20 février 1979 - Tinworth (Cornouailles)

La vieille batisse à colombages des Bones avait été abandonnée par les enfants de ses derniers habitants. En cette journée de février, l'un d'entre eux y revenait en bien étrange compagnie. Amelia n'avait pas vu ces pierres et ce bois depuis plusieurs mois. Et cela lui avait un peu manqué jusqu'à la lecture du testament. Et pourtant, elle n'avait jamais osé y remettre les pieds. Alors pourquoi s'était-elle enfin décidé à retrouver le chemin de sa maison d'enfance ? Tout un assemblage de circonstances et sentiments différents et probablement trop complexe pour la petite tête d'Amelia Bones. L'annonce de l'arrestation du meurtrier de ses parents avait assurément joué un rôle dans le processus. Peut-être s'agissait-il même de la raison principale...

Emmitouflée dans son manteau, elle jouait avec le trousseau de clefs. Ce mouvement répétitif s'accéléra à l'approche de la maison. Elle ne saurait trop expliquer pourquoi elle avait demandé à Nora et Soyle plutôt qu'à Aurora et Svetlana de l'accompagner. Cela s'était imposé naturellement pourtant. Elle avait voulu épargner Aurora en apprenant que l'assassin était l'un de ses collègues. Inutile d'en rajouter une couche. Quant à Svetlana, elle n'avait pas pu être disponible ce jour-ci. En fait, elle n'avait pas voulu faire cela avec l'une mais sans l'autre. Elle avait donc fait le choix de "tout ou rien". Cette équipe était pourtant étrangement bien adaptée pour l'occasion. Soyle l'avait recueillie au moment elle n'avait plus eu de lieu à appeler "maison" ou "foyer". Il semblait cohérent de l'inviter à se joindre à cette aventure. Nora était sa psychomage depuis tant d'années qu'il était logique de la faire venir jusqu'ici.

“Elle est plus grande à l'intérieur.” Dit-elle dans un simple sourire à Soyle. D'une main légèrement tremblante, presque contrôlée, elle glissa la clef dans la serrure de la porte d'entrée. Il était peut-être étrange de voir une sorcière ne pas user de magie pour un sort aussi simple, mais Tinworth grouillait de moldus et n'était pas un village magique comme pouvait l'être Pré au Lard. Après un coup d'oeil aux alentours, elle poussa la porte. Elle voulait éviter la voisine, Kessy, une véritable commère qui connaissait tous les petits ragots des habitants de Tinworth. Elle s'amusait d'ailleurs à les colporter avec un entrain qui forcerait l'admiration s'il avait été usé pour des raisons et causes plus morales. Et le retour de l'enfant prodige des Bones - ironie quand tu nous tiens - était assurément quelque chose à se mettre sous la dent. La petite Bones était l'image typique de la gosse qu'on appréciait : polie et aimable, habillée convenablement, coiffée et maquillée comme une petite princesse à la vie bien rangée, qui aidait sa mère au foyer et faisait des études telle la parfaite poupée qu'elle était. Sans doute Kessy adorerait crier à tout le monde que cette petite fille sans histoire était en fin de compte peut-être pas aussi parfaite qu'elle voulait bien le croire...

D'un coup de baguette, elle alluma quelques lumières du hall d'entrée et du couloir principal. Il faisait bien sombre, mais rien d'étonnant à cela. la porte du petit salon sur la droite était fermée, celle de la cuisine sur la gauche ouverte. Amelia supposé qu'elles seraient plus à l'aise dans la première pièce, dans les fauteuils que dans les chaises un peu dures de la deuxième. Elle posa machinalement les clefs sur la commode - premier meuble disponible en rentrant - avant de se pencher en avant pour pousser la porte qui l'intéressait et laisser entrer ses deux convives. Les timides rayons du soleil se frayaient un chemin à travers les rideaux. Dans un silence de cathédrale, elle les tira pour laisser entrer la lumière. Plusieurs centimètres de poussière recouvraient le sol et les draps qui avaient été posés sur les meubles. “Nous ne savons toujours pas ce que nous ferons de cette maison.” Informa-t-elle comme pour justifier l'abandon de la maison par les trois héritiers. D'un coup de baguette, elle rendit cette pièce à vivre de nouveau humainement habitable. Draps se plièrent et poussière disparut. Après avoir réalisé cette tâche ménagère, Amelia se sentit bête. Remarquant finalement qu'elle les avait fait venir sans but précis, elle se tourna vers elles avec un sourire gêné. C'est qu'elle n'avait pas envisagé à quel point cet instant s'avérerait difficile au possible. “Vous préférez vous installer ou une visite guidée vous tenterait-elle ?” Elle s'adressait aussi bien à Soyle qu'à Nora. Aucune des deux n'avait vu la maison dans son entièreté. Surtout Soyle qui n'avait mis les pieds ici.

