Cher Hermes,

Tu me vois étonnée, mais néanmoins charmée par cette missive. Comme tu l'as si bien soulevé, mon emploi du temps est très serré. Mais je me libérerais avec plaisir, pour la soirée de samedi. Un verre d'un bon Whisky Pur-Feu, serait de bon augure. Il ravirait sans nul doute, mes papilles délicates.

En effet, tes mots sont teintés de mystère, et je suis curieuse d'en savoir plus. Et de connaître l'identité de cette amie commune, si bavarde. Faudra t-elle que je la remercie ?

A très bientôt alors,
Selena Stomby.

Cher Hermes,

Et bien que de curiosité, je suis impatiente. Je ne manquerais pas de remercier cette amie personnellement. J'ai bien peur de me creuser la tête, pour patienter d'ici à samedi...

Pour être honnête, le Pur-Feu est pour moi un plaisir. Et le partager avec toi, en sera un autre. J'ai grande hâte de tremper mes lèvres dans un verre, d'un cru de la cave de ton père. Dont je ne doute pas du goût excellent.

Délicieuse soirée,
Selena Stomby.

A la lecture des mots de son ami, Sinistra eut un sourire un peu triste. Il lui manquait, ils ne pouvaient se voir autant qu'ils le désiraient l'un et l'autre. Leur incartade dans les eaux du Mexique était bien loin désormais. Il avait ses obligations, elle devait répondre aussi aux siennes.
Sinistra eut une légère pointe d'agacement de savoir qu'il irait à cette soirée sans elle mais après tout, il ne faisait pas cela de bonté de cœur. La seule perspective de le voir ce week-end suffisait à la rendre joyeuse, car la méchanceté se vit, elle ne s'apprend pas. La manoise attendit patiemment qu'Ulysse s'en aille pour prendre sa jolie plume, un beau parchemin d'excellente qualité, pour répondre ces mots à l'héritier Nott.

Mon Hermes,

Lire tes mots me fait toujours un grand plaisir, je ne te l'ai jamais caché. Tu me manques aussi, ai-je seulement besoin de te le dire ?
Je suis navrée d'apprendre que tu vas te mélanger au bas peuple. N'oublie pas de te laver les mains une fois ta corvée finie, il paraît que ces gens donnent aisément la dragoncelle... J'espère tout de même que tu auras à ton bras une cavalière digne de ce nom, au moins pour adoucir un peu ce moment qui me paraît à vue d'oeil, être intolérable. Mais après tout, n'as-tu pas toujours eu un don pour te faire remarquer, mon ami ?
Je serais ravie de t'alléger un peu de ton fardeau, à défaut de t'accompagner pour remettre le tiers-état à sa place. C'est encore loin, mais crois-le bien, j'ai hâte.

Tendrement,
Sinistra.

Un léger sourire ne pouvait s'empêcher de marquer les traits délicats et nobles de Sinistra Lowe. La lecture des mots d'Hermes produisait toujours son petit effet sur la manoise qui décidément, le trouvait adorable. Probablement était-elle la seule par ailleurs à le considérer de la sorte. Mais ses mots la touchaient toujours, ses lettres la remplissaient de joie. Sortir un peu de son morne quotidien pour lui écrire quelques palabres et s’appesantir, hélas, de la distance qui se mettait naturellement entre eux.

Mon Hermes,

Tu as toujours eu de très bons goûts en matière d'habits et c'est davantage toi qui les embellis que l'inverse. Le bas-peuple te regardera de ce fait nécessairement avec des yeux admiratifs car même en essayant, ils ne t'arriveront jamais à la cheville.

Par ailleurs, tes attentions me touchent, tu arriverais presque à me faire rougir, mon ami. Je saurais ne pas te faire regretter ton invitation, j'ai moi-même entendu quelques rumeurs ces derniers temps que je me ferais une joie de te partager de vive voix. Mais rien qui ne te concerne bien entendu.

Crois-tu que nous pourrons nous promener à cheval ce week-end ? J'apprécierais beaucoup de dégourdir un peu les sabots d'Ysée, moi qui ne peux que bien peu venir la monter. Et puis, tes habits d'équitation te vont définitivement comme un gant, je sais que tu adores te pavaner avec - tu aurais tort de ne pas apprécier, de toute manière.

Tendrement,
Sinistra.  

