On pourrait croire que les vacances scolaires permettraient aux professeurs de se reposer et c'était peut-être le cas pour d'autres, mais clairement pas pour Orion Greengrass. Pendant les congés, et puisqu'il était présent chez lui toute la journée, l'aide à domicile de Magnus ne venait pas. Orion avait déjà du mal à la payer toute l'année, alors quand il était là il ne pouvait pas se permettre de lui demander de venir. Résultat, en plus de ses cours à préparer, des copies à corriger et de ses séances de sport à faire, il devait en plus s'occuper de son père. L'état de celui-ci empirait de semaines en semaines. Le blondinet voyait son père perdre peu à peu l'esprit, la mémoire, et sa dignité, impuissant et seul face à ce spectacle terrible. Le jeune homme se sentait désemparé face à la maladie et ne savait pas comment aider son père : il volait de plus en plus pour subvenir à ses besoins, n'hésitant pas à entrer à Sainte Mangouste pour subtiliser des potions et autres remèdes qui étaient de moins en moins efficaces... On lui avait bien parlé plusieurs fois de mettre Magnus dans une maison spécialisée, où il serait entouré de personnages pouvant s'occuper de lui et rendant la vie du professeur moins dure. Pourtant, cette possibilité n'enchantait guère le jeune homme : d'abord il n'avait pas les moyens de payer une telle maison, et surtout il voulait être auprès de son père, il ne voulait pas le laisser seul, entourée d'inconnus. Non, ce n'était pas son genre.
Bref, ce jour-là avait été compliqué. Magnus Greengrass avait fait une nouvelle crise de démence, hurlant dans tout l'appartement en se traînant d'une pièce à l'autre avec son déambulateur - volé à l'hôpital des sorciers d'ailleurs - en refusant qu'Orion ne l'approche. "Vile démon, va-t-en !" criait-il, ou encore "Je veux rentrer chez maman ! Laissez-moi tranquille !". Voilà le genre de phrases que le malade sortait lors de ses crises... Ce cirque avait duré des heures, ce qui était positif dans un sens parce que le vieillard semblait avoir pas mal d'énergie à ce moment-là, mais cela avait épuisé son fils. Au final, et après une argumentation acharnée et un calmant glissé dans son thé, Orion finit par réussir à coucher son père.
Avec un mal de crâne atroce, le jeune homme se dirigea vers son minuscule salon et se laissa tomber dans son vieux canapé. Il remua sa baguette en direction d'une très bonne bouteille de scotch - subtilisée chez un riche sang-pur le mois dernier - et celle-ci remua pour servir un verre, ce dernier volant ensuite jusque dans la main gauche du blondinet. Il frotta une de ses temps avec la main droite en fermant les yeux. Il avait besoin de repos, d'une bonne nuit de sommeil, de silence, de calme, ce genre de choses relaxantes... Mais visiblement ce ne serait pas ce soir, puisque la sonnette retentit. Après un grognement bestial, il se redressa, posa son verre sur la table basse et se dirigea vers la porte. Il n'attendait personne, et de toute façon personne ne venait jamais ici, ça devait déprimer les gens de voir ce tout petit appartement avec ce vieil homme malade...
En même temps qu'il ouvrit la porte, Orion demanda "Oui ? Qui c'est ?".