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| Par cet après-midi ensoleillé... (Vibeke) | |
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Auteur | Message |
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| Sujet: Re: Par cet après-midi ensoleillé... (Vibeke) Sam 31 Oct 2020 - 20:05 | |
| L’après-midi se trouvait décidément bien surprenante. La belle scandinave qui avait jusqu’à maintenant conservé une certaine distance avec Perseus tant par respect que par simple timidité le retrouvait maintenant assis à ses côtés sur sa terrasse, à visiblement apprécier un cognac de leur petite cave bien dotée, et à discuter de façon à la fois conviviale et même par moment amusante. Passé son premier réflexe de timidité et même une certaine crainte, elle se laissait doucement aller, ou plus ou moins dirons-nous. La jeune femme craignait surtout de lui déplaire. C’était la première fois qu’ils parlaient aussi franchement et avec une telle proximité. Pourtant cela faisait un moment qu’elle avait entendu parlé de lui et qu’elle lisait ses écrits. Elle ne l’admettait pas vraiment, sauf à lui qui de tout façon l’aurait vite appris par ses connaissances de ces textes. Selon son mari ce n’était pas des lectures digne d’intérêt, Perseus faisant preuve de bien trop d’assurance sur des sujets pourtant délicats et où il soutenait un avis qui n’était pas cela de l’écossais. Mais pour elle, Perseus avait beaucoup de qualités et entre autres une plume très agréable, pleine de sensibilité et de justesse. Pour ces raisons, elle espérait ne pas lui sembler désagréable, idiote ou même sans le moindre intérêt. Mais il prolongeait la conversation, rebondissait sur ses réponses. C’est qu’elle ne devait au moins pas être désagréable? En tout cas il lui donnait même un léger sourire qui illuminait son jeune visage.
-Touché... Vous marquez un point.
Il… il lui donnait réellement raison? Pas de “mais”? Pas de “sauf que”? Pas de très net et tranchant “non”? Il admettait là une forme de défaite, ou plutôt d’accord finalement. Il admettait que son point de vue était… valable? Voilà qui était encore nouveau venant d’un homme. Le sujet était peut-être simple et sans grande importance, mais la réponse en revanche était assez surprenante et avait quelque chose d’électrisant pour la jeune Vibeke. Baissant quelques instants les yeux, amusée, mordillant rapidement sa lèvre inférieure, elle finit par se redresser, presque satisfaite sans vraiment le montrer. Il était étonnant, mais assurément charmant. Elle n’en ferait rien bien évidemment, mais elle devait bien le reconnaître.
-C’est gentil à vous de l’admettre. Même si cela ne vous donne pas totalement tord. Vous avez sans doute simplement un tempérament plus fort que moi. Certains diraient même que ce n’est pas très difficile.
Un peu d’humour, tentant de se montrer relativement ouverte et agréable. Elle ne souhaitait pas non plus laisser Perseus sur l’idée qu’elle avait raison. C’était une chose qu’on lui avait apprise. Si elle avait raison, il avait tord, et il serait assez inconvenant de le laisser sur cette idée. C’était sans doute un peu trop, Elise aurait sans doute levé les yeux au ciel en lui disant que justement c’était l’occasion de souligner à quel point son avis pouvait avoir de la valeur. Mais Vibeke pensait Perseus capable de le voir sans qu’elle n’ait à le froisser. Elle préférait donc reprendre ses habitudes et lui donner le sentiment de ne pas être à côté.
Il avait ensuite fait une demande surprenante. Elle n’avait plus tellement l’habitude de parler Norvégien avec quelqu’un, surtout quelqu’un qui n’était pas issu de ce pays. Alors là, qu’il lui demande de prononcer quelques mots, elle en était un peu surprise. Mais loin de se laisser abattre elle avait fait une tentative, récitant avec soin un poème appris il y a quelques temps. Perseus l’avait écouté très sagement, même si il n’avait probablement pas compris un mot de ce qu’elle disait. Et tant mieux. Tout bien réfléchi, elle doutait que son choix ait été le plus judicieux. Un poème d’amour était peut-être bien peu raisonnable avec lui. C’était sans doute même un grand manque de correction de sa part à elle. Ils avaient poursuivi la conversation sans que cela ne soit souligné, la confortant dans cette idée qu’il n’avait pas compris ce poème.
-Comment pouvez-vous en être certaine ?
Il avait cette manie pour ne pas dire cet art de toujours mettre le doigt de façon très juste sur ce qui la secouait. C’était à la fois déstabilisant et tout à fait intéressant. Dans un sens cela lui permettait de donner son avis en y ayant été invité, se rassurant un peu elle-même sur les informations qu’elle livrait. Un peu gênée tout de même, elle n’en était pas bloquée pour autant et lui répondrait quand elle aurait trouvé une façon de le dire qui pourrait être satisfaisante. Car elle ne souhaitait pas spécialement lui livrer tel quel que ses écrits se faisaient extrêmement rares, morcelés, et en grande partie brûlés par insatisfaction de leur auteure. Il n’en restait presque rien, et ce peu était soigneusement rangé dans un tas de petites choses que Darren n’irait pas vérifier. Elle cherchait donc une manière un peu plus délicate de le dire.
-Et bien… Je ne peux en effet pas être parfaitement certaine. En revanche je n’ai jamais trouvé ces essais bien concluants. Je crois que je n’ai pas une très bonne sensibilité ou plus simplement le talent de trouver les mots justes.
Ce qui était un constat assez honnête selon elle. L’écriture n’était pas son fort, bon, c’était ainsi. Elle avait d’autres “talents” si on pouvait parler ainsi. Et face à un homme tel que lui, il était exclu de prétendre pouvoir livrer des écrits satisfaisants. Elle n’en était déjà pas convaincue en temps normal, mais face à lui c’était sans doute pire encore.
-Chacun son domaine je présume. J’estime ou en tout cas j’espère pouvoir compter sur d’autres de ces domaines pour me démarquer.
Un peu de danse, une petit brin de voix, un bon coup de pinceau également, elle possédait une certaine sensibilité artistique sans s’estimer particulièrement talentueuse pour autant. Vibeke poursuivant la conversation en espérant s’en être pas trop mal tiré suite à une telle question, elle n’oubliait pas dans la mesure du possible de flatter un peu son invité. Elle ne se forçait pas pour le faire, le trouvant sincèrement talentueux dans son domaine.
-Effectivement. Le journaliste et l'auteur cherchent tous deux à transmettre une émotion à travers les mots, mais ils ne font pas le même travail.
Serait-il modeste? Il en donnait l’impression en tout cas. Et c’était peut-être plus agréable encore venant de lui qui avait pourtant déjà prouvé sa valeur. Vibeke n’était pas sans savoir que son auteur chouchou était aussi celui de bien d’autres. Mais il n’était visiblement pas du genre à s’en vanter. Il n’avait pas même abordé ce sujet par lui-même, se contentant de lui répondre. Comment aurait-elle pu résister pourtant? La jeune femme n’avait ainsi pas résisté à l’envie de creuser un peu plus, ne sachant se priver de voir l’occasion en or qu’il lui offrait dans cette visite imprévue et cet échange tout en simplicité.
-J'ai essayé, mais je crains que ma prose est bien meilleure.
Pas de poésie donc. Tant pis. Elle ne ferait pas de remarque sur les vraisemblables essais qui l’avaient lui aussi mené à une telle conclusion. Il n’était pas parfaitement exclu que le pourtant talentueux Perseus ait à son tour estimé que ses poèmes ne soient pas dignes du reste. Le doute était permis, mais elle avait elle-même argumenté que le siens n’avaient pas trouvé grâce à ses yeux. Elle ne pouvait pas en vouloir à Perseus d’avoir eu les mêmes pensés. Baissant un peu son regard, elle sourit timidement, presque avec malice. D’une petite voix, elle osa avec une certaine bravoure un petit commentaire.
