Le temps s’était écoulé si vite ces derniers jours. Depuis la découverte par Gauwain d’un procédé qui permettrait sûrement de pouvoir communiquer entre eux tout en étant assez discret. Le 4ème année était arrivé en avance au rendez-vous fixé par son condisciple de 7ème année. Ça y est on était le samedi, et il était proche des 15 heures, le 7ème année ne devrait pas tarder à arriver avec en prime pas mal de renseignements concernant les carnets ensorcelés.

Le jeune Heydrick était arrivé dans la pièce un peu plus tôt, il avait inspecté tous les recoins pour voir si cette pièce était vide de toute présence ou de sortilèges. Le 4ème année s’attendait à toute genre de choses dans ces pièces qui ne servaient que très peu. Il était possible que certains élèves l’aient piégés pour s’amuser. Il ne trouvait rien à redire, son inspection minutieuse ne lui avait fait rien trouver de dangereux. Cela ne voulait pas pour autant dire qu’il n’y avait pas de dangers, juste qu’il n’avait rien trouvé qui paraisse dangereux.

L’attente était longue pour le « Vert et Argent », est-ce que Gauwain avait réussi à convaincre Flitwick de l’aider ou de le conseiller dans l’élaboration des carnets communicants ? Rien n’était moins sûr. Plus il attendait, plus il remettait en question les choix qu’ils faisaient. Était-ce au final une si bonne idée que cela ? Au moins, il se disait qu’à cette heure-ci, il y avait peu de chances de croiser des gens dans les couloirs. Leur rendez-vous serait bien plus discret,  en sachant que la plupart des élèves préféraient flâner au parc ou sur le terrain de Quidditch. Il restait une petite appréhension pour le 4ème année, il serait à nouveau soulagé en voyant son camarade de 7ème année. Il espérait surtout que pour l’instant tout se déroulait comme prévu.

Le jeune Heydrick essayait de se rassurer, après tout, il ne servait à rien de s’inquiéter, il fallait avancer pas à pas. Et les hypothèses restaient des hypothèses. Quand les premières difficultés arriveront, là il sera temps de trouver le bon angle pour les solutionner. Le « Vert et Argent » trouva un siège dans le fond de la salle et s’asseya. Il fit en sorte que celui-ci soit orienté vers la porte, comme ça, il ferait face à la personne qui ouvrira la porte, pas de surprise. Il fût également attentif de laisser suffisamment de marge pour ne pas se prendre la porte dans la figure. C’était une situation qu’il ne voulait pas expérimenter. L’attente commençait à se faire longue, les yeux rivés sur la poignée de la porte.

Il n'avait bien sûr pas oublié leur rendez-vous. La démarche était trop importante pour qu'il laisse passer ça. Quittant les cachots, Gauwain remonta les couloirs l'air de rien, s'assurant de ne pas être suivi à différents moments du parcours. Personne. Bien...

Parvenu devant la salle qu'ils avaient choisi, il jeta un dernier coup d'oeil par dessus son épaule. Les environs étaient déserts. Satisfait, il se glissa dans la salle.

Reiner l'y attendait déjà, à en emplacement stratégique. Gauwain lui sourit, hochant la tête en guise de bienvenue, avant de rapidement exécuter un sort de verrouillage sur la porte, et d'ajouter un sortilège d'impassibilisation pour faire bonne mesure. Alors seulement, il se tourna vers son camarade ; ils seraient tranquilles!

"Salut! Désolé pour mon retard, j'ai un samedi un peu chargé. J'espère que tu n'attends pas depuis trop longtemps?"

Il allait attraper une chaise, mais finalement, il s'appuya contre un bureau, où il déposa son sac, et se tourna vers son camarade plus jeune.

"Pas de problème cette semaine?"

Le ton de sa voix restait léger, mais il s'attendait à tout en termes de réponses, et il savait qu'il y avait de quoi lui faire potentiellement perdre son air posé.

Tout en parlant, il sortit une feuille de parchemin, et un petit paquet enveloppé dans un papier brun, sans en révéler pour autant leurs contenus. Ils n'étaient pas pressés, et Gauwain n'était pas sûr de la façon dont il allait faire le compte-rendu des échanges qu'il avait eu avec le professeur Flitwick.

Il regretta de ne pas s'être arrêté aux cuisines pour attraper quelque chose à boire, qu'ils auraient pu partager tout en réfléchissant.

