Shannon ne comptait pas vraiment en venir aux mains à la base. Ou plutôt si, mais il pensait qu'un coup suffirait à le défouler, et à le satisfaire en lui cassant le nez. Faire ravaler à Octavius son sourire médisant, cela faisait des années qu'il en rêvait. Car il ne savait pas vraiment pourquoi, mais son ancien camarade de Poudlard avait la fâcheuse tendance de juger tout ce qui le rendait humain, lui. Ses manières de vivre, certes différentes, mais pourtant humaines, semblaient choquer démesurément Octavius. Comme s'il n'était pas au courant qu'il avait grandi surtout ailleurs, et seul. Apparemment, dans l'esprit de l'ancien serdaigle, il fallait que tout le monde soit comme lui pour être fréquentable. Shannon trouvait cela détestable. Il avait trop voyagé pour exiger cela de qui que ce soit. Il ne s'attendit certainement pas à ce que ce petit bourgeois rende les coups d'ailleurs ! Étonné, l'irlandais ne répondit pas de suite. Mais lorsqu'il le fit, il insulta le britannique avant de l'attraper par le col pour le jeter par terre. Il n'y avait plus qu'à prier pour que quelqu'un les trouve pour les séparer. Il y avait fort à parier qu'ils n'allaient pas arrêter avant d'être éreintés !

Dire d'Octavius et de Shannon qu'ils étaient des animaux n'aurait pas pu leur faire honneur. Là, dans la salle d'entraînement, ils se battaient comme deux chiens que l'on aurait fait enrager pour que tout soit plus sanglant. Il fallait dire que l'Irlandais en avait gros sur la baguette depuis longtemps, et se lâcher ainsi, enfin, ne pouvait que lui faire du bien. Le regard scrutateur autant que la l'air hautain de l'Anglais ne justifiaient que trop bien la bagarre qui venait d'éclater. Pour l'être susceptible qu'était Shannon, toutes les attitudes du professeur ne pouvaient que mener à la guerre. Peut-être aurait-il réussi à le tuer si Maugrey ne s'était pas interposé. En circonstance normale, cela n'aurait pas suffit à calmer son tempérament enflammé, mais là, Shannon se dégagea d'un coup d'épaule, essoufflé, les yeux quasiment injectés de sang. Il ne rentrerait certainement pas dans le jeu de rejeter la faute sur Octavius alors que c'était lui qui s'était jeté à sa gorge. Pour faire entendre la situation à l'Auror, il aurait fallu qu'il lui parle de leur relation à l'adolescence. « Pendejo ! » préféra-t-il cracher à l'attention de l'Anglais avant de quitter la salle d'entrainement, furieux. La prochaine fois qu'il le voyait, Maugrey ne sera pas là pour lui sauver les miches.