Sirius avait du flair. Il voyait déjà la vanne que pourrait faire James à ce sujet. Oui, du flair. C'est-à-dire que, depuis la rentrée à Poudlard il y avait quelque chose, Sirius sentait quelque chose de différent. Il pressentait, en fait. C'était comme s'il avait la baguette sur quelque chose, mais qu'il lui était impossible de verbaliser. Il ne savait qu'une chose.
Cela concernait son frère.

Regulus était revenu de vacances changé. Sirius le trouvait véritablement différent. Il était encore plus discret que d'habitude, mais arborait un air un peu bravache, de ceux qui savent des choses que la plupart ignorent absolument, de ceux qui ont vécu un événement qui les démarquent des autres à jamais.
Et Sirius ne voyait pas cela d'un bon œil.

Depuis qu'il s'était enfui du Square Grimmaurd, Sirius avait tourné la page. Il n'avait de Black que le nom. Pourtant, il surveillait, de loin, Regulus, le voyait fricoter avec les autres adolescents Sang-pur avec circonspection. Remus lui avait dit un jour que s'en faire ainsi pour Regulus n'était autre qu'une manière de regretter sa famille - Sirius ne voulait plus avoir affaire à eux, mais, souvent, il aurait donné beaucoup pour que ses parents soient comme les Potter. Des gens normaux. C'était, apparemment, trop demander.

Bref, il avait donc l'intention d'en avoir le cœur net. Au petit déjeuner, ce matin-là, il avait croisé le regard de son frère et lui avait fait comprendre qu'il voulait lui parler. Le peu de fois où cela arrivait, les Black se retrouvaient dans l'aile est, à l'étage des salles abandonnées. Il y avait peu de passage et ne craindraient pas d'être épiés.
Sirius se retourna quand il entendit un bruit de pas dans le couloir...

Citation :

Ouvrir un sujet ▬ 2 dragées

Regulus venait de passer le plus incroyable des noëls. Ce dont il rêvait depuis des mois, des années même, s'était enfin réalisé et bien plus tôt que prévu. Depuis quelques jours, il portait sur l'avant bras gauche le signe de son allégeance à celui qui suscitait chez lui une admiration sans faille.  Il était comme sa cousine Bellatrix, comme ses mentors les frères Lestrange et Evan Rosier un fidèle du seigneur des ténèbres. Il trouvait le retour à Poudlard d'un ennui mortel. Que faisait-il ici  parmi tous ces gamins, parmi tous ces impurs. Il serait tellement mieux en dehors de Poudlard, à partir en mission pour son maître. Heureusement, il lui avait confié une mission aussi à réaliser ici. Il devait obtenir des informations sur les plans de Dumbledore. C'était à présent la seule chose qui l'intéressait. Les autres élèves n'avaient aucun intérêt.  Tout son temps libre, il le passait dans la réserve de la bibliothèque ou a essayer d'en savoir plus sur les plans de Dumbledore. Son plus grand fournisseur d'informations serait le professeur Slughorn. Pour le faire parler, il suffirait, comme lui l'avait conseillé son maître de lui apporter de l'Ananas confit. Du moins, c'est ce qu'il pensait

Lors du petit déjeuner, il avait vu le regard de Sirius. Il savait ce que cela voulait dire.  A contre coeur, car il n'avait vraiment aucun intérêt à le faire, il se rendit au lieu de rendez-vous où son frère était déjà présent.

J'espère que tu m'as pas fait venir ici pour m'offrir un cadeau de noël, car j'en ai pas pour toi. dit-il sèchement.  Sirius et Régulus avait bien un point commun: celui d'être un vrai petit con.

Regulus n'avait aucune envie de se trouver là. Cela se voyait à la tête qu'il tirait ainsi qu'à la réplique cinglante qu'il servit à son frère aîné lorsqu'il arriva.
▬ Si encore c'était drôle, répliqua Sirius avec mauvaise humeur. Mais manifestement, le Père Noël ne t'a pas apporté le sens de l'humour pendant ces vacances.

À vrai dire, même s'il l'avait voulu, Sirius aurait été bien en peine de savoir quoi offrir à son frère. Ils ne se connaissaient plus. Ils étaient trop différents l'un de l'autre. Un cadeau ? Pour quoi faire ? Il aurait fallu un manuel pour lui apprendre à décrypter son frère si bizarre. Si Black.

▬ Je ne suis pas là pour les cadeaux, reprit Sirius en jetant sur Regulus ses yeux d'ébènes.

Comment attaquer le sujet ? Louvoyer, quitte à paraître louche aux yeux du Serpentard ? Avec franchise, quitte à le brusquer ? Sirius décida de ne pas passer par quatre chemins.
▬ J'ai le sentiment que tu es différent qu'avant les vacances. Je me trompe ? Quelque chose s'est passée. Je veux savoir quoi.

Il n'y avait, sur le visage de Sirius, aucune trace de légèreté ni de nonchalance. Le sujet lui tenait à cœur et il craignait ce qu'il pourrait découvrir.

"J'espère que tu m'as pas fait venir ici pour m'offrir un cadeau de noël, car j'en ai pas pour toi." Une façon polie de dire à son "frère" qu'il n'avait aucune envie d'être ici avec lui. Enfin, c'est tout le moins ce qu'il prétendait, car si vraiment, il ne voulait pas du tout être là, il ne serait tout simplement pas venu. Au fond, personne ne l'avait soumis à l'imperium pour venir. Même s'il l'avouera jamais, Regulus tient bien plus à son frère qu'il ne le montre.Si encore c'était drôle. Mais manifestement, le Père Noël ne t'a pas apporté le sens de l'humour pendant ces vacances. Le match de quidditch venait de commencer et un souaffle avait frappé de chaque côté. 10 de chaque côté du terrain. Je ne suis pas là pour les cadeaux continua l'aîné en calmant le match. De quoi satisfaire la curiosité du puiné qui n'avait absolument pas la moindre idée de ce que pouvait bien vouloir son frère.J'ai le sentiment que tu es différent qu'avant les vacances. Je me trompe ? Quelque chose s'est passée. Je veux savoir quoi. . Regulus laissa échapper un petit rire cruel. Un rire qui semblait à celui de leur cousine Bellatrix, en beaucoup moins fou évidemment. La marque sur son bras n'était pas visible. Mais c'était ce qui avait changé et il en était fier. Il n'en avait plus rien à faire de Poudlard. Il savait qu'un grand destin l'attendait aux côtés de son maître. Lui, il l'avait tout de suite reconnu. Il n'avait pas eu besoin d'attendre que Sirius déraille pour avoir de la valeur à ses yeux, comme c'était le cas avec ses parents. L'héritier des Black s'avança à quelques centimètres de son frère. "Mais rien a changé, brother" dit-il en appuyant avec ironie sur ce dernier mot comme pour montrer à quel point il sonnait faux. "Je n'ai pas changé. Mais comment pourrais-tu le savoir? Tu ne sais rien de moi. Tu ne t'es jamais soucié de moi. Comme le reste de la famille d'ailleurs, jusqu'à ce que tu dérailles.". La trahison de Sirius avait beau jeter la honte sur sa famille, elle avait été le plus cadeau qu'il avait pu lui faire.

Le rire que lâcha Regulus glaça le sang de Patmol. Il s'agissait d'un rire mauvais, froid, qui ne pouvait rien augurer de bon. Sirius avait l'impression qu'il s'agissait de celui de Kreattur quand, quelques mois encore auparavant, il se moquait de Sirius et de la décoration de sa chambre. L'elfe devait moins rire, désormais, maintenant qu'il avait compris que la décoration ne pourrait jamais jamais être enlevée, sauf par quelqu'un ne voudrait pas nuire à Sirius. La magie de la magie, en somme.

Regulus s'approcha de lui et Sirius plongea son regard sombre dans les siens, dans une tentative vaine de sonder les tréfonds des pensées de Regulus. Ce dernier lui assura, non sans sarcasme, que rien n'avait changé.
▬ Tu ne sais rien de moi. Tu ne t'es jamais soucié de moi. Comme le reste de la famille d'ailleurs, jusqu'à ce que tu dérailles.

Sirius tiqua.
▬ Je ne crois pas être le seul à dérailler, répliqua-t-il en grognant presque.

Mais il ne pouvait contredire le Serpentard sur le fait que l'un et l'autre étaient devenus des inconnus. Et cela le tuait.
En revanche, Sirius estimait avoir joué son rôle de grand frère autant qu'il l'avait pu, c'est-à-dire, jusqu'au moment où le comportement de Regulus était devenu insupportable. Ce dernier avait fini par faire exprès de prendre l'attitude inverse de celle de Sirius, se rendant mielleusement exemplaire aux yeux des parents. C'était pourtant Sirius qui avait espéré que son frère irait ailleurs qu'à Serpentard pendant la cérémonie de la Répartition, c'était lui qui avait surveillé - plutôt de loin - les gens avec qui il traînait, c'était lui qui avait approché Regulus quand il avait compris qu'il ne piffrait pas non plus Rogue.
Il avait tout fait pour maintenir un semblant de lien. Désormais, ils n'avaient plus rien en commun, si ce n'est cette envie de ne pas plier devant l'autre.

▬ Je te connais encore suffisamment pour savoir que quelque chose a changé. Tu manigances quoi avec les SERPENTS ?
Peut-être était-ce cela ? Un mauvais coup était sur le point de se produire...

Sans y prendre garde, le plus jeune des frères Black avait baissé les armes. Il avait avoué à son frère qu’il lui manquait. Il suffisait de savoir lire entre les lignes. En lui reprochant de ne s’être jamais soucié de lui, il lui reprochait de n’avoir jamais été assez présent dans sa vie. Les sentiments que le cadet ressentait à l’égard de l’aîné étaient particulièrement complexes. Dans son enfance, il avait admiré son frère autant qu’il l’avait détesté. Oui, il était son grand frère, celui avec qu’il jouait, celui à qu’il voulait ressembler. Mais il lui en voulait aussi terriblement car tout le monde n’avait de yeux que pour Sirius, le premier né. L’admiration du bambin avait très vite laissé la place à la haine et la jalousie. Puis par la suite, ses sentiments avaient évolués à la fois en reconnaissance et haine. Il était extrêmement reconnaissant à Sirius d’avoir déshonoré la famille ainsi car cette trahison lui avait permis de trouver grâce aux yeux du paternel. Il était enfin quelqu’un.  Il était devenu le parfait petit héritier. D’un autre côté, il le détestait car étant ce qu’il était, il ne pouvait l’aimer. Il ne pouvait pas être son frère. Il aurait tellement aimé avoir un frère. Ils auraient pu être tout l’un pour l’autre mais aujourd’hui James était bien plus le frère de Sirius que Regulus.  

Evidemment les deux jeunes sorciers ne se comprenaient pas et Sirius n’avait pas vu le message dans la phrase de son petit frère. Il avait rétorqué sèchement Je ne crois pas être le seul à dérailler . Vraiment c’est ce qu’il pensait que Regulus avait déraillé ?  Peut-être était-ce vrai, peut-être avait-il déraillé pendant les vacances en rejoignant le rang des seigneurs des ténèbres, de toute façon même s’il en rêvait et l’avait fait volontairement, il fallait bien admettre que, personne ne dit non au seigneur des ténèbres sans en payer les conséquences. Avait-il au fond vraiment le choix ? Ses paroles le blessaient bien plus qu’il ne l’aurait imaginé. Comment pouvait-il dire cela alors que tout ce qu’il faisait, il le faisait à cause de lui et pour lui. S’il n’avait pas fait honte à sa famille, il n’aurait jamais eu besoin d’agir de façon si extrême. Tout ce qu’il était devenu, c’était à cause de lui. Il avait pu voir la colère de ses parents et il avait compris ce qu’il devait faire pour et protéger Sirius et trouver grâce aux yeux de ses parents. « Tout ce que je fais, je le fais à cause de toi Sirius, à cause de toi et .... POUR toi ! » Oui, le famille Black était en disgrâce à cause d’Andromeda et de Sirius, et il devait redorer le blason. Évidemment, il aimait trouver la grâce aux yeux du paternel, évidemment il croyait fermement à la pureté du sang,  mais  c’était vrai également qu’il ne voulait pas que ses parents tuent son frère. Même s’il était bien trop fier pour le lui avouer, il était son frère et il l’aimait. « Mère a brulé ton nom sur la tapisserie, le jour de ton départ ! Et père..... père.... voulait te tuer....  tout ce qui les console c’est d’avoir un parfait petit héritier. Si tu es encore vivant, c’est grâce à moi Sirus ». Peut-être que son frère ne le croirait pas et il n’en avait que faire. De toute façon, ils n’étaient pas ici pour parler de ça mais de ce qui avait changé chez Régulus. Il ne pouvait pas lui dire. Une fois de plus, pour le protéger. S’il savait, il serait en danger. Je te connais encore suffisamment pour savoir que quelque chose a changé. Tu manigances quoi avec les SERPENTS ? Le regard animé d'une lueur étrange, Regulus esquissa un  sourire « C’est mon secret ça Sirius » . Il eût un petit rire avant de rajouter :  « Nous autres, les Black, n'avons que ça, n'est-ce pas ? »  Et de préciser, au terme d'une courte pause :  « Des secrets. »