"Prêt pour une séance de réflexion? Je suis à peu près sûr de te surprendre. Et j'ai des nouvelles relativement bonnes."

....ouais, bon, c'était peut-être pas la façon la plus vendeuse de commencer.

Le jeune « Vert et Argent » entendait tout à coup la porte s’ouvrir, son attention se reporta petit à petit sur cette action. Il fût soulagé de voir que son condisciple de 7ème année entrait dans la pièce. Il n’était donc rien arrivé à Gauwain, c’était également une bonne nouvelle. Il regardait le 7ème année verrouiller la porte par un sortilège et rendre la pièce complètement inaudible par quelqu’un d’extérieur. Reiner regardait d’un air appréciateur toutes ses mesures de sécurité, elles étaient nécessaires.Son aîné s’excusa du retard et lui demanda si ça faisait longtemps qu’il attendait en ses lieux.

- Ça doit faire moins de 10 minutes que j’attends, ça ne m’a pas paru si long que ça.

Gauwain s’appuya contre un bureau et lui demanda si la semaine n’avait pas posé de soucis.

- C’était plutôt une semaine tranquille, je n’ai pas l’impression qu’on ait remarqué notre petit manège. A croire qu’on a été suffisamment discrets.C’est plutôt rassurant dans l’ensemble, personne ne s’est soucié de mes trajets. Et je n’ai pas l’impression qu’on m’ait suivi. Tout semble se dérouler comme sur des roulettes !

Puis le 7ème année annonça qu’il était temps de faire une séance de réflexion et qu’il avait des nouvelles surprenantes et plutôt positives.

- Je suis partant pour une séance de réflexion, quel est le sujet que l’on doit décortiquer ? Mais avant que tu ne répondes à cette question quelles sont ces fameuses bonnes nouvelles ? Ça m’intéresse,  tu as titillé ma curiosité. J’espère que Flitwick t’a été d’une aide précieuse.

Beaucoup de questions se bousculaient dans l’esprit du « Vert et Argent », Gauwain avait-il fait face à de nombreux obstacles, ou au contraire toute cette quête s’était finalement révélé assez facile. Inutile de le bousculer avec pleins de questions à la fois, il demanderait petit à petit à son camarade de Serpentard les réponses à ses questions. Il fallait rester concentré sur la suite des événements et ne pas se disperser.

C'était assez terrible de voir Reiner aussi impatient et avide de nouvelles, sachant ce que Gauwain s'apprêtait à révéler. Mais... autant ne pas repousser trop l'explication, au risque de voir les attentes de son camarade grandir plus encore. La déception serait à la hauteur de la fascination suscitée.

Il fit une semi-grimace un peu piteuse, et hocha la tête.

"Flitwick a écouté avec attention et... apparemment, nous sommes peut-être des génies mais nous arrivons avec quelques années de retard."

Il eut un petit rire penaud.

"Il nous conseille de fréquenter un peu plus les papeteries magiques : d'après lui, ça fait quelques temps qu'il s'en vend ici et là. Mais je maintiens que nous avions une bonne idée, du coup."

Il se saisit du paquet qu'il avait amené avec lui, et le tendit à l'autre élève.

"Ma corneille a fait quelques aller-retours entre Poudlard et Pré-Au-Lard, etc.... Flitwick a raison. Ca m'a coûté quelques Gallions mais rien de catastrophique."

Il laissa le garçon déballer le paquet, le laissa le manipuler tranquillement les deux objets. Des Duplicarnets, avait dit l'employée avec qui il avait conversé.

"Je ne l'ai pas testé, mais la vendeuse m'a assuré que leurs sorts de copie n'avaient jamais eu de dysfonctionnement."

Malgré la façon légère dont il tentait de le présenter, Gauwain se demanda si Reiner ressentait la même étrange déception qu'avait connue Gauwain en voyant s'écrouler ce projet, et ressentit donc le besoin d'ajouter :

"Après, on peut aussi essayer de reproduire leurs enchantements par nous même, ça peut être un bon entrainement. Canu peut refaire un aller-retour et on aura un duo de carnets non liés dans la journée. Ca peut être intéressant et formateur. Ou alors, on se concentre sur l'autre partie de la tâche : faire le point sur des alliés potentiels."

Après tout, ils étaient peut-être en train de s'éloigner de l'aspect central, en se concentrant trop sur le problème des carnets.

