A croire que Perseus avait une montre à gousset greffée, car il arrivait toujours à l'heure. La ponctualité devenait embêtante lorsque l'hôte n'était pas à l'heure. Mais une fois n'était pas coutume, Perseus flint attendrait. Il fut accueilli par Pomelo, l'elfe de maison de Stubby, et se retrouva rapidement mené jusqu'au salon. Faire comme chez lui n'était pas tellement une chose qu'il pratiquait, car si tel était le cas il se mettrait à fumer partout où il se rendait. Et même s'il ne connaissait que très peu les habitudes de son ami, il mettrait sa baguette au feu que ni le cigare ni la cigarette n'en faisait partie. Aussi il resta tranquille tout en observant la créature déposer sur la table de quoi grignoter - des olives et des chips - ainsi que des verres vides. Ce fut que alors que Pomelo lui adressa la parole pour lui poser une question somme toute relativement logique. Il n'avait pas oublié que le bébé elfon qui avait trouvé refuge chez lui était l'enfant de celui-là.  “A ce sujet, j'ai quelque chose pour toi.” Il ouvrit la poche droit de son veston contenant une photographie de Paillette. Allez savoir pourquoi Ambre, son assistante, avait eu la fabuleuse idée d'immortaliser sur papier glacé une telle scène. Pepito, en apprenant que son maître rencontrerait prochainement Stubby, avait insisté qu'il l'emmène avec lui. “Elle a été prise la semaine dernière. Elle est pour toi.” Il ne savait ni ce qu'un elfe ni ce qu'un père - même si sur ce point-là, il avait une certaine expérience non négligeable en tant que père de substitution - pouvait souhaiter comme "cadeau" ou "souvenir" de son enfant. Toute cette situation le perturbait plus qu'il ne souhaitait l'admettre. Aussi ajouta-t-il assez maladroitement : “Tu peux venir la voir. Quand tu veux.” Il ne répondait pas tant à la question. C'était difficile pour lui de dire si cet étrange enfant se portait comme un charme ou pas. Une photo et une invitation étaient le mieux à faire. Du moins, de son point de vue. Cela sembla toucher Pomelo qui en vint à le remercier comme s'il lui avait fait là une grande faveur.

S'il avait donné un peu - beaucoup - de joie à l'elfe, ce n'était, à priori, pas pour cela qu'il avait ramené ses fesses jusqu'ici. Stubby les rejoignit finalement, le salua, et s'installa à côté de lui. Oh il ne pouvait pas exactement lui donner tord. Mais Sinistra n'était pas une morue. “Ne m'en parle pas. J'avais l'impression d'être sur un champ de bataille. J'aurais juste préféré de ne pas me retrouver au milieu.” Admit-il posément. Il n'avait pas craint pour sa vie. Il ne fallait pas pousser. Il n'énonçait pas de reproche, car dans le fond, il n'y en avait peut-être pas tant que ça. Il espérait ne jamais se retrouver à nouveau dans une telle situation. Mais c'était sûrement plus aisé de discuter de l'accouchement que de ce qui s'était passé plusieurs mois auparavant alors que l'alcool avait eu raison de lui. C'était presque à se demander pourquoi il avait accepté une telle invitation. Mais la curiosité avait pris le dessus. Ou alors il s'agissait de tout autre chose. De toute façon, Stubby lui offrit un autre sujet de conversation qui lui permit de ne pas penser à cela. “Je peux survivre une soirée entière sans cognac.” Rit-il assez peu gêné à l'idée de boire autre chose. Il s'en remettrait parfaitement. Son choix fut vite fait. Il avait une sainte horreur de la bière et le scotch, pour x raison, ne lui avait jamais inspiré confiance.  “Du rosé sera amplement suffisant, je te remercie.” Le vin, quand il était de bonne qualité, comptait parmi ses boissons alcoolisées préférées. Pour poursuivre sur une note plus négative, il reprit : “Avec les dernières mesures ministérielles, j'ai été forcé de repousser plusieurs séances de dédicaces. C'est fort désagréable.” Pour autant, il ne semblait pas particulièrement dérangé par ce fait. Il ne laissait que très rarement paraître toutes ces émotions négatives : colère, agacement... Les évènements de ce genre avaient tendance à augmenter les ventes et apporter de la visibilité sur sa dernière publication. “J'imagine que tu as le même sentiment pour les concerts.”

Les chances de rabibocher Stubby et Sinistra étaient proches de zéro. De toute façon, une telle idée ne lui serait pas passée par la tête. Il savait reconnaître une cause perdue quand il en voyait une. Les paroles du chanteur à propos de la jeune femme ne l'étonnèrent guère, ayant parfaitement partagé ce point de vue lors de cet "évènement" incommodant.  “Disons que tu ne l'as pas vue sous son meilleur jour.” Il ne la trouvait ni désagréable, ni rude. Il y avait de toute façon des circonstances "atténuantes". Pomelo avait tout de même mis enceinte son elfette. Il y avait mieux comme rencontre. Et ne parlons même pas du choc de culture et d'éducation que Perseus se garda bien de mentionner. Paradoxal, Perseus l'était, mais ni stupide ni suicidaire. Ainsi, il avait mis une pauvre explication. Il ne forcerait sûrement ni l'un ni l'autre à s'entendre. Ce n'était pas son genre.

Perseus écoutait silencieusement. Il n'était assurément pas un alcoolique - ou alors il tenait vraiment bien l'alcool allez savoir - mais il n'avait pas pour habitude de se débarrasser de ses bouteilles en les refilant aux autres. Mais il était à peu près certain - et ce sans méchanceté aucune - que les alcools qu'il possédait chez lui avaient une valeur nettement plus importante que celle que Stubby détenait. Aussi, il ne partagea pas son avis sur la question. Cependant, le sujet qu'il aborda ensuite... Perseus aurait mieux faire de le garder pour lui. Il venait de déclencher une bombe et l'auteur allait s'en rendre bien assez rapidement. Les mots lui parurent très vite exagérés "extrêmement rageant". Il comprenait qu'on puisse aimer le contact avec le public, mais tout de même. Mais soit il s'agissait peut-être que d'un point de vue divergeant. Le regard perdu dans le vide, il prêtait pourtant une oreille parfaitement attentive aux remarques du chanteur. L'ancien gryffondor déchaînait tout son agacement, et Perseus en grand observateur qu'il était avait appris très vite à se taire et ne parler que quand il le fallait. La passion qu'il avait pour le gouvernement de Minchum - ironie quand tu nous tiens - valait son intérêt pour la métamorphose. A savoir... sur une échelle de 0 à 10, on se trouvait plutôt en bas. Mais après le ministère, c'est aux mangemorts que Stubby s'attaqua. Même si Perseus en faisait indéniablement partie, il ne prit aucun des mots prononcés pour lui. Déjà parce qu'il avait toujours eu un côté très je m'en foutiste sur certains sujets. Il savait feindre l'indifférence, c'était devenu une seconde nature.

Il ne sut dire ce qui aurait dû le perturber le plus. Le fait que Stubby venait joyeusement l'insulter de con, son "sexisme" à peine déguiser, son ignorance... ou alors le simple fait qu'il ait énoncé l'idée que le seigneur des ténèbres n'était pas de sang pur. Le sang qui coulait dans ses veines était peut-être bien une preuve de "noblesse" - dans le sens social du terme - que de pureté. Mais pour une raison x ou y, il ne se sentit ni réellement visé ni vraiment offensé. Toutefois, il ne sut trop comment répondre à cela... par un silence, une leçon d'histoire ou simplement par une remarque bateau qui allait en son sens. Il choisit pour la dernière option, la plus safe pour lui. “Il y a sûrement du vrai dans ce que tu dis...” Il ne le contredirait pas à voix haute. Il n'avait pas envie de parler de sa propre expérience, de celle de sa mère ou de simplement relever toutes les erreurs les unes après les autres comme si cela le touchait réellement. “Je pense simplement que les choses sont toujours plus complexes qu'elles n'y paraissent.” Sa mère, sa douce et effacée mère, aurait une peur bleue de tromper son mari, et pire d'être prise la main dans le sac. Alors, il doutait que la majorité des femmes de 200 ou 300 ans avant leur époque aient été bien différentes. Il n'allait pas poser la question à voix haute.  “Je n'ai jamais eu une grande passion pour le gouvernement et la politique.” Il se tenait bien éloigné du ministère de la magie, de leurs lois, de leur justice. Il faisait partie d'une société qui ne lui convenait pas mais qu'il ne discutait pas. Pas tant que ça. Le seul acte "rebelle" qu'il avait pu émettre était son essai politique à l'encontre de Croupton.

Pour tout un tas de raisons, Perseus Flint n'était pas l'être le plus sociable et ne le serait sans doute jamais. Mais il savait que donner une gifle à quelqu'un lors d'une première rencontre n'était pas une chose à faire. Il supposait qu'il manquait un bout à cette histoire, un bout qu'il devinait sans mal. Il imaginait bien la rage que Sinistra avait pu ressentir en apprenant que son elfette portait un petit. Un bébé dont il avait hérité parce qu'il avait été trop bon. Trop bon, trop con comme disait le dicton.  “ Disons qu'il y a mieux comme premier contact. Quelles sont les chances que vous vous revoyiez ? ” Dans d'autres circonstances, il aurait proposé de passer par la case empoisonnement. Mais il n'en fit rien. Déjà parce qu'il ne voulait pas de mal à Sinistra. Et secondement, il n'avait aucun intérêt à ce que Stubby apprenne pour ses talents dans ce domaine.

Il était donc ravi de changer rapidement de sujet de conversation. Ce fut d'abord l'alcool. Et ensuite, il eut la superbe idée d'aborder la question des dernières mesures ministérielles. Il regretta presque les paroles échangées à propos de Sinistra. Il se rappela rapidement que Stubby avait fait ses études à Poudlard, il comprenait mieux pourquoi. Et pourtant des personnes au fort caractère il en avait connu. Oh Perseus s'était intéressé à la politique. Il entendait parler tous les jours ou presque. Son père ayant tôt fait de lui parler de toutes les choses qui touchaient de près ou de loin au ministère. “ Vraiment ? ” Qu'il dit d'un ton peu convaincu. Beaucoup de gens s'intéressaient à la politique pour "parler", pour se donner un genre, ou tout simplement parce qu'ils avaient une âme pour la politique. Perseus aurait pu rire à la remarque suivante s'il n'avait pas été incendié tantôt. “ En tant qu'ancien journaliste, je peux dire qu'il y a toujours un moyen de contrer la censure. Si on m'empêche de m'exprimer, je saurais quoi faire. ” La mauvaise herbe repoussait toujours, il paraîtrait. Il faudrait l'arracher à la racine pour parvenir à le faire taire. Vraiment. Et de toute façon, il pensait honnêtement que Minchum finirait dehors à un moment ou à un autre. Il ne s'attendait pas à ce que le petit peuple sorte les fourches pour manifester devant le ministère. Mais, il ne serait sans nul doute pas reconduit pour un prochain "mandat". Tout le monde le détestait. Et par tout le monde, il parlait bel et bien de toutes les couches de la société sorcière.

Un bruit leur parvint aux oreilles qui fit réagir Stubby assez rapidement. Celui-ci se leva à nouveau pour se diriger vers la cuisine et farfouiller quelque chose là-bas. Est-ce que Stubby savait cuisiner ? Il avait un doute là-dessus. Il voyait plutôt Pomelo le faire. Mais il imagina que son hôte avait sûrement préparé quelque chose. Mais la question que la chanteur lui posa... eut le don de l'inquiéter. “ Oui. A peu près. ” Répondit-il alors que Stubby revenait vers lui. Il l'observa un instant et haussa un sourcil. Tout intrigué qu'il était, il demanda quand-même : “ Ce ne sont pas des asperges ou des tomates farcies ? ” Pour être honnête, il ne voyait pas son ami lui imposer de tels plats. Mais allez savoir, il n'imaginait pas un seul instant qu'on lui servirait une pizza alors bon...

Il saisissait très bien que Stubby puisse préférer se tenir éloigné de Sinistra. Il savait la chose parfaitement réciproque. Et lui-même n'avait pas spécifiquement envie de les revoir dans la même pièce de si tôt, du moins pas seul. Il était sûrement égoïste d'agir ainsi, de choisir la neutralité plutôt qu'un "camp". Si seulement, il y en avait un de "correct". Il lui semblait de toute façon que la seule chose à faire était de protéger sa propre carcasse plutôt que celle des autres en cas de conflit. Il avait toujours eu un instinct de survie parfaitement aiguisé et prédominant. Il tenait à la vie plus qu'il ne souhaitait l'admettre. Il se contenta donc d'un hochement de tête quand le chanteur en vint à préciser que moins il voyait Sinistra, mieux il se portait. Question de logique ! A moins d'être totalement masochiste. Lui-même n'aimait pas tellement souffrir. Il s'attendait à la même chose des autres même s'il était conscient qu'il existait tout type de personnalité dans ce monde désaxé.

S'il avait évité le pire avec la question "Sinistra Lowe", leur connaissance en commun, il n'en fut pas de même avec les annonces ministérielles. Par chance, il avait désarçonné la bombe avant qu'elle ne lui explose au visage. “Non, un séjour à Askaban ne me fait pas rêver.” Commenta-t-il l'air de rien. Pour être honnête, ce dont ils parlaient à présent serait sans nul doute moins "pire" que de vendre des poisons mortels ou de prendre part à un groupuscule qui tenait de l'association terroriste. Il n'était plus vraiment à ça près. Il trempait dans des affaires louches depuis plus de quatre années désormais. Exprimer son opinion malgré la censure ne l'arrêterait sûrement pas si un jour il se retrouvait dans une telle situation. “Mais ma liberté d'expression et mon libre arbitre...” Il marqua une pause volontairement pour réfléchir à la suite de ses paroles. Si un mangemort entendait cela, peut-être le trouverait-il hypocrite. Allez savoir. “C'est ce qui compte le plus pour moi.” Il n'était pas devenu journaliste au hasard. Il avait toujours eu l'esprit de contradiction, était prêt à corriger quand il n'était pas d'accord. Tout un paradoxe ce Perseus Flint. Lui-même ne s'en rendait peut-être pas compte. “Pas toi ?” Demanda-t-il presque innocemment. Il comprenait qu'il risquait un autre retour de flammes. Mais il avait choisi de ne pas apprendre de son erreur et de le titiller un peu même si dans le fond, cela n'aurait aucune incidence spécifique. Il appréciait un peu de caractère vous voyez ?

Rapidement, ils se retrouvèrent à causer de nourriture. Il se trouvait là pour manger après tout. Il s'agissait là d'un sujet quelque peu incontournable d'une telle rencontre. Malgré la question de Perseus et son inquiétude visible, Stubby décida de ne pas lever le voile sur ce qu'ils allaient bientôt déguster. Rien ne pouvait être pire que des asperges. Fort heureusement, on le rassura rapidement sur ce fait. Ce n'était pas ce qu'on lui servirait ce soir-là. Alors quoi ? Il trouva bizarrement l'image de Stubby demandant un velouté d'asperges à son elfe de maison drôle mais ne releva pour autant pas la chose à l'oral... “Je ne me souviens pas avoir aimé un plat à base d'asperge. Et ma mémoire ne me fait jamais défaut.” Il aimerait pourtant parfois. Comme la fin particulièrement étrange de leur rencontre remontant à novembre... Remarquant que son hôte pouvait rebondir dessus assez facilement s'il le voulait, Perseus prit les devants et changea de sujet rapidement. “J'ai une préférence pour la cuisine italienne.” Traduction : Si vous ne voulez pas vous louper avec Perseus lors d'un dîner, préférez un plat typique italien. Il fallait toutefois faire le tri. On ne lui proposait pas n'importe quoi non plus. “Je n'ai jamais mangé d'asperges à l'italienne ceci dit.” Ajouta-t-il pensivement.

Sa liberté prévalait sur pratiquement tout. Seule ombre au tableau ? La marque qui dansait le long de son avant bras et l’empêchait d’être totalement indépendant, à 100 %. Aussi il ne commenta pas davantage sur la question et approuva silencieusement les paroles de son interlocuteur. S’il chérissait son autonomie, il appréciait grandement sa mémoire. Un outil formidable pour son métier… tous ses métiers exactement. Il en avait trois à son actif. Voilà une chose qu’il tenait étrangement de son père. S’il voyait cela comme une sorte de bénédiction, il devait avouer que dans certains cas, il s’agissait d’un fardeau. Il n’oubliait rien, même quand il essayait. Il se rappelait bel et bien la fin quelque peu embarrassante de leur rencontre chez lui. Cela resterait dans les annales, dans les siennes en tout cas. Il avait assez bu pour répondre sous l’impulsion du moment, mais assez pour perdre la tête et et tout effacer de sa mémoire. A vrai dire, si cela était arrivé, il ne s’en serait pas remis.



Et involontairement, il venait de tendre une percher parfaite pour Stubby, qu’il saisit avec grande hâte. Préférant laisser la conversation comme elle, du moins le temps de quelques minutes – il avait besoin de rassembler ses esprits – il aborda à nouveau ses préférences culinaires. A savoir : la gastronomie italienne. S’il aimait les pizzas ? Il hésita un instant. Que répondre ? Il n’était pas tellement habitué à en manger. Cela ne lui était pas arrivé depuis des lustres. Il favorisait les plats de pâtes. Des plats qu’il maitrisait pour la plupart. A vrai dire, il considérait les pizzas comme des repas assez peu sophistiqués et peut-être trop populaires pour son propre goût.  “Comme tout le monde, je dirais que cela dépend la quelle..” Cela n’avait rien de bien original. Juste ce qu’il fallait. De toute façon, la nourriture n’était pas spécialement son sujet de prédilection et s’ils pouvaient détourner la conversation de ces questions triviales, il ne s’en plaindrait pas. Mais il eut le droit à une nouvelle approche, cette fois-ci fort peu subtile de Stubby. Il allait donc droit au but sans s’inquiéter de l’effet d’une telle phrase sur son interlocuteur.



Perseus fut presque surprise que Stubby lui offre une petite porte de sortie. Sa présence ici devait signifier quelque chose toutefois. Juste quelque chose que l’auteur n’avait pas bien identifié. Mais s’il était venu jusque là, il ne pouvait pas décemment se défiler. Il ressentit le besoin de sa dose de nicotine. S’il avait été chez lui, il se serait permis un tel acte sans s’excuser. Il aurait attrapé un briquet, cigare et serait parti direction la terrasse. La lâcheté ne lui allait décidément pas au teint. “Non, je ne tiens pas à parler de pizza davantage.” Dit-il platement, égal à lui-même. Il ne voyait rien de bien passionnant à propos des pizzas. Il n’en préparait pas et on faisait mieux comme discussion. Il eut un rire un tantinet nerveux, mais s’abstint de boire une gorgée de rosé. “J’étais suffisamment pompette pour faire ou dire des choses que je n’aurais pas fait sobre..” Autant jouer la carte de la franchise. Il avait avoué apprécier ce trait de caractère chez son hôte. Alors il lui semblait correct de lui montrer également. “Mais je n’ai honte de rien et je ne regrette rien si c’est ce que tu veux savoir..” cela pouvait sonner paradoxal considérant son comportement et sa tactique d’évitement juste cinq minutes tantôt. Et pourtant, il était plus que certain de lui. Et comme pour prouver son argument, il ajouta : “Dans le cas contraire, je ne serais pas là...”

Toujours dans le contrôle de ses mots, de ses actions, de ses émotions et même de ses pensées parfois, Perseus ne laissait que très rarement place à l'imprévisibilité. Il se protégeait et surtout se détachait des horreurs qu'il pouvait causer. Il jouait ce rôle depuis si longtemps que ça en était devenu une seconde peau. Alors l'idée que l'alcool puisse avoir un tel effet sur lui, créer une envie ou même réveiller cette envie endormie ou volontairement mise de côté lui était particulièrement insupportable. Ainsi il préféra ne pas pousser la réflexion plus loin et se concentrer sur les paroles de son interlocuteur. Au moins, Stubby avait le mérite d'être clair dans ses intentions. Si l'occasion se présentait, il l'embrasserait probablement. A n'en pas douter, Perseus n'était pas habitué à ce genre de conversations avec un autre homme. Dans ce contexte, cela ne le dérangeait pas vraiment. Toutefois, il n'eut pas le temps de répondre, et sincèrement, il ne savait pas ce qu'il aurait dit ou fait si le four n'avait pas décidé de rappeler Stubby à ses côtés. L'odeur - et la fumée - qui en réchappaient n'étaient pas bon signe. Mais Perseus se tût, bien trop satisfait d'avoir une diversion toute trouvée, pour la suite de la conversation. Diversion qu'il ne comptait pas laisser lui filer sous le nez comme ça.

Stubby revint plus tard avec les dites pizzas, cramées de chez cramées, et quand il les lui présenta, Perseus eut l'impression de regarder la semelle de ses chaussures. Il essaya de deviner, à partir du reste des garnitures, le gout de ces pizzas. Il plissa les yeux et releva la tête pour plonger son regard dans celui de Stubby. Il eut un moment de clairvoyance ou d'empathie - allez savoir - et se rappela ses premiers essais en tant que cuisinier... Une vraie catastrophe. Cela ne l'empêcha pas pour autant de les mentionner à voix haute.  “La première fois que je me suis mis derrière les fourneaux, j'ai raté la cuisson de bacon et d’œufs brouillés.” Avoua-t-il avec un certain amusement. Reconnaître un échec n'était pas quelque chose que Perseus faisait souvent. Il avait cru, à l'époque, que la cuisine était une affaire facile. On avait toujours tout fait pour lui. Et il s'était dit que ce que des elfes de maison pouvaient faire, il le pouvait aussi... Grossière erreur. Il avait fallu travailler. Plus qu'il ne saurait le dire. Et lorsqu'il regardait ses expériences à ce jour, il savait que c'était parfaitement ridicule de se manquer sur quelque chose d'aussi simple que des œufs brouillés.  “Je sais reconnaître l'effort.” Il n'avait jamais mangé de pizzas, ni fait. C'était sans nul doute la plus mauvaise introduction possible à un tel plat. Après un regard jeté aux deux pizzas, l'auteur demanda sans attendre réellement de réponse : “Je peux ? ” L'étiquette voudrait même qu'il ne dise rien et attende sagement qu'on l'intime de se servir. Mais Perseus et les règles, c'était une histoire qui fonctionnait à deux vitesses. Il les respectait uniquement quand cela l'arrangeait. Finalement, il se servit et parvint avec difficulté à manger un manger. Il était évidemment peu habitué à une telle gastronomie... Encore moins brûlée. Mais pour une raison x ou y, il avait voulu fournir un effort. Surhumain, improbable même. Et comme il s'y était attendu, ce n'était absolument pas agréable en bouche. Il tenta tant bien que mal de ne pas tirer une grimace et esquissa, au contraire, un sourire. “Je peux préparer quelque chose si tu veux...”  Sûrement si un membre de son entourage l'entendait, il deviendrait fou. Il était toutefois plus probable qu'ils soient choqués par le fait que Perseus se trouvait ici... “As-tu spaghettis, tomates et viande de bœuf hachée ?” Demanda-t-il dans un froncement de sourcils.