Alors qu'il ne pensait pas que c'était possible, Sirius vit le visage de Regulus s'assombrir davantage. Avait-il touché une corde sensible en sous-entendant que le benjamin déraillait ?
Ils restèrent quelques secondes à se dévisager.
▬ Tout ce que je fais, finit par dire Regulus comme s'il se retenait d'exploser, je le fais à cause de toi Sirius, à cause de toi et .... POUR toi !

Sirius arqua un sourcil - pour lui ? Mais bien-sûr. Comme s'il allait croire Regulus et avaler les tentaculas vénéneuses qu'il lui servait sur une assiette. Regulus poursuivit en lui racontant la réaction de leurs géniteurs lors de la fugue de Sirius. Ce dernier s'était toujours imaginé que sa mère aurait une nouvelle fois hurlé à s'en gripper les cordes vocales, tandis que son père se serait enfermé dans son boudoir pour réfléchir à une manière d'expliquer la sécession du fils aîné.
Maintenant qu'il connaissait les détails de sa disgrâce, Sirius ne savait pas quoi répliquer. C'était comme s'il avait toujours su, mais que, tant qu'on ne lui disait rien, la réaction de ses parents, aussi folle soit-elle, restait un fantasme selon ses humeurs : quelque fois, sa mère s'évanouissait, d'autres fois, elle le pleurait, d'autres encore, elle devenait si folle qu'elle condamnait Kreattur à la décapitation...

Sirius ne fut tiré de ses pensées que lorsque son frère répondit à sa question sur les SERPENTS.
▬ Des secrets ?, tiqua-t-il, excédé, redescends mec, tu as seize ans.

Il fit quelques pas de côté.
▬ Je parie que tu ne sais pas dans quoi tu mets les pieds. Je parie que, si tu rates, ce n'est pas seulement ton nom qui sera brûlé sur une troll de tapisserie. Mais peut-être que tu parles de secret parce que tu as honte.

En fait, voilà, Sirius avait honte de son frère qui s'était laissé si facilement manipuler par le mirage de la supériorité du Sang-Pur et qui se laissait influencer par les autres rejetons des familles de Sang-Pur. Y avait-il un moment où Regulus Black avait utilisé son esprit critique ?

▬ Tu ne me feras pas croire que tu m'as sauvé la vie, cingla Sirius, ni que tu es fier de ce que tu es en train de devenir.

Même si Sirius ne le croyait pas, Régulus était vraiment inquiet pour son frère. Il avait vu la haine sur le visage de ses parents. Il avait vu la tapisserie s’enflammer d’un geste hystérique de la baguette de sa mère. Il avait entendu son père dire que Sirius était mort pour lui et qu’il n’aurait aucun scrupule à la tuer s’il le croisait. Même s’il regrettait sa trahison et ses idées, Régulus ne voulait pas la mort de son frère. Il avait peur de cette mort même. C’était tout de même son frère et malgré tout, au fond de lui, il l’aimait.  Régulus ne rigolait pas. En étant comme il était, même s’il croyait fermement à la pureté du sang, il voulait aussi protéger Sirius. Il aurait espéré qu’il le comprenne et visiblement ce n’était pas le cas et d’une certaine façon, ça lui faisait mal. Terriblement mal. « Des secrets ? Redescends mec, tu as seize ans. » A son tour Régulus arqua un sourcil. Croyait-il vraiment qu’à seize ans on ne pouvait pas avoir de secret ? N’avait-il pas de secret lui ? Son surnom en trahissait pourtant un que Régulus ignorait.  En tout cas Régulus avait un lourd secret. Un secret marqué sur son avant bras gauche et dont il était fier. Et pourtant, un peu inquiet, il fallait l’admettre. Serait-il à la hauteur ?  « Tout le monde à des secrets Sirius. Tout le monde. Quand j’étais petit, c’est avec toi que je les partageais, mais c’est fini ce temps là. Je mourrai plutôt que te confier quoi que ce soit. » le ton de Régulus était à la fois grave, particulièrement lorsqu’il avait précisé à son frère que le temps des secrets entre eux était fini et qu’il mourrai plutôt que de se confier à lui. Il avait également été nostalgique, en particulier quand il lui avait dit qu’il lui confiait ses secrets dans son enfance. Ce temps là lui manquait. Aujourd’hui, ses secrets, c’était à Kreattur qu’il les livrait. Son elfe avait remplacé son frère perdu. C’était dire à quel point la perte de Sirius l’affectait. Lui le suprématiste avait fini par accorder de l’importance à son vulgaire elfe, à faire de lui, le frère qu’il n’aurait plus !

«  Je parie que tu ne sais pas dans quoi tu mets les pieds. Je parie qui, si tu rates, ce n'est pas seulement ton nom qui sera brûlé sur une troll de tapisserie. Mais peut-être que tu parles de secret parce que tu as honte » . Régulus sentait les battements de son cœur s’accélérer.  Sirius avait raison. Contrairement à lui, il n’avait pas le droit à l’erreur. Le Maître était moins clément que leurs parents. S’il échouait, il ne brûlerait pas son nom, il le brûlerait lui. Il sentit se gorge se nouer à cette pensée.  Puis il ferma les yeux, il se dit qu’il en était capable. Qu’il ne décevrait pas son Maître. Qu’il serait un fidèle serviteur de celui qu’il admire tant. Avoir honte ? Honte de son secret ? Honte d’être un mangemort ? Pas du tout, il était fier ? Très fier « Avoir honte ? Pas du tout ! Au contraire ! La seule chose dont j’ai honte, c’est toi Sirius !» oui, il avait honte de son frère, de ce traite, comme toute sa famille « Tu es une honte pour toute la maison des Black et même pour cette école qui a été dirigée par notre ancêtre !  Je le vois bien te dévisager quand tu passes devant un des portraits où il est. » Oui, si quelqu’un faisait honte, si quelqu’un devait avoir honte c’était pas le cadet de la famille mais bien l’aîné.

Et pourtant même si son frère lui faisait honte, même s’il le détestait. Il l’aimait, il voulait le protéger, qu’il le croit ou non. « Tu ne me feras pas croire que tu m'as sauvé la vie, ni que tu es fier de ce que tu es en train de devenir. » lui avait-il dit avec ce mépris si Black. Comme quoi, il avait toujours une part de son héritage familial en lui. Visiblement, et il n’y avait pas besoin d’être professeure de divination pour le prédire, cet entretien ne mènerai à rien. Chacun n’écoutant pas l’autre et restant aveuglé par ses propres convictions et projections. « Crois ce que tu veux Sirius, je m’en cogne la baguette !  Je sais ce qu’il en est ! Un jour tu comprendras » lui dit Régulus en s’approchant à quelques centimètres du visage de son frère. Comme pour qu’il puisse dans ses yeux, lire sa sincérité. En avait-il vraiment rien à fo***e ? « Et oui je suis fier, et père l’est aussi ! C’est tout ce qui compte » dit-il avant de se reculer et de tourner les talons. Il marcha quelques mètres, comme pour s’en aller et se tourna à nouveau vers son frère. « Je peux disposer, Grand-Frère ? » la voix de Régulus était pleine d’ironie. Il se moquait de son avis, mais voulait juste le titiller un peu davantage en feignant de le rendre important par son statut d’ainé. Il savait très bien que son frère verrait qu’il se moquait de lui, et c’était ce qui l’amusait.  Quelle perte de temps que cette entrevue !

