Il y avait quelques semaines de cela, nos deux colocataires avaient passé une nuit bien enlacés et bien peu vêtus. Il fallait reconnaitre qu’il y avait eu, entre eux, certaines réserves après cette torride nuit où tous deux avaient fait preuve d’un contrôle de soi exemplaire, se croyant seul à languir illégalement l’autre. Or, ces réserves s’étaient bien vites estompées, puisque les deux jeunes gens étaient irrémédiablement attirés l’un à l’autre, sur le plan amical, bien entendu, et plus, bien refoulé. La vie était telle qu’il était samedi, Tobias était chez son père et les deux aveugles partageaient une délicieuse bavette accompagnée d’une bouteille de vin rouge – évidemment c’était Magdaleenjte qui avait choisi la boisson, l’irlandais donnait dans le plus fort. Comme bien souvent, Shannon s’était animé et racontait l’une de ses milles aventures à la jeune femme qui ne pouvait que le regarder en riant vertement, les yeux brillants d’étoiles. Ils étaient difficiles à regarder, tous deux plus inconscient l’un que l’autre. Sans quitter son grand ami du regard – à défaut qu’il soit son ‘petit’ – la néerlandaise vida ce qu’il restait de sa coupe de vin. Leur bouteille était terminée, tout comme leur repas, et leur soirée ne faisait que commencer. « Aller on sort ! J’ai envie de bouger. Fais-moi vivre une des tes aventures! » à défaut d’être son aventure. Le cas problématique de son attirance envers le parrain de son fils (son coloc, son meilleur ami, le meilleur ami de son ex etc., vous savez) doublé d’une complicité rare ne s’était pas du tout amélioré et Magda ne tentait même plus de l’ignorer. Elle n’osait tout simplement pas encore le vivre, mais ça ne saurait tarder, si la latino bougeait un peu son joli petit derrière caramel. D’un bon, la brunette se leva, ramassa vite fait les assiettes – c’était une mère, vous comprendrez – puis sautilla presque jusqu’à son colocataire pour lui prendre les deux mains – lutter contre l’envie de les lui poser quelque part sur elle – et fermer bien fort les yeux. La jeune femme n’était pas fan de transplaner les yeux ouverts. Il ne se passa rien – outre son cœur qui se débattait dans sa cage thoracique – elle ouvrit donc un seul œil. « T’attends quoi pour nous transplaner quelque part? Surprends-moi! » La belle se tue, avec un magnifique sourire taquin.

Bon il y avait des collocations qui marchaient mieux que d'autres, cela va sans dire. Celle de Magdaleentje et Shannon marchait comme sur des roulettes. Ils s'en étaient déjà aperçus, mais ils savaient ne pas se marcher sur les pieds, ne pas s'envahir et parvenaient pour autant malgré tout à partager des moments de franche complicité. C'est comme ça qu'ils avaient fini dans la cuisine à manger et à siroter un vin rouge. Comme à chaque fois qu'on laissait Shannon s'exprimer un peu trop, il racontait mille et une histoires à la néerlandaise comme s'il avait compris qu'elle se délectait particulièrement de l'entendre conter les aventures qu'il avait vécu parfois malgré lui. Il lui en était arrivées, des choses. Enfant, adolescent, adulte, qu'importe. Rien ne se passait jamais comme prévu avec lui malheureusement même quand il le voulait. Shannon était un incorrigible rebelle. Magdaleentje le surprit à vouloir sortir et il allait finir le fond de son verre, mais maintint son mouvement pour la regarder les yeux grands ouverts : "Tu t'rends compte qu'avec tout ce que je t'ai déjà raconté, y'a des chances pour que rien ne se passe comme prévu ?". Bien sûr qu'elle le savait, imbécile, elle voulait juste passer du temps avec toi. Mais trop aveugle pour s'en rendre compte, l'irlandais considérait seulement-là une envie de jeune femme qui désirait voir le Monde. Mais ma foi, pourquoi pas. Il était toujours partant pour sortir le soir. Il vida sa coupe de vin et s'humecta les lèvres pour en effacer les dernières gouttes alors qu'elle lui prenait les mains. Shannon les serra un peu entre les siennes, sans doute malgré lui et acquiesça : "A vos ordres, Miss Debusschere, direction le château de Chillingham, le plus hanté, paraît-il, de Grande-Bretagne !". La seconde d'après, ils avaient transplané.


1.2 | Aïe, ce n'est pas vraiment là où il voulait aller. SPLASH ! Shannon remonta à la surface en recrachant un jet d'eau dans ce qui était une piscine avant d'éclater de rire : "On repassera pour mes compétences en matière de transplanage !".

3.4 | Ce n'est pas le calme accueillant - ou angoissant - de la tour Nord du Château de Chillingham qui les accueillit, mais bien le brouhaha d'une… Soirée folklorique anglaise et dansante ? Oh merde. Enfermés dans un placard à balai à la sortie de la salle pleine de petits vieux, Shannon s'exclama : "J'crois qu'on est dans le Northumberland, mais pas sûr".

5.6 | Shannon et Magda atterrirent non pas sur de la pierre mais sur du sable. Il y avait des lumières tamisées, un arrière bruit de fond. Des vagues… "J'y crois pas, un camp de nudistes !" lança-t-il à sa colocataire en lui donnant un coup de coude pour qu'elle regarde ce qu'il regardait, à savoir, le popotin d'un homme de soixante ans qui dégustait paisiblement une pastèque avec son épouse, "on a intérêt à décamper vite vite, sinon, on va devoir se foutre à poil". Et bien qu'il adorerait la voir dans sa tenue d'Eve, ce ne serait pas très responsable.

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'Le dé ' : 3

Un château hanté était une merveilleuse idée. Magda avait eu raison de croire que son ami ne la décevrait pas avec ses idées d’aventures fantastiques. Toutes sortes d’excitation lui tirailla le ventre alors qu’ils transplanèrent…dans un espace bien noir et bien petit qui sentait le javélisant? Hein. Lorsque Shannon leur annonça leur destination, la brunette pouffa de rire : il n’y avait bien que lui pour manquer sa cible d’une manière aussi charmante. « C’est quoi cette musique? » dit-elle alors qu’un ensemble de notes un peu bordélique chantonnaient à leurs oreilles. Il y avait aussi des éclats de rire et des bruits de pas effrénés. « Messieurs, attrapez-vous une partenaire, mesdames…laissez-vous aller! » fit la voix grasse d’un animateur. Les yeux de la néerlandaise devinrent bien rond dans la pénombre alors qu’elle connectait les points ensemble. « Shann! Tu m’as amené danser! » s’exclama-t-elle en le narguant. Maintenant qu’il les avait fait atterrir ici, il allait certainement la faire danser, elle en ferait une mission. Mais avant tout, il fallait qu’ils sortent de ce placard ou bien ce ne serait pas la gigue que leurs corps danseraient… « J’espère que tu as mis tes souliers de danse… » le taquina-t-elle encore plus, ravie de porter une robe longue qui saurait virevolter au rythme de leurs pas. À tâtons, Magda chercha la poignée, non sans faire bien exprès de tâter le nez du latino dans un premier temps, « oups » fit-elle faussement, fière de l’agacer. Il ne lui fallu pas bien longtemps pour trouver la poignée… Qui se déroba sous sa main, alors qu’on ouvrait la porte avec beaucoup d’entrain. « Je le l’avais dit Gemma que j’avais entendu un craquement, j’suis pas sourd! » s’exclama un adorable vieil homme d’une bonne soixantaine d’années, « Bastien, regardes-les un peu, fût un temps c’était nous qui se réfugiaient dans un placard, trop empressés pour attendre le carrosse ». Ils avaient les yeux brillants sous leurs lourdes paupières et la brunette ne pu que sourire, conquise par ce couple, en oubliant la rougeur qui avait gagné ses pommettes.

1-2-3 : Les deux vieux eurent un regard complice, puis sans avoir besoin de s’adresser la parole, Bastien s’empara du poignet de Magda et l’entraina hors du placard, alors que Gemma faisait de même avec l’irlandais. « Ça s’appelle une soirée dansante les jeunes! » les réprima l’homme, « on va voir si celui-là sait quoi faire avec ses pieds » renchérit la femme, alors qu’ils les entrainèrent au milieu des convives. Le regard de la jeune mère exprimait une allégresse rare lorsqu’elle croisa le regard de son colocataire qui ne luttait même pas contre le destin.

4-5-6 : Évidemment, balais et vadrouilles les séparaient du cadre de la porte et ceux-ci, ayant perdu leur appuie se fracassèrent au sol, juste avant Magdaleenjte et Shannon qui s’emmêlèrent les pieds dans le fouillis et s’entrainèrent tous deux en tentant de s’accrocher à l’autre. Couchée au sol, la brunette riait à s’en donner le hoquet. Quel début de soirée incongru ! Elle en oublia même la présence des deux petits vieux. Toutefois, le reste de la veillé n’oublia pas la leur et l’animateur sauta sur l’occasion de divertir la foule, « et bien, que voilà, la petite jeunesse prise la main dans le sac! Qu’on les amène sur la piste de danse et qu’on voit ce qu’elle a dans le ventre, cette nouvelle génération! » Il fallait dire que pièce était remplie de têtes blanches.

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'Le dé ' : 3

Demandez à Shannon de vous trouver une idée bien stupide pour sortir, vous pouviez être sûr que sa bêtise ne ferait pas défaut et que l'idée lumineuse viendrait bien assez tôt. Le château le plus hanté de Grande-Bretagne, ça lui avait quand même bien plu d'y aller quand il était plus jeune. Le Shannon âgé de vingt-deux ans n'avait pas su résister à l'appel des sensations fortes lui qui, pourtant agnostique avait manqué quelques fois de lâcher quelques exclamations épouvantées dans cet endroit. Les sorciers étaient certes habitués aux fantômes, il n'empêche que ceux de Poudlard étaient assez soft en comparaison des autres que l'on pouvait retrouver en Grande-Bretagne (et en Irlande). Enfin, pour tout cela, encore fallait-il qu'il réussisse son transplanage. Et étant donné l'endroit exigüe où ils étaient coincés tous les deux - avec une trop grande proximité physique, notons-le - l'irlandais était prêt à parier que non, ce n'était pas le château de Chillingham. Ou alors, si ça l'était, c'était dans un mur du château et brrr, ça lui fichait un brin les chocottes, quand bien même la compagnie était délicieuse…

"Danser ?" s'étrangla-t-il en constatant l'enthousiasme démesuré de la jeune femme qui, vraisemblablement, n'avait jamais vu ses piètres compétences comme danseur, "je ne sais pas si c'est une bon-...". Interrompu par un petit couple de vieux, Shannon ouvrit la bouche, interloqué comme un adolescent d'avoir été ainsi attrapé - comme s'ils avaient fait quelque chose de mal, ou comme s'ils s'étaient mis dans ce placard pour se peloter. La vieille femme lui attrapa la main pour le tirer de là et l'entraîner sur la piste. Son enthousiasme était quand même tellement empreint de bienveillance qu'un sourire s'étira quand même sur les lèvres de Shannon, dont les yeux chocolats accrochaient ceux de la moldue, entraînée plus loin par l'homme.


1.2.3 | Gemma entraîna Shannon un peu plus loin avec un grand sourire sur le visage : "Allons mon garçon, je vais vous apprendre quelques pas de danse !". Misère. Le grand sourire de la vieille dame eut le mérite cependant de faire craquer l'irlandais qui acquiesça en souriant : "Un, deux, trois, quatre … Un, deux, trois, vous êtes doué jeune homme, le rythme dans la peau !". Qui l'eut cru ! Quelques minutes plus tard elle le relâcha dans la foule de personnes pour qu'il se trouve une partenaire et continue ses pas. Le voici aux mains de Gertrude, soixante-quinze ans : "Ohlalala cela faisait bien longtemps que je n'avais pas dansé avec un si beau jeune homme !". Super, il avait une touche ! Il se demanda si Magda avait subi le même sort mais ils bougeaient trop vite pour qu'il n'arrive à l'apercevoir dans la foule.

4.5.6 | Pas de leçons préliminaires, Magda et Shannon furent jetés dans la foule de danseur sans apprentissage préliminaire. Aussi, loin de se retrouver avec une partenaire, l'irlandais se retrouva aux mains d'un homme… "Je me nomme Gerbert ! Allez mon garçon du rythme, c'est le Northumberland !". Pour le coup, il préférerait danser avec Magdaleentje. Mais vraiment. Il avait du mal à suivre le rythme impulsé par l'homme qui avait l'air quand même, de passer un excellent moment.

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'Le dé ' : 3

Magda irradiait l’allégresse, attirait les regards et faisait naître les sourires. Elle était adorable avec son rire cristallin, son rythme fluide, mais pimenté d’une touche de maladresse. Toutes les fois où elle empiétait sur les oreilles de son partenaire de danse étaient ponctuées d’un pouffement. Elle tentait fort de suivre et de se montrer bonne élève, regardant à la fois ses pieds, la foule, le visage de Bastien et réussissait même à voir des glimpse d’un Shannon dansant au loin. Quelle drôle de soirée. Le vieil homme leva leur main bien haut avant de l’attirer vers la serveuse la plus près, qui portait un plateau rond plein de court verre de Whisky. Les yeux de la néerlandaise s’arrondir et ses lèvres formèrent un ‘O’. « Oh non, monsieur Bastien, je ne peux pas… » tenta-t-elle de refuser en comprenant qu’il avait l’intention de lui en tendre un verre. « Oh non non non, vous-même! Dans le Northumberland c’est comme ça qu’on fête. Il ne faudrait pas laisser un vieil homme comme moi boire seul. » Il était a-do-ra-ble et Magdaleenjte ne pouvait bien sur pas lui résister. Elle leva toutefois un doigt sévère et insistant en souriant « d’accord, mais seulement qu’un! » parce qu’elle ne pouvait pas vraiment en boire plus, pas vrai? En bonne joueuse, elle trinquant et s’enfila l’alcool d’un coup, ce qui lui causa de grimacer et de tousser un peu. La brûlure de l’alcool était puissante. La brunette nota que son colocataire avait changé de partenaire – ce coquin un vrai homme à dames. Maintenant qu’il s’était échauffé les pieds, il serait peut-être prêt à la faire danser un peu…

1-2-3 : Sachant que contrairement à elle l’irlandais était friand d’alcool fort, Magdaleenjte pris un petit verre – un seul il allait trinquer seul elle s’en foutait – « j’en connais un qui ne dirait pas non à une lichette » s’excusa-t-elle à son cher partenaire avant de se frayer un chemin pour rejoindre son ami, non sans avoir virevolté deux ou trois fois. « Toutes mes excuses ma belle dame, puis-je vous l’emprunter? » demanda-t-elle à Gertrude qui marmonna quelque chose concernant les fesses du latino, ce qui fit sourire la brunette qui ne pu que penser je sais Gertrude, il me prend aussi l’envie d’en prendre une pincée de temps en temps. « Tiens, c’est pour toi…à ce qui parait c’est comme ça qu’on fait ici ! ».

4-5-6 : Magdaleenjte allait s’emparer d’un verre pour offrir à son coloc, lorsqu’un quelqu’un s’empara d’elle et la leva du sol en tournoyant. « Ohhhhhhh! » cria-t-elle en riant nerveusement, incertaine d’apprécier la situation. Ce n’était pas Bastien qui l’avait ainsi kidnappé, mais un plus jeune et plus grand, qui fini bien par la poser au sol pour mieux sécuriser ses mains sur sa taille et recommander son manège : la lever du sol et tourner un demi-tour. La brunette descendit ses mains sur celle de son agresseur – car oui, en 2020, il aurait porté ce nom, et repoussa un « oh! » puis un « s’il-vous-plait, je danse mieux au sol… ». Cette valse était bien moins plaisante que celle de Bastien et Magda espéra que l’homme se désintéresse vite.

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'Le dé ' : 6

C'aurait pu être pire, qu'on se le dise. Que Shannon ait "le rythme dans la peau" comme le disait si bien Gemma relevait plus de ses origines latino-américaines que du miracle - à moins que cette branche de son arbre généalogique relève elle-même du miracle. En tout cas, il s'en sortait admirablement bien. Tellement bien qu'il se retrouva avec une partenaire encore plus âgée que la première. Loin de se moquer néanmoins, parce que vraiment, ce n'était pas son genre du tout, Gertrude avait encore les hanches souples pour son âge et elle semblait bien s'amuser. Elle gloussait comme une vraie pintade, c'était plutôt drôle et surtout, c'était très représentatif de la façon dont elle avait dû passer sa jeunesse. Les gens étaient toute de même sacrément joyeux, ça lui rappelait un peu l'Irlande. "Alors jeune homme, comment vous êtes-vous retrouvé ici ?" - Ah Gertrude, si tu savais ! Shannon avait, fort heureusement un talent inné pour inventer des bobards, "alors ça c'est une longue histoire !" affirma-t-il sans cesser de sourire ni de danser, "une sombre histoire d'un pari avec ma partenaire qui s'est volatilisée dans la salle avec un dénommé Bastien. Ne jamais parier avec une femme, n'est-ce pas, Gertrude ?". La vieille dame se mit à rire en acquiesçant. Elle commença à lui raconter des histoires de l'ancien temps avant que le regard de Shannon ne s'arrête sur Magda aux mains d'un jeune homme. Il se renfrogna… Sans doute un peu malgré lui. Il n'avait pas un naturel très jaloux ni très égoïste. Si son tempérament était bourré de défauts, ce n'étaient pas ceux qui trahissaient le plus sa personnalité, tout au contraire. Pour autant, la néerlandaise avait l'air bien embarrassée de danser avec cette personne et son regard à lui tombait un peu trop souvent sur elle. Alors forcément : "Allez donc retrouver votre petite-copine, jeune homme, vous en mourrez d'envie !". Mm, ils n'en étaient pas là - et heureusement, parce que bonjour les problèmes si tel était le cas. Ainsi qu'il l'avait si bien réalisé l'année précédente, Shannon ne se rendait pas toujours compte de ce qui le rendait heureux. Ça avait pourri sa relation avec Glinda. Ça avait globalement même, pourri sa vie. Il avait donc fallu attendre qu'il ait trente ans et demi pour réaliser que parfois, il faut laisser les choses se faire. Et apprécier la vie en conséquence.

PAIR | Il écouta malgré tout le conseil de Gertrude qui le regardait avec les mains jointes sous son menton comme si elle regardait son petit-fils déclarer sa flamme. Les vieux, toute une histoire. Alors que Magda était reposée au sol, Shannon posa sa main sur l'avant-bras de la jeune femme en souriant - et en s'arrangeant pour omettre de calculer le jeune homme qui dansait précédemment avec elle : "Mademoiselle Debusschere m'offrirait-elle un tour de piste avec elle ?".

IMPAIR | Loin d'écouter sa malsaine poussée de jalousie - qui demeurait quand même incompréhensible - Shannon ne se dirigea pas vers Magdaleentje mais se saisit d'un verre au passage avant de se mettre sur le côté de la piste pour le siroter à son rythme. La plupart des danseurs avaient déjà un coup dans le nez et il s'arrangea pour ne pas se laisser aller à déposer ses yeux sur Magda.

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'Le dé ' : 2

Lorsque la main de son colocataire se posa sur son avant-bras, la tête se la jeune femme tourna brusquement vers lui et une expression ne franc soulagement peint son visage. Dieu soit loué, son preux chevalier était venu à sa rescousse pour l’arracher à l’horrible monstre qui la faisait tournoyer contre son gré, avec beaucoup trop de vigueur. « Avec grand plaisir » s’exclama-t-elle sans un seul regard pour l’autre homme et en se jetant précipitamment dans les bras du latino. Magda sécurisa une main sur le torse de Shannon puis enlaça les doigts de son autre main entre ceux de ce nouveau partenaire de danse. La proximité était enivrante, et après un bref moment à le regarder dans les yeux la néerlandaise décréta qu’il était plus sage de fixer un poing au quelque part au-dessus de son épaule, puisque le visage de son coloc abritait également ses lèvres, en faisant un terrain dangereux. « Humm, vous savez faire rouler vos hanches monsieur O’Mahonny. » le taquina-t-elle franchement impressionnée par le rythme qui le menait. « Le résultat d’années de pratique je suppose? » Magda ria doucement : imaginer Shannon pratiquer la danse deux soirs semaines était une scène hilarante, délicieuse. Elle serait définitivement aux premières loges s’il devait donner un spectacle.

Pair : L’animateur faisait une job incroyable. Il savait exactement quoi dire pour faire lever les foules de petits vieux et il s’y donnait à cœur joie. « Allez, jeune homme – il parlait à Shannon, en le pointant du doigt – qu’attendez-vous pour la faire tournoyer? » La foule rigola et Magda sourie, elle ne détestait pas cette attention taquine, « ou pour la demander en mariage, je ne vois pas d’alliance sur sa jolie main! » La brunette regretta cette attention, qui la fit virer au rouge. Elle maudissa les vieux et leurs tendances à fourrer leurs nez dans les affaires de tout le monde, mais fini par sourire espièglement et murmurer à l’oreille de Shannon, « pas game de les faire monter dans les rideaux en mettant un genou au sol ». L’alcool fort dégueu qui lui avait été forcé, mêlé à leur bouteille de vin devait embrumer son cerveau d’idée douteuse.

Impair : Ils dansèrent longuement, plusieurs chansons. Magda en oublia presque la foule, tout comme sa décision de ne pas se perdre dans les yeux de l’irlandais. Tant pis. Elle se contenta de profiter du moment, heureuse. La musique changea et avant qu’elle ne puisse le réaliser, un slow joua – ce qui était bien étrange dans une soirée folklore – Magda posa un regard empli de questions vers le DJ et y trouva Bastien et sa douce qui lui fit un clin d’œil espiègle en mimant de danser coller. La brunette ria nerveusement et laissa tomber son front contre l’épaule de Shannon pour masquer le roulement de ses yeux. Les vieux leur en voulait vraiment.

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'Le dé ' : 2

Shannon n'était pas vraiment réputé pour danser beaucoup, il fallait bien dire que cela ne crevait pas les yeux quand on le voyait. Il était plutôt du genre à être au fond du bar à jouer aux cartes plutôt qu'à se déhancher au milieu de la foule à la recherche d'une fille avec qui passer la soirée. Au contraire, le moins il se faisait remarquer, le mieux c'était. Vraisemblablement ce soir pourtant, tous les astres étaient alignés pour qu'on le remarque et pour qu'on le commente. A son grand malheur. Une main dans celle de Magda et l'autre sur sa hanche, l'irlandais affichait quand même un sourire parce qu'il prenait plus de plaisir que prévu à danser avec sa néerlandaise de colocataire. "Le résultat de gènes sud-américains, surtout" plaisanta-t-il à son oreille avant de détourner la tête. On les alpagua, comme s'ils étaient les stars de la soirée - ne l'étaient-ils pas ? - pour les taquiner. Alors il la faisait virevolter ou il faisait mine de la demander en mariage ? La pique de sa colocataire le fit sourire, mais ils n'étaient pas assez proches pour qu'il s'amuse à pareille plaisanterie - et il n'avait pas assez bu. L'irlandais était par ailleurs, pile poil le genre de personnes à abhorrer les institutions comme le mariage. Shannon avait un avis très tranché sur la question, sans doute héritage de son éducation. Le visage un peu illuminé d'un sourire en coin toutefois, il fit un bisou furtif sur la joue de la néerlandaise avant de la faire virevolter une fois.
On les applaudit bien fort et il l'entraîna sur le côté en s'emparant d'une coupe pour la tendre à sa partenaire : "Slàinte, Magda". Les danses continuaient sur la piste et une fois leurs verres finis, ou en tout cas, entamés correctement, Shannon posa le sien pour entraîner la jeune femme avec lui dehors. Quelques exclamations à base de "Passez du bon temps les jeunes !" se firent entendre mais il ne les releva pas pour déboucher sur le petit parc qui juxtaposait la salle de danse. La nuit n'était pas très fraîche fort heureusement, et il s'approcha d'un panneau pour en lire le nom : "Salle de spectacle de Holburn". Les mains dans les poches il lança à sa colocataire : "Une escapade nocturne vous dirait-elle pour visiter Holburn, Mademoiselle Debusschere ?".