte de la salle de bain. « J’espère que ça aura le mérite de leur faire ouvrir les yeux à ses deux idiots, d’ailleurs. » La garde d’Aedhan et le parrainage de Darius et Luzia, n’avaient pas été choisi à la légère et aveugle était celui qui pouvait le penser. Elle espérait très sincèrement que les deux jeunes gens osent s’avouer leurs sentiments avant qu’il ne soit trop tard... ou qu’un quelconque événement ne vienne les en empêcher. Enfilant son maillot de bain et sa robe de plage rouge dragon, la demoiselle se disait qu’un enfant pouvait avoir le don de rapprocher les gens, de les souder, elle espérait donc sincèrement qu’Aedhan soutiendrait le point de vue de ses parents concernant ses parrains et qu’un miracle se produise. « T’es prêt le Piaf ? » cria t elle au jeune homme tandis qu’elle tournait sur elle même dans la pièce pour faire flotter sa robe dans le vent.

Une fois protégé par la lourde porte de la salle de bain, Moran réalisa qu'il avait en plus la baguette de la jeune femme à ses côtés. Décidément, il avait bien joué son coup sans même le vouloir, c'était assez cocasse. "Ouais carrément" répondit-il à sa réflexion sur Luzia et Darius, "mais si ça continue, je vais perdre patience perso". C'est que la Poufsouffle et le Serdaigle se tournaient autour depuis deux millénaires au moins et le jeune homme en avait marre de ne rien voir se concrétiser - alors que lui même avait mit une bonne année à admettre qu'il était attiré par Daisy Blackstone. Ce devait être dans les gènes côté Abbot, sans doute. L'écossais s'habilla correctement pour un petit saut à la plage et prit la baguette de Gardenia pour la mettre dans sa poche, sans qu'elle ne la voit. Elle ne dépassait pas, c'était parfait. Il ne manquait plus que... " OH PUTAIN" s'écria-t-il dramatiquement, ravi d'avoir eu une idée de génie "ohlalala merde !". Autant surjouer. "J'ai fait une bêtise Gardenia" se plaignit-il sans réouvrir la porte de la salle de bain, pour l'instant. "Je..." - il s'arrêta le temps de tourner la clé dans la serrure, l'air catastrophé, "j'ai fait tomber ta baguette dans les toilettes".

Si Abbot n'ouvrait pas définitivement les yeux et ne prenait pas sa baguette à deux mains : elle allait devoir utiliser le plan B. La manière forte. Elle s'en réjouissait déjà d'avance. « La patience a déjà été définitivement perdue il y a trois siècles. » répondit-elle en levant les yeux au ciel. Franchement. Elle commençait à en avoir par-dessus le ciboulot de leurs regards en coin et de leur rouge aux joues. Mais, elle ne pouvait rien y faire, après tout c'était ainsi qu'était l'amour ! Non ? L'amour avait tendance à tourner, tourner, tourner, encore et encore, tout comme elle jusqu'à ce que sa tête se mette à tourner et que... « Qu'est-ce qu'il y a encore ? Tu t'es rendu compte que tes ados ont fondu ? » ricanait la jeune femme en enfilant ses spartiates. Elle fronça les sourcils en se rendant compte que Moran paraissait véritablement catastrophé, qu'avait-il pu bien faire ? Oublié d'enlever sa baguette de son short et le mettre à la machine ? « Ca va ? » dit-elle en s'approchant de la porte et toquant une ou deux fois sur le battant, laissant celle-ci s'ouvrir sur un blond qui avait l'air d'être sur le point de rendre l'âme. Où était-ce elle qui allait rendre la sienne ? « Pardon ? » Gardenia se décomposa sur le champ. Sa baguette. Sa précieuse baguette, dans des toilettes. Il lui fallu pas moins de quarante-cinq secondes pour assimilé la chose et s'asseoir sur son lit. « Je vais te couper les ailes. Tu es un homme mort. »