Si fallait trouver une image pour représenter la conversation que les frères Black partageaient, ce sera probablement la suivante : un énorme sable mouvant. Sirius, pourtant peu habitué à se laisser faire, se sentait s'embourber. Il avait espéré soutirer des informations à Regulus et le découvrait déterminé à ne rien dire. Les seules nouvelles que son benjamin lui livrait le déroutaient particulièrement. Sous les mots de Regulus, il sentait la colère et une émotion bien plus touchante.
Sirius avait renoncé à sa famille depuis bien longtemps. Certes, Regulus, voilà des années, avait été son frère. Il le restait encore un peu, mais c'était le genre de lien qui embarrassait plus qu'autre chose, mais dont on répugnait quand même à se débarrasser. Tout aurait été plus simple, s'il avait suivi les désirs de ses parents, s'il avait été réparti à Serpentard, s'il n'avait pas rencontré James et les autres maraudeurs... Mais il ne pouvait pas faire semblant.
▬ Je mourrai plutôt que te confier quoi que ce soit, appuya Regulus avec un regard perçant.
▬ Alors soit, répliqua Sirius, bravache, et je serais tranquille.

Mais Regulus attaquait de nouveau, le traitant de la honte de la famille. Cette remarque ne touchait plus Sirius depuis bien longtemps - il en retirait même une fierté, d'être détesté par sa famille.
▬ Phineas Nigellus Black a été un des directeurs les plus détestés dans l'histoire de cette école. Pardonne du peu.
▬ Crois ce que tu veux Sirius, je m’en cogne la baguette ! Je sais ce qu’il en est ! Un jour tu comprendras.

Il savait ce qu'il en était... La baguette de Sirius le démangea cruellement et il se retint de justesse de ne pas lui lancer un mauvais sort à la tête.
▬ Comprendre quoi ?, railla Patmol en levant légèrement la voix. que tu n'es qu'un petit fils à papa qui n'a jamais rien remis en question, qui ne connaît rien de la vie et qui vient faire la morale à son "Grand Frère" parce qu'il se croit important alors qu'il vaut à peine un veracrasse ?

Les mots sortaient par flots de la bouche du Gryffondor qui ne faisait rien pour les refréner.
▬ Tu es fier de cette manie du Sang-pur ? Mais très bien, continue, bravo, j'applaudis. Tu sais quoi, tu es ridicule. RI-DI-CULE. J'en meurs de rire.

Il eut un de ses rires semblables à un aboiement de chien.
▬ Donc, oui, pour répondre à ta question. Tu peux "disposer". J'en ai fini avec toi. Définitivement.

Régulus était au bout du couloir, il lui suffisait de faire un seul pas pour disparaître du champ de vision de son frère. Et pourtant, dans un dernier mouvement, il tourna les talons et demande la permission à son frère de mettre fin à cette entrevue si inutile. « Je peux disposer, Grand-Frère ? » avait-il demandé avec un dédain si Black. Et pourtant, au fond, il ne voulait pas disposer. Pendant qu'ils se disputaient, ils existaient l'un pour l'autre. Ils avaient un semblant de relation. Paradoxalement, le cadet des Black chérissait les moments qu'il partageait avec son frère. Lui qui dans son enfance avait été son tout, son modèle. S'il détestait ses idées indignes d'un Black, il ne pouvait se résoudre à détester son frère. La réponse de son aîné lui fît l'effet d'un Doloris. Il savait très bien qu'il le pensait. "Donc, oui, pour répondre à ta question. Tu peux "disposer". J'en ai fini avec toi. Définitivement." Cette entrevue serait donc la dernière. A partir d'aujourd'hui, ils ne seraient donc plus rien l'un pour l'autre. Même pas des ennemis. Ils seraient des étrangers. Sans ajouter un mot, Régulus tourna les talons et disparu dans le couloir. Disparu définitivement, laissant couler une larme puis une seconde sur sa joue. Il marcha de plus en plus vite jusqu'à la salle de commune et son dortoir. Il fouilla dans sa malle pour trouver une photo de Sirius et lui à l'âge de 8 et 7 ans qu'il avait toujours gardé secrètement en souvenirs. « Diffindo» dit-il amèrement en pointant sa baguette sur la photo qui se déchira en des dizaines de morceaux. Il ne restait plus rien des deux frères qui rigolaient ensemble sur la photo. Il avait coupé la photo pour bannir Sirius de sa vie, comme sa mère l'avait brûlé sur la tapisserie. Sirius n'existait plus.

HJ: