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| J'suis pas tout seul à être tout seul w/Ana | |
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Lachlan McCulloch MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 203 | AVATARS / CRÉDITS : James McAvoy @doom days | SANG : Mêlé, et alors ?
| Sujet: J'suis pas tout seul à être tout seul w/Ana Lun 10 Jan 2022 - 19:41 | |
| Portes ouvertes, enfin. Ça faisait combien de temps, hein, que personne d’autre que lui ou Millie n’était venu ici ? Lachlan sentit la nausée lui retourner l’estomac alors qu’il était derrière la caisse, comme un gosse qui avait fait une connerie et qui attendait le revers. Le monde entra, vite, trop vite, putain. Déjà une vingtaine de gens, parce qu’ils avaient besoin de distraction eux, pour oublier que dehors, c’était la merde. Que leurs vies, maintenant, elle avait le goût de peur. S’ils savaient face à qui ils allaient se retrouver, s’ils savaient ce que lui savait, à coup sûr que la boutique serait aussi vide que pendant 4 mois. Parce que Lachlan, lui, il n’arrivait pas à oublier. Surtout pas avec la gueule de Mackenzie, tout heureux, qui trônait fièrement au-dessus de la caisse, dans son dos. Le vieux était hilare, comme content que le lieu ait réouvert en fait. Mack qui bougeait, qui revivait. La première fois qu’il avait vu le portrait, Lachlan avait serré les poings si fort qu’il s’en était taillé la paume avec les ongles. Bouffée d’angoisse, culpabilité décuplée. C’était une mauvaise idée, une putain de mauvaise idée. Mais pourquoi il avait accepté de revenir, hein ? Tout ça, c’était à cause d’elle.
Pendant deux mois, Lachlan n’avait plus entendu parler de rien. Boutique fermée, pas un mot sur quoi que ce soit, un héritage ou quoi. Ça aurait été la goutte d’eau, en vrai. L’écossais avait pensé que l’endroit serait racheté, et qu’on se débarrasserait de lui comme d’une tique collée sur le dos d’un croup. Ca serait plus comme avant, mais avec un peu de chance, ça concernerait encore le Quidditch. Ou pas. Qu’est-ce qu’il en avait à foutre ? Et puis un jour, comme ça, une femme avait débarqué devant son chalet, emmitouflée dans une cape aux couleurs de Harpies. Choix impeccable, m’enfin. Lachlan l’avait envoyé chier par principe, et puis elle avait causé. De Mack, son grand-oncle ou un truc comme ça, qui lui avait légué l’échoppe. Ok, ça serait encore une boutique de Quidditch alors, super. Sauf que la condition, c’était de le garder lui. Paraissait qu’elle n’y connaissait rien, et puis que le vieux avait insisté. Si t’avais su, Mack. Que c’était lui, lui et lui seul, qui l’avait buté. Dans un espèce d’acte de bonté qu’il regrettait chaque jour que Merlin faisait. Lachlan avait claqué la porte au nez de la descendante, qui était revenue. Encore, et encore, et encore. Non mais on pouvait pas déprimer tranquille, sérieux ? La fille avait un truc qui le troublait dans le regard, un truc qui lui rappelait ce bon samaritain qu’il avait trahi. Hors de question de retourner là-bas, de faire semblant. Ça serait trop, carrément trop pour son cerveau déjà complètement détruit.
Et puis un jour, il avait plu. Salement plu, à torrent, et la fille était resté là à se faire détremper les os. Sûrement plus soul que d’habitude, peut-être un peu de meilleure humeur, Lachlan l’avait laissée entrer dans son chalet. Et donc, dans sa vie. S’il avait su, il se serait abstenu. Comme pour plein de trucs de sa vie, en fait. Bref, emmitouflée dans un vieux plaid qui sentait la clope froide et le désespoir, Millie lui avait lâché une phrase. Une seule parmi toutes celles qu’il n’avait pas écouté jusque là, une seule avait suffi. Vous lui devez bien ça. Quoi, comment elle savait ça ? Comment elle pouvait… ? Un instant, Lachlan se demanda si elle avait percé à jour son air vraiment coupable, si elle avait senti, si elle voulait se venger. Qu’elle fasse, il n’aurait pas bougé d’un poil. Après ça, elle lui remit les idées en place, rapport au fait qu’il l’avait embauché quand personne n’en voulait, blabla. Mais pour Lachlan, ça fit écho à autre chose. C’était vrai, il lui devait bien de prendre la relève, en fait. Même si ça devait le tuer, même s’il devait vivre chaque seconde comme un calvaire, il lui devait, de continuer à faire vivre cette passion là dans le coeur des mômes et des autres. C’était son rêve, à Mack. Il en serait mort de savoir que ça s’arrêterait là. Enfin, mort il l’était déjà, mais voyez l’idée.
« Allez Lachlan, on sourit un peu. » Millie avait sorti sa panoplie de dents et aiguillait maladroitement les clients avec des conseils foireux. Déjà qu’il souriait pas beaucoup avant, comment faire maintenant ? Mais quand une gamine aussi haute que lui à l’époque où il avait enfourché pour la première fois son balai fit une petite moue en essayant d’en attraper un trois fois plus grand qu’elle, Lachlan sentit un truc le ranimer un peu. Un peu seulement. Assez pour le déloger de derrière le comptoir et aller lui donner le saint Graal. La gamine était aux anges et lui un peu moins en enfer. « T’aimerais ça hein voler, petite ? » Et lui, depuis combien de temps ça ne lui était plus arrivé ? Depuis combien de temps se forçait-il à rester sur terre pour ne même pas ressentir un peu de bonheur ?
La journée passa vite et lentement. L’après-midi était calme, et Millie, pas habituée à subir les assauts de la clientèle, était partie roupiller à l’étage. Bientôt, il ne resta plus que lui, et ce Mackenzie en papier qui lui souriait comme s’il savait tout. Peut-être qu’il savait, d’ailleurs. Le tête-à-tête lui glaça le sang, et Lachlan quitta la boutique pour la réserve où il alluma une clope. Il aurait pas aimé ça, le vieux. Mais il n’était plus là pour rien dire après tout. Mais la clochette, foutue clochette qu’il avait toujours détesté, retentit et le força à tirer plus fort sur le filtre. « J’arrive. » grogna-t-il comme la bête mal aimable qu’il était, avant d’écraser le mégot dans un truc qui ressemblait à un cendrier, soufflant sa fumée dans la réserve alors que son corps avait déjà passé le rideau pour accueillir un nouveau client. Du moins, c’était ce qu’il croyait. |
| | | Anastasia A. Appleton MOLDUCe n'est pas la magie qui fait qu'un être est magique. | HIBOUX POSTÉS : 133 | AVATARS / CRÉDITS : ♟Leighton Meester | bambieyes | SANG : ♟Moldu.
| Sujet: Re: J'suis pas tout seul à être tout seul w/Ana Lun 10 Jan 2022 - 22:19 | |
| Il y avait des gens qui portaient sur eux tout ce qu'ils avaient vécu. On décelait aisément ces âmes fêlées dans les regards hagards qui se posaient ici, et là. Souvent les personnalités étaient particulières, les vies complètement débridées. Étonnant de ce fait, de constater un tel spectre dans les yeux noisettes d'une jeune femme si belle, si brillante et autrefois si rayonnante. Anastasia ne se remettait pas de ce qu'elle vivait. Elle sentait du plus profond de son être que tout était une belle erreur, que la fuite n'était pas la solution, qu'il n'aurait jamais dû faire cela parce que quoiqu'il ait, elle l'aurait aidé. Elle s'en voulait de ne pas avoir insisté davantage. Et dans ses yeux de biche s'était déposé un voile triste qu'elle ne parvenait pas à se retirer. Ses amis avaient vu qu'elle n'allait pas bien, mais Ana n'ayant jamais, jamais parlé de Lachlan à qui que ce soit - par pudeur davantage que par honte - elle n'avait rien pu dire. Aussi avait-elle travaillé sa thèse. Parce qu'après tout, il ne lui restait bien que cela, non ?
Occupée à mâchouiller un stylo bille au bureau dans la maison de ses parents au Pays de Galles, du remue ménage en bas la sorti de son ouvrage et elle pointa le bout de son nez pointu hors de la pièce. Son frère était apparemment surexcité, occupé à lancer sortilèges sur sortilèges pour réunir ses affaires dans une valise brunâtre. Ses efforts en matière de magie dénotaient son excitation, à son comble de toute évidence : « Mais qu'est-ce qui t'arrive ? ». La voix douce de la moldue s'éleva de l'étage où elle le regardait. « Bah t'es pas au courant toi ? Ils réouvrent la boutique de Quidd' ça fait des semaines que j'économise pour un nouveau balai ». Le cœur de la thésarde manqua un battement et elle s'appuya à la rambarde contre laquelle elle s'était appuyée pour regarder son jumeau. Elle hésita, un moment, en jetant un coup d’œil au bureau sur lequel elle travaillait. « Tu me fais une place dans ta valise ? ». Anastasia passa outre la réponse maugréée de son frère pour descendre les marches comme l'adolescente qu'elle n'était plus depuis longtemps. La jeune femme avait finalement décidé de rester à l'appartement de son jumeau à Londres pendant qu'il allait acheter son balai. Si elle devait trouver Lachlan - et elle priait pour qu'il y soit - elle ne voulait pas que son frère soit dans les parages. Aussi attendit-elle comme un monstre en cage qu'il daigne rentrer, fier comme un paon avec son nouveau balai. « J'ai pas eu de remise, mais le décollage de ce bijou vaut le prix que je l'ai payé ! ». Ana ne répondit pas à sa remarque parce qu'elle, elle ne pouvait pas avoir de balai de toute manière. Alors le prix de son nouveau jouet...
Et puis, ce n'était pas sa préoccupation première !
Sitôt arrivé, voilà que la jeune femme filait en courant en direction du Chemin de Traverse. Elle dû attendre dix bonnes minutes que le passage s'ouvre pour elle sur les Allées sorcières - elle remercia naturellement une vieille bonne femme au chapeau pointu et au parfum qui lui faisait penser à une pomme desséchée - mais une fois que ce fut fait, la thésarde se dirigea avec une détermination qu'on ne lui connaissait que pour mettre son nez dans les archives vers la fameuse boutique de Quidditch. Il lui fallu pourtant tout son courage pour pousser la porte de la boutique. Elle qui l'avait ouverte autant de fois par le passé, la voilà bloquée devant elle comme si c'était le mur de briques à l'arrière du Chaudron Baveur. Il n'y avait personne à l'intérieur, sans doute que la foule était venue le matin ou en début d'après-midi, comme son frère. C'est finalement croiser son regard triste dans la vitre qui lui fit sauter le pas. Le tintement de la clochette la ramena des mois en arrière, comme un tourbillon de vent qui emporterait les feuilles d'automne sur son passage. La mélancolie qu'elle ressentait tout le temps en ce moment la rattrapa d'ailleurs, mais elle ne perdit pas pied. En tout cas, jusqu'à entendre la voix caverneuse d'un homme qu'elle connaissait bien. Pour la seconde fois de la journée, son palpitant rata un battement et elle resta bêtement plantée là, bras ballants. « Lachlan... ». Le prénom de l'homme fut prononcé si bas qu'elle même ne l'entendit pas. Pourtant, un ras-de-marée de sentiments l'emporta et elle s'avança, timidement, vers le comptoir. Anastasia eut envie de lui sauter dessus, de le prendre dans ses bras, de le serrer fort contre elle pour ressentir sa présence et s'assurer qu'il était bien vivant. Mais elle ne le fit pas, parce qu'elle lui connaissait une pudeur qu'elle ne provoquerait pas. « Je suis si soulagée de te voir » en vie, parvint-elle finalement à prononcer en posant une main sur le comptoir. Ses ongles peints en brun grattèrent nerveusement le bois d'une teinte similaire. Elle chercha dans ses yeux bleus encadrés de rides d'expression quelque chose qui expliquerait qu'il soit parti comme il l'avait fait. « Je suis tellement désolée pour Mackenzie tu sais ». Lui présenter ses condