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| Le calme avant la tempête (Gauwain) | |
| Auteur | Message |
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Amelia Bones COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 688 | AVATARS / CRÉDITS : Sophie Turner /bambieeyes/magma signature | SANG : Rouge sang
| Sujet: Le calme avant la tempête (Gauwain) Sam 10 Oct 2020 - 19:00 | |
| Il avait fallu une semaine avant que Amelia ne décide sous le coup de l'émotion de rencontrer Soyle, trois jours de plus pour qu'elle envoie des hiboux à ses professeurs pour leur demander si elle pouvait revenir en cours - elle avait manqué plus d'une semaine de cours, imaginez son horreur - et trois autres encore pour revenir à l'école de magie supérieure. Il s'était en tout écoulé une quinzaine de jours avant que la Bones ne revienne pointer le bout de son nez dans la communauté magique. Les moldus qui ne la connaissaient pas avaient été un temps un refuge protecteur avant qu'elle ne se rendez compte que la fuite ne servait à rien. Ses parents étaient morts. Elle parvenait à le dire dans son esprit sans exploser de rage et en sanglots. Elle arrivait à retenir ses larmes devant les autres. Et mentir là-dessus lui venait très facilement, plus facilement. Elle affichait sur son visage un sourire angélique, quelque chose qui cachait bien la façade.
Elle était revenue en cours sans prévenir personne - à part les enseignants, ses frères et Soyle - et les premières heures n'avaient pas été aussi compliquées qu'elle ne l'avait espéré. Son professeur avait même choisi de lui parler à la fin du temps dans l'amphi pour lui donner les documents de la séance précédente. Au moins, la journée commençait bien. Elle supposait. Le midi, après s'être dissimulée dans un coin de la bibliothèque, elle avait un petit mot à Gauwain pour lui demander de la rejoindre à la fin de son cours d'histoire de magique anglais. Enfin s'il pouvait. Elle n'allait pas l'attendre dix ans s'il venait pas. Elle avait besoin de lui parler et lui expliquer quelque chose. Elle n'avait pas de discours pré établi, pas comme d'habitude, pas comme la fois où elle avait souhaité lui parler au lac de Pré au Lard. Mais tout ceci semblait s'être produit des années avant. Et pourtant, combien de temps les séparait de leur premier baiser ? Quatre mois ? Cinq peut-être. Pas grand-chose en fin de compte.
Mais la mort de ses parents avait tout remis en perspective. Et sa relation avec Gauwain comptait parmi ces choses en question. A quoi bon faire semblant ? Elle ne se sentait pas en état d'entretenir toute relation avec qui que ce soit. Elle ne voyait pas comment lui accorder le temps qu'il méritait alors que tout son monde venait de s'écrouler. Comment était-elle supposée lui laisser de la place dans sa vie quand elle ne tenait qu'à peine debout ? Oh des questionnements, elle en avait des centaines. Des milliers. Des millions même. Cela ne changerait jamais... J a m a i s. Et le mot était bien écrit dans son esprit.
Le retard pris sur ses cours, elle le sentit malgré elle. Elle n'avait évidemment pas pris le temps de feuilleter des livres pendant ces deux dernières semaines. Elle avait demandé de l'aide à une première camarade - une plus âgée, aux cheveux noirs corbeau - qui lui lança un regard l'air de dire "il fallait être là". Une autre accepta bien volontiers de lui donner les notes des trois derniers cours. Elle s'appelait Aileen. Elle se souvenait d'avoir dans un dictionnaire de grec - comment c'était arrivé dans ses mains ce machin ? Elle n'en avait aucune idée - que cela signifiait le flambeau. Certaine une jolie chose. Son propre prénom voulait dire émule et ça venait du latin. Rien de très intéressant. En tout cas, Aileen lui proposa même qu'elles se retrouvent à bibliothèque pour bosser un devoir que leur prof d'introduction au droit public leur avait demandé. Elle était sympa Aileen. Elle ne l'avait même pas regardé avec compassion ou pitié, juste sympathie et curiosité. Quelqu'un de bienveillant. Et c'était une bonne chose.
Elle quittait la salle avec la dite Aileen, une fille un peu plus petite qu'elle, les cheveux noués en plusieurs tresses et un sourire d'ingénue. Quand elle aperçut Gauwain non loin de là, Amelia choisit d'adresser un au revoir à Aileen qui inclina légèrement la tête en signe d'approbation et cette dernière disparut dans l'autre direction. “ Salut. ” Très loquace. Ouais, non, Amelia avait perdu son amour pour les mots et longs discours. Elle avait aimé parler... et d'autres choses, mais plus maintenant. Elle voulait aller droit au but, ne pas prendre des pincettes. Au diable la subtilité et ses courtoisies ! Elles n'avaient servi à rien pour sauver son père. “ On peut parler ? ” Bref, concis. |
| | | | Sujet: Re: Le calme avant la tempête (Gauwain) Sam 10 Oct 2020 - 20:13 | |
| Ca avait été deux bien étranges semaines. Deux semaines passées à essayer d'accepter une réalité distordue, où des gens honnêtes et sans histoire, des gens qu'il connaissait, pouvaient être égorgés dans une ruelle sans qu'on leur vienne en aide, avoir moins de chance que d'autres. Deux semaines à crever de ne pouvoir aider sa petite amie dans les moments les plus sombres, parce que c'était la façon dont elle avait besoin de gérer ce deuil, et qu'il n'allait pas aller contre ça, lui qui ne pouvait pas imaginer la douleur qu'elle devait ressentir. Deux semaines à suivre ses cours d'une seule oreille, pour des résultats en demi-teinte, assez logiquement.
Le message plié avec soin, qui lui était parvenu ce jour là, lui avait coupé le souffle. Il avait reconnu l'écriture au premier coup d'oeil.
Autant dire qu'il avait déguerpi à peine la fin de son cours de Criminologie et magie pénitentiaire. Il avait couru dans les couloirs, bousculé les inconscients qui se trouvaient sur sa route, avait gravi quatre à quatre les escaliers. Et probablement effrayé ce mec épais comme une brindille quand il lui avait demandé l'emplacement exacte de la salle d'Histoire de la Magie Anglaise. Bref, il avait fait le trajet en à peu près un quart du temps habituel ; qui se souciait du risque de se briser le cou ? Elle était revenue.
Il arriva tandis que des élèves commençaient à sortir de la pièce, et quand il la vit, le monde s'arrêta. Merlin, une seule personne, et le monde s'arrête. Le pouvoir d'Amelia Bones. Cependant, elle paraissait comme éteinte. Sa peau était trop pâle. Son regard fuyant. Il étouffa du besoin de l'étreindre, même si ça ne changerait rien. Il remarqua à peine sa camarade, tandis qu'elle approchait.
Il lui sourit, une expression à la fois douce, triste, tendre.
« Salut. »
Qu'est-ce qu'il pouvait dire ? Ca va ? Ca avait toujours paru être la question la plus crétine du monde à poser à des personnes durant un enterrement, il n'allait pas lui faire ce coup là. Elle restait à distance, sans émotions, et cela le tortura davantage de la voir ainsi coupée . A sa question, il hocha la tête, mais lui ouvrit aussi ses bras. Sans un mot, juste une invitation silencieuse.
« On est pas obligés. De parler, je veux dire. Mais... Si tu as besoin de discuter... Bien sûr. Bien sûr qu'on peut. »
Il y avait des ombres sous les yeux bleus. Un éclat terne dans ses prunelles. Des choses imperceptibles mais qu'il remarqua néanmoins, comme autant d'aiguilles plantées dans son âme. Comme s'il ressentait une part infime de la tristesse d'Amelia. Comme un écho.
Il la revit, dans tous ses cauchemars à lui : seule, dans l'obscurité, faisant une crise d'angoisse qui lui mettait la peau à vif, qui l'écorchait toute entière ou qui l'enfermait dans une gangue d'épées et de douleurs, inaccessible, où il ne pourrait pas l'atteindre. Est-ce que tu vas bien ? Est-ce que tu as besoin de quelque chose ? Est-ce que tu t'en sors ?
A la place, il dit, simplement :
« Je suis content de te voir. »
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| | | Amelia Bones COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 688 | AVATARS / CRÉDITS : Sophie Turner /bambieeyes/magma signature | SANG : Rouge sang
| Sujet: Re: Le calme avant la tempête (Gauwain) Sam 10 Oct 2020 - 21:03 | |
| Oh elle avait parfaitement compris ce qu'il lui proposait en ouvrant ses bras à elle. Mais, ce n'était pas dont elle avait besoin à ce moment-là. Elle ne le toucha pas et se contenta de l'observer de ses petits yeux bleus rougis par la fatigue. Elle ne savait pas tellement quoi lui dire. Ca ne lui venait pas naturellement, pas comme avec Soyle. Peut-être parce que la bonté et les sentiments évidemment forts de Gauwain à son égard avaient davantage tendance à la culpabiliser et la tétaniser. Comment pouvait se comporter ainsi alors qu'elle ne lui avait que très peu de nouvelles en deux semaines ? Elle qui précisément ignorait comment elle devait se conduire ou comment accueillir toute cette effusion de tendresse et de compréhension. Ne voyait-il pas qu'elle ne savait plus faire ça ? C'était comme si la colère, la tristesse et la peur avaient pris possession de son être pour ne plus laisser rien entrer : comme l'amour, l'affection, l'amitié. Tout ce qui était positif, puissant et nécessaire avait été évacué le matin où elle avait découvert le cadavre de son père, compris l'incompétence des aurors - sa mère avait été tuée au même endroit, et pas même un ou deux aurors pour surveiller les lieux ? - l'inutilité du système justicière qu'elle comptait bien casser lorsqu'elle parviendrait dans ce fichu département qu'elle avait regardé avec des yeux émerveillés, mais critiques enfant et adolescente. Elle avait évidemment compris que beaucoup de choses devaient changer, sans pour autant le rejeter tout en bloc. Mais là, mais là, c'était beaucoup trop à gérer. Et Gauwain avec son ambition de devenir auror, sa candeur, sa douceur, son romantisme... elle pouvait tout simplement pas. “ J'en ai besoin. ” Ca au moins, elle le savait.
Il était content de la voir. Oh Merlin s'il savait. Si seulement elle pouvait lui retourner ne serait-ce qu'un dixième de sa tendresse. Mais elle n'en était pas capable. Ca elle en était consciente également. Maintenant il suffisait de le formuler. Elle regarda à droite à gauche pour voir si personne ne les observait. Elle n'avait pas vraiment envie que ça se sache. Elle lui attrapa la main d'une manière presque robotique et le guida à travers les couloirs. Elle connaissait un endroit tranquille dans ce département des affaires sorcières : un escalier ou personne ou presque ne passait. Elle posa son sac sur une des marches et fronça les sourcils avant de soupirer. “ Il y a quelque chose que je dois te dire. ” Ce n'était pas bien facile. Elle se rappela le pull qu'il lui avait envoyé, avec son eau de Cologne. Elle l'avait mis dans le fond de sa malle sans trop comprendre pourquoi elle avait reçu un tel objet. Les fleurs oui... La bougie, pourquoi pas ? Mais le pull ? Elle aurait sans doute dû lui ramener et le rendre. Maintenant qu'elle était revenue, peut-être qu'il voulait le récupérer. “ Je ne crois pas que je peux faire ça. ” Dans son esprit, cela avait parfaitement de sens. Mais Gauwain pourrait le saisir de manières tellement différentes... Toutefois, Amelia ne se posait pas réellement la question. Comment le prendrait-il ? Voilà une interrogation qui avait traversé son esprit. Mais dans les limbes de son esprit, tout était parfaitement clair. Alors, elle poursuivit sans se rendre compte que ses propos n'étaient pas très cohérents : “ Je ne suis pas en état. ” Mais en croisant le regard de Gauwain, elle comprit qu'elle avait dû dire un truc qui allait pas. Mais elle ne voyait pas tellement quoi. Emotionnellement parlant, c'était le bordel en elle. Et ses phrases reflétaient parfaitement cela. “ Tu vois ? ” |
| | | | Sujet: Re: Le calme avant la tempête (Gauwain) Sam 10 Oct 2020 - 21:52 | |
| Quelque part, il s'y était attendu, à ce qu'elle ne cherche pas un apaisement physique. A ce qu'elle préfère parler. Elle le regarda, figée, les yeux rougis, comme si elle ne savait plus comment répondre à ce geste là, ces bras ouverts pour elle, si elle voulait un soutien. Elle y réagit à peine, se contentant de fixer les bras de Gauwain, si cette invite lui était devenue étrangère, un concept ôté de son esprit. Comme si on avait arraché une partie d'elle ; c'était Amelia sans être tout à fait pleinement ce qu'elle avait été, et cette réalisation lui déchira le cœur. Il fit de son mieux pour ne pas sembler affecté, pour faire semblant. Il aurait voulu lui réapprendre, ce langage là. Ramener une partie de ce qu'on lui avait pris. Cependant, il avait au moins la lucidité de comprendre que c'était trop tôt, bien trop tôt. Que tout ce qu'il pourrait faire serait futile.
Paisiblement, comme pour ne pas la brusquer, il hocha la tête à nouveau.
« D'accord. C'est d'accord. »
Et quand elle l'entraîna, avec des gestes raides, automatiques, il ne chercha pas à s'opposer. Il la laissa le mener dans les couloirs, ne se départissant de son sourire que lorsqu'elle ne pouvait pas le voir. Dans ces instants, le visage du jeune homme devenait plus sombre, l'inquiétude perçant derrière le masque qu'on avait déposé. Elle l'avait mené à un escalier désert ; il la laissa s'installer et réfléchir, essaya de ne pas remarquer la façon dont le beau visage prenait des expressions tantôt distantes tantôt tristes, comme si elle n'était pas tout à fait là. Elle avait l'air d'une somnambule, se tenant au bord d'un immense gouffre. Et puis, sans qu'il l'ait brusquée, elle se lança.
Ca ne ressemblait pas à la façon éloquente et polie dont Amelia s'exprimait d'ordinaire.Pourtant, elle faisait de son mieux pour essayer de lui expliquer, elle y jetait tout ce qui lui restait de forces alors qu'elle était exténuée, il le réalisait sans peine. Ses explications étaient décousues, pas forcément très claires, mais il en saisit le sens néanmoins. Ou en tout cas le sens général. Etait-ce ce qu'elle avait ressenti, quand il s'était présenté chez elle ce fameux matin?
Et ce petit « tu vois ? » à la fin, hésitant, tellement fragile, acheva de lui nouer la gorge, comme si un spectre invisible avait pressé sa pomme d'Adam.
« Calon, écoute.... Personne te demande d'être en état, tu sais ? T'as pas à être en état de quoi que ce soit. »
A gestes précautionneux, il tendit la main pour effleurer sa joue, avec dans les yeux autant d'amour que d'inquiétude, mais aussi, par dessus tout, de la compréhension.
« C'est normal. T'as le droit de pas pouvoir. Faut que tu prennes le temps. Faut pas que tu forces. »
Il lui sourit, doucement :
« Tout ça, l'EMS, les cours, le monde.... Ca peut attendre. Autant qu'il faut. » |
| | | Amelia Bones COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 688 | AVATARS / CRÉDITS : Sophie Turner /bambieeyes/magma signature | SANG : Rouge sang
| Sujet: Re: Le calme avant la tempête (Gauwain) Dim 11 Oct 2020 - 11:25 | |
| On ne pouvait pas dire que cet échange lui facilitait la tâche. A chaque fois que Gauwain répondait, elle se retrouvait embêtée. Il ne semblait pas comprendre ce qu'elle essayait de lui, pourtant, tout était très clair dans son esprit. Et pourtant, elle dut se rendre à l'évidence. Elle ne s'expliquait pas aussi clairement qu'elle l'aurait pu faire avant. Et ça la tuait encore davantage. Il fallait qu'elle remette de l'ordre dans sa vie, dans ses sentiments, dans sa tête surtout. Il était manifeste qu'elle ne pouvait pas exprimer ses sentiments de manière tangible. Elle cligna plusieurs fois des yeux lorsqu'il essayait de lui dire qu'elle pouvait prendre son temps. Envisageait-il seulement une seconde que leur couple faisait partie des choses qu'elle ne pouvait pas faire ? Il n'avait pas l'air d'y penser un seul instant. Voulait-elle rompre ou faire une pause ? L'état dans lequel elle se trouvait à ce moment ne lui permettait pas de faire la différence. Pour elle, les deux se valaient. Le monde pouvait attendre qu'il disait. Mais ce n'était absolument pas la raison de ses propos. Elle ne voulait plus rester en retrait. Ces deux dernières semaines à pleurer, hurler, dormir, marcher n'importe où et s'alimenter de manière assez irrégulière avaient été très difficiles. Préparer l'enterrement - si seulement, les aurors leur laissaient - et prévenir les autres avait été bien compliqué ainsi. Elle prit une profonde inspiration et posa la question fatidique : “ Et toi ? Tu peux attendre ? ” Elle ne savait pas vraiment si c'était suffisamment clair. Elle apprenait à remettre en question tout ce qui passait dans sa vie depuis la découverte du corps de son père, y compris ses propres paroles. S'il n'avait pas saisi ses premières paroles, qui lui disait que la suite ferait sens dans son esprit ? C'était là la question à 10 millions de gallions.
La vérité, c'est qu'Amelia avait un travail de fond à faire sur elle-même. Peut-être devrait-elle en parler à Soyle ou sa psy ? Nora devait avoir une vie bien trépignante avec Freya, peut-être ne devrait-elle pas la déranger avec ses problèmes. A quoi bon briser la tranquillité de d'autres personnes ? Elle l'avait déjà fait avec Soyle, une ancienne enseignante et très franchement, c'était déjà difficile à supporter ainsi. Une personne, c'était déjà beaucoup trop. “ Je peux faire semblant. ” Elle saurait le faire. Elle venait juste de se le prouver à elle-même durant cette journée. Il ne lui restait plus qu'à revenir au salon de Harpile Poil et peut-être retrouverait-elle un semblant de stabilité. Elle pourrait afficher un sourire sur son visage. Elle pourrait se coiffer et se maquille de manière impeccable. Avec de l'entrainement, elle pourrait peut-être même faire semblant d'aller bien. Et les gens le croiraient. Parce que ce serait tout qu'elle laisserait transparaitre jusqu'à ce qu'elle y croit elle-même. Elle voulait croire à nouveau même si c'était faux. Même si elle se mentait à elle-même, elle préférait inventer le plus gros mensonge que la terre n'ait jamais porté plutôt que d'affronter la réalité. C'était sans doute pourquoi elle se retrouvait face à Gauwain, lui expliquant avec ses mots qu'elle ne pouvait pas continuer leur relation. Elle n'était plus la personne qu'il avait connu et aimé et ne le serait plus jamais. Comment pouvait-elle seulement redevenir la Amelia d'avant après cela ? Elle connaissait déjà la réponse : jamais. Et il ne faisait aucun doute que la nouvelle Amelia ne serait jamais appréciée par ceux qui avaient l'habitude de côtoyer l'ancienne. “ Mais pas avec toi. ” |
| | | | Sujet: Re: Le calme avant la tempête (Gauwain) Dim 11 Oct 2020 - 12:34 | |
| Cette question, s'il était honnête, il ne l'avait pas totalement anticipée, et pourtant, pouvait-il s'étonner ? Si tout ça, le réel, le quotidien, devait s'imposer à elle, même si c'était trop à surmonter pour le moment. Dans cette question, dans ses cils qui papillonnaient comme si elle cherchait à s'éveiller ou à repousser des larmes, il lui sembla lire de la peur, de la tristesse, de la lassitude ; comme si elle doutait d'avoir le droit de demander ça, comme si elle doutait de sa réaction à lui.
Il eut une inspiration lente, profonde, combattit le sentiment qui lui étreignait le cœur. Il ferma les yeux, reposa doucement son front contre le sien, quelques secondes, le temps d'un battement de cœur.
« ….oui. Moi aussi. Je peux attendre. »
Il n'y avait pas de trace d'hésitation, dans sa voix, en cet instant. Aucun doute. Il attendrait parce que c'était ce qu'il voulait. Ce qu'elle voulait. Et même si ça le tuait de ne rien pouvoir faire d'autre, il ferait au moins ça pour elle. Le manque n'avait rien de commun avec le deuil. Il l'aimait trop pour ne pas lui offrir au moins ça.
Les deux autres phrases de la jeune femme furent les plus dures à entendre. A supporter. Il avait offert ce qu'il pouvait, jusque là, mais ces deux confessions lui firent l'effet d'un coup de poignard dans les entrailles. Aspirant Auror ou pas, ses yeux le brûlèrent tout à coup ; sa mâchoire se crispa à s'en péter l'émail des dents. Huit tout petits mots, mais en cet instant, leur sens était terriblement clair.
Elle allait faire semblant. Elle allait s'imposer tout ça, même si elle était détruite, même si elle était en lambeaux. Elle allait faire ce chemin de croix et elle se condamnait à le faire seule. Pour ne pas risquer de s'effondrer davantage, en s'autorisant à laisser retomber le masque.
C'était tellement cruel. Tout ça. Monsieur et Madame Bones, qui n'avaient pas mérité ça. Elle, toujours si forte, et qui préférait s'infliger les pires tourments plutôt que rester prisonnière de ce destin qu'on leur avait imposé. S'enfoncer dans l'âme des éclats de verre, rester les veines ouvertes, sous des airs d'étudiante impeccable. Et lui, qu'est-ce qu'il allait faire ? La regarder s'infliger cette agonie ?
…..oui, si c'était ce dont elle avait besoin pour lutter à sa manière. Pour devenir plus que la fille qui venait de perdre ses parents. Oui, c'était ce qu'il allait faire.
Il ouvrit la bouche, dut s'y reprendre à deux fois pour que sa voix ne sonne pas trop étranglée, pas trop rauque.
« Amelia. T'es pas obligée de faire semblant. C'est.... T'as le droit de pas faire semblant. T'as le droit. Avec les autres. Avec moi. Je suis pas là que pour les beaux jours, tu te rappelles ? »
Ces conseils, pouvait-elle les entendre, prisonnière d'une douleur qui oblitérait le reste du monde ? Qui lui donnait envie de se couper de tous ceux qui l'aimaient ? Il reprit une inspiration, étranglée, et ajouta :
« Et- et si t'as envie que- Si t'as envie, je suis là. Même pour de petits trucs. Pas de questions posées. Pas de discussions si tu veux pas. Juste- reste pas seule. Personne peut porter tout ça à ta place, mais ….si pendant un moment tu veux plus faire semblant, si tu peux plus faire semblant, si c'est trop.... personne a besoin de le savoir. Je serai là quand même. D'accord ? »
Il passa sa main sur le visage pâle et marqué, caressa les cheveux couleur de soleil, juste une dernière fois, avant longtemps. La pression sur sa pomme d'Adam s'intensifia ; il l'ignora.
« Dis-moi juste si t'es- T'es en sécurité, là ? T'es dans un lieu sûr ? Tu es avec quelqu'un ? » |
| | | Amelia Bones COTÉ DU BIENOn n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait. | HIBOUX POSTÉS : 688 | AVATARS / CRÉDITS : Sophie Turner /bambieeyes/magma signature | SANG : Rouge sang
| Sujet: Re: Le calme avant la tempête (Gauwain) Lun 12 Oct 2020 - 0:14 | |
| La conversation la faisait souffrir. Pourquoi lui faisait-il cela ? Ne pouvait-il pas se contenter d'être mécontent, de la haïr et de l'insulter ? Comme n'importe qui d'autre l'aurait fait à sa place. Cela aurait sans nul doute était plus facile pour l'ancienne serdaigle, moins douloureux et et plus simple. Il se montrait si compréhensif qu'elle s'en voulait. Elle ne faisait pas vraiment d'effort, mais s'en sentait pas capable. Ce serait comme lui demander de gravir le Mont Everest. Sans entrainement, c'était perdu d'avance. Elle n'avait pas peur de traverser tout cela seule. De quoi devrait-elle avoir peur de toute façon ? Ce n'était pas comme s'il restait grand-chose à l'intérieur ou à la surface. Elle était vide. Son cœur s'était envolé en mille morceaux et il fallait au moins en réunir deux pour ne serait-ce que ressentir autre chose que de la rage et de la peine.
Gauwain, il disait être prêt à attendre et voir qui elle était vraiment... Et dans son esprit, une petite voix chantonnait "il ment, il ment". Comment cela pourrait être possible ? C'était évident que non. Elle entendait les paroles de son petit ami - pouvait-elle encore l'appeler ainsi ? - et pourtant, elle ne voulait pas admettre que quelque part, il pouvait avoir raison. Elle ne dit rien, pas tout de suite. En fait, elle ne savait pas quoi lui dire. Il était si compréhensif que cela en devenait gênant et embêtant. Elle ne voulait pas qu'il réagisse ainsi. “ Pourquoi tu réagis comme ça ? ” Qu'elle demanda avec surprise. Elle n'était pas particulièrement en colère, juste étonnée... en fait, elle ne comprenait pas pourquoi il se comportait ainsi. “ Tu devrais me détester. ” Sa voix s'était faite plus forte sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle ne maitrisait rien ou presque ces derniers, ce qui était terrible très honnêtement. Elle aurait donné n'importe quoi pour qu'il la haïsse. Elle le vivrait mieux sans doute.
Elle cligna des yeux à toutes les questions de Gauwain. Elle ne comprenait l'apprenti auror parce que... certes, il avait toujours pensé que la sécurité prônait sur tout. Mais ne voyait-il pas que la sécurité n'avait plus aucun sens ? “ Qu'est-ce qu'un lieu sûr aujourd'hui ? ” Il y avait eu trois morts au mois de septembre, deux en août et une attaque sur le chemin de traverse au début de l'été. Et certainement tant d'autres attaques et meurtres qui n'avaient pas été énumérées dans la Gazette et révélées par le ministère. “ Tout ce qui est beau et bon est mort. Il n'y a plus rien à protéger. ” C'était la vérité, pour elle. Comment l'expliquer le meurtre de ses parents ? Des gens bien sans histoire qui n'avaient fait de mal à personne. Elle posa sa main et plongea son regard dans ses yeux bruns. “ Je... Je devrais y aller. ” |
| | | | Sujet: Re: Le calme avant la tempête (Gauwain) Lun 12 Oct 2020 - 16:14 | |
| « C’est ce que t’espérais ? Que je te déteste ? »
La question était posée sans malice, mais uniquement avec douceur, comme si Gauwain venait de comprendre quelque chose d'essentiel. Il regarda les traits tirés qui devenaient plus apparent sur le beau visage tant aimé, ressentit dans ses entrailles la façon dont elle venait d’avoir un sursaut. Se révoltant, suppliant à demi-mots, avec désespoir, comme si cette émotion lui redonnait de l’énergie. Est-ce qu’elle avait voulu qu’il hurle ? Qu’il se déchaine sur elle et la blesse ? C’était ça, n’est-ce pas ? Elle aurait voulu avoir plus mal encore, ou peut-être se punir. Qu’on la punisse. De quoi ? D’être encore en vie ?
Mais il n’avait aucune envie de s’en prendre à elle. Il se sentait impuissant, terriblement triste, heureux de la voir et désespéré qu’elle souffre à ce point. Pas en colère. Pas un instant. Même pas au moment de la perdre.
« Caru ti, Amelia. Je t’aime. »
C’était des mots qu’il lui avait murmurés maintes fois ces derniers mois. Contre la douce peau de son cou, entre deux baisers, pendant qu’elle dormait, des mots qu’il lui avait écrits, qu’il lui avait offerts silencieusement. Aujourd’hui il les prononçait en priant Merlin qu’elle comprenne. Qu’il était sérieux. Parce qu’il l’aimait, il se ferait violence et la laisserait gérer les choses seule, si ça pouvait la décharger un peu du poids qui l’accablait. Parce qu’il l’aimait, il serait là quand elle serait prête.
Il voulut l’attirer à lui, la prendre dans ses bras ; il revit la façon dont ça avait été trop à supporter, lorsque sa crise d’angoisse s’était déclenchée en août. La façon dont elle s’était débattue contre lui, en proie à la terreur. En cet instant, elle allait plus mal qu’en août. Elle paraissait ne tenir debout que par la seule force de sa volonté.
Il ne lui ferait pas ça.
Qu’est-ce qu’un lieu sûr aujourd’hui ? Cette question était amère mais tellement légitime. Il baissa les yeux, un aveu silencieux, accompagnant une inspiration profonde ; il continuait de penser qu’ils seraient en sécurité dans des lieux privés, des domiciles personnels un minimum sécurisés, mais qui croyait-il tromper ? Il suffisait d’un Bombarda bien placé pour briser les protections standards. Il suffisait de se laisser distraire pour ne pas avoir le temps d’un Protego. Il suffisait de mauvais réflexes, d’un coup de pas de chance pour frôler la mort dans une ruelle crasseuse.
La remarque suivante, cependant, lui fit relever les yeux vers elle, plonger ses yeux dans les siens avec une intensité rebelle.
« Il reste des choses magnifiques et importantes à protéger. Une se tient juste devant moi. »
Il eut envie de lui dire que ses parents auraient voulu qu’elle survive, qu’elle ne souffre pas. Il en était certain. Ils aimaient trop leur fille pour la condamner à une lente agonie. Mais… il eut le sentiment que ces mots seraient cruels, vu les circonstances de la mort de son père, s’il avait bien compris la Gazette.
« …y a encore du beau. Des trucs qui valent le coup de se battre. Même si tu ne les vois plus en ce moment. »
Elle ne le croirait sans doute pas, elle n’entendrait pas. Et il ne pouvait pas lui promettre que ce serait simple, que ce serait rapide, de sortir du néant gris qui la tirait inexorablement vers l’abysse. L’envie de l’étreindre le saisit à nouveau. L’arracher à ce voile glacé qui l’avait saisie, la ramener vers le monde des vivants, l’empêcher de se vouer à celui des morts. Mais elle écarta la main de Gauwain de sa joue, voulut fuir.
Il savait qu’il ne pourrait pas la retenir. Alors, comme une bénédiction d’adieu, il déposa un baiser triste sur le front de la jeune femme, posa la main d’Amelia sur son cœur à lui, effleura son bas-ventre le temps d’un battement de cœur. Calon.
Il se recula.
« Prends soin de toi, Amelia Bones. Donne-toi le temps de guérir. » |
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