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Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan

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Athos Greyson

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Le silence est une opinion.

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MessageSujet: Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan 129196351Lun 9 Aoû 2021 - 1:25

Quelle heure était-il ?

Les coups sur la porte le tirèrent des bras de Morphée avec sursaut, alors qu’il considérait son environnement d’un oeil flou. Le jour baignait l’appartement tout entier car, une fois n’était pas coutume, Athos avait sombré sur son canapé, faisant des infidélités à ce lit dans lequel il ne savait plus dormir. La mezzanine était devenu un territoire qu’il n’arpentait que pour attraper quelques affaires, car il lui semblait que là-haut flottait encore le souvenir de Magda. Que dire de la chambre de Tobias, qu’il n’avait pas ouverte depuis son départ. Cet endroit n’était plus qu’un mémorial, que des fantômes de gens bien vivants hantaient sans le savoir. Athos en était venu à détester cet appartement qu’il ne quittait pourtant presque pas, trop épuisé pour sortir, trop vidé pour se risquer à une aventure au dehors, trop incertain de son propre comportement pour se confronter à ce que la vie allait lui mettre sur sa route.

Les coups redoublèrent, et le sorcier se redressa dans une grimace, l’habituelle migraine post-ivresse lui barrant le crâne. Il y avait eu un peu de mieux pourtant, en juin. Tel un Phénix, Athos avait cramé tout entier pour renaître, un peu. Et puis il avait fallu que cet imbécile d’ami qui lui tenait lieu de colocataire ne vienne s’ajouter à la liste des tracas qui le tourmentaient. Shannon, putain… Quelques affaires à lui traînaient ça et là dans le salon, affaires qu’Athos n’avait même pas balancées dans sa chambre comme pour se prouver qu’il était encore en vie. Comme pour s’en persuader, et pourtant... L'incertitude le bouffait. « J’arrive. » grogna-t-il alors qu’il était désormais levé, considérant sa cafetière avant de réaliser que midi était déjà passé. Merde. Son esprit chercha qui pouvait bien venir le déranger, ce qui n’arrivait jamais d’ailleurs, et un coup d’oeil par le judas lui apporta la réponse. Evidemment. Son courrier de la veille lui revint en tête, et Athos regretta de s’être collé une telle mine car la conversation à venir requérait toutes ses facultés mentales. Bon. Ouvrant la porte, le sorcier passa une main dans ses cheveux défaits par la nuit alors qu’il s’écartait déjà pour laisser passer son invité. « Razvan, entre. Merci d’être venu. » Refermant la porte derrière eux, Athos eut un élan paranoïaque et insonorisa la pièce, qui l’était déjà. Mais on était jamais trop prudents, pas vrai ? « Excuse le bazar, je ne t’attendais pas si tôt. » Tôt, tôt… tout était relatif. Bazar aussi quand on y songeait, car l’endroit était impeccable, si on exemptait les paires de chaussures de Shannon et le cadavre de Pur Feu sur la table à côté d’un cendrier à moitié plein. Mais pour Athos, c’était loin de répondre à ses impeccables standards.

Ouvrant grand la baie vitrée, le sang-pur attrapa son paquet de cigarettes abandonné sur le balcon et en alluma une par réflexe. Un café putain oui, il allait en avoir besoin. Alors qu’il posait son regard sur le roumain, il se fit la remarque qu’il ne l’avait pas vu depuis ce fameux soir où ils s’étaient échangés des coups - enfin, un plus que l’autre, bien sûr. Razvan avait sa vie, Athos la sienne, et aucune raison jusqu’à aujourd’hui ne les avait poussé à se recroiser. « Alors comme ça, Pré-Au-Lard hein ? » badina-t-il en essayant de gagner du temps pour que son cerveau se remette en marche alors que d’un coup de baguette, il réchauffait un reste de café de la veille. « Loin du chaos de Londres… t’as bien raison. Chaque jour je me dis que je devrais faire pareil. » Et plus encore depuis que le Chemin de Traverse était annexé. La communauté sorcière était paralysée, Londres devenait plus hostile que jamais et Athos, plus casanier qu’il ne l’avait été. Même l’Allée des Embrumes n’était plus fort peuplée, c’était dire. D’un geste, il avala son café trop chaud qui lui remit un peu les idées en place. Café, clope, le meilleur moyen pour fonctionner correctement. Du moins, à peu près car désormais chez Athos, plus rien ne semblait fonctionner. Et pourtant, aujourd’hui, il faudrait.
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MessageSujet: Re: Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan 129196351Mer 11 Aoû 2021 - 20:57