-Dommage… Il faut dire que le niveau était peut-être déjà un peu haut?
Le faisant passer pour une plaisanterie, elle espérait esquiver une pensé sur l’idée qu’elle portait sur lui le regard d’une admiratrice. Même si c’était effectivement le cas. Par la suite pourtant elle n’avait pas su s’empêcher de lui dire assez clairement, sans doute trop, qu’elle espérait pour lui une vie heureuse et en douce compagnie. Vibeke lui souhaitait de trouver une femme belle, une femme qui serait à sa mesure, intelligente et sensible, qui saurait l’accompagner dans sa vie et lui donner des enfants qui le rendraient fier. C’était pourtant contre ses idées à lui, bien qu’elle n’en connaisse pas le détail, mais elle n’avait pas su s’en empêcher. Son envie si courant de voir les autres réussir, surtout là où elle n’avait pas su le faire. Alors bien sûr, ses enfants la rendaient parfaitement fière, bien qu’à leur âge cela reste relativement simple. Mais pour le reste… Elle n’aurait sans doute pas du le dire à son invité, mais Vibeke ne pouvait retenir le romantisme de son coeur qui souhaitait le plus grand bonheur à un homme si exceptionnel.
-J'apprécie votre confiance.
Sa confiance? Non, ce n’était pas franchement de la confiance. Vibeke ne doutait pas un seul instant que cet homme saurait rendre une femme heureuse. Après tout il ne manquait aucunement de qualités. Ce n’était pas forcément à ce sujet qu’elle s’était exprimée dans le fond. Bien que sa réponse ait concrètement porté sur ses capacités à prendre les bonnes décisions.
-A vrai dire… je crois que vous pourriez le prendre comme… une forme d’espoir? Quoi que je ne vous souhaite pas réellement une situation qui pourrait vous déplaire.
Elle s’enfoncer? C’était en tout cas la désagréable impression que Vibeke en avait. La scandinave avait d’ailleurs cherché à esquiver son regard quelques instants, essayant de se concentrer pour ne pas rougir à cette idée assez désagréable dans le fond. Ce qui lui permis de constater l’arrivée de ses chers Iver et Iona avec l’elfe chargé de leur promenade. Elle avait donc rapidement réagi pour leur indiquer qu’il n’était pas nécessaire de s’en prendre à cet inconnu sur leur territoire. Fort heureusement, Perseus ne semblait pas trop perturbé par la situation.
-Non pas le moins du monde. J'ai eu un labrador, il fut un temps.
Un labrador… ce n’était pas le même genre dirons-nous. Un chien plus délicat peut-être. Les siens avaient un petit caractère affirmé et difficile à apprivoiser dans un premier temps. Patiente, elle s’en était débrouillé sans trop de mal. Au moins son invité n’était pas dérangé par leur présence. La jeune femme lui sourit donc, un brin soulagée.
-Ils ne vous embêterons pas de toute façon, je vous l’assure.
A moins qu’il ne s’en prenne à elle ou l’un de ses enfants. Mais pour le coup, cela serait très surprenant. Perseus était charmant, trop pour qu’elle ne puisse l’affirmer, et ainsi sans doute bien trop pour qu’elle ne l’imagine s’en prendre à eux.
-Et vous les avez dressé vous-même ? Quelque chose que vous avez appris en Norvège ?
Ah le dressage, elle ne savait pas si c’était une fierté nationale, mais en tout cas chez elle, c’était courant. La belle qui n’appréciait pas forcément de vanter avait un peu hésité, Perseus semblant apprécier ce talent de dressage. Reposant son verre sur la table, elle repris sa place en reposant ses mains avec délicatesse sur ses jambes, les croisant avec une certaine grâce finalement.
-Oui je m’en suis occupé moi-même. Notre famille a toujours eu des chiens. Pour la chasse, la garde… parfois l’attaque dans certains cas… Quoi qu’il en soit ils sont effectivement plutôt réactifs, ils ont pris l’habitude.
L’avantage d’un dressage impeccable selon son père, était justement de pouvoir tout apprendre et tout maîtriser de ses chiens. Y compris des choses parfois peu appréciées. |
| | | Perseus Flint MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 244 | AVATARS / CRÉDITS : Tom Hiddleston (avatarsandcrap) | SANG : Pureté et noblesse dans ses veines
| Sujet: Re: Par cet après-midi ensoleillé... (Vibeke) Dim 13 Déc 2020 - 16:38 | |
| Perseus Flint ne ressemblait pas aux autres hommes de sang pur. Il portait un réel respect aux femmes de manière générale et le considérait comme ses égales. Enfin en vérité, il ne voyait personne comme son égal en terme d'intellect. Il n'avait, pour le moment, rencontré personne qui le fascine et le challenge. Il s'empêtrait dans un quotidien, des habitudes qui ne lui plaisaient. Personne ne le contredisait ou osait lui dire quand il avait tord. Alors, il lui arrivait de chercher des défis. Il ne savait pas trop si Vibeke en représentait un ou s'il était juste intéressé par elle sans arrière pensée. Dans tous les cas, il appréciait cette rencontre, cette découverte aussi. Elle qui avait été si timide, si rigide, si humble, soumise presque. Elle sortait un peu de sa coquille tout en essayant de le brosser dans le sens du poil. La faute à une éducation austère et un mari ancré dans des traditions absolument détestables. Darren Camran et ses congénères semblaient penser qu'ils avaient tous les pouvoirs. Perseus aurait sans doute pu finir comme ça s'il n'avait pas été outré par le traitement accordé à sa mère et sa jeune sœur, s'il n'avait pas été entouré de femmes aussi marquantes... “J'ignore quel est votre tempérament. Mais vous êtes jeune, vous avez le temps de le forger.” Se ferait-il philosophique ? Lui d'habitude si cynique. Qu'elle en profite, car ce Perseus là n'apparaissait pas souvent.
Flint était beaucoup de choses : cynique, contradictoire, doté d'une arrogance telle qu'on pouvait se demander comment il passait les portes. Tous ces traits de caractère tout à fait charmants - ironie quand tu nous tiens - avaient comme disparu au contact de Vibeke. Allez savoir pourquoi. Il n'avait peut-être pas envie de la brusquer comme il savait si bien le faire avec les personnes qu'il rencontrait. Il n'était certainement pas d'une grande subtilité non plus. De la bonne poésie en exigeait. Et voyez-vous, Perseus Flint était tout bonnement incapable d'écrire de la poésie. Non pas qu'il en soit malheureux, bien au contraire. Il écoutait cependant ce qu'elle avait à lui dire. Et étrangement, il eut la sensation qu'il pouvait "confier" une petite anecdote. Puis en tant que fan de sa littérature, elle saurait peut-être l'apprécier. “J'avais 16 ans quand j'ai écrit ma première nouvelle. Je n'envisageais pas une seule seconde de la publier à l'époque. Il m'a fallu diriger des interviews et écrire des articles pendant plus de sept ans avant de songer à faire un livre.” Cela lui avait semblé si long, si périlleux. Cela n'avait pas été une perte de temps en fin de compte. Il considérait même que cela avait été utile. Au clair de lune avait été sa première histoire. “Il m'a fallu près de 15 ans pour me convaincre qu'il fallait la publier. Je l'a retravaillée ainsi que trois autres nouvelles. Elle a plu à l'éditeur, au lectorat. J'avais 16 ans. Si à l'époque, on m'avait dit qu'elle sortirait, j'aurais certainement ri jaune. ” Il était parfaitement conscient qu'elle pourrait facilement retourner cet argument contre lui. Après tout, n'avait-il pas dit lui-même que sa prose était meilleure que ses vers ? Il laissa échapper un soupir. Tant pis pour lui. Elle oserait peut-être. Cela lui plairait bien tiens. “Le talent ne vient pas tout seul. Ca se travaille. Ces choses-là prennent du temps. ” Il ne faisait aucun doute qu'elle comprendrait. Du moins, il l'espérait. Si elle tombait à côté, il lui faudrait une clope. Par Morgane, il n'y avait pas pensé depuis le début de cette conversation ? Vraiment ?
Perseus ne se projetait certainement pas dans un mariage. A quoi bon ? Cela ne servait à rien. Avoir des rejetons et pour quoi faire ? Il devait cependant reconnaitre que les enfants de Vibeke étaient calmes et pas très embêtants. Il préféra ne rien ajouter de plus sur le sujet et se concentrer sur ces chiens énormes qui ne lui faisaient ni chaud ni froid. Ils étaient impressionnants. Mais Perseus était plutôt curieux par le fait qu'elle les avait dressé elle-même. Il n'avait jamais pensé s'atteler à une telle tâche. Il existait de nombreux professionnels qui le faisaient très bien. Il pouvait facilement en nommer un ou deux. “Autant que je me rappelle, ma famille n'a jamais eu d'animaux.” Même avec Briseis, ils n'avaient jamais eu de chat ou de chien. Juste un labrador qu'il avait trouvé en faisant du camping. Deux jours et nuits passés ensemble et la bête avait adopté Perseus. Etrangement. Il s'y était accommodé. Il reprit la parole : “C'est impressionnant...” Un regard à l'horizon l'arrêta de suite. Depuis combien de temps se trouvait-il là exactement ? Comme pour répondre à sa question silencieuse, sa montre à gousset vibra légèrement. Elle avait été ensorcelée pour lui signifier qu'il avait un rendez-vous ailleurs. “C'est impressionnant comme capacité.” Il plongea sas main dans sa poche pour récupérer le dit objet. Il la retourna. Des lettres apparaissaient sur le dos. Evidemment. Le paternel. Il n'y avait que lui pour le couper dans une conversation aussi intéressante. Il releva la tête vers son interlocutrice. “Je suis au regret de vous annoncer que je dois vous fausser compagnie. J'ai une obligation familiale.” Ironique... |
| | | | Sujet: Re: Par cet après-midi ensoleillé... (Vibeke) Jeu 24 Déc 2020 - 18:07 | |
| Si il savait, Darren serait littéralement fou. Lui qui était si possessif avec son épouse, qui ne supportait pas de voir d’autres personnes lui tourner autour, si ce n’est une forme de tolérance pour les femmes, si il savait que Perseus Flint était venu la voir ce jour-là, il en serait fou. Parce que si elle croyait effectivement les paroles de Perseus, c’était bien elle qu’il était venu voir, sans avoir la moindre envie particulière de croiser son époux. Juste elle. Et si l’information la surprenait grandement, elle en était autant touchée que séduite. Quoi que séduite était sans doute un bien grand mot. Ou peut-être simplement pas approprié. Mais Vibeke était touchée par cette visite inattendue. Intimidée en premier lieu, mais touchée qu’il cherche ainsi sa compagnie et puisse sembler s’intéresser à son avis qui n’avait pourtant rien de bien important ou même particulièrement pertinent à son sens. Se laissant porter par une aisance toute nouvelle, elle avait même osé lui donner un avis légèrement contradictoire, tenant un point de vue face à lui, ne donnant ainsi pas immédiatement raison comme elle devrait le faire. Et il n’en semblait ni perturbé ni en colère. Ou alors il le cachait bien. Mais pourquoi lui cacher à elle? La jeune scandinave avait donc choisi de penser qu’il était simplement différent et qu’il semblait capable d’accepter une forme de très légère contradiction. Très vite cependant elle avait voulu rendre de sa superbe à Perseus, ne voulant en rien lui prendre la place forte dans la conversation.
-J'ignore quel est votre tempérament. Mais vous êtes jeune, vous avez le temps de le forger.
Il restait encourageant malgré tout, un homme plein de noblesse, dans beaucoup de sens du terme. Vibeke l’appréciait sans doute plus encore maintenant qu’elle lui avait parlé un peu plus directement. Si avant cela elle s’était contenté de l’observer de loin et de dévorer ses écrits, il lui apparaissait encore différent aujourd’hui, et c’était un homme assez charmant finalement, plus compréhensif qu’elle ne l’aurait imaginé au départ.
-Là encore je ne peux que vous donner raison. Même si je suis pas certaine d’être capable de cette prouesse.
Jeune elle l’était, certainement. Mais aurait-elle seulement la capacité de se forger ce fameux tempérament dont il parlait? Vibeke n’avait pas tellement de caractère, ou en tout cas ne le pensait pas, ce qui était une e ses nombreuses méprises sur sa propre personne. Elle se pensait tout simplement incapable de pouvoir un jour faire preuve d’une assurance telle que d’autres femmes de sang pur qu’elle avait pu rencontrer. Ce n’était pas son éducation, on ne lui avait pas appris à agir ainsi. Vibeke était une jeune femme sage qui pensait pouvoir se contenter de ce qu’on lui offrait.
Une fois ces pensés déroulées, ils avaient changé de sujet. Vibeke n’avait pas longtemps caché son admiration pour la plume de cet homme. Elle espérait cependant qu’il ne répandrait pas la chose, ce n’était pas réellement une fierté à vrai dire. Mais Perseus pourrait le comprendre sans doute. Ils évoluaient dans le même monde après tout.
-J'avais 16 ans quand j'ai écrit ma première nouvelle. Je n'envisageais pas une seule seconde de la publier à l'époque. Il m'a fallu diriger des interviews et écrire des articles pendant plus de sept ans avant de songer à faire un livre
Vibeke l’écoutait avec une très grande attention. A vrai dire si elle n’avait pas demandé ces éléments, elle était plutôt heureuse de les entendre. Elle avait souhaité éviter tout de même d’avoir l’air d’une de ses groupies en admiration devant les moindres paroles. Cependant, la belle scandinave n’en était pas moins attentive.
-Il m'a fallu près de 15 ans pour me convaincre qu'il fallait la publier. Je l'a retravaillée ainsi que trois autres nouvelles. Elle a plu à l'éditeur, au lectorat. J'avais 16 ans. Si à l'époque, on m'avait dit qu'elle sortirait, j'aurais certainement ri jaune.
Son sourire s’était élargi à ces paroles du beau Perseus. Lui en soupirait. Est-ce qu’il regrettait d’avoir attendu finalement? Sans doute pas, le temps lui avait certainement permis de mûrir la chose, les idées, et son style peut-être même. Ces nouvelles elle les connaissait d’ailleurs. Et parmi elles sa petite favorite. Une romance qui la faisait rêver encore aujourd’hui.
-Le talent ne vient pas tout seul. Ca se travaille. Ces choses-là prennent du temps.
Le travail, forcément, comme pour tout, et Vibeke en restait convaincue elle aussi. C’était ce qui la motivait encore à pratiquer son art dans les secrets des murs de certaines pièces que Darren pense encore aujourd’hui inutilisées. Ce dernier avait assez de connaissances de sa propre maison pour ignorer ce qui s’y passait. Ridicule encore une fois. Lui faire remarquer le ferait d’ailleurs entrer dans une rage folle.
-Et bien… J’imagine que vous y mettre dès ce jeune âge n’était pas un hasard. Même si vous avez eu à retravailler vos écrits je ne doute pas que la base en était solide déjà à l’époque. Je ne doute pas de la nécessité du travail dans l’art quel qu’il soit. Mais il me semble qu’une bonne part de talent se cache tout de même derrière dès le départ. Il en faut bien un peu pour penser à ces histoires en premier lieu n’est-ce pas?
Si elle pouvait se montrer appliquée et développer une bonne sensibilité artistique, elle n’était pas très douée pour l’écriture, réellement. Pas de belles romances, pas de beaux personnages, Vibeke avait de l’imagination sans arriver à la contrôler et la discipliner assez pour cet exercice délicat. Mais Perseus lui savait le faire, et il le faisait avec beaucoup de talent selon sa fidèle lectrice ici présente.
-Au risque de vous décevoir Mr Flint je pense que votre domaine n’est pas le mien et je pense continuer à travailler d’autres choses pour essayer de réveiller mes… “talents”…
Vibeke eut un léger rire, elle avait du mal à prononcer ces mots sans avoir cette atroce impression de se venter. Ce qui n’était bien entendu pas le cas. Non, elle essayait simplement de lui répondre, d’adopter un peu le même mode de conversation, de se faire comprendre sur le même ton que lui. Mais finalement, elle avait simplement l’impression de se venter, lui mettant sous le nez ce qu’elle avait elle-même du mal à considérer comme un réel talent. Fort heureusement, les deux chiens de la belle avaient détourné l’attention avec beaucoup de talent. Perseus l’avait même questionné sur leur dressage. Pour le coup c’était une sorte de spécialité familiale.
-Autant que je me rappelle, ma famille n'a jamais eu d'animaux.
C’était le cas de beaucoup de familles. Chez les Holm les chiens étaient une sorte de spécialité. Ou plutôt leur dressage, des chiens d’attaque et de défense surtout, arriver à les faire obéir sans qu’ils n’aient la moindre hésitation. La particularité familiale étant de ne pas utiliser de mots ou presque. Cela permettait de pouvoir revendre les animaux à n’importe quelle famille étrangère sans barrière de langue. Les sifflements suffisaient à donner un ordre. Ce qui obligeait tout de même l’acheteur à apprendre les codes qui dirigeaient les chiens. Un problème que Vibeke n’avait pas!
-C'est impressionnant...
Un compliment. Perseus lui offrait un compliment sur quelque chose qu’elle avait fait. Voilà qui était impressionnant. Vibeke en eut même le rouge aux joues quelques instants, détournant le regard vers son fils pour ne pas trop le laisser voir à son invité.
-Je vous remercie Mr Flint…
Mais lui aussi regardait ailleurs. Il laissait ainsi l’occasion à Vibeke de le regarder un peu mieux. Ce n’était pas indiscret, c’était… plus une curiosité. Elle n’avait jamais réellement pris le temps de le faire. Soit ils se retrouvaient dans de longues soirées mondaines où Darren veillait, soit dans quelques douteuses actions tardives où l’attention était à garder ailleurs. Vibeke ne connaissait pas son âge exact. Une dizaine d’années de plus qu’elle environ. Il était soigné, grand, plutôt fin, d’une grande élégance. On lui donnerait presque un air ténébreux. Mais ses yeux clairs lui donnaient une douceur que Vibeke ne faisait peut-être que rêver finalement, l’imaginer par envie de la trouver.
-C'est impressionnant comme capacité.
Il avait déjà l’air ailleurs alors qu’il se répétait dans un compliment qui plaisait tout de même à la scandinave. Plongeant sa main dans sa poche, il en avait sorti sa montre, regardant à son dos quelque chose. Vibeke ne dit rien, buvant une gorgé de thé frais pour se redonner une contenance après ses observations.
-Je suis au regret de vous annoncer que je dois vous fausser compagnie. J'ai une obligation familiale.
Une obligation qu’elle comprenait sans mal. La belle avait déjà du mal à imaginer autre chose que l’idée que Perseus avait prévu un timing très précis pour cette entrevue malgré tout, l’auteur étant une personne déjà occupée et elle-même n’ayant pas une importance première dans cet emploi du temps. Il était donc tout à fait normal à son sens que son invité n’en vienne à lui annoncer son départ. De cette façon elle ne le prenait pas mal et lui sourit à cette annonce.
-Bien sûr, je comprends. Je vous remercie tout de même pour votre visite, cela a été un plaisir Mr Flint.
Se levant la belle l’avait raccompagné comme le voulait son devoir, souriante, un pointe de regret dans le fond des pensés tout de même. La conversation avait été agréable, la fin abrupte. Mais compréhensible. Peut-être aurait-il envie de tenir une nouvelle conversation à l’occasion? |
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