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L'homme et l'âme w/Cecil

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Dexter Walsh

Dexter Walsh


COTÉ DU BIEN
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MessageSujet: L'homme et l'âme w/Cecil L'homme et l'âme w/Cecil 129196351Sam 20 Nov 2021 - 1:49

Il était exactement vingt-et-une heure quand Dexter transplana à l’intérieur de son salon, alors que l’imposante horloge sonnait comme pour appuyer son exactitude de coucou suisse. Pourtant, l’Auror était affreusement en retard, de son point de vue du moins. Quatorze heures passées au Ministère, quatorze heures qui avaient filé presque comme une seule tant l’institution au complet était en ébullition en ce moment même. Les conséquences de cet été désastreux se faisaient encore terriblement sentir et plus que jamais, Dexter réalisait l’ampleur de la tâche qui lui incombait désormais, maintenant qu’il était devenu à son grand désarroi un gratte-papier plus qu’un homme de terrain. Mais il fallait bien quelqu’un pour coordonner le tout, et il faisait le travail qu’on attendait de lui sans broncher, même plus encore. Les cernes sous ses yeux grandissaient sans qu’il ne cherche à masquer son épuisement. Les insomnies faisaient depuis longtemps partie de sa vie, et si le sommeil lui manquait encore plus cruellement ces derniers temps, qu’y pouvait-il ? En pilote automatique, Dexter déposa sa lourde cape rendue fraîche par sa petite balade à Pré-au-Lard avant de rentrer, alors que la fiole cliquetait contre ce qu’il estima être une morille perdue dans sa poche. D’un geste, il la glissa dans celle de son pantalon avant de prendre comme toujours la direction de la chambre voisine à la sienne.

Les conséquences de cet été là l’attendaient aussi chaque soir chez lui, ne lui laissant pas l’ombre d’un répit. Laisser Cecil aussi longtemps seul le désespérait un peu, mais il n’avait pas le choix. Et après tout, rester ici ne changeait rien, alors au moins pouvait-il se rendre utile en allant travailler. Le plus utile possible du moins. « Cecil, je suis rentré. » dit-il d’une voix posée sans plus espérer attendre une réponse, alors que la silhouette de son frère se découpait face à la fenêtre faiblement éclairée par un lampadaire à l’extérieur. Observant quelques secondes le triste spectacle sans prendre la peine de passer le pas de la porte, Dexter se détourna finalement pour se diriger vers la cuisine, où un frigo effroyablement vide l’attendait. Par Merlin, il avait oublié de ravitailler. L’Auror souffrant d’un manque de créativité terrible face à ce genre de situation fit donc du mieux qu’il put, lançant un sort pour constituer un ersatz de plat avec ce qu’il restait, à savoir un sandwich à peine tartiné de fromage qu’il fit chauffer pour essayer de rendre ça appétissant. L’effet était plutôt raté, mais au moins avait-il essayé. Armé de son assiette, Dexter souffla un grand coup avant de retourner dans la chambre de son frère auprès duquel il s’assit, poussant le plat en céramique à côté de lui en sachant pourtant qu’il aurait tout le temps de refroidir avant que Cecil ne daigne lui porter un quelconque intérêt. « Et voilà, un croque-monsieur ! » lança-t-il avec un enthousiasme forcé et bien peu convaincant. « J’ai fait avec ce qu’il y avait, désolé. » Dans la faible lueur de la nuit, le visage de son frère lui sembla plus que jamais déformé par les cicatrices qu’il essayait pourtant d’ignorer, mais auxquelles il ne s’habituait pas. Comment le pourrait-il, après tout ?

