Dans un couloir du premier étage où il assurait un dépannage, Arès avait trouvé une Carina paniquée qui le cherchait. Elle devait absolument partir récupérer d’urgence sa nièce et quitter en avance son service. Le service d’empoisonnement par potions et plantes était sous tension et aucun médicomage ne pouvait assurer ses rendez-vous. Bulstrode étant en congés pour trois semaines en ce été 1978, Carina avait alors imaginé l’impensable, faire appel son collègue toujours suspendu pour assurer ses rendez-vous. Evidemment qu’Arès allait accepter de faire cela pour elle. Il était cependant inquiet, n’allait-elle pas avoir des soucis si Bulstrode l’apprenait ? «Bien sûr, avec plaisir ? Mais es-tu sûre que tu ne risques rien ? Je ne voudrais pas que tu sois suspendue par Bulstrode, toi aussi.» Carina l’avait rassuré sur ce point, disant qu’elle n’était pas inquiète et que, dans tous les cas, elle assumerait les conséquences de ses actes. Arès espérait malgré tout qu’il n’y aurait aucune conséquence. «D’accord, je finis dans une heure et trente minutes mon remplacement ici, au service des blessures par créatures vivantes et je cours, discrètement au troisième » lui répondit-il avant de se voir gratifié d’un immense sourire. Aussi vite était venue au 1er étage, aussi vite avait-elle disparue. Arès quant à lui était retourné au service des blessures. Il s’était occupé d’un homme qui avait été griffé et mordu par un hippogriffe puis d’un jeune homme, Rémus Lupin, qui venait pour sa potion tue-loup. Arès l’avait préparée le matin puis la lui avait remise. Le pauvre jeune homme était tout gêné de ne pas trouver son médicomage habituel parti à la retraite. Il semblait vouloir garder son secret. Arès l’avait rassuré sur le fait que son secret était en sécurité avec lui. Qu’il ne le dirait à personne et ne le jugerait jamais mais le jeune homme ne semblait toujours pas en confiance.

Une fois terminée avec ce loup garou, il parti au troisième étage pour remplacer sa collègue. Arès s’installa discrètement au bureau de Carina lorsque l’infirmière vint le rejoindre pour lui demander si elle devait aller chercher le premier patient. Arès s’arrêta un instant sur le nom de ce premier patient. Vraiment ? Le célèbre chanteur. Il esquissa un sourire, puis tendit le papier à la secrétaire. «Allez chercher Monsieur Boardman s’il vous plait Miss Fine.» . L’infirmière acquiesça d’un signe de la tête « Tout de suite docteur Zabini ». Quelques minutes plus tard, elle revint avec lui. Il n’y avait pas de doute c’était bien la célèbre rock star. Il fallait avouer qu’il était encore plus beau en vrai qu’en photos. « Bonjour» le salua le personnage. Evidemment une rock star ne devait pas s’embarrasser des titres et donc ne semblait pas juger utile de lui dire bonjour docteur. «Bonjour Monsieur Boardman. Entrez-je vous en prie, mettez vous à l’aise puis installez vous.» lui dit-en désignant la table d’auscultation. A en juger par le dossier de la rock star, il fallait mieux qu’il soit allongé, pour que le médicomage lui caresse les cordes vocales, non pas avec sa langue, mais bien avec sa baguette. « Vous n’êtes pas Mrs. Hodgens » le ton de sa voix n’était pas des plus sympathiques. Arès était gêné. Devait-il révéler son nom ? Si ce patient célèbre en parlait à Bulstrode, Carina et lui allaient avoir des ennuis et puis l’infirmière complice également. Arès s’avança vers lui. «Mrs Hodgens a dû s’absenter. Je suis son collègue. Mais si vous le souhaitez, d’un coup de baguette, je peux devenir elle» dit-il en laissant échapper un petit rire sans pour autant révéler son identité. «Comment se sont passées ces quatre semaines ? Avez-vous bien suivi le protocole mis en place par le Dr Hodgens ? Comment va votre voix ?» demanda-t-il pour faire distraction sur la conversation autour de son identité en démarrant au plus vite l’examen pour lequel la célébrité était venue dans cet hôpital.