Citation :

HRP :
Amelia blue (j'ai modifié on voyait rien du tout)
Soyle #663366
Nora red

Amelia n'était pas revenue dans la maison de ses parents depuis qui lui semblait un millénaire. Avant l'ouverture du testament, elle ne s'était pas réellement posée la question de la succession. Elle le reconnut bien volontairement à Soyle. La bâtisse était grande, bien aménagée, en un coup de baguette propre. Elle pourrait se vendre facilement, sûrement. Mais la simple idée d'obtenir de l'argent pour la maison de ses parents lui faisait froid dans le dos. Sa grand-mère maternelle n'apprécierait probablement pas l'éventualité. Et elle afficha un sourire franc à Soyle quand elle lui dit qu'ils pouvaient prendre la décision plus tard. “ Ma famille a obtenu cette maison en 1965. Ils s'appelaient Hildegarde et Simeon Bones, une sœur et un frère. Ainsi que leur neveu Flaurus. ” Commença-t-elle en regardant le mur. Puis son regard monta vers le plafond de la pièce comme si elle voulait voir la maison de la construction, comme si cela lui permettait de lire son passé. Puis, elle poursuivit avec un sourire, ses yeux se déplaçant de gauche à droite pour contempler les fondations de ce petit salon.  “ Plusieurs de mes ancêtres l'ont agrandie. le jardin également. C'est une maison de famille avec cinq chambres en plus des combles. Mon père les avait aménagés pour que je puisse y dormir. Comme une princesse dans la pièce de la plus haute tour de son château. Sauf que je n'y étais pas enfermée. ” Elle laissa échapper un rire à sa dernière phrase. Les princesses de contes moldus étaient parfois enfermées. Elle ne se doutait que Soyle n'aurait pas pris ces paroles de travers. Mais un brin d'humour après un monologue tout en nostalgie ne heurterait personne, ni Soyle, ni Nora et encore moins elle-même. Sa psychomage paraissait absente, ailleurs, comme si elle n'avait pas été à sa place. Amelia ne lui en tenait pas rigueur; Sa grossesse devait être au contre de toutes ses attentions. Et malgré tout, elle s'efforçait de rester concentrée sur le moment présent, toute en discrétion. La serdaigle gratifia sa tante de cœur d'un sourire lumineux. Elle communiquait avec elle aussi toutes ces anecdotes familiales et historiques.

Egarée dans la contemplation de son passé, elle en oublia presque ses invitées et accompagnatrices. La maison regorgeait de souvenir encore frais, heureux pour la plupart. Elle visualisait son père en partance pour son travail au ministère. Plus loin, dans la cuisine, sa mère achevait les corvées du matin telle la vaisselle. Elle entendait les bruits également, les pas précipités de ses parents, les grands éclats de rires, les claquements de porte, les sifflements. Ses parents ne la quitteraient jamais, pas tant que son cœur battrait dans sa poitrine, fort et solide. Mais les défunts ne prenaient pas entièrement la place dans ses pensées ou en sa mémoire. En effet, les vivants campaient dans son univers et ne s'effaçaient que très rarement. En fin de compte, Gauwain était le seul à avoir disparu de ce monde qui n'appartenait qu'à elle. Par chance, Nora demeurait ancrée dans sa vie. tel un chêne solidement enraciné dans le sol. Quant à Soyle, elle s'installait dans le paysage comme si elle avait toujours été là. Elle leur accordait bien volontiers toute son attention sur elles. Ainsi son regard glissa vers elles accompagnés d'un fin sourire délicat. Elle leur proposa deux alternatives : se poser dans ce petit salon ou bien entamer une visite de la maison. Nora avait pu voir le petit salon, la cuisine et le grand salon lorsque ses parents l'avaient invitée pour un événement autre qu'une consultation à domicile. Soyle ne faisait que la découvrir. Tous deux semblaient partantes pour faire un tour de la maison des Bones.  “ Il y a deux étages en plus des combles et du rez de chaussée. ” Son père avait presque créé un petit studio sous les combles : chambre, bureau, sanitaire. Elles le réaliseraient sûrement très vite si elles gravissaient les deux étages qui les attendaient. Elle hocha la tête silencieusement et ouvrit la marche vers la cuisine. La pièce étaient tout en longueur, mais assez large pour contenir une table en bois pour six personnes et un plan de travail longeant le mur. Quelques fenêtres laissaient entrer la lumière naturelle. D'un coup de baguette, elle ouvrit les lourds rideaux afin que les deux puissent constater d'elles-mêmes.  “ Elle mesure environ 30 mètres carré si ma mémoire ne me fait pas défaut. ” Dit-elle en faisant un geste de la maison pour indiquer l'autre bout de la pièce. La seconde porte débouchait sur un petit escalier montant au deuxième étage.  “ On rejoint les chambres par cet escalier, mais nous pouvons peut-être voir les autres pièces ici. Il reste le grand salon et la salle à manger si on suit le couloir d'où nous venons. ” Eh bien entendu l'escalier principal et les toilettes, mais il ne lui parut pas pertinent de le préciser. Quels invités visitaient des toilettes sauf en cas de besoin ? Elle n'avait indiqué à Aurora et Svetlana les toilettes seulement quand elles exprimèrent le besoin d'y aller lors de leur premier séjour ici.