Billie Boy.

C’est comme ça qu’on l’appelait toute petite, quand elle jouait avec les gamins du quartier et qu’elle rentrait couverte de boue de la tête aux pieds. Avec son prénom qui irait aussi bien à un garçon, Billie n’a jamais bien compris cette histoire de genre qui nous faisait rentrer dans une case et à vrai dire, elle s’en est toujours bien moquée. Aujourd’hui par contre, elle a bien compris qu’être une femme, ça ne vous ouvrait pas toutes les portes. Et elle n’aime pas ça.

Obstinée, ambitieuse, sûre d’elle, Billie a toute la panoplie des adjectifs qu’on accole aux hommes en général. La tendresse qu’on attend d’une femme, elle la cache bien au fond d’elle, ne la révèle qu’à ses proches ou son mari, quand elle sait que la société n’en saura rien. Parce qu’une chose est sûre : elle n’en fait qu’à sa tête. Jusqu’à présent, tout ça lui a plutôt bien réussi : travail, vie personnelle, Billie est une femme comblée qui voit déjà son avenir tout tracé ou presque… Et c’est un peu ça qui l’embête.

Ce qui l’anime, c’est bien l’absence de routine. Être surprise, comme quand son fiancé lui a un jour annoncé qu’il était sorcier. Et qu’elle a mis un pied dans ce monde qui n’est pas le sien, alors que la période est mal indiquée pour prétendre y appartenir. Mais elle s’en fout, Billie. Prendre des risques pour tromper l’ennui, ça n’est pas un problème. C’est même son mode de vie. C’est comme ça qu’elle décroche les contrats, ça et son obstination légendaire. Et une pointe de séduction, aussi.

T’es plus belle quand tu souris. Le genre de phrases qui la rend folle à en lâcher une répartie cinglante, à lui donner envie de ruiner des phalanges ennemies à coup d’escarpins. Mais Billie Boy a compris aujourd’hui le pouvoir qui se cache dans son côté femme. Un fléau quand on essaye d’en abuser, une force quand on sait l’utiliser. Alors Billie flirte, sans jamais se dépasser la limite que l’alliance autour de son doigt lui impose. Car oui, il y a bien un homme qui a réussi à dompter l’intrépide Billie the Reed. Et elle l’aime. Oh ça, oui, elle l’aime.