Fin août 1979
Depuis sa sortie de saint Mangouste, Amelia utilisait les moyens de transport moldu pour se déplacer ou le réseau de cheminettes. Parfois une âme charitable la transplanait pour elle ou utilisait sa baguette pour appeler le magicobus. Ce fut le cas notamment ce jour-là. Elle attendit au côté de son ami, son pied tapotait sur le sol à cause du stress et de la frustration. Dans la poche de sa veste, ses doigts se tortillaient légèrement. Son regard était fuyant. Et lentement, mais sûrement, elle se mordillait la lèvre inférieure jusqu'au sang. Au bout de cinq minutes qui lui parurent des heures, le but sorcier arriva et l'emmena jusqu'à Exter près d'une ruelle sorcière qu'elle connaissait bien. Bientôt, elle pourrait user de magie à nouveau. En effet, Gardiania avait proposé de tester plusieurs baguettes afin de trouver la sienne. Afin d'éviter une visite survenant trop tôt, Amelia proposa à son amie l'adresse d'un salon de thé près de son université. Elle ignorait combien de temps cette rencontre durerait, mais elle prévoyait de finaliser son inscription en deuxième année. De plus, une opportunité s'offrait à elle : un stage au ministère de la magie, auprès d'une juge, une vraie ! Rien n'était encore sûr, mais elle voulait à tout prix l'obtenir. Alors, elle ferait tout pour l'emporter malgré toutes les difficultés qui s'imposaient à elle dont notamment son état mental et physique. Mais elle se jugeait moins abîmée, moins brisée qu'à la suite du meurtre de ses parents. Elle sortait, rencontrait des gens, leur parlait sans craindre leur jugement. Il lui arrivait de se réveiller en pleine nuit et de se demander où se trouvait Aurora. Ces moments étaient suffisamment nombreux pour la fatiguer. Car même si elle se rendait compte de l'endroit où elle était, elle ne se rendormait pas facilement. Ainsi ses yeux étaient toujours petits - plus qu'à l'accoutumée - et elle cachait ses cernes avec un maquillage maîtrisé. Fort heureusement ! Mais elle dissimulait plus facilement la fatigue que ses joues encore bien creuses. Son régime alimentaire était d'ailleurs suivi de près par Soyle et sa médicomage. Elle ne pouvait pas manger autant qu'elle le souhaitait, ni autant qu'avant les vacances d'été. Il lui était déjà arrivé de vomir à cause d'un surplus de nourriture. Ce salon de thé était peut-être une condamnation sans qu'elle ne s'en rende compte. Mais au fond d'elle, elle comptait un peu sur Gardenia pour veiller au grain. Et quelque part, la discussion lui permettrait sûrement de ne pas ingurgiter six ou sept gâteaux les uns après les autres. Elle devait faire attention. Et cette idée même la rendait folle...

Avec difficulté, elle descendit du bus, tout en retenant son souffle et entama sa marche vers le salon de thé. Exeter ne lui faisait pas le même effet que Londres. Un soupir de soulagement s'échappa d'entre ses lèvres... Elle se sentait en sécurité ici. Elle voyait bien que Exeter était bien différente de la capitale. Plus petite, moins peuplée, moins exiguée. Pas de lieux, de coins ou de façades pour lui rappeler un temps cruel. Et elle était contente de pouvoir y être à nouveau. Quel soulagement ! Quelques larmes coulèrent sur ses joues. Elle ne les essuya pas et ne prit pas la peine de se cacher. Elle leva la tête vers le ciel qu'elle voyait bien mieux qu'à Londres. Elle tourna ensuite sur elle-même pour contempler les boutiques si familières. Rien n'avait bougé. Pas de vitre cassée. Pas de boutique fermée. Des mines plus ou moins réjouies. Des trottoirs propres. Tout était exactement comme elle l'avait quitté. Cela lui réchauffa le coeur d'une manière dont elle n'aurait jamais imaginé. Elle eut un rire, un beau rire. Un véritable comme elle n'en avait pas eu depuis longtemps. Un chat vint l'interrompre et la ramena à la réalité. Celui-ci miaulait juste devant elle comme pour avoir des caresses ou tout du moins de l'attention. Quand elle posa son regard sur lui, l'animal se mit à bouger et la conduisit étrangement jusqu'au salon de thé où elle avait rendez-vous. Intérieurement, elle le remercia et entra dans la boutique. Une des vendeuses la reconnut et lui expliqua ô combien elle était contente de la voir. Ce à quoi elle répondit par d'autres petites larmes de soulagement. Elle alla s'installer en espérant que Gardenia arriverait très bientôt. Une femme enceinte aux cheveux colorés ne passerait sûrement pas inaperçue. A sa place, elle redécouvrit la table et les chaises ainsi que le charmant décor. Tout était joliment vieillot. Exactement comme dans ses souvenirs. Ce qui changeait de d'habitude fut l'arrivée de Gardenia. Elle ne l'invitait que très rarement à Exeter.  Elles se rencontraient plutôt à Londres...  Elle se leva pour la prendre dans ses bras. “ Oh Nia, comme je suis contente de te voir ! ” C'était le début... rien que le début de la reprise de sa vie ! Tout ceci lui donnait une impression positive. Ses craintes ne se limitaient qu'à Londres sans nul doute. Et ça, c'était une très bonne chose. “ Tu as trouvé facilement ? ” Demanda-t-elle en s'installant à nouveau sur la chaise tout particulièrement confortable. Tout s'annonçait parfaitement bien.

La grossesse était décidément une épreuve difficile, mais le résultat en valait la peine. C'était ce qui motivait Gardenia à chaque fois qu'elle était obligée de prendre la Magicobus depuis le début de sa grossesse. Mais cette grossesse n'était rien comparé à l'état de celle qu'elle considérait comme sa petite soeur ces dernières semaines. Amelia Bones. Une jeune femme qui avait beaucoup trop souffert ces dernières années. Tout arrivait en même temps. Les dernières épreuves avaient laissées des séquelles, trop de séquelles pour un si petit corps. Inhumain. c'était le mot qui lui venait à l'esprit quand elle repensait à tout cela. La jeune maman avait passé tout son temps auprès de la jeune femme, incapable de la quitter des yeux un instant, Moran avait été la voix de la sagesse lui intimant de lui laisser un peu de temps à sa sortie de l'hôpital. Cela faisait maintenant deux semaines qu'elle ne l'avait pas vu, préférant se concentrer sur la création de nouvelles baguettes pour elle. Il était désormais temps pour elle de renouer avec une partenaire. Perdre une baguette, la voir se briser ou tout simplement la voir nous quitter était une épreuve difficile pour n'importe quel sorcier, mais encore plus aux yeux de Gardenia qui avait été élevée dans leur fabrication. Casser sa baguette à Poudlard avait été le pire moment de sa vie, l'un des plus humiliants à ses yeux, en fait. Mais la raison pour laquelle Amelia n'avait plus de baguette était toute autre qu'une erreur d'inattention, alors, comme pour les autres victimes ayant vu leur meilleure amie de bois les quitter, la maison Ollivander s'était engagée à leur permettre d'en retrouver une gratuitement. Mais les trois étuis se trouvant dans le sac de la bleue en contenaient de tout à fait différentes. Conçues spécialement pour sa cliente, Gardenia lui offrait la possibilité de choisir entre ses trois premières baguettes. Trois possibilités toutes plus probables les unes que les autres. Chacune possédait son propre bois, son propre coeur, ses caractéristiques et sa personnalité propre. Jamais elle n'avait été aussi excitée devant le moment du choix, pourtant elle en avait vu, de ces moments là. Tout les étés depuis plus de dix ans maintenant.

Exeter. Dernier arrêt. Son arrêt. Déambulant dans les rues de la petite ville, elle ne fit pas attention aux quelques regards insistants qu'elle croisa. Il fallait dire de la bleue ne pouvait laisser personne indifférent, en bien ou en mal. Son physique sortait quelque peu des standards de la femme enceinte classique. Du haut de son mètre soixante-seize, elle était fière de ses cheveux aux couleurs de l'océan et de ses quelques tatouages apparaissant à divers endroits de son corps. Son maquillage léger faisait ressortir malgré lui ses joues rougies par l'effort qu'était de se balader avec une petite princesse pesant bien plus que son grand-frère avant elle. Maquillée, certes, mais il ne fallait pas lui en demander trop, même pour revoir sa petite protégée, elle ne quitterait pas ses vêtements de grossesse presque informes, mais tellement confortables. Soit. Cela ne l'empêcha pas d'entrer dans le salon de thé, lieu du rendez-vous. Si elle ne venait pas souvent dans le sud-ouest de l'Angleterre, elle savait parfaitement où se trouvait l'endroit, seul lieu de leurs rares rendez-vous hors de son confort londonien. Les joues creuses, les légers sillons de larmes les parsemant et les cernes qu'elle devinait sous le fond de teint de la plus jeune eurent raison d'elle. Si elles avaient passé du temps ici, rien ne serait comme avant. Du moins pour le moment. Amelia avait pourtant l'air heureuse, ce qui la rassurait un minimum. Celle-ci s'était légèrement remplumer depuis la dernière fois qu'elle avait posé les yeux sur elle. « Mia. » sourit-elle en la serrant contre elle comme le pouvait, un léger sourire sur les lèvres. Elle avait pris l'habitude de la surnommer ainsi, Ame étant un surnom tout de même moins mignon à l'oreille. « Tu m'as manqué, Fripouille. » Elle était heureuse de la retrouver, mine de rien. Gardenia posa son sac sur la table avec une douceur maternelle avant de s'installer dans son fauteuil somme toute extrêmement confortable. « Ca faisait longtemps, mais je suis enceinte, pas amnésique ma chère ! » plaisanta-t-elle légèrement. Il fallait dire qu'habituellement elle disant ce type de choses à Moran quand il tentait de tout faire à sa place. « Comment vas-tu ? » La question qui fâchait. Bien évidemment, elle savait que ce n'était pas la grande forme, Mia savait qu'elle savait. Mais il lui semblait important de poser la question, cela faisait peu que celle-ci avait quitté Sainte-Mangouste, elle voulait simplement savoir comment se passaient ces premiers pas à l'extérieur.

Le rêve d'Amelia avait toujours été Londres. Elle se souvenait encore à quel point elle idéalisait la capitale britannique. A présent, il s'agissait plutôt du lieu de tous ses cauchemars. Le chemin de traverse revenait le plus souvent. Voilà la raison de sa présence dans ce salon de thé d'Exeter. Elle s'éloignait le plus possible de la rue sorcière la plus connue de Grande Bretagne. Et cela ne semblait pas perturber Gardenia puisqu'elle accepta de se déplacer jusque là en pleine grossesse. Et l'étudiante en droit la remerciait plutôt deux fois qu'une intérieurement. Elle se promet de partager sa reconnaissance à l'oral dès que son amie arriverait enfin. L'attente ne dura que le temps de quelques minutes. En effet, la grande femme aux cheveux colorés et le ventre parfaitement arrondi apparut dans son champ de vision. Inutile de lui dissimuler la joie et le soulagement qu'elle ressentait en cet instant même. De belles retrouvailles en perspective !

On la prénommait de bien des façons. Son prénom et sa personnalité ouvraient la porte à des surnoms assez différents les uns des autres. Mai était propre à Gardenia et s'accordait merveilleusement à celui qu'elle utilisait pour sa grande sœur de cœur. Nia et Mia. Cela sonnait très bien dans la même phrase. Fripouille s'avérait toutefois plus étonnant, mais l'ancienne serdaigle ne prit pas ombrage. En vérité, elle ne put retenir davantage le rire qui   menaçait de sortir depuis un moment déjà. Naturellement, la discussion se poursuivit sur une plaisanterie appréciable.“ Moi qui croyais pourtant que tu avais des trous de mémoire ! ” Elle serait probablement incapable de faire un trait d'humour naturellement. Souvent, il fallait lui tendre la perche en espérant qu'elle s'en saisirait. Elle ne savait pas toujours comment rebondir et restait interdite suffisamment de temps pour entendre les mouches voler. Ce fut le cas suite à la question de Nia. Elle l'observa longuement. Les secondes filaient comme le vent et les interrogations apparaissaient les unes après les autres dans son esprit. Comment allait-elle exactement ? Elle-même en ignorait la véritable réponse. Elle se réveillait en plein nuit à cause d'horreurs qui revenaient la hantaient la nuit dans ses songes. Mais dans un même temps, elle respirait et ne craignait pas de vivre. Et que voulait-elle entendre exactement ? Des nouvelles sur sa santé physique, son évolution alimentaire ? Ou alors elle demandait plutôt des informations d'ordre psychologique ? Elle supposait que n'importe quoi ferait l'affaire.

Ses lèvres remuèrent plusieurs fois avant qu'elle ne réussisse à formuler quelque chose de compréhensible. “ J'ai encore peur de Londres. Je n'ose pas retourner sur le chemin de traverse, mais il faudra bien que je fasse l'effort d'y retourner. Je ne peux l'éviter continuellement. ” C'était à la fois une vérité et une explication à son invitation à Exeter. Ce salon de thé regorgeait de souvenirs positifs. “ D'ailleurs, je te remercie infiniment d'avoir le chemin jusqu'ici. Cela compte énormément. J'aime beaucoup cet endroit et je m'y sens bien. ” Elle préférait la sécurité. Autrefois, elle n'avait désiré que voler de ses propres ailes, et changer son mode de vie. C'était légèrement différent en cette fin de mois d'aout. Elle devait composer avec un besoin grandissait de familiarité et de sécurité. La stabilité avait toujours été une constance dans ce qu'elle recherchait, mais une nouvelle émotion s'imposait à elle : la peur. Une peur qu'elle n'avait jamais à essuyer. “ J'ai hâte de reprendre les cours. ” Elle voyait dans son désir de retourner à l'ems et de retrouver les bancs de la fac un signe encourageant. Elle se devait donc de le suivre et de ne surtout pas se limiter à simplement cela. Des opportunités se présentaient à elle et elle devait essayer d'accomplir ses objectifs. A cette pensée, elle réalisa que c'était le bon moment de lui retourner la question : “ Et toi comment vas-tu ? ”

Un rire franc, sincère, qui vient du ventre et s'éparpille dans la brise. C'est le plus joli son au monde. Le plus joli son du monde sortant de la bouche de l'une des personnes la plus blessée qu'il soit, comme c'était ironique. La vie était faite ainsi. Lorsque Gardenia regardait Amelia, elle avait l'impression que le temps n'avait eu de cesse de changer la nature de leur relation. Tantôt c'était elle qui jouait le rôle de grande soeur, tantôt c'était l'étudiante qui faisait figure de proue, lui donnant les leçons les plus importantes qu'il soit. Et ça, Gardenia ne pouvait qu'en être ravie. Elle la voyait grandir. Le malheur voulait que la plus jeune ait été forcée de grandir plus vite que prévue ces deux dernières années, elle avait l'impression de ne plus voir qu'une infime partie d'elle dans ce rire perdu qu'elle ne s'attendait pas à entendre. Si une énième plaisanterie voulu sortir de sa bouche pour la faire rire de nouveau, elle la retînt au dernier moment pour poser une toute autre question qui n'avait rien à voir avec la tournure de leur conversation jusqu'ici.

Un silence. Précédant puis suivant le rire, il n'était ni lourd, ni léger. La bleue sentait l'immense hésitation gagner sa cadette. Pourtant, elle ne pipa mot, se contentant de remercier d'un signe de tête la serveuse leur apportant le thé. Elles avaient leurs habitudes, et il fallait croire qu'elle s'en était souvenu. Gardenia prit une gorgée de thé, attendant patiemment que les mots sortent d'eux-même la bouche d'Amelia. Et puis, enfin, les mots sortirent d'entre ses lèvres, comme libérés. Londres. Il fallait dire que, même elle, avait eu beaucoup de mal à ressortir suite à cette attaque, et à celles qui l'avaient précédées. Elle n'oublierai jamais la poussette vide d'Aedhan sur le chemin de Traverse à Pâques. Jamais. Ni la peur qu'elle avait ressentie en attendant que Moran ne rentre de King's Cross. Son sang se glaçait à l'idée de revivre une autre de ces expériences cauchemardesques. Elle n'osait imaginer la terreur que devait ressentir l'étudiante à l'idée de retourner dans la capitale anglaise. « Je ferais tout ce que je peux pour t'aider de mon côté, Mia. Prends simplement le temps qu'il te faut. » C'était dans ces moments-là que l'on se rendait compte que la bleue était maman. Ce sourire doux et compatissant qui vous faisait croire que vous seriez capable de tout affronter à ses côtés. Mais tout le monde n'était pas un enfant de deux ans. « Ce n'est rien, j'aime beaucoup venir avec toi ici, ça me rappelle nos moments les plus fous. » Elle se souvenait encore de cette tasse de thé qu'elle avait recrachée par le nez sous le coup de l'émotion lorsqu'elle lui avait annoncé, ici même, que sa relation avec son stagiaire c'était terminé. Merlin, soit loué, elle avait survécu au bonheur que cette annonce lui avait procurée. « Notre petit princesse devrait pointé le bout de son nez dans les deux prochaines semaines, je suis épuisée rien que d'y penser. » soupira-t-elle exagérément avant de boire une nouvelle gorgée de thé. « Moran travaille beaucoup en ce moment, il est passionné par son article. Aedhan adore aller à la garderie, entre nous, je crois qu'il fait tourner des têtes cet enfant ! » Elle était fière, oui, oui. Son fils était un tombeur né. En même temps il avait de qui tenir, que voulez-vous ?

HRP:

A la question de son amie, Amelia se sentie comme suspendue à un fil. Sa stabilité ne dépendait de rien ou presque. Un petit coup, et elle vacillerait pour s'effondrer et ne jamais se relever. Le silence qu'elle s'imposa lui permit de trouver une réponse, d'u moins un fragment et peut-être bien le plus important. Elle évoqua la capitale britannique et la relation ambigue qu'elle entretenait avec elle. Son adresse se trouvait à Londres, un appartement charmant qu'elle ne jugeait plus aussi rassurant qu'auparavant.

Un fragile sourire se dessina sur son visage. Nia, toujours aussi patiente, attentive et compréhensive. Du plus loin dont elle se souvenait, elle avait toujours endossé le rôle de grande sœur. Il lui allait comme un gant. Et elle ne se départait jamais de sa bonne humeur et de son humour. Cela lui mit du baume au cœur de constater que malgré les années et différentes péripéties dans leurs vies respectives, Gardenia conservait sa place auprès d'elle. Ce fut pour cette raison qu'elle se laissa aller à une confession tout sauf optimiste. “ Je pense vivre ailleurs. ” Avec Aurora peut-être... Elle n'avait pas encore réussi à lui en parler, mais l'idée faisait son bonhomme de chemin dans son esprit. Quitter Londres mais pour où ? Exeter lui paraissait comme une option solide. “ Il faut que j'y réfléchisse, mais je n'y resterai pas... ” Elle était résolue sur ce point. Même si elle venait de passer toute une semaine entre les murs d'un appartement londonien, elle comptait un jour quitter le logement où Soyle l'avait gracieusement accueillie une année entière.

Mais fort heureusement, Gardenia semblait à la fois comprendre et s'accommoder de sa lubie de la faire venir jusqu'à ce salon de thé. “ Nous partagerons d'autres moments de folie ici. Rien qu'aujourd'hui. ” Elle faisait évidemment référence aux baguettes et celle qui deviendrait sienne. Et même, elle avait l'impression que revenir ici, en un seul morceau, après un était particulièrement turbulent, était déjà un peu fou; Nia ne voyait sûrement pas à quel point c'était essentiel pour elle, mais cela ne dérangeait pas Amelia. Car elle-même ne mesurait peut-être pas l'importance de ce retour ici. Et pour le moment, il ne lui restait qu'à se concentrer sur les amusantes paroles de son amie. Plus que deux semaines, songea-t-elle. Le temps était passé si vite. Deux mois. En deux mois, le futur nourrisson de Nia et Moran avait pris de la place et la santé de la mère de Remus avait décliné. Tant de moments dont elle avait été privée à cause des mangemorts. Elle aurait aimé apporter son soutien aux Lupin et s'inquiétait de la grossesse de Gardenia plutôt que de trembler de peur et espérer qu'on la libère. Mais, elle ne partagerait pas cette pensée amère pour le moment. “ Le temps passe si vite. J'ai hâte que nous puissions tous rencontrer votre petite princesse. ” Un rayon de soleil dans le ciel gris. Cela semblait un peu dingue de faire un enfant en temps de guerre, mais en même temps, elle comprenait que cette petite princesse était davantage une surprise qu'autre chose. Une belle surprise pour les heureux parents. Et elle venait de compléter une fratrie déjà composée d'un adorable garçon. “ Je vois ça. C'est bien qu'il aime la garderie. Ce sera sûrement un enfant sociable. C'est une bonne chose. ” Et si en plus, il attirait déjà les regards, il ne devrait pas avoir trop de problèmes. Des parents tout à fait respectables et aimants, une personnalité adorable et une petite soeur à venir, elle n'y voyait qu'un avenir prometteur pour ce petit ange. “ De belles choses en perspective. J'en suis ravie. Et tu es radieuse. ” Que du positif après les dernières horreurs. Elle espérait alors que Remus lui annoncerait également une bonne nouvelle quand elle le verrait prochainement...