Le « Vert et Argent » était on ne peut plus captivé par ce qu’allait dire son camarade de Serpentard. Le 7ème année ne semblait pas particulièrement pressé de révéler la nouvelle, comme si celle-ci n’était pas de nature positive. A l’annonce du fait que les carnets communicants existaient déjà depuis quelques années, le « Vert et Argent » fût submergé par deux émotions distinctes, la première, c’était un peu de déception. Mais celle-ci fût rapidement balayée par la deuxième émotion qui était du domaine du soulagement.

- D’une certaine manière, les conseils de Flitwick ont porté leurs fruits, il nous a bien conseillé.

Heureusement que le maître des sortilèges était aux courants des dernières nouveautés magiques, cela permettait d’éviter de se lancer dans un enchantement complexe, sur un produit qui avait déjà été testé. Puis Gauwain ajouta qu’il s’était procuré deux exemplaires de ces objets enchantés. Il ajouta que cela lui avait coûté quelques gallions et qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de les expérimenter.

- Je te dois une fière chandelle, ou plutôt quelques gallions. Je te dois la moitié du prix que tu as payé pour ces objets. Quel était le prix exact, pour que je puisse donner ma contribution au projet.

Il était normal qu’il mette aussi une partie de ses fonds dans le projet et que cela soit fait de manière la plus équitable possible. Puis le 7ème année exprimait deux axes possibles sur la suite des événements, soit on essayait de reproduire les enchantements pour comprendre le fonctionnement des deux carnets, soit on se concentrait sur l’élaboration de la liste des alliés potentiels.

Les deux points de vue étaient intéressants à développer mais le 4ème année avait une préférence pour la recherche des alliés potentiels. Le fait que les carnets remplissaient déjà leur rôle permettait d’accélérer la deuxième phase du plan. Et si jamais on voyait une limitation dans l’utilisation des duplicarnets, rien n’empêchait de revenir sur l’idée d’ensorceler deux nouveaux carnets.

- Maintenant qu’on les a, autant tester qu’ils marchent, non ? Si on voit qu’ils n’ont pas de défauts ou des défauts minimes, autant les utiliser directement comme outil. Cela nous permet de nous concentrer davantage sur la recherche de nos alliés potentiels. Si jamais on voit que le produit ne répond pas à nos attentes, alors à ce moment là, il serait intéressant de revenir sur la phase de création de l’enchantement des deux carnets. Qu’en penses-tu ?

Il aimait la façon de penser de son camarade. Gauwain hocha la tête, rasséréné par la réponse de Reiner. Le projet n'était pas totalement mort.

"Et ça aura aussi permis de confirmer que Flitwick soutient ce genre d'initiatives. Enfin je crois. Je suis resté un peu évasif, mais il me semble quand même qu'il a compris de quoi il retournait."

Il attrapa un des carnets, en fit défiler les pages. Vierges, bien sûr, toutes autant qu'elles étaient.

"Laisse tomber, j'ai un peu d'argent de côté. Et ça n'a pas coûté si cher que ça. Par contre, je souscris à ta position. Il faut prioriser, je suis tout à fait d'accord ; pas besoin de gaspiller des forces si on a l'outil tout fait. Donc... il ne nous reste plus qu'à les tester. Tu as une plume avec toi?"

Il avait attrapé son nécessaire au passage, et lui en prêterait une sans problème, si cela était nécessaire. Certains élèves, néanmoins, préféraient écrire avec leur plume personnelle et répugnaient à prêter la leur, pour éviter d'en émousser la pointe en la laissant dans les mains de quelqu'un qui ne la manipulerait pas de la même façon.

Il ne savait pas quelle était la position de Reiner sur ce sujet, mais il étala son nécessaire à portée de sa main, l'invitant à se servir si nécessaire.

Les carnets avaient une belle couverture de cuir, et leurs pages intérieures étaient faites d'un papier couleur ivoire, légèrement texturé, mais pas suffisamment pour gêner l'écriture. Il se demanda si c'était lié au sort de copie, ou si ce n'était qu'un détail esthétique sans importance.

"Tu veux commencer? On évite d'inscrire nos prénoms, non? Au cas où on les perdrait... Faudrait des pseudonymes... Reste à trouver quoi. Quelque chose qui ne nous identifierai pas trop facilement, de préférence..."

Il se mordit la lèvre inférieure, lançant un regard interrogatif à l'autre garçon.

Le « Vert et Argent » écoutait les propos de son camarade de Serpentard sur le professeur de Sortilèges. Il ne put s’empêcher acquiescer intérieurement. Flitwick était suffisamment alerte pour avoir deviné de quoi il en retournait. Cela ne l’étonnait pas. Il regardait Gauwain attraper l’un des carnets et le feuilleter. Puis, le 7ème année ajouta qu’il avait un peu d’argent de côté et que ça n’avait pas coûté si cher que ça. Cela l’avait mis mal à l’aise le 4ème année, il ne voulait pas profiter de la générosité de son camarade de Serpentard.

Le 7ème année demandait au jeune Heydrick si il avait sa plume.

- Oui, attends, il faut que je la récupère.

Il fouilla dans les poches de sa cape et sortit sa plume qu’il utilisait en temps normal durant les cours. Il saisit le carnet libre et commença à le feuilleter, c’était un très bel objet. Il ne restait plus qu’à tester le dispositif. Gauwain lui demandait si il voulait commencer et demanda également s’il ne valait mieux pas éviter d’utiliser son prénom. Le « Vert et Argent » était tout à fait d’accord avec cette vision des choses, mieux valait rester anonyme. L’idée des pseudonymes permettait de pouvoir échanger et elle avait l’avantage de pouvoir inclure de futures personnes à l’avenir.

- Je veux bien commencer. J’approuve ton idée d’éviter d’utiliser nos prénoms, l’anonymat pourra jouer en notre faveur si on découvre nos carnets. Et l’idée du pseudonyme me paraît pas mal, il n’y a plus qu’à chercher chacun le sien.

Le 4ème année réfléchissait à son pseudonyme, qu’est-ce qui pourrait le caractériser sans pour autant être quelque chose qui le rend trop facilement identifiable. Une caractéristique qui le définit mais qui est assez commune. Il se creusait la cervelle pour trouver quelque chose de cohérent, quelque chose qui lui ressemble. Fallait-il un adjectif ou le nom d’une chose qu’il appréciait ? Tant d’interrogations se bousculaient. Puis son esprit s’arrêta sur un mot.

Il commença à écrire sur son carnet.

Mon pseudonyme sera Solitude. Est-ce que tu arrives à voir ce que j’écris ? Et toi, quel sera le tien de pseudonyme? 

- Est-ce que tu vois quelque chose sur ton carnet ?

Il était impatient de savoir si les carnets fonctionnaient.

Gauwain était tout aussi pressé que son camarade de tester cette trouvaille. Lorsque des lettres se formèrent sur la première page de son exemplaire, au rythme des mouvements de plume de son camarade, il lâcha un léger rire :

"Ca marche!!"

Tout à sa curiosité mêlée de fascination, il fut saisi par surprise par le choix de pseudonyme de son cadet. Son sourire se figea, et il releva les yeux vers Reiner.

L'autre élève était discret, peu expansif, bien sûr, Gauwain l'avait remarqué. Et il se doutait bien, au vu de leur première conversation, que Reiner avait eu droit aux mêmes traitements que ceux que lui-même avait subi, venant de camarades dans leur propre maison.

Mais... à quelques années près, Gauwain était plus âgé. Il avait connu un début de scolarité normal au sein de la maison Serpentard, avec des amitiés et des soutiens. Ca ne s'était dégradé qu'ensuite, et, alors, Gauwain était suffisamment confiant en lui pour faire avec, et lier des liens ailleurs. Sans que ces relations soient pléthoriques, Gauwain n'aurait jamais qualifié sa situation de solitude. Il avait été isolé, tout au plus.

Solitude était un mot fort, rarement employé pour autre chose qu'une souffrance subie.

Il baissa les yeux vers la première page du carnet, où s'étalaient les mots tracés par Reiner.

Il fallait absolument qu'ils élaborent cette liste. Ca n'était pas qu'une question de sécurité, à présent.

Ces considérations l'avaient amené à garder le silence un peu trop longtemps. Il fit mine de chercher l'inspiration, pour ne pas avoir à s'expliquer.

"Je crois que j'ai trouvé, attends..."

Il prit sa plume, et traça une réponse :

"Je serai Mawr. Et je suis impatient qu'on se mette au travail!"

Il adressa un sourire à son camarade, et ajouta à voix haute :

"Est-ce que le test est concluant de ton côté également?"

Le « Vert et Argent » était impatient de savoir si les carnets opéraient. Le temps était subitement devenu très long. Le 4ème année attendait cette réponse avec impatience. Est-ce que ces objets magiques fonctionnaient ? Le rire de son condisciple de 7ème année mit fin au suspens. Puis sa parole libéra toute inquiétude. Ainsi, les carnets étaient fonctionnels. Voilà qui allait permettre d’avancer sur le projet à grand pas.

Le jeune Heydrick demeurait attentif à ce qui s’écrivait sur son carnet. C’était fantastique, les lettres, puis les mots apparaissaient petit à petit dans le carnet de Reiner. Il regardait complètement captivé les mots s’inscrire. Ainsi Gauwain avait choisit le pseudonyme de Mawr, la signification de son pseudonyme lui échappait, peut-être était-ce simplement un prénom qu’il ne connaissait pas.

Il hésitait à faire part de sa curiosité envers le 7ème année. Cependant, il réfléchissait et ne voyais aucun mal à demander si ce pseudonyme avait une signification particulière.

- Le test est concluant pour moi aussi. Est-ce que ton pseudonyme a une signification particulière ? Je crois bien que c’est la première fois que j’entends ce mot.

Il regardait son condisciple, il se demandait si Gauwain allait lui expliquer la signification de son pseudonyme et si oui, était-ce un simple prénom ou un mot qui signifiait tout autre chose.

Il ne s'était pas attendu à ce que Reiner le questionne, mais maintenant qu'il y réfléchissait.... oui, il supposait que ça faisait sens et qu'il était normal que l'autre garçon se pose des questions.

Gauwain hocha la tête, se passant une main à l'arrière de la nuque ; il n'avait pas de problèmes à satisfaire la curiosité de son cadet, cependant ce surnom pouvait peut-être paraitre un peu présomptueux quand on connaissait sa signification. Il décida d'expliquer néanmoins :

"Ca fait référence à un personnage connu par chez moi. Un sorcier puissant de l'Ancien Temps, Beli. Comme il était costaud, j'imagine, il est surnommé Mawr dans plusieurs contes. Ca veut dire "le grand", en gallois."

Gauwain n'était pas bilingue, mais il avait suffisamment appris de chansons avec des camarades, avait suffisamment écouté les membres de sa lignée maternelle, pour comprendre la vieille langue, en savoir des bribes. Ou, en l'occurence, comprendre les piques lancées par son grand-père et sa tante.

Bref.

"Les Moldus en ont fait des genres de divinités dans leurs histoires, mais Beli et sa famille étaient sans doute seulement sorciers."

Il haussa les épaules, l'air de dire "enfin tu connais les Moldus" ; c'était sans doute un peu injuste. Qu'aurait-il pensé, lui, si ignorant l'existence de la magie, un gars se pointait et lançait des Tempêtes de Feu jusqu'à plus soif? Comment aurait-il réussi à donner du sens à cela?

Avec une grimace, Gauwain laissa cette question sans réponse de côté, se demandant à la place comment son camarade prendrait cette explication.

"Tu as le droit de me dire si ce choix de pseudonyme me qualifie pour le concours du plus gros ego de la Maison."

Le Vert et Argent accueillait les paroles de son condisciple avec une curiosité non feinte. Gauwain lui raconta que c’était un personnage connu aux alentours de chez lui qui était très puissant. Il avait un surnom et cela correspondait à un trait de son physique. Il continua de suivre les explications du 7 ème année, celui-ci précisait que les moldus les considéraient comme des dieux même si de son propre avis ils étaient plus proches d’être des sorciers.

Gauwain poursuivit son discours en ajoutant qu’avec le choix du pseudonyme qu’il s’était choisi, il pouvait prétendre à avoir le plus gros ego de la maison des Serpentards. Le 4ème année fût surpris des paroles de son camarade. Il n’y avait rien de mal à avoir choisi le pseudonyme d’un sorcier puissant, d’autant plus quand l’histoire de ce sorcier le rattachait en partie à ces racines. Il ne trouvait pas son condisciple particulièrement doté d’un égo surdimensionné.

-Je comprends mieux le choix de ton pseudonyme, il évoque en partie tes racines et il te sert en partie d’exemple, enfin, c’est la représentation que je m’en fais. Je ne vois pas de trace d’un égo surdimensionné. Tu n’as fait qu’énoncer le contexte qui entoure ton choix.

Il avait failli dire le pseudonyme de son camarade, malgré tous les efforts pour être le plus discret possible, il n’était pas impossible qu’ils soient quand même observé ou au moins écouté. Mieux valait garder l’usage de leurs pseudonymes respectifs lorsqu’ils utiliseraient les carnets magiques.

- En ce qui concerne la recherche de nouveaux membres. Comment penses-tu que nous devons opérer ?

La question était complexe, fallait-il attendre le bon moment, quand une personne énonce qu’elle n’est pas attirée par les idées du Seigneur des Ténèbres ou qu’elle parle plus franchement qu’elle apprécie les moldus. La manière de procéder n’était pas simple, bien au contraire.

- Est-ce que tu penses qu’il faut cibler en priorité les sang-mêlé et les nés moldus ? Il est possible qu’on ait plus de sympathie de leur part contrairement aux sang purs. Ou bien, il faut vraiment gérer au cas par cas.

Beaucoup de questions et si peu de réponses, voila qui compliquait la suite des opérations. Même si les outils étaient maintenant fonctionnels, il manquait quand même la ligne directrice pour se lancer dans la prospection de nouveaux alliés.

Il avait beau être de quelques années son cadet, Reiner combinait un esprit d’une grande logique avec une finesse de perception, et c’était appréciable. Il était réfléchi et prudent, analytique. Ce n’était pas la première fois qu’il se faisait cette réflexion, depuis qu’il avait pris le temps d’échanger avec son camarade, mais il appréciait vraiment ces qualités.

En quelques phrases, l’adolescent avait décrypté les motivations de Gauwain à la perfection, et avait mis du sens dans un choix qui avait été partiellement instinctif, au lieu de se limiter à la piste fournie dans la semi-plaisanterie qu’avait faite le jeune homme. Le septième année hocha la tête avec un sourire appréciateur, validant l’hypothèse faite par son camarade :

« C’est ça ; pour des gens qui me connaissent intimement, et qui cherchent ma trace, ça devrait leur indiquer qui est derrière ce nom. Pour les autres, le code demeurera caché. »

C’était une bonne manière de se révéler sans dévoiler son jeu, et… Reiner avait eu raison. C’était un symbole inspirant. Un objectif vers lequel tendre.

Rester debout. Devenir comme ces Grands capables de faire les histoires.

Mais pour cela, encore fallait-il qu’ils accomplissement quelque chose. Leur petit réseau était un bon début.

Reiner avait clairement réfléchi au sujet, et s’était posé des questions. De bonnes questions.

Auxquelles, malheureusement, Gauwain avait une réponse à fournir.

Il aurait aimé lui répondre que ça serait aussi facile que de commencer par le statut de sang, mais… le souvenir de Severus lui revint immédiatement en tête. L’imperceptible glissement de son ami vers des univers plus sombres. L’ombre, et les regrets.

Gauwain ne prit même pas la peine de masquer sa grimace amère.

« On pourrait le penser, mais ça n’est pas une garantie, crois-moi. Il vaut mieux rester prudent et ne pas trop supposer que des sang-mêlés sont plus susceptibles d’être allergique aux idées du Mage Noir. Pour les nés moldus, en revanche…. Peut-être ? Il faudrait vraiment avoir un sacré compte à régler avec sa famille, pour embrasser les idéaux des Mangemorts… »

Mais ça n’était pas une garantie.

Il releva les yeux, décidé.

« Commençons par les gens dont nous sommes sûrs. Les amis. Je pense pouvoir donner quelques noms de personnes qui ne partageraient pour rien au monde les idées extrémistes. Et… en listant les gens qu’eux-même fréquentent, on devrait faire des recoupements entre des individus partageant les mêmes valeurs. Il suffirait de les contacter anonymement et de leur donner un rendez-vous… »

A supposer qu’ils viennent, bien sûr.

« A ce moment-là, si l’un d’entre nous reste dissimulé, et que l’autre modifie son apparence… On peut courir le risque de prétendre chercher des soutiens pour Tu-Sais-Qui. S’ils refusent ou s’enfuient, au moins, on sera fixés. S’ils approuvent… on coupe court, et on disparait. »

…et on est fixés aussi.