Razvan n'appréciait pas de cacher des choses à Neolina. Mais lorsque l'on tuait des gens et lorsqu'on avait des obligations peu légales, il fallait parfois faire des compromis avec sa morale. Et Merlin sait combien il en faisait, des compromis avec elle. Toute sa vie semblait en être un et chacun de ses agissements une trahison supplémentaire. Quand est-ce qu'il allait finalement regretter définitivement, craquer une bonne fois pour toutes, et dire la vérité, au risque de tout perdre ? Lui-même ne le savait pas et il se connaissait assez pour savoir que le déclic allait lui tomber sur le coin du nez quand il s'y attendrait le moins. La lettre d'Athos Greyson aurait pu être un déclic pour Razvan, lui qui lui demandait de brûler le courrier aussitôt lu pour que Neolina ne tombe pas dessus. Un petit secret de plus, un petit secret de moins... Le roumain avait interrompu sa lecture et posé ses yeux dans le vide au point de cette phrase. Puis au bout de dix secondes, peut-être vingt, il l'avait fini et l'avait brûlé comme demandé, ouvert la vitre pour que l'on ne sente pas la brûlure du papier. Le médicomage avait donc fait le déplacement le lendemain de ce courrier. Comme pour arracher le pansement, aussi parce qu'un insupportable doute lui rongeait l'estomac depuis la lecture de ces mots. Que pouvait bien lui vouloir Athos qui soit si grave ? La situation dans le monde magique était déjà délicate. Tout le monde semblait se regarder en chien de faïence, le Chemin de Traverse était bouclé - et pour cause, Razvan avait eu son rôle à jouer. Et quoi de pire que de voir l'inquiétude s'immiscer dans son environnement personnel ? Neo faisait bien efforts, il n'était ni stupide ni dupe, en fait. Et il voyait les choses, culpabilisait davantage. Et maintenant avec cette lettre, à quoi pourrait-il s'attendre ? « Ne t'en fais pas pour ça » répondit-il en haussant les épaules. Heureusement pour le monde, il n'était maniaque que chez lui, encore qu'il avait progressé depuis qu'il avait un enfant et depuis qu'il fréquentait Neolina et son milliers de fanfreluches différentes. Mais sans doute qu'Athos était au moins aussi maniaque que lui, car les yeux sombres de Razvan cherchèrent bien quelque chose à redire, ce n'était pas possible. Une paire de godasse abandonnée, ce n'était pas du bazar. Ou en tout cas, ça ne l'était plus depuis qu'il devait vivre avec un croup sous son toit.

Silencieux comme si on venait de lui annoncer un décès, le médicomage le suivit du regard alors qu'il ouvrait la baie vitrée et s'emparait d'une clope pour fumer. Le roumain se contenta de cacher ses mains dans ses poches, debout et droit comme un piquet, pour le regarder attentivement. « Pré-au-Lard est plus calme que Londres » répondit-il à sa remarque, « pour l'instant, en tout cas ». Pour l'instant oui, car les choses finiraient bien par changer, non ? Elles finissaient toujours par changer, par rattraper sa petite vie rangée, qu'elle soit en Roumanie, en Angleterre, ou en Écosse... Aussi se contentait-il de profiter de l'instant, de ce qu'il vivait. N'était-ce pas ce qu'il avait de mieux à faire ? L'homme regarda Athos quelques secondes de plus, d'un air un peu pensif, avant de se rapprocher de lui en sortant de la poche arrière de son pantalon un paquet de cigarettes également. Il se posta en miroir, de l'autre côté de l’embrasure de la fenêtre et l'alluma avec un briquet, tout ce qu'il y a de plus traditionnel. Il tira une taffe, puis une deuxième et regarda la fumée s'élever dans les airs et disparaître. Avec le pouce de sa main qui tenait sa cigarette, l'homme se gratta vaguement l'arcade sourcilière : « En quoi puis-je t'être utile, Athos ? ». Car Razvan ne doutait pas que c'était pour lui demander quelque chose qu'il lui avait demandé de venir aussi rapidement et avec tant de discrétion. Le tout était de savoir quoi... Et accessoirement, comment lui donner ce qu'il désirait.

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MessageSujet: Re: Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan 129196351Mer 11 Aoû 2021 - 22:45

Ne t’en fais pas pour ça… Il était clair et net que l’état de son appartement était actuellement le cadet de ses soucis. Mais c’était toutefois l’une des seules choses sur lesquelles il avait le contrôle et quitte à passer sa vie ici, autant que ça soit clean. Plus clean que sa propre cervelle ravagée par l’alcool et les tracas, du moins. Parce qu’en ce moment, Athos ne faisait que ça, de se faire du souci pour d’autres gens que lui. Et s’il arrivait malheur à Tobias ? Magda ? Shannon ? Les trois à la fois ? Il n’y survivrait pas, par Merlin. Le premier réflexe d’ailleurs quand il avait appris pour le Chemin de Traverse avait été de transplaner pour l’Ecosse, sans même prévenir par politesse, rien. Retrouver son fils, s’assurer qu’il allait bien, sentir son odeur entêtante de bébé pour se rassurer. Tout allait bien en Ecosse, à Pré-Au-Lard comme dans le cottage où Magda acceptait encore de rester cachée, loin de Londres et ses tourments. Mais le pessimisme de Razvan eut tôt fait de lui faire grincer les dents. Pour l’instant, oui. L’horreur ne connaissait aucune frontière après tout, et chaque soir il s’endormait avec la peur au ventre qu’un jour, un malheur s’abatte encore sur ce qu’il restait de la famille qu’il avait.

Le café réveillait doucement ses neurones, plus que le bruit de la rue en contrebas. Razvan et lui étaient en train de fumer tranquillement, Athos bafouant tous ses principes en ne proposant même pas une boisson, ni une clope à son invité. Tout ça n’avait rien à voir avec leur dernière rencontre, car aussi rancunier soit-il, il ne comptait pas blâmer le roumain pour un mauvais choix qu’il avait fait. Peut-être qu’il aurait pu lui demander de rafistoler un peu sa mâchoire toujours en vrac depuis ce fameux soir-là, mais après tout, c’était un détail dans l’univers chaotique de sa vie. Et lorsque Razvan, sans passer par quatre chemins, lui demanda ce qu’il faisait là, Athos regretta amèrement d’être dans un état pareil pour aborder la conversation. Pourtant, la question eut le mérite de très vite le dégriser et son instinct paranoïaque prenant le dessus, il ferma d’un geste relativement calme la fenêtre qu’il venait juste d’ouvrir. « Pardon, des oreilles ennemies pourraient nous entendre. » se justifia-t-il en tirant une bouffée alors qu’il forçait un peu Razvan à se décaler. Qu’ils fument dedans après tout, quelle importance ? Magda n’était plus là pour râler.

Athos ressentit un vif malaise, passant sa main libre dans ses cheveux comme chaque fois qu’il craignait ses propres mots. Mais il fallait bien le faire. Il fallait, c’était une décision qu’il avait mûrement réfléchie, du moins… Son cerveau anesthésié lui donnait l’impression que c’était la chose à faire. Son regard se posa sur la Gazette abandonnée sur le comptoir de la cuisine, et même si ses yeux ne savaient pas lire à cette distance, il en connaissait par coeur le contenu. « Mon meilleur ami est au Chemin de Traverse en ce moment même. » commença-t-il d’une voix tout à fait sérieuse. Il se refusa à prononcer son prénom, car c’était trop dur. Comme s’il convoquait un mort, alors que bordel, il espérait que ça ne soit pas le cas. « J’ai perdu trop de gens récemment pour me permettre que… Pour que ça arrive encore. » Et pourtant, il n’avait aucun foutu contrôle sur cette situation là. La culpabilité le rongeait, car dans son état normal, peut-être qu’il aurait trouvé une solution. Il était l’un des plus grands filouteurs que Londres abritait, passait sa vie à régler les problèmes des autres, à s’introduire là où il n’avait pas à être. Et pourtant, le Chemin de Traverse restait inaccessible, ne serait-ce qu’en pensées, parce qu’il ne trouvait rien. « Ecoute… » enchaîna-t-il en regrettant qu’il soit trop tôt pour qu’une bière ne vienne adoucir la conversation, ou lui fournir un peu de courage. « Je ne t’ai jamais posé de questions, parce que ça n’est même pas la peine Razvan. Je sais dans quel merdier tu te trouves et je sais que toi, tu peux aller là où moi je ne peux pas. » Il posa ses prunelles noisette sur lui, même si par pudeur il aurait peut-être fallu ne pas le regarder. Mais Athos, en fait, ne jugeait pas Razvan. N’était-on pas capable de tout pour des gens qu’on aimait, après tout ? « J’ai besoin de savoir qu’il va bien. J’ai probablement pas le droit de te demander ça, mais… » Mais au point où il en était, après tout…
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MessageSujet: Re: Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan 129196351Ven 13 Aoû 2021 - 22:03

