Il se rematérialisa directement sur le campus, dans la zone dévolue aux transplanages, d'ordinaire grouillant de vie, mais ce soir déserte. Tous ceux qui n'étaient pas sagement rentrés chez eux étaient rassemblés du côté du Hall Associatif. Il entendait d'ici les échos de la fête, et courut au petit trop en direction du bâtiment dévolu aux élèves, traversant la pelouse sans se préoccuper des chemins de graviers.

A l'entrée du bâtiment, il retrouva Aquiles qu'il avait laissé prendre le relais au niveau de la sécurité.

« Alors, ils ont dit quoi ? »

Il haussa à demi les épaules, haussant la voix.

« Elle devrait s'en sortir, mais j'ai pas eu beaucoup plus de détails. Ca a été pendant que j'étais parti ? ...Tu sais où est Meredith ? »

Il suivit des yeux la direction que lui indiquait l'autre élève, et n'eut aucun mal à repérer la présidente malgré la foute des fêtards. Un hochement de tête pour remercier son camarade, avant qu'il ne l'abandonne pour se frayer un chemin jusqu'à la jeune femme. La seule marque de tendresse qu'il s'autorisa fut une main posée discrètement, au bas de son dos. Pour le reste, il avait un rapport à faire, même s'il devait crier à demi pour se faire entendre malgré la musique.

« Ecoute, je reviens de Saint Mangouste, et Beryl devrait s'en tirer. Sauf qu'il y a un truc bizarre. Tu te rappelles d'Afton Brown, dont le dossier avait été traité par une spécialiste es poisons ou potions, y a deux mois ? Rebelotte. Beryl n'a pas été confiée à l'unité chargée des contre-sorts. »

Un pli soucieux barra son front.

« A nouveau, j'ai pas pu en savoir plus, je sais pas du tout dans quelles conditions elle a pu être empoisonnée, si c'était un accident ou volontaire, mais... »

….mais il la laissait juge. Concernant les implications sur la soirée en cours. Une fois, c'était déjà suspect. Mais une deuxième soirée, qui était marquée par le même genre d'incidents ?

La Présidente du BDE tentait de conserver un regard absinthe attentif sur ses ouailles.
N’en déplaise à certains ou même certaines, la belle blonde était ainsi. Scrupuleuse et en contrôle dans ses moindres faits et gestes. C’était ce qui lui avait valu d’être réélue une nouvelle année à la tête du groupe estudiantin. Cependant, dans et sur le Campus de l’EMS régnait une ambiance de fête, que le Doyen avait pourtant approuvée. Sir Edmund Sanders avait confiance dans les aptitudes de la demi-Vélane à faire régner un climat de confiance mais non moins de terreur. On lui obéissait et c’était tout ce qui comptait.

Sauf qu’il s’était passé quelque chose. D’un peu moins enjoué. Quelque chose de plus sombre. Qui avait conduit le Gallois à devenir un chevalier servant, l’espace de quelques instants. Laissant sa place à un autre. Meredith Hawthorne avait bien évidemment été mise au courant, par Aquiles Wood lui-même. Ce dernier avait remplacé Gauwain Robards sans faillir et à point nommé. Tandis que l’aspirante Auror surveillait toujours, mais pas assez visiblement. Anxieuse, un verre d’alcool à la main, qui était toujours intact, la jeune femme attendait le retour de son amant. Vêtue d’une robe jaune à sequins et perchée sur des hauts talons couleur émeraude, l’ancienne Serpentard ne passait pas inaperçue dans l’assemblée étriquée des étudiants. Étudiants qui étaient à mille lieues de savoir ce qui avait pu se produire. Et ce, dans l’enceinte même de l’EMS.

La longue chevelure blonde retenue en un chignon haut appartenant à la fille unique de la Comtesse de Vermandois sentit un contact fugace dans le creux de ses reins. Fronçant les sourcils –car cela pouvait être un jeune étudiant saoul-, le regard vert absinthe reconnut la haute silhouette à qui appartenait cette main par trop intrusive mais néanmoins sécurisante. Il était revenu et paraissait soucieux. L’aspirante Auror dut se concentrer pour entendre ce qu’il avait à lui dire. La jeune femme qu’il avait emmenée en urgence à Sainte-Mangouste devrait s’en sortir. Mais, tout semblait étrange. Un regard à son interlocuteur puis à la foule. Qu’elle ne devait pas inquiéter, sinon cela allait être la panique générale. C’était ce que voudrait sûrement obtenir la « personne » derrière tout ça. Car Meredith Hawthorne en était sûre et certaine, il y avait bien un esprit humain et malsain qui avait comploté pour en arriver là.

- Bon. Par deux fois, cela me semble être trop juste pour n’être qu’une coïncidence. C’est un acte volontaire et répété. Susurra la belle blonde à l’oreille de son vis-à-vis pour qu’il entende, malgré le brouhaha musical. On ne va pas affoler la foule d’étudiants et d’étudiantes, ça ne servirait à rien. On va trouver un prétexte.

Un regard vert absinthe déterminé en réponse au regard aux nuances chocolat.