« Relativement bien. J’ai suivi ses indications au mieux que j’ai pu. Parfois, c’était un peu compliqué pour travailler. Ne pas pouvoir chanter en tant que chanteur, c’est problématique, ‘voyez. Et puis j’avais beaucoup de choses à faire même en dehors du chant demandant à pousser sur ma voix. » Heureusement, la célébrité n’avait que faire du nom du médicomage et pour le coup, cela arrangeait bien Arès qui voulait, surement comme la célébrité, rester anonyme. Au fond de lui, Arès mourrait d’envie de lui dire qu’il aimait beaucoup sa musique mais il ne voulait pas paraître impertinent. Il le traita donc comme n’importe quel autre patient et fît semblant de ne pas savoir qui il était, en se disant que c’était sans doute ce qu’il voulait. «Oh vous êtes chanteur !» dit-il en feignant la comédie ? Est-il bon acteur ? Ca, c’est le chanteur qui nous le dira. «C’est sûr, que perdre sa voix, c’est embêtant ! Je dirais même que c’est un comble ! Un peu comme perdre sa baguette pour un sorcier ! » Arès avait tendance à faire des plaisanterie avec ses patients pour détendre l’atmosphère mais cela ne fonctionnait pas tout le temps. «Mais que voulez vous dire par avoir suivi les indications au mieux que vous avez pu ? Vous avez fait des entorses au protocole ? » demanda-t-il en déroulant le long rouleau de parchemin rédigée par sa collègue et en le secouant devant les yeux du chanteur comme pour capter son attention. «Puis-je savoir combien ? » le ton du médecin était devenu bien plus grave. Il n’était plus question de plaisanter. S’il n’avait pas suivi le protocole, cela pouvait être grave. Très grave. Peut-être que Stubby Boardman allait perdre définitivement sa voix. Cela serait catastrophique !

Heureusement, le chanteur finît par confesser que sa voix allait mieux. Nous étions donc sauvés. « Ma voix va mieux. Je n’ai pas encore osé essayer de forcer dessus. Ma gorge tiraille encore pas mal. Des fois, j’ai la nausée. Vous voyez, comme quand vous enfoncez quelque chose dans la gorge. Et j’ai constamment l’impression qu’il y a quelque chose de coincer au fond. J'espère que c'est normal. Mais j’ai beaucoup moins de mal à parler. ». Mais nous avions un autre problème. Ou deux ! Par Merlin ! «La nausée. C’est normal. Par contre, je suis désolé mais je vais devoir vous enfoncez quelque chose au fond de la gorge, une fois de plus » dit-il en faisant léviter un bâton semblable à celui qu’il avait eu la première fois dans la gorge. «Pour vérifier qu’il n’y a plus le moindre poison. Et voir, si vous n’avez pas quelque chose de coincé au fond de la gorge... cela serait fâcheux. Très fâcheux. » dit-il en prononçant beaucoup plus le « très fâcheux ». «Relaxez-vous ! Et lorsque vous êtes prêts, ouvrez la bouche et dîtes AAAAH » fît il en ouvrant grand sa bouche et en plaquant sa langue contre son palais inférieur pour montrer l’exemple à l’artiste.

Arès, qui était convaincu que le chanteur voulait être là en toute discrétion avait fait semblant de ne pas le connaître. Par respect ou pour ne pas le mettre mal à l’aise. Mais à en juger par le regard noir que lui lança le chanteur, c’était visiblement une mauvaise idée. C’était maintenant un peu tard pour revenir en arrière. C’est la raison pour laquelle, il se dépêcha de revenir à des sujets beaucoup plus professionnels.

« J’en ai pas fait tant que ça… Mais vous savez, des fois on peut pas faire autrement ou l'on a un moment d'inattention dans l'action... » Le médicomage fronçait les sourcils. Est-ce que l’artiste le plus en vogue de ce moment était en train de lui raconter ses prouesses sexuelles ? Décidément, ce patient avait le don de mettre le jeune médicomage mal à l’aise.  Il se dit que le mieux était finalement de ne pas relever cette remarque. Et d’une fois de plus se concentrer sur l’acte médical.  Il lui demanda donc d’ouvrir grand la bouche et de dire « AAHHH »  « Faites, j’ai l’habitude ». Est-ce que ce patient était en train de lui faire du rentre dedans, où était-ce l’imagination du mulâtre qui lui jouait des tours. Etant suspendu, il n’était pas question de se laisser aller aux mêmes types de dérapage qu’avec Galaad. Même pour une célébrité.  D’un geste de la baguette particulièrement gracieux, il lui enfonça son bâton dans la gorge en le faisant tourner pour bien frotter les parois et les amygdales.  Il  fallait extraire tout le poison qui restait.  Lorsqu’il ressortit le bout de bâton, il tendit un sceau au jeune homme, si jamais il voulait vomir. Il observa ensuite le bâton qu’il posa dans un récipient. «Vous avez bien fait de revenir. Ces restes de poison auraient pu être fatale dans le temps....  »