Athos n'avait pas recontacté Razvan depuis ce fameux soir où le roumain avait fait ce qu'il faisait de mieux - ou presque - à savoir boxer. Il ne s'était pas forcément dit que c'était parce qu'il avait fait quelque chose de mal. En fait, le médicomage avait fait ce qu'on lui avait demandé de faire. Incroyable résilience de la part de cet homme qui faisait tout - oui oui, tout - ce qu'on lui demandait. Et ainsi donc, il ne s'était pas excusé de l'avoir ainsi malmené. A quoi bon, après tout ? Athos était venu pour se changer les idées et cela avait fonctionné. Et le roumain espérait que ce cassage de gueule en règle allait lui passer l'envie de recommencer. Car il pouvait s'estimer heureux d'avoir dû se lever face à lui sur un ring miteux, et pas contre certains autres hommes qui avaient des allures de cerbères. Razvan était certes bien bâti, il ne faisait "que" un mètre soixante-quinze. Une allumette face à certains colosses qui faisaient deux mètres. Mais quoiqu'il en soit, il s'était déplacé. La tête pleine de questions, naturellement. Comme toujours, mais Razvan ne passait jamais trop par quatre chemins, parce que les petits calculs, ce n'était pas vraiment son fort et qu'il n'avait pas envie de jouer au chat et à la souris. Si Athos l'avait fait venir, c'est qu'il avait quelque chose d'important à lui dire ou lui demander. On ne pouvait pas dire, en effet, que le britannique ait pour vocation de passer son temps libre en sa compagnie. Quand bien même ils partageaient facilement une discussion, une bière et une cigarette.

Dans un silence entrecoupé d'une aspiration de fumée noire, il se décala un peu pour le laisser fermer la fenêtre. Sans relever sa paranoïa à voix haute, celle-ci sauta malgré tout aux yeux de l'homme. Mais peut-être qu'il aurait gagné à l'être davantage, paranoïaque. Ce n'était pas encore un travers qui l'avait totalement dévoré. Après tout, peut-être que Razvan était un homme que l'on pouvait encore sauver, après tout. Le regard noir du roumain ne quittait pas son interlocuteur, de ce regard intense qu'il avait parfois lorsqu'il cherchait des réponses à ses questions. Le silence n'était entrecoupé d'aucun son, comme si le plus jeune cherchait ses mots, ou cherchait comment présenter la chose. Leur immobilité ne fut interrompue que par le geste nerveux d'Athos et par la fumée qui s'échappait de leurs bâtons de nicotine. Le début de ses mots n'était pas foncièrement surprenant. Il y en avait, du monde perdu sur le Chemin de Traverse. Du monde bloqué par les mangemorts, par lui-même. Tout le monde ou presque connaissait quelqu'un qui était là-bas, c'était une tragédie face à laquelle le Ministère semblait totalement dépassé. Et il en savait quelque chose... Pourtant, le médicomage ne s'attendit pas à la suite de ses paroles. Et il blanchit, blanchit réellement, tellement que sa peau mate ne semblait plus l'être. Sans bouger d'un pouce, pourtant, Razvan laissa sa cigarette se consumer entre ses doigts, insensible à la cendre qui commençait à se détacher du bout. Et ils se regardèrent quelques instants, de très longs instants au demeurant. Comme si un autre type de confiance se tissait entre eux, invisible lien mais pourtant présent. Le roumain était perturbé, perturbé qu'il ne soit pas jugé, que cet homme ne décide pas, comme les autres, de lui faire du chantage pour obtenir ce qu'il désirait. Il aurait pu, mais il avait un autre type d'honneur qu'il avait appris à lui déceler. « Quel est son nom ? » demanda Razvan lorsqu'Athos se tut. Il ne voyait pas bien comment lui dire qu'il allait bien sans informations. Il ne connaissait déjà pas grand monde sur Londres, alors les pauvres gens coincés par dizaines sur le Chemin de Traverse... Enveloppé dans sa cape noire et sous son masque de fer, le roumain pouvait difficilement demander les noms des otages. Mais enfin, ce n'était pas comme s'il allait refuser de toute manière. Et d'ailleurs, son attitude le démontrait sans doute. Point fermé à la conversation, il n'avait pas croisé les bras au contraire. Il porta sa cigarette à ses lèvres pour en tirer une dernière taffe et profita qu'elle soit presque finie pour l'écraser dans le cendrier non loin de lui. Il se dirigea vers un fauteuil tout proche et s'assit dedans : « Je veux bien t'aider tu sais ». Athos avait suffisamment fait pour lui pour qu'il lui renvoie l'ascenseur, non ?


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MessageSujet: Re: Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan 129196351Mar 31 Aoû 2021 - 21:51

Depuis bien des années, la prudence était sans nul doute la maîtresse la plus fidèle d’Athos. L’école de la vie lui avait appris les leçons nécessaires et depuis son retour à Londres quelques années plus tôt, quand il n’était pas encore père - du moins ne le savait-il pas - le sorcier s’était fait un nom dans un milieu empli de dangers en prenant les précautions nécessaires pour survivre. Et preuve en était, même s’il était cassé, rompu par les choses de la vie, Athos était toujours là. Sa paranoïa s’était toutefois accrue, et depuis quelques temps, il lui arrivait souvent de doubler les sortilèges pour éviter les déconvenues, là où sa légendaire confiance désormais aux abonnés absents lui fournissait autrefois toutes les certitudes du monde.

Toutefois, c’était une chose fort imprudente que de confronter ainsi une personne qui avait le pouvoir de détruire votre vie en une fraction de seconde. Techniquement, le moindre sorcier digne de ce nom en était capable, n’importe quel être humain d’ailleurs mais il existait une différence majeur entre pouvoir le faire, et réellement le faire. Il fallait une certaine volonté, une certaine part de soi capable d’accepter de vivre avec ce poids là. Athos n’avait pas mis très longtemps à cerner Razvan, à lire entre les lignes les signes de son apparente culpabilité. Ses aveux à demi mots ne disaient rien, mais son visage et ses silences parlaient bien plus. Le roumain cachait de sombres secrets, sombres au point qu’il était tout à fait dangereux de les évoquer, d’autant plus à un homme qui haïssait cette part de lui-même. Athos connaissait des mangemorts. Il avait observé des tatouages à la dérobée, entendu des conversations, observé des étincelles dans certains regards. Et bien des hommes qui ne portaient même pas ce titre étaient capables du même pire que ceux-là sans éprouver la moindre once de regrets. Et c’était sur cette corde là qu’Athos comptait bien jouer aujourd’hui. Etait-ce de la manipulation ? Probablement un peu. Mais après tout, ne devait-on pas toujours un peu manipuler les autres, même avec la meilleure des bienveillances, pour obtenir les choses qui nous tenaient à coeur ?

Et certes, Athos avait Razvan. Mais la nervosité qu’il ressentait actuellement trahissait son incertitude quand à sa réaction. Face à ses propres erreurs, l’homme réagissait curieusement. N’avait-il pas éclaté sa main sous une colère dirigée contre lui-même ? N’avait-il pas laissé le roumain lui défoncer la gueule, sciemment ? Ca n’était pas une réaction normale, ça n’était pas le reflet de ce qu’il était, sûrement pas. Alors peut-être que Razvan allait lui aussi révéler une part sombre devant de telles accusations parfaitement fondées. Peut-être allait-il partir, simplement. Mais Athos le vit simplement blêmir, ce qui valait là toutes les validations du monde. Il ressentit même un peu de peine d’avoir eu à lui en faire, mais malheureusement, le médicomage ne faisait pas partie du cercle très restreint qu’il tenait à protéger. Et même si ça avait le cas, la franchise désarmante du sang-pur n’avait jamais ménagé jusqu’à ses plus proches amis, jusqu’à son plus profond amour. Athos, donc, s’attendait à bien des réactions. Mais sûrement pas à ce calme presque olympien et cette question somme toute pragmatique. Prêt à répondre, le nom de Shannon resta bloqué dans sa gorge pour une raison qui lui échappa. Et s’il le lui disait, et qu’il apprenait alors que cet imbécile s’était rebellé et qu’il était mort ? Non, impossible. Pas qu’il soit mort, mais que Razvan le sache si c’était le cas.

Le temps s’étant écoulé, Razvan avait pris ses aises et lui ôta un poids en confirmant ce qu’il avait déjà compris. L’aider, hein ? Athos eut l’envie fort déraisonnable de lui demander à quel point. Extraire Shannon, c’était le compromettre lui, risquer la vie de Shannon, c’était impensable. Il en crevait d’envie, mais il ne pouvait pas. D’un pas calme, le sorcier se posa devant l’un des rares meubles de la pièce, un bureau sur lequel plus personne n’écrivait, ni ne faisait de dessin. Ouvrant le tiroir parfaitement rangé, il en extrait une photo sur laquelle il ne posa même pas son regard avant de rejoindre Razvan, s’asseyant à son tour sur le canapé en écrasant au passage sa cigarette. « Shannon O’Mahony. » Lui tendant la photo, son doigt frôla le visage animé de son meilleur ami. C’était un cliché qu’il ne pouvait plus regarder sans ressentir un pincement au coeur. L’anniversaire de Tobias cet hiver, et les visages heureux de Magda, de son fils, de Wilda. Le sien aussi, qui aurait cru ? Il y souriait sans regarder l’appareil, son regard dirigé vers cette famille qu’il n’aurait jamais espéré avoir. Et qu’il n’avait plus désormais. Et Shannon, mal à l’aise dans ses pompes de parrain. C’était l’une des seules photos d’eux qu’il avait. Leur amitié ne s’encombrait pas de souvenirs physiques. S’enfonçant dans le dossier, Athos emmêla un peu plus ses cheveux avant de poursuivre ses explications. « Si je m’inquiète, c’est qu’il est plutôt du genre… rebelle. A te cracher sur les pompes sans craindre les représailles. Je… » Si Razvan aurait pu supporter l’affront, il doutait que ses… disons, camarades fassent de même. « J’aimerais savoir s’il est en vie. » confessa-t-il en contemplant le plafond pour éviter d’avoir à affronter le regard du mangemort face à sa dégoulinante faiblesse. « Et s’il l’est, j’aimerais qu’il le reste. » Nouveau blanc, plus court, avant que ses yeux ne reviennent sur le visage fatigué du roumain. « Je sais que ça n’est pas de ton ressort. Et même s’il ne m’a jamais écouté, j’aimerais bien… » Décidément, Athos n’était pas d’humeur à finir ses phrases. « Pourrais-tu lui passer un mot ? » demanda-t-il, d’une traite, se doutant que c’était une requête risquée. Mais après tout, mieux valait risquer un non que de perdre Shannon sans avoir ne serait-ce que tenté un petit quelque chose.
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MessageSujet: Re: Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan 129196351Mer 22 Sep 2021 - 20:07

La résignation de Razvan avait toujours été, probablement, son plus terrible défaut. Quoi de plus terrible que d'apprendre à courber l'échine pour que ça fasse moins mal ? Quoi de plus lâche ? Durmstrang voulait les former à être forts, et résistants. D'une certaine façon, il l'était, vu ce qu'il encaissait depuis qu'il était gosse. L'Ecole du Grand Nord avait une réputation qui lui suffisait dans le monde des sorciers. Que ce soit aux Etats-Unis, comme en Europe. Un nom, une école qu'aucun ancien étudiant n'était capable de resituer, la faute à ce sortilège d'oubliettes qu'on leur jetait. Comme pour s'assurer, d'une certaine manière, que jamais aucun d'eux ne viendrait tourmenter ceux qui auparavant, les avaient battus. Car c'était bien une éducation stricte, frôlant dangereusement la maltraitance dirait le directeur, là où en réalité, c'était simplement de la maltraitance. Razvan avait été éprouvé de ces sept années passées là-bas. Il avait détesté ça, détesté cela si fort que les vacances qu'il avait étaient toujours une bouffée d'air frais, bien trop courte, hélas. Le roumain ne rentrait que pour Noël. Cela faisait plaisir à sa tante et au moins, ça le faisait souffler un peu quand même. Plus tard, lorsqu'il avait commencé à fréquenter Mara, il rentrait également en avril. Mais le reste du temps, ma foi... Les murs de l'école l'enfermaient pendant des mois, ses couloirs lugubres et glacés restaient des années plus tard imprégnés dans sa mémoire. N'était-ce pas normal, après tout, qu'il ait mal tourné ? Tous les mauvais sorciers sortaient de Durmstrang, c'était un adage qui prenait tout son sens lorsque l'on se penchait un peu sur la scolarité de Gellert Grindelwald. Les murmures sur ce mage noir en faisaient rêver certains là-bas, étudiants comme professeurs. Razvan n'avait jamais osé se pencher sur l'histoire de cet homme. Savoir qu'il étudiait dans la même école que lui l'avait suffisamment dégoûté. Tout ça pour qu'au final, il serve un homme qui lui ressemblait foutrement. Ironique, non ?

Alors le médicomage essayait de se racheter une conscience comme il le pouvait. Et il sortait les rames pour le faire. Glisser quelques informations au Ministère. Maintenant, glisser quelques informations à Athos ? Ou en faire glisser à quelqu'un d'autre en l'occurrence. L'apparente docilité de Razvan ne l'empêchait certainement pas de réfléchir. Il lui serait compliqué d'atteindre quelqu'un de particulier sans se faire remarquer. Mais il savait aussi ce qu'il risquait à dire non. D'une certaine façon, il se sentait aussi l'obligé dans cette histoire, lui qui pourtant, avait continué d'aider le britannique comme il l'avait pu une fois qu'il n'avait plus eu besoin de ses services. Mais loin de lui l'idée de lui partager ses pensées à voix haute. Le roumain se contenta de s'asseoir dans le canapé, comme pour s'empêcher de perdre l'équilibre si un malaise le prenait. Silencieusement, il le suivit du regard. Athos cherchait apparemment quelque chose et la réponse ne tarda pas à arriver. Un photo. Et un nom. Encore un nom bizarre. Il se garda de tout commentaire sur la photographie. C'était étrange de considérer son interlocuteur autrement que comme un enquêteur abonné aux gallions clandestins de la salle de boxe où il se battait lui-même. Comme pour lui laisser le temps de trouver ses mots, le médicomage ne dit rien du tout. Il se contenta d'attendre la suite. Razvan allait lui répondre qu'il n'y avait eu aucun mort à l'heure actuelle sur le chemin de Traverse lorsqu'Athos lui coupa simplement la chique. Il voulait qu'il reste en vie ? C'était un autre type d'engagement que de lui confirmer qu'il était en vie. Un peu incrédule, il écouta la suite. Et puis voilà, il y eu un autre blanc, un blanc que Razvan ne savait pas interrompre. Passer un mot, il le pouvait. Sauver les miches de ce garçon, c'était autre chose. « Je ne peux pas risquer de te promettre quelque chose comme ça » répondit-il d'un ton incrédule, « mais... il n'y a eu aucun mort ». Son ami au nom bizarre était donc en vie. « Mais oui, je peux essayer de lui passer un mot ». Razvan ne lui accorda pas un sourire, toutefois. Donner des informations à Maugrey dans le confort d'un endroit où ils seraient seuls était finalement et ironiquement, beaucoup moins dangereux pour lui que de donner un mot à un jeune homme sur le Chemin de Traverse. Qui plus est alors qu'il était preneur d'otage et le type, justement, un otage. Le roumain détourna le visage vers la fenêtre et ajouta : « Mais je ne peux pas risquer de me compromettre. J'essaierai de le faire. Mais si ça me fait risquer des conséquences... ». Il préféra ne pas finir sa phrase. Athos l'avait compris pour lui de toute manière.


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Athos Greyson

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Le silence est une opinion.

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MessageSujet: Re: Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan Peut-on seulement encore faire semblant ? w/Razvan 129196351Lun 4 Oct 2021 - 23:05

Voilà bien longtemps qu’Athos ne croyait plus en la simple notion de promesse. Y avait-il seulement déjà cru, à vrai dire ? Celles à voix haute, celles de son enfance du moins, avaient toujours été empreintes de mensonges si flagrants que la promesse n’était là que pour faire figuration. Comme une politesse datée, un usage étrange et aristocratique. Un voeu qu’on détruisait une fraction de seconde après, dès que la personne avait eu le dos tourné. Et puis il y avait eu toutes ces promesses silencieuses, celles qui se cachaient dans des amitiés, au coeur des familles aussi. Mais si la vie lui avait bien appris une chose, c’était que celles-là n’existaient que pour être brisées. Sauf avec Shannon. Shannon était en vérité tout ce qu’il lui restait, son fils mis à part, car cette promesse là de prendre soin de lui jusqu’à en crever, il la tiendrait. Mais Athos ne demandait certainement ce genre de choses là à Razvan. La formulation avait sûrement été maladroite - et l’anglais du roumain n’était pas excellent - mais son envie de le voir rester en vie tenait plus d’un souhait qu’autre chose. Une prière presque, à des dieux auxquels il ne croyait pas. Jamais de sa vie il n’aurait demandé au médicomage quelque chose d’aussi dangereux, pour la bonne et simple raison qu’il ne s’en sentait pas le droit, mais aussi et surtout parce que ça serait peine perdue. L’avenir de Shannon reposait désormais sur sa propension à rester calme, et aussi beaucoup sur la chance. Autant dire que les espoirs d’Athos étaient assez maigres, mais soit. Soit. Croiser les doigts, c’était tout ce qui lui restait.

S’apprêtant à corriger Razvan, Athos se tut finalement lorsqu’il entendit ce qui était peut-être la meilleure nouvelle de l’année. Il n’y avait eu aucun mort. Shannon était donc en vie, Wilda aussi - car oui, Athos s’inquiétait tout de même pour la seule famille qu’il avait qui valait la peine qu’on s’en fasse, mais savait surtout que Wilda saurait être prudente, elle. Soulagé, le sang-pur poussa un long soupir en fermant brièvement les yeux, jugeant que c’était là un répit à prendre pour ses nerfs à vif, mais hélas rien de plus. Tout ça finirait à un moment donné, et très probablement dans le sang. À savoir si celui irlando-colombien viendrait souiller les pavés du Chemin de Traverse, c’était autre chose. Un mot n’y changerait rien, il le savait. Un mot ne changerait rien, mais libérerait au moins un peu sa conscience du poids monstrueux qui pesait dessus. L’impuissance lui rongeait les sangs, depuis maintenant presque un an d’ailleurs. Impuissant face à l’Ombre, impuissant à sauver son couple qui s’était délité, et maintenant impuissant face à cette catastrophe d’un autre ordre. Peut-être qu’il aurait pu tenter quelque chose. Peut-être que si son foutu cerveau fonctionnait correctement, lui et ses capacités de dissimulation auraient pu être utiles mais… à quoi bon ? À quoi bon essayer si c’était pour se planter ? « Je ne te demande rien de plus qu’un mot. » lâcha-t-il après un certain silence que la phrase inachevée de Razvan avait laissé s’installer. « Et c’est déjà beaucoup trop. J’en suis désolé, vraiment, je suis juste… » Nouvelle phrase sans fin, et pourquoi ? Razvan n’avait déjà que trop souvent subi ses débordements, ses incertitudes. Et Razvan était médicomage, pas psy. Mais comme souvent, le roumain lui inspirait une certaine confiance qui le poussa à parler, sans réfléchir. « Crevé, démuni, je sais plus. Même ça, je sais même pas ce que ça donnera. Même ça c’est complètement fou comme idée. Mais c’est tout ce qui me reste, c’est tout ce que j’ai. » Fuyant le regard de Razvan, il glissa sa main sur la table pour attraper le morceau de parchemin minuscule et soigneusement roulé, et lui tendit. « Ta sécurité a plus d’importance que ce bout de papier, et je le sais. Si l’occasion ne vient pas, ne le fais pas. Si c’était l’inverse, je ne risquerais pas ma vie, je ne te le demande pas non plus. » Après tout, il avait eu beau aider Razvan avec Mihaela, jamais cela ne l’avait mis ne serait-ce qu’un peu en danger. « Merci, Razvan. » acheva-t-il quand le roumain s’empara finalement du parchemin dont il se délesta comme s’il lui brûlait les doigts. « Préviens-moi juste, si… tu sais… » Cette fin de phrase là était impossible à prononcer. Impossible, oui. La gorge nouée, il tira une nouvelle cigarette de son paquet et l’alluma d’une main légèrement tremblante, la fumée s’échappant jusqu’au plafond, dans cette prison en forme d’appartement qui était désormais la sienne. Mais c’était toutefois plus enviable que ce que vivait Shannon, non ? Mais au moins vivait-il. Pour l’instant, se surprit-il à penser.
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