Moran avait arrêté d'essayer de comprendre son cousin comme celui-ci gardait les yeux fermés concernant les questions amoureuses. Son attirance pour Luzia était évidente pour le jeune homme qui en avait déjà touché deux mots à Darius. Cela aurait pu l'inciter à aller vers elle, mais que nenni ! Les déboires amoureux de Moran avec Daisy avaient semblé conforter le jeune Abbot dans ses idées stupides. Résultat, il était toujours célibataire, alors qu'il tournait autour de l'espagnole depuis deux bonnes années. L'exclamation épouvantable de l'écossais sembla réveiller quelque peu Gardenia, qui se permit une raillerie qui fit lever les yeux au ciel de son époux. Elle allait moins rire en pensant qu'il avait fait tomber sa baguette dans les toilettes ! "Bah tu peux essayer de la récupérer dans les chiottes !" s'écria le jeune homme en s'éloignant de Gardenia, les paumes vers le ciel d'un air innocent, "t'es pas prête de toucher à mes ailes ! Et j'te signale que si tu veux rentrer, tu dois ME faire confiance !". Petit saligaud. La baguette de la jeune femme était bien à l'abri dans sa poche, et loin de son regard. Il comptait bien la faire attendre encore un peu avant de lui faire comprendre qu'elle était le dindon de la farce. "Qu'elle idée de la laisser là, aussi !" ajouta-t-il, mélodramatique. Elle avait prit des risques. Une chance qu'il l'ai vu, sinon, elle aurait vraiment pu finir dans le trône.

T-o-i-l-e-t-t-e-s. Sa baguette était aussi définitivement perdue que l’espoir de voir un jour se créer une relation entre Lucia et Darius. Tout autant que les parties intimes de Moran sous peu. Assise sur son lit le temps de digérer la nouvelle plutôt exécrable, elle rêvait d’écrabouiller son ami de long en large. La première fois que sa baguette avait rendu l’âme, elle avait pleuré pendant plus d’une semaine dans son dortoir, et maintenant elle s’était vaporisée dans les tuyaux de canalisation de l’hôtel, sa vie était foutue. Pourquoi est ce qu’elle avait laissée sa baguette dans cette foutue salle de bain ?! La colère avait rapidement laissé place à l'indignation et à l'humiliation : comment une future fabricante de baguette pouvait expliquer la perte de deux baguettes, qui de plus est était les siennes, à son oncle ? Le regard noir qu’elle adressa à Moran fut très certainement le pire qu’elle lui ai jeté depuis qu’ils se connaissaient. « Dis moi que c’est une blague avant que je ne brise la tienne. Les tiennes. » fut-elle en se levant dangereusement du lit tandis qu’il levait les mains au ciel, rejetant avec raison la faute sur la blonde. « Ce n’est pas la seule idée que j’ai. » dit elle en s’arrêtant devant lui. En quelques secondes le jeune homme se retrouva par terre, un berger australien allongé sur le torse et montrant les dents.

L'étendue de la bêtise de Moran n'ayant vraisemblablement aucune limite, il continua de jouer le jeu. Le regard assassin de Gardenia lui donnait envie de rire, car il se souvenait bien que ce n'était pas la première baguette que la jeune femme négligeait. Et en bon garçon doté d'un humour limite, il s'était justement dit qu'il pouvait utiliser cette faiblesse chez sa partenaire. Les mains vers le ciel, un air désolé sur le visage, Moran finit par terre avec un berger australien sur le torse, la bave dégoulinant de sa gueule alors qu'il lui montrait les crocs. Enfin, qu'elle lui montrait les crocs. Sa femme s'était améliorée pour se transformer rapidement, mais l'écossais ne poussa pas le vice à utiliser lui-même son animagus pour échapper à ses grosses pattes. Alors, pour calmer le jeu, il fit : "Allez, ravale ta bave le clebs, elle est dans ma poche, ta baguette !". Liant le geste à la parole, il sortit de sa poche la baguette de la jeune femme et en profita pour commencer à lui tirer les moustaches avec son autre main : "C'est qu'il est pas content du tout le chien-chien" se moqua-t-il ouvertement de sa crédulité enfantine en posant l'arme sorcière à côté de lui, "ouste !". Moran se releva sur les coudes, avec un sourire moqueur : "PARDON ?" parodia-t-il avec une voix de crécelle la voix de sa femme qui s'était affolée pour rien, "JE VAIS TE COUPER LES AILEEEEEES" s'écria-t-il encore en faisant des grimaces pour que le portrait dépeint soit plus proche de la réalité qu'il ne l'était déjà.