Il lui avait fallu trois semaines de méditation. Trois longues semaines pendant lesquelles, tous les jours, Ronan avait regardé la petite carte en se demandant ce qu'il devait faire. Lorsque Mrs Reed était partie, l'artiste avait ressenti puissamment la frustration de n'avoir pas obtenu ce qu'il voulait. Et il était autant médusé que charmé par l'attitude revêche de cette femme qui, à la base, lui parlait affaire. Il n'était pas sot, la manière dont elle lui parlait et dont elle le regardait parlait pour elle. L'indécente façon qu'elle avait eu de faire glisser la carte dans la poche arrière de son pantalon également. Alors, au bout de trois semaines, Ronan avait finalement été le premier à craquer - et bien malgré lui - pour se saisir de sa plume, d'un parchemin et lui rédiger la foutue lettre qu'elle n'attendait que ça de recevoir.




Mrs Reed,

Après trois longues semaines de méditation, j'ai finalement pris une décision concernant ce fameux contrat, avec ce fameux "Malone des senteurs" pour reprendre votre expression. Toutefois, il me paraît mal-avisé de simplement vous donner la réponse à travers les lignes de ce parchemin.
Je vous laisse le choix du lieu de rendez-vous, votre bureau, ou mon Atelier, afin que vous décidiez si vous préférez avoir l'empire sur votre domaine ou poser un pied dans le mien.

En vous souhaitant bonne réception,
Ronan L. Malone.


Loin de lui l'idée de faire porter ce courrier par hibou, Ronan poussa le vice à se déplacer jusqu'à la réception de l'immeuble où elle travaillait pour donner la lettre au réceptionniste : « Dîtes lui bien que je me suis déplacé ».