Hestia Jones avait toujours été une jeune femme incroyablement douce, gentille et lumineuse. Son sourire était un véritable pouvoir qu’elle trimbalait partout avec elle et qui pouvait réchauffer les cœurs les plus froids. Pourtant, depuis plus d’un an et demi, il s’était fait plus rare. Après l’attaque de son père lorsqu’elle était en sixième année à Poudlard, elle avait perdu son sourire et sa joie de vivre. L’on pouvait même affirmer que la jeune femme avait déprimé durant les six mois après cette attaque.
Cela faisait donc près d’un an et demi que cela s’était produit, et pourtant elle avait toujours ce moment à l’esprit, surtout parce que son père avait encore des séquelles. Il n’avait pas encore pu reprendre le chemin du travail et avait de nombreux rendez-vous à l’hôpital Sainte Mangouste, avec des psychomages et des spécialistes pour sa rééducation. En effet, Henry Jones continuait de se réveiller la nuit suite à des terreurs nocturnes et avait encore des soucis de motricité. Cet événement de sa vie l’avait traumatisé, et le fait que sa fille avait tout vu sans pouvoir rien faire le touchait aussi beaucoup, comme elle au final.
Ce jour-là, Hestia était montée à la volière pour envoyer une lettre à sa mère, qu’elle essayait de soutenir même de loin, ainsi qu’une à son père, qu’elle savait en difficulté. Au lieu de repartir directement dans son dortoir une fois le hibou parti, la jeune femme s’était contentée de regarder le ciel, pensive. Quand tout cela allait-il enfin se terminer ? Quand les Jones pourraient-ils enfin reprendre une vie de famille normale ? Quand Henry pourrait-il enfin tourner la page ? Hestia commençait à désespérer de retrouver son père, comme avant…
Alors qu’elle se laissait aller à la mélancolie, elle entendit quelqu’un derrière elle. Elle se reetourna et fit face à un Serdaigle, plus jeune qu’elle, qu’elle avait déjà croisé dans les couloirs. Il semblait être plus âgé que Will, le frère d’Hestia, qui était dans la même maison. Le jeune brun, qui avait un visage doux et chaleureux, lui adressa la parole. Il la salua avec entrain, puis lui demanda s’il elle n’allait pas attraper froid à rester plantée là. Honnêtement, elle n’y avait même pas songé. Il se présenta ensuite, déclarant s’appeler Alexander, avant de lui demander si elle attendait un hibou. Leur regard se croisèrent et la jeune Jones se senti étrangement mieux. Le jeune Alexander dégageait quelque chose qui la rendait plus sereine. « J’ai une grosse écharpe, alors ça devrait aller pour le froid » déclara-t-elle en haussant les épaules. « Enchantée Alexander, moi c’est Hestia. Non je… J’ai envoyé un hibou, et j’ai profité de la vue pour me laisser aller à mes pensées » dit-elle en faisant un petit sourire. Elle remarqua que le serdaigle avait une lettre dans sa main. « Tu envoies une lettre à tes parents, toi aussi ? ».

Le jeune homme, qui s’appelait donc Alexander, déclara qu’il était ravi de faire sa connaissance, ce à quoi la poufsouffle répondit par un sourire. D’une nature sociable et chaleureuse, Hestia était généralement heureuse de faire la rencontre d’à peu près tout le monde, il n’échappait pas à la règle. Elle hocha la tête avec douceur lorsqu’il lui dit de faire attention, loin de prendre la mouche devant cette réflexion un peu paternaliste. Après tout elle aurait dû mieux s’habiller pour monter à la volière, il avait raison là-dessus, sa grosse écharpe ne suffirait pas à la protéger d’un rhume. Heureusement que Madame Pomfresh était un véritable amour et qu’elle prenait soin des élèves de Poudlard : elle irait la voir si elle tombait malade.
Hestia, qui était parfois de nature curieuse, fit une petite moue étonnée lorsqu’Alexander coupa net la réponse à sa question. Il raccourci la partie qui concernait un stage autour des sortilèges et la défense contre les forces du mal. Etait-il gêné de parler de ça avec elle ? Après tout, tout le monde pouvait avoir envie de combler ses lacunes dans certaines matières, à moins que… L’air penaud du jeune homme fit rapidement comprendre le problème : il était mal à l’aise de parler de ça face à une fille qui avait vécu une attaque de mangemorts. Le visage d’Hestia se décomposa légèrement. Les rumeurs avaient toujours couru rapidement, dans le château, mais de là à ce qu’un élève plus jeune qu’elle, dans une autre maison, la reconnaisse à la première discussion… Elle ne s’attendait pas à ce que des inconnus soient gênés devant elle. Ses amis, oui, puisqu’ils la connaissaient et l’avaient vue au plus mal, à son grand désarroi, mais des inconnus ? La jeune Jones n’aimait pas être au centre de l’attention, surtout pour ce genre de choses. Elle tenta de retrouver une certaine contenance avant d’affirmer « Un stage, ça doit être sympa. J’aimerais bien en faire un aussi, tu me donnerais les informations ? ». Après tout, si elle ne voulait plus être la pauvre fille dont le père c’était fait attaquer aux yeux des gens il fallait qu’elle trouve un moyen de le faire oublier, de dédramatiser ce sujet.
Le serdaigle dériva ensuite sur un autre sujet : la volière et sa vue. Il affirma que le meilleur moment pour y venir était le soir, lors du coucher du soleil. Hestia hocha la tête en souriant. « Je note cette information, j’adore les couchers de soleil, c’est très beau ». Elle tourna le visage vers l’horizon avec un léger sourire. « Tu viens souvent ? »