Ronan était tombé de sa chaise en apprenant que le Chemin de Traverse était pris au piège. Pas qu'il en ait quelque chose à faire des gens coincés, potentiellement cibles des mangemorts - ça, il lui faudrait un sacré coup sur la tête pour s'en faire - mais par contre, ses oeuvres à l'Olympus Art Gallery, c'était un scandale. Un propre scandale. Et l'homme qui avait déjà perdu une toile se voyait de nouveau pris par la folie de la crainte d'en perdre une autre. Cette folie l'avait conduit à peindre frénétiquement trois nuits d'affilées, un triptyque détonant, expression pure et simple d'un incroyable génie créatif. Trois toiles qui accolées, racontaient une histoire merveilleuse mais sombre, de taille d'homme et de talent divin.
Il avait saisi dans son empressement une plume et un parchemin pour faire parvenir un hibou à Hermes Nott. Il avait besoin de savoir si ses toiles, sa collection, allait bien.


Monsieur Nott,

J'ai tristement appris pour le Chemin de Traverse. Je vous demanderais d'accorder un soin particulier à mon Oeuvre. Je ne saurais me remettre ni accepter la perte d'une toile supplémentaire.

Bien à vous,
Lenny Malone.

Hélas, hélas, le pauvre Ronan ne pouvait savoir que le hibou de la poste qu'il avait emprunté pour porter ce courrier, Krakarock, ne passa pas la barrière magique mise en place par les mangemorts. Pire que ça, il se fusilla dans le sortilège et tomba raide mort avec sa lettre grillée dans le bec.

Que dire, que dire ? Que diable ?
Ronan n'avait reçu aucune réponse. Aucune, rien et il refusait catégoriquement de croire que le courrier jusqu'au Chemin de Traverse ne passerait pas. Tournant comme un lion en cage dans son appartement, il s'était demandé comment faire passer un message. Et plutôt que d'être ingénieux, il avait préféré choisir un hibou qui lui paraissait robuste. Pauvre bête...

Monsieur Nott,

Je ne saurais expliquer l'absence de réponse à mon premier courrier. J'ose croire que vous ne l'avez pas reçu, et j'espère cette fois-ci, que vous recevrez celui-ci.

Ronan avait fait une pause. Il se fichait bien de paraître odieux, puisqu'il l'était. Mais tout de même...

J'ai fini une toile qui fera ravage dans votre galerie, Monsieur Nott. Je garde espoir que vous puissiez la voir bientôt. Répondez à ce hibou pour que nous fixions un rendez-vous, peut-être, et que vous me confirmiez que l'entièreté de mon Oeuvre est en sûreté.

Bien à vous,
Ronan Malone.

Ronan, forcément, n'avait rien peint du tout depuis le début de cette histoire. Mais il lui fallait bien une excuse pour lui écrire encore, non...? Même si ce hibou, aussi robuste fut-il, allait, comme le précédent, mourir au combat.

Quinzième.
Seizième lettre. Seizième. Bientôt la dix-septième ? Allez savoir.
Ronan s'arrachait les cheveux - au sens propre - devant un nouveau parchemin qu'il allait noircir de ses angoisses à l'attention d'un homme qui avait le culot de le snober. Tout gérant de galerie qu'il était, Ronan était peintre tout de même et il était son gagne-pain. Piètre manière de remercier les génies pour leurs gentillesses.


Cher Monsieur Nott,

Voilà la seizième lettre que j'écris pour vous. Toujours aucune réponse. Est-ce là une façon de traiter les gens qui vous aident à prospérer ? Est-ce là une façon de traiter un Artiste, pire encore, un Artiste portant mon nom...?

Je suis malade de votre silence Monsieur Nott et l'admettre au détour de ce papier me fait souffrir. Mais s'il faut en venir là pour avoir une réponse de votre part, un mot, quelqu'il soit, eh bien voilà. Répondez-moi, de grâce ! Répondez-moi et apaisez mon sommeil qui ne saurait redevenir normal tant que toute cette situation ne sera pas terminée.

Prenez soin de ceux qui vous donnent du travail, Monsieur Nott. Bien que je sais que vous n'en avez guère besoin.

Bien à vous,
Lenny Malone.

Gemini, mon bon ami,

Voilà longtemps que je ne t'ai pas contacté depuis notre dernière rencontre, il y a déjà quelques mois. Vu les circonstances que tu sais sûrement déjà, tu m'en excuseras. Il me fallait du temps pour me remettre, me recentrer sur moi et ma carrière.
J'ai déménagé récemment. Souhaiterais-tu y passer, à l'occasion ? On pourrait boire un verre et je te ferai le tour du propriétaire. Il reste encore beaucoup à faire, de cartons à défaire, de meubles à installer... Promis, je ne te ferai pas t'asseoir par terre, bien que ça ne te dérangerait sûrement pas. D'autant plus que j'ai acquis un nouveau canapé ce matin, et ce serait dommage de ne pas les inaugurer comme il se doit...

Bien à toi, Stubby.