Ionela fit preuve d'une résistance telle que Madame Lupescu ne pu résister. Elle afficha une mine profondément renfrognée en frappant sa canne au sol pour préciser à Razvan qu'il avait intérêt à se dépêcher. Il ne changea absolument pas de rythme, bien au contraire. Cela dura encore dix minutes supplémentaires, et Madame Lupescu se leva enfin sur ses jambes larges mais fragiles, armée de sa canne pour entraîner sa nièce loin de ce repère à goujats. Lorsqu'il eut fermé la porte derrière la vieille femme, le roumain revînt à sa chaise pour s'asseoir lourdement dessus, il était huit heures dix du matin, et il se sentait épuisé comme après une journée de travail, simplement d'avoir dû calmer sa vieille et pénible voisine. Octavius éleva la voix alors qu'il avalait sa gorgée de thé, légèrement tiède maintenant puisqu'il avait mis du temps à le boire. Il compris vaguement le sens des mots du britannique et haussa les épaules : « Je ne sais pas... Elle avoir la chance de ne pas... hum... La subir toute l'année » tenta-t-il un micmac en anglais et en roumain pour se faire comprendre du mieux qu'il le pouvait. Il allait boire une nouvelle gorgée, lorsque Mihaela se réveilla enfin. Le médicomage poussa un soupir blasé et parti récupérer la petite fille avant de revenir avec elle dans les bras. Elle avait décrété qu'elle ne dormirait plus. Elle fixait Octavius comme si elle ne l'avait jamais vu. « Madame Lupescu a eu une vie difficile » reprit-il en roumain à l'attention du britannique, « je n'ai jamais su si elle était soulagée de la mort de son mari ou profondément ravagée par elle... Sans doute les deux ». Razvan n'avait pas connu Monsieur Lupescu, hélas, sans doute, aurait-il pu voir une évolution dans le caractère de la mégère. Pour en savoir plus, il faudrait demander à Ionela que le roumain vit traverser la cour en sens inverse en direction de sa maison à lui. Elle ouvrit la porte quelques secondes plus tard, et soupirant en s'adossant contre celle-ci : « Qu'est-ce qu'elle me saoule ! ».