Amelia était vivante. Elle ne rêvait pas comme elle avait pu le faire si souvent ce dernier mois. Elle voyait bel et bien ses frères. Ils étaient aussi réels que les douleurs dans son dos et ses jambes. Les draps propres, les murs bancs, l'odeur toute particulière de saint mangouste n'étaient pas le fruit de son imagination. Tous ses sens se réveillaient les uns après les autres : l'ouïe tout d'abord, puis la vue, ensuite l'odorat et enfin le toucher. Ses doigts glissèrent délicatement le long du matelas. Ce n'tait pas comme elle l'avait imaginé. Moins magique. Plus douloureux. Mais définitivement parfait dans son imperfection. Elle était enfin libérée et elle pouvait cesser de retenir son souffle. Elle pouvait respirer et pleurer à nouveau. Des larmes se formèrent dans ses yeux alors que ses frères la regardaient comme une miraculée. Au bout d'un moment, ils la prirent dans leurs bras peut-être pour s'assurer que leur petite soeur se trouvait là ou pour lui montrer leur soutien. Edgar finit par s'installer sur la chaise et s'approcha le plus près du lit tandis que Samuel décida qu'il était peut-être temps d'aller chercher la médicomage, une certaine miss Munoz. Jamais entendu ce nom auparavant. En même temps, cela signifiait qu'elle était habituellement en bonne santé.  “ Vous avez trouvé une solution pour nous sauver. ” Sourit-elle. Sa voix, d'ordinaire forte et posée, était petite, fluette. Et elle en fut la première étonnée. Elle supposait lui reviendrait bientôt. Mais son frère aîné avait sûrement saisi l'essentiel. “ Oui. Mais ne te préoccupe pas du comment. Tu es libre à présent. ” Dit-il en évitant soigneusement de parler de l'ordre du phénix, à l'origine de cette action. Le plan ne résultait pas de la réflexion des aurors. Ils n'avaient de toute évidence pas approuvé le plan. Si elle avait remarqué ce détail, elle n'en fit rien - à juste titre - de savourer l'instant. “ J'ai vu tes lettres. ” Ajouta-t-il l'air de rien après un long moment de silence. ses lettres ? Elle eut une minute de réflexion. Ses lettres ? Et puis un déclic.  “ Non ! Ne me dis pas que tu les as lues. Elles sont privées. ” S’exclama-t-elle. Sa voix se cassa à la fin. Et de son côté, Edgar n'avait pas l'air très à l'aise non plus. Il se racla la gorge. Il avait donc osé ! Le traître ! Mais quel... ! “ J'aurais aimé être capable de te sauver. ” Sa voix avait lentement descendu comme s'il énonçait un regret absolument honteux. Elle chercha son regard, mais et surtout une réponse suffisante à lui apporter. Mais, Samuel choisit pile ce moment pour revenir avec la médicomage.

Samuel prit la parole sans trop de mal. “ Amelia, je te présente la médicomage Alba Munoz. C'est elle qui t'a pris en charge depuis ton arrivée ici. ” Amelia prit le temps de la regarder. Elle avait l'air sympathique. Elle dégageait une aura différente de celle des autres médicomages, moins froide, moins distante. Enfin, elle pouvait se tromper.  “ Bonjour. ” Dit-elle simplement en guise de salutations et présentations. Elle ne savait réellement quoi dire ou faire. Edgar se leva et tout à coup, Amelia se sentit mal, presque abandonnée. Il sembla sentir sa panique... “ Nous revenons tout à l'heure. ” Il était sûrement soulagé d'avoir une excuse pour fuir. Sa confession n'avait certainement pas laissé que du bon. Samuel enchérit : “ Je te ramène quelque chose à manger. Une tarte meringuée au citron. ” Et sans demander son reste, Edgar quitta la pièce tout en entraînant son frère avec lui. Ils allaient peut-être prévenir du monde durant cette interlude dont la bienveillante Soyle Hoover, Lily, Svetlana, Remus - que Edgar préférait de loin au précédent petit ami dont le nom ridicule lui échappait. De son côté, Amelia n'attendit pas que la médicomage prenne la parole pour lui poser la question fatidique : “ Je suis désolée de vous le demander dès maintenant... Mais quand pourrais-je rentrer chez moi ? ” Elle voulait revoir Soyle, Lumos et Dixie, porter des vêtements à elle, dormir dans son lit, sentir à nouveau le parfum au citron et le gel douche à la vanille. Peut-être même voir les jumeaux. Ils devaient avoir grandi depuis. Et Remus, bien sûr. Toujours. Elle voulait le revoir, lui dire qu'elle avait tant pensé à lui et le serrer fort dans dans ses bras et ne surtout pas le lâcher. Au moins pour une journée. Mais une pensée resurgit. “ J'étais avec trois personnes. Enfin deux, il ne restait plus que deux personnes à la fin. Est-ce que vous savez si Aurora va bien ? Aurora Sinistra ? Elle a sûrement été accueillie ici aussi. Elle avait des dessins sur les bras et... ” Elle s'arrêta tout net en réalisant qu'il y avait aussi Meredith... C'était la première fois qu'elle pouvait avoir de ses nouvelles. Mais elle eut peur sur le moment de n'entendre que des mauvaises nouvelles. Alors son souffle s'arrêta durant une seconde, et elle se mit à respirer difficilement... Décidément, même à la sortie des enfers, il n'y avait pas de repos pour Amelia Bones.