L’état de Cecil était particulièrement préoccupant. Le mutisme dans lequel il s’était enfermé après la prise d’otage lui avait paru tout à fait normal les premières semaines, mais le fait était que désormais, cela faisait presque deux mois. Deux mois durant lesquels Dexter avait tout tenté : la manière douce, celle un peu plus virulente aussi mais rien, rien d’autre que le silence et l’absence qu’il lisait dans le regard de son cadet. Jamais de sa vie ne s’était-il senti aussi impuissant, à part peut-être justement ce fameux été qui continuait lui aussi à le hanter d’une toute autre manière. Il avait essayé de faire venir quelques amis de Cecil, dont la petite oubliator bavarde et d’autres personnalités atypiques avec qui il s’était bien trouvé obligé de faire la conversation à défaut que son frère ne s’en charge. Tous y étaient allé de leur petit conseil, mais un seul lui semblait désormais entendable. Mais Dexter ne pouvait s’y résoudre. Envoyer Cecil à Sainte-Mangouste, c’était peut-être risquer de ne jamais le voir en sortir. Au moins ici était-il à l’abri, en sécurité. Car Sainte-Magouste, qui sait, serait peut-être un jour ciblée par une attaque. « J’ai rempli 84 rapports aujourd’hui. Et j’ai cassé 2 plumes au passage. » Comme tous les soirs, Dexter s’obstinait à lui raconter sa journée, sans même savoir s’il l’écoutait réellement. Le fait était que, soumis au secret professionnel, Dexter ne pouvait bien raconter que des banalités, mais c’était toujours mieux que de ne rien tenter. « J’aurais bien besoin d’une papeterie, tu en connais une ? » essaya-t-il de plaisanter. La boutique prenait la poussière, et Dexter y passait une fois par semaine pour s’assurer que tout ça ne devienne pas un cimetière de plumes et paperasses en tout genre. Pour quand Cecil y retournerait. S’il y retournait…
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MessageSujet: Re: L'homme et l'âme w/Cecil L'homme et l'âme w/Cecil 129196351Dim 5 Déc 2021 - 11:45

Cecil n'avait plus franchement l'impression que le temps passait. Il fallait dire qu'il passait ses journées à la fenêtre, assit, les jambes ramenées contre son torse dans une position défensive. Ses yeux bleus se perdaient quant à eux dehors, suivaient les gouttes de pluie qui tombaient sur les carreaux. Ploc. Ploc. Ploc. Encore une journée pluvieuse sur l'Ecosse. Il parait que plus il pleut, et plus on est de mauvaise humeur. Le jeune homme n'en savait rien. Lui qui avait toujours été d'excellente humeur, le voilà qui se retrouvait morose, morose depuis l'été. Les mois passaient sans qu'un changement ne se fasse dans son esprit. Il ne parlait quasiment plus et lorsque cela arrivait, sa voix était rocailleuse, loin du timbre très doux qu'il avait toujours eu. Lui si sociable ne voulait plus voir personne. Enfermé dans sa tête plus que dans cette maison, aucune corde ne semblait pouvoir repêcher Cecil de la mer tourmentée où il était tombé.

Parce que c'était un peu l'image au fond. Celle d'un homme qui s'était promené au bord du pont, trop près avant d'être emporté par une vague trop haute et trop violente. L'eau s'infiltrait dans ses poumons comme le traumatisme qu'il avait vécu. Ploc. Ploc. Ploc. Vaguement au loin d'ailleurs, il lui semblait entendre quelqu'un, peut-être Dexter qui était rentré du travail. Le jeune homme aussi avait un travail, à la base. Mais enfin... Aller travailler pour ne pas savoir écouter, tenir encore moins bien qu'avant une boutique comme celle qu'il avait, à quoi bon ? Est-ce qu'il n'était pas juste un raté ? Le front posé contre la vitre, de la buée se formait près de sa bouche sans qu'il ne change de position. Le carreau lui renvoyait l'image de sa cicatrice, qui lui rappelait chaque matin lorsqu'il se lavait les dents qu'eh bien, il n'était plus qu'un monstre. Un mouvement proche de lui le força à détourner les yeux de la course de gouttes qu'il s'était inventé contre la vitre. Goutte 1 contre Goutte 2, au coude à coude et... Une odeur étrange lui parvint aux narines, suffisamment forte pour qu'il détourne brièvement ses yeux de la frénésie palpitante qu'il s'était inventé contre le carreau pour les poser sur son aîné. Dexter. « Salut ». Il ne répondit pas à son enthousiasme pour le plat, pas plus qu'à son pardon. Cecil n'avait plus faim de toute façon. Il eut néanmoins l'impression que son frère avait davantage besoin de manger que lui, aussi envoya-t-il mollement ses mains vers le sandwich pour le couper en deux et pousser une moitié vers son frère. Puis voilà, il détourna son attention pour essayer de retrouver ses gouttes, qui furent remplacée par d'autres : Goutte 3 et Goutte 4. Les mots de Dexter lui parvinrent comme s'ils étaient étouffés par un voile. Il entendit les mots "plumes" et "papeterie" qui n'attirèrent absolument aucune réaction de sa part, autre qu'un : « Ah bon ? ». Il ne l'avait même pas écouté, est-ce que c'était fondamentalement surprenant ? Le fantasque Cecil n'existait même plus vraiment. L'ombre qui était contre la vitre ne redeviendrait jamais cet homme qui n'avait jamais su grandir. « Tu devrais manger, ça va refroidir » dit-il simplement, en traçant sur la vitre humide un trait pour marquer la ligne d'arrivée de sa course imaginaire. Il dessina un petit drapeau pour se projeter un peu dedans. La voix du jeune homme était d'une placidité à glacer le sang. Il ne faisait même pas un effort pour parler en ayant des sentiments. Ceux qu'il ressentait étaient de toute manière trop dévastateurs pour qu'il s'aventure à parler de ce qu'il ressentait vraiment.


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MessageSujet: Re: L'homme et l'âme w/Cecil L'homme et l'âme w/Cecil 129196351Lun 27 Déc 2021 - 10:26

La réaction de Cecil fut molle, mais au moins, il en obtint une aujourd’hui. Voir cet être si plein de vie s’éteindre peu à peu le désespérait franchement, lui qui s’était donné pour mission de sauver les autres. Sauver les autres oui, sauver des vies, mais à quoi bon quand on était incapable de le faire pour la personne qui comptait le plus ? L’Auror tenait par la force de ses responsabilités, de son travail, parce qu’il était impensable de craquer. Impensable de lâcher la rampe, de céder lui aussi au désespoir qui semblait désormais être leur troisième colocataire. La voix de son frère s’évanouit trop vite dans le silence qu’il tenta de combler, et son geste lui donnait l’impression d’être mécanique, comme ces machines qu’il avait déjà aperçu lors de ses missions en monde moldu. Où était donc passé la si belle âme de Cecil ? Même son immaturité autrefois si irritante lui manquait aujourd’hui, et Dexter ignorait si elle resurgirait un jour. L’évocation de Scribenpenne ne provoqua rien d’autre qu’une question rhétorique, et l’aîné lutta contre un soupir de lassitude profonde pour éviter d’empirer les choses. Mais pouvaient-elles seulement être pires ?

Plongé dans la contemplation de la fenêtre, Cecil sembla tout de même se souvenir que le vrai monde existait en lui proposant la moitié de sa pitance. « J’ai déjà mangé. » mentit-il éhontèment d’un ton neutre. Dexter ne mangeait que pour fonctionner après tout, et ce soir, il lui sembla plus important que son frère reprenne un peu de forces plutôt que lui. Un transplanage à Londres lui permettrait d’aller chercher un pauvre sandwich si la faim se faisait sentir, mais le spectacle de son frère si déprimé lui coupait bien trop souvent l’appétit. « Et je sais que toi non. Il faut que tu manges, Cecil. Il faut que tu essayes. » Son corps lui paraissait plus maigre à mesure que les jours passaient et parfois, il se demandait bien comment il pouvait encore tenir debout les rares fois où il se trainait hors de la chambre. Ce corps qui avait tellement changé, et que Cecil semblait affronter face à cette vitre dans laquelle son regard se perdait. Mais peut-être n’était-ce pas ça qu’il regardait, sûrement d’ailleurs. « Cecil, j’aimerais tellement… » commença-t-il sans savoir où cette phrase le menait, sa main ayant fait la moitié du chemin qui le séparait de l’épaule de son frère avant de retomber mollement sur le matelas. L’aider ? C’était ça la suite ? Mais il n’y arrivait pas, alors à quoi bon ?

Sa main fila finalement jusque sa poche dont il sortit une large fiole au contenu violacé. La couleur était étrange mais après tout, c’était ça avec les potions. Le liquide épais semblait comme collé au verre ou presque alors que Dexter faisait pourtant tournoyer la fiole entre ses doigts, incapable de trouver comment amener la chose correctement. Mieux valait peut-être ne pas trop réfléchir. « Je suis allé voir ma potionniste. » Merlin seul savait à quel point Dexter faisait confiance à cette femme, au point d’ailleurs de lui confier un des secrets les mieux gardés qui soient concernant son propre passé. Au point de s’ouvrir un peu quant à l’état de Cecil, psychologique certes mais… Pas seulement. Si les médicomages avaient été incapables de réparer les dégâts, alors peut-être le pourrait-elle. Il le fallait. « Tu peux le prendre si tu veux, je ne te force pas. Mais elle a travaillé sur cet onguent de longues semaines. Pour tes cicatrices. » Peut-être était-ce rude que de présenter la chose comme ça, mais Dexter ne supportait plus de voir sur le visage angélique de Cecil les séquelles de son été. Et supposait, très certainement justement, qu’observer ces marques chaque jour n’aidait pas le fragile sorcier à se sentir mieux. Alors les faire disparaître serait sans nul doute un premier pas. Ou une tentative vaine mais au moins, au moins aurait-il essayé. Renoncer n’était pas une option. Et ne le serait jamais.
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MessageSujet: Re: L'homme et l'âme w/Cecil L'homme et l'âme w/Cecil 129196351Dim 30 Jan 2022 - 12:54

On avait soufflé la flamme de l'âme de Cecil comme on soufflerait sur celle d'une bougie. Au grand enfant qu'il avait été succédait maintenant un homme morose, aux cheveux roux si ternes qu'ils paraissaient presque gris. C'était peut-être une légère fluctuation magique. Car après tout, cela faisait des mois qu'il n'avait plus utilisé la magie. La dernière fois remontait à avant la prise d'otages. C'était dire ce que cela donnait. Toute la magie intérieure de l'homme pulsait donc de lui faute d'être utilisée. Les prisonniers à Azkaban subissaient-ils la même chose ? Ou bien l'enfermement et ce phénomène contribuaient-ils à les rendre fous ? Peut-être que c'était aussi ce qui l'attendait, au fond, lui qui s'enfermait dans sa tête à défaut d'être dans une cellule. La vérité, c'est que sous ses yeux clairs défilaient les images, les sons, les odeurs, plus parfaitement vivants que lui ne l'était. Et ses songes étaient peuplés des mêmes choses. Le boulet qu'il avait au pied l'empêchait d'avancer et il n'avait pas la volonté de le faire : la dépression lui soufflait toute envie de faire quoique ce soit. Le plus jeune frère Walsh n'écouta même pas la réponse de son aîné concernant sa faim et il continua de regarder les gouttes de pluie qui se succédaient sur la vitre. Se concentrer sur elles pour ne pas voir l'affreux reflet qui était le sien, mais qu'il croisait parfois, fugace, lorsque ses globes oculaires bougeaient un peu trop de leur cible. Se voir du coin de l’œil, contempler un peu les marques contriburait-il à lui faire accepter sa nouvelle laideur ? « Ça me donne envie de vomir » répondit-il avec honnêteté. De quoi ? La nourriture ou son visage ? Ou les deux ? La seule idée d'ingérer quoique ce soit lui donnait envie de se faire vomir dans la lunette des toilettes. Et son visage, que dire de son odieux visage ? Cecil ne voulait pas blesser l'ego de Dexter en lui faisant croire que c'étaient ses talents culinaires qui lui donnaient envie de dégobiller sa bile, mais il n'avait pas su formuler la chose autrement. Lui-même, de toute façon, ne savait pas réellement quoi dire au fond...

Les mouvements de son frère ne lui apparaissaient pas vraiment. Toujours dans les nuages, Cecil, mais des nuages moins agréables que ceux d'avant. Il fallait une incroyable force de caractère pour se relever d'une épreuve si terrible. Et lui qui avait toujours évité les responsabilités, lui qui n'était fait que de rose et de bonbon, lui qui... Un sanglot déchirant fuita de sa gorge sans qu'il ne s'y attende réellement, avant qu'une fiole violacée n'attire vaguement son attention défaillante. L'explication de Dexter eut au moins le mérite de le faire, enfin, le regarder dans les yeux. Une demi-seconde à peine, certes. Mais tout de même. « Elles sont là » - commença-t-il mollement en levant sa main désormais osseuse vers son visage - « et là ». Il releva légèrement les doigts pour pointer cette fois-ci son crâne. Un nouveau sanglot déchira le silence et il cacha son visage dans ses jambes tremblantes. « Comment tu fais toi ? ». Le marasme dans lequel il était enfoncé était toujours là, mais il ne trouvait pas les réponses à ces questions qu'il se posait depuis des lustres. Dex avait pourtant vu et subi des choses horribles aussi. Mais comment lui, parvenait-il à s'en sortir ? « Comment tu fais Dexter ? ». Sans se rendre compte qu'il n'était définitivement pas assez clair dans ses propos, le jeune homme releva légèrement la tête pour croiser son regard. Et attendre, comme il le faisait depuis des semaines.


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MessageSujet: Re: L'homme et l'âme w/Cecil L'homme et l'âme w/Cecil 129196351Lun 31 Jan 2022 - 1:44

Dexter était un homme susceptible, et ce chaque fois que l’on s’en prenait aux choses qui comptaient à ses yeux. Ses compétences. Ses valeurs. Sa morale. L’institution à laquelle il se dévouait corps et âme. Oser bafouer ses sacro-saintes croyances, ou ne serait-ce que les critiquer, c’était là la certitude de s’en faire un ennemi à vie. Toutefois, ses aptitudes en cuisine - si tant est que ce soit ce que Cecil critiquait, et il en doutait - ne faisaient certainement pas partie des choses qui revêtaient de l’importance à ses yeux. Il fallait bien avouer que la pitance qu’il offrait à son frère faisait peine à voir, aussi n’insista-t-il pas. Cecil s’enfonçait dans un dégoût qui allait bien au-delà de la nourriture, et son impuissance à résoudre ce problème le rendait malade lui-même. Si seulement un vrai bon plat aurait pu sauver son frère, alors il aurait invité le chef le plus étoilé qui soit pour venir le régaler. Mais rien n’y faisait, rien, et force était de constater que rien de ce qu’il disait ne semblait fonctionner. Aussi la fiole qu’il tenait lui donnait l’impression d’être le dernier espoir qu’il avait, un dernier espoir fragile avant peut-être la décision irrévocable qu’on attendait qu’il prenne, et qu’il refusait pour le moment si catégoriquement. Il aurait conseillé à n’importe qui ce qu’on lui avait conseillé maintes fois. Il aurait pris cette décision pour n’importe qui d’autre aussi, peut-être. Mais Cecil… C’était autre chose. Prendre soin de lui, c’était sa responsabilité, celle qu’il avait accepté d’endosser à la seconde où il lui avait proposé de vivre avec lui. L’envoyer à Sainte-Mangouste, ce serait son échec, à lui et à personne d’autre. Son échec, oui, et il n’était encore résolu à l’accepter.

Cecil croisa brièvement son regard avant qu’un déchirant sanglot ne vienne combler le silence. Comme souvent, Dexter était mal à l’aise devant tant d’émotions, lui qui contrôlait si fort les siennes, à tel point parfois qu’on pensait qu’il en était totalement dépourvu - faux. Voir son frère dans pareil état lui déchirait le coeur, même si cette image symbolique était bien trop abstraite pour un cerveau comme le sien. Pourtant, il sentit bien une pointe fictive s’y enfoncer, comme un sortilège invisible que ses ennemis seraient parvenus à lui lancer pour l’atteindre, enfin. La réponse de Cecil le peina plus encore, si c’était possible, et son inflexible regard gris suivit sa main squelettique jusqu’à sa tempe tandis qu’il comprenait le message sous-jacent. Ces cicatrices là, il ne savait pas comment les soigner. Peut-être en commençant avec celles qu’il voyait. « Je sais. » répondit-il d’une voix douce et posée alors que son frère se soustrayait une nouvelle fois à sa vue, déchiré par une vague d’émotions puissantes qui déferlaient comme un torrent sur ses joues qu’il ne voyait pas. Avait-il fait pire que mieux en lui proposant ça ? Aurait-il mieux valu se taire, encore ? Cecil lui donna l’impression d’être un suspect qu’il aurait fait céder en interrogatoire, et cette pensée le troubla plus qu’il n’aurait du. Pas autant toutefois que la question que lui posa son frère, une question simple et qui appelait pourtant une réponse complexe, si tant est qu’il y ait quelque chose à répondre à ça. Comment faisait-il, lui qui avait vécu l’enfer ? C’était vrai, techniquement, sur un plan purement factuel, Dexter avait peut-être connu des choses milles fois pires que son cadet. Il avait affronté la mort. La côtoyait presque chaque jour. Avait perdu des collègues, des proches, avait vu des innocents s’effondrer sous ses yeux. Il avait senti la douleur jusque dans chaque fibre de son corps ou presque, traqué des hommes jusqu’aux confins du pays, jusqu’à la limite de ses propres forces. Les éclairs verts, par trois fois, l’avait frôlé. Votre vie, disait-on, défilait devant vos yeux dans ses cas-là. Mais pas pour Dexter. Il n’avait rien vu d’autre que du vert. Et une fois, aussi, le visage de sa mère. « Je trouve une raison d’avancer. » répondit-il finalement après une longue minute de silence, son regard fixant celui de Cecil sans ciller. Il n’y avait pas de secret, aucun, à sa ténacité, à la force de son caractère. Peut-être avait-il simplement ce qu’il fallait pour résister à tant de souffrances. Peut-être son entraînement d’Auror l’avait-il endurci, aussi. Quoique si, en fait, il y avait un secret. « Je ne t’ai jamais parlé de Saint-Sebastian. » continua-t-il, la voix légèrement plus grave et moins assurée. Il n’avait jamais parlé de ça à personne. Cecil connaissait cet épisode de sa vie, certes, mais pas les détails. Le strict nécessaire pour éviter les autres questions gênantes, rien d’autre. « À l’époque, je prenais des potions de Vivacité. Du moins, une forme dérivée. » Une forme qu’aucun potionniste un tant soit peu bien intentionné ne délivrait. « Ça me rendait plus alerte. Plus résistant, en particulier au sommeil. Ça faisait de moi un meilleur Auror, du moins, c’était ce que je pensais. » Marquant une pause, Dexter observa la pluie filer sur la vitre, tandis que les souvenirs qu’il s’efforçait de laisser au passé resurgissaient petit à petit. « Et puis c’est arrivé. Le contre-coup. La fatigue. » Ce jour-là, il avait cru que c’était la fin. « Quelqu’un a failli mourir. J’ai failli la laisser mourir. » Le poids de la culpabilité ne s’était jamais réellement évanoui d’ailleurs. « Mes supérieurs ont minimisé la chose. Ils ont jugé que c’était un moment de faiblesse, une faille rattrapée par un de mes habiles collègues. C’est pour ça qu’on travaille en équipe, ce genre de vérité qui sur le moment, m’a semblé n’être qu’une excuse que je ne méritais pas. Parce qu’ils ne savaient pas, ils n’avaient pas la raison que moi je connaissais. Alors j’ai voulu démissionner. J’ai écrit la lettre, je l’ai attachée au hibou. » Il repensa à l'animal, à ses plumes presque dorées qui révélaient toute leur beauté dans le rayon de soleil de juin. « Et j’ai repensé à tous les autres. » Tous ceux qu’il avait sauvés, potion de Vivacité ou pas. Tous ceux qui étaient toujours en vie grâce à lui, grâce aux sacrifices qu’il avait fait. « C’était ça, ma raison. Ça l’a toujours été. Protéger les autres, et pour ça, il fallait d’abord que je me protège, moi. Alors je suis allé à Saint-Sebastian. J’ai senti mon corps me faire payer tous les jours ma décision. Les migraines, les nerfs à vif, si à vif que ça devient une souffrance. Marcher, parler, écouter les banalités des autres, tout était une souffrance. Sentir que la vie continuait sans moi... C’est ça qui m’a fait tenir. La vie continuait sans moi, et moi je voulais reprendre ma place. Reprendre ma vie pour sauver les autres. » Le monologue avançant, Dexter avait parlé de plus en plus vite, comme animé par des souvenirs qui le hantaient, habité par une forme de passion qu’il ne révélait que peu souvent au grand jour. C’était ça, le grand secret de sa force. Le fait que sa vie à ses yeux avait moins de valeur que celles de tous les autres - de ceux qui le méritaient, tout du moins. Et pour ça, il avait tout sacrifié : la femme qu’il aimait, les plaisirs addictifs, les plaisirs tout court, même. « Et pour une fois, Cecil, la réponse ne se trouvait pas là. » acheva-t-il en plongeant à nouveau son regard d’acier vers lui, son index frôlant sa propre tempe où se devinaient quelques cheveux grisonnants. « Mais ici. » Sa main glissa jusqu’à sa poitrine, tandis qu’il fermait le poing pour le poser sur son coeur. La rationalité avait toujours été son refuge. Mais dans les pires instants qui soient, il s’était toujours relevé grâce à ce que son coeur - son instinct, son âme, appelez ça comme vous voudrez - lui dictait. Car c’était là que prenaient naissance sa passion, sa rage, sa combativité. C’était là que se trouvaient les vraies réponses, celles que le plus brillant des cerveaux ne saurait jamais formuler.
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