Addison cru l’instant d’un instant qu’il allait se prendre une droite vu l’arrogance de ses propos – en toute honnêteté, l’envie de se faire défigurer lui était bien passé – mais son charme eu finalement eu bon d’Athos (ou du moins, son rattrapage qui s’en suivit). Il devait vraiment apprendre à de pas vomir un tas d’inepties lorsqu’il était sous pression. Son ainé le tenait toujours en joute, alors qu’il avait l’intelligence de ravaler sa langue et de rester bien planté calmement sous la pluie dans l’attendre de la permission demandée. À la place de celle-ci vint une annonce qui lui leva le cœur de si bon matin : il y avait eu un meurtre, un autre, et à quelques pas de l’appartement de Maât. Ces sorciers étaient devenus fous, vraiment. Le visage de l’aristocrate perdit en couleur et en arrogance et son regard se durcit. Son assaillant avait raison, sa rencontre familiale n’était pas importante – tant qu’on ne notait pas publiquement sa présence sur le chemin de traverse. Corban recevrait un hibou au sujet d’une affaire urgente. « Un diffindo? » lâcha-t-il, écœuré. Il fallait vraiment être déranger pour trancher un sorcier et le laisser mourir au bout de son sang alors qu’un simple Avada Kedavra pouvait accomplir le sale boulot proprement. Pas qu’Addison cautionnait les meurtres propres, mais ceux sanglants représentaient un autre niveau de dérangement mental. Le dégoût, voir le mépris, était évident dans son visage pâle orné de ses sourcils froncés. « Je suis pas un assassin Athos » affirma-t-il alors qu’un éclair de douleur brilla dans ses iris sous les soupçons évidents de son ancien confident. Or, le cadet ne protesta pas à sa demande et lui présenta les paumes de ses mains, avant de glisser doucement sa droite sous le pan gauche de sa cape afin de sortir sa dite baguette. En toute honnêteté, le sorcier n’était pas certain du dernier sortilège qu’il avait lancé. Un patronus, pour observer son cygne et le fennec de l’égyptienne valser? Un avis, pour enchanter le haut plafond de petits oiseaux? Un simple sortilège pour allumer la pipe d’opium? Seul Merlin le savait : tout était possible avec Maât, particulièrement un soir de fin de semaine alors qu’il goûtait sans réserve à sa médecine particulière. Résigné, Addison agita sa baguette vers le ciel « prior incantatem ». De minuscule pétales de lavande furent expulsés du bout de sa baguette et virevoltèrent doucement jusqu’au sol. Les joues de l’héritier Yaxley s’empourprèrent, il se rappelait maintenant avoir utilisé ce sort. Son romantisme à l’eau de rose le gêna. Athos allait se taper des barres. Alors que les pétales tombaient encore doucement autour des deux jeunes hommes, libérant leur douce effluve, Addison fermi les yeux et lâcha un avertissement au sorcier déchu : « ta gueule. » L’amoureux soupira. Il était trop gêné pour même demandé à son ami les raisons qui expliquaient sa présence à lui sur le chemin de traverse.

Addison était un con. Leur dernier échange, qui remontait désormais à quelques mois, n’avait pas changé la perception d’Athos à ce sujet. Le fier pur-sang se croyait toujours au-dessus de tout, comme le prouvait son attitude déplorable et son air pédant. Le dédain de ses mots, sa posture, son mépris, la parfaite petite panoplie de l’aristocrate qui se pensait intouchable. Mais malgré ça, Addison n’était pas un tueur, Athos le savait. Certes, les gens changeaient mais à ce point, il en doutait. Evidemment, il n’aurait su faire confiance à son seul instinct pour lever ses doutes, mais celui-ci ne l’avait jamais trahi jusqu’à aujourd’hui, contrairement à celui qui lui faisait face. De toute manière, l’expression sur le visage désormais livide de son ancien meilleur ami en disait déjà long bien avant qu’il ne lui demande de lui apporter une preuve concrète. Un Diffindo, oui. Allez, Addison, il fallait se réveiller maintenant, et réaliser que la vie, ça ne résumait pas à ce joli monde en coton que la cuillère en argent qu’il avait toujours dans le bec qui offrait.

Alors oui, quand Addison lui confia qu’il n’était pas un assassin, Athos le croyait. Mais à l’époque, il croyait aussi qu’eux deux seraient toujours amis, et que rien ne pouvait changer ça. Comme quoi… aussi, Athos resta impassible, comportement qui semblait cruel d’un point de vue extérieur, mais qui pouvait s‘expliquer pour mille et unes raisons. Le sentimentalisme ne menait nulle part. Laisser les émotions nous guider, c’était là la meilleure manière de tout perdre et la vie lui avait mis des sacrés coups dans la gueule pour qu’il le comprenne. Aussi espérait-il de tout coeur qu’Addison allait lui obéir. Sinon, il allait devoir sévir, et il n’en avait pas envie. La non-violence dirigeait sa vie, et sa pratique des sorts offensifs se faisait si rare qu’il ignorait s’il pourrait en exécuter un correctement.

Fort heureusement, le fils Yaxley obéit. Alors ça, Athos s’était attendu à un peu de résistance et une phrase méprisante, quitte à devoir se montrer plus ferme si besoin. Mais voilà, le malfrat voyait les choses d’une certaine façon. Les deals devaient être gagnant-gagnant. Et là, c’était clair. Montre-moi que ce que tu dis est vrai, et je te laisse partir. Cela semblait avoir fait son petit effet. Aussi, sur ses gardes mais de façon légèrement plus relâchée, Athos regarda Addison brandir sa baguette. Alors qu’il s’apprêtait à ouvrir la bouche, il rangea sa main tendue dans sa poche tandis qu’Addison exécutait le sortilège sans qu’on le lui demande. La suite, et bien…

Athos s’était attendu à beaucoup, beaucoup de choses. Mais certainement pas à cette explosion parfumée et violacée qui retomba sur eux avec douceur, conférant à la scène une atmosphère extrêmement particulière. Ses yeux étaient ronds comme des bavboules, chose bien peu habituelle de sa part, lui qui maîtrisait l’art subtil de la poker face. Alors comme ça, Addison venait de compter fleurette à une impure probablement, vu le quartier. C’était à chialer de rire. Un sourire narquois s’invita sur son visage tandis qu’Addison s’attendait bien évidemment à une remarque dévastatrice, anticipant ladite remarque d’une insulte. Décidément, il avait la bouche bien sale, ce sang-pur, ces derniers temps. « Addison Yaxley a donc un coeur. Je trouverais presque ça mignon. » lâcha-t-il d’un ton sarcastique, ignorant sa demande de la fermer, évidemment, tandis que les fleurs se posaient sur leurs capes trempées. C’était grotesque à souhait. La seule chose qu’Addison venait de tuer, c’était son propre semblant de charisme, du moins, les grands airs qu’il voulait se donner.

L’énigme étant résolue, Athos était déterminé à ne pas s’arrêter là. Il avait perdu de précieuses minutes mais la piste n’était pas encore tout à fait froide. « Mes hommages à Madame. » salua-t-il en calant son index contre sa tempe dans un geste de salut et en disparaissant l’instant d’après, le temps d’un informulé, dans sa sempiternelle invisibilité. Seules les éclaboussures de pluie trahissaient le pas de sa course alors qu’il s’éloignait d’Addison, bifurquant à gauche sans autre raison que le fait qu’il fallait choisir une direction. Tandis qu’il courrait, il réalisa qu’il était bien moins à l’affut et que décidément, cette ancienne figure du passé ne cesserait probablement jamais de le surprendre.

Empruntant la ruelle sans les pluies pour disparaître du regard des aurors en train de d'examiner la scène de crime, Katrine commença à prendre un rythme de marche convenable quand elle entendit une sorte de dispute au loin. Elle était habitué à ce genre de scène dans l'Allée des Embrumes mais ici, sur le Chemin de Traverse c'était moins fréquent alors elle ralenti un peu pour ne pas arriver dans une histoire qui lui ferait regretter son chemin.

Arrivant finalement sur le lieu des voix, elle n'eut le temps que de voir un homme disparaître et courir au loin grâce au éclaboussures. Gardant sa capuche sur la tête elle ne s'arrêta pas et continua son chemin ne changeant que son regard qui observa l'homme rester sur place, regardant attentivement son visage et fixant ses yeux fermé jusqu'à qu'il les ouvre (ou pas). Les éclaboussures ayant tourné à gauche, par principe d'essayer de ne rentrer dans aucune histoire, Kat tourna à droite avant de disparaître dans la foule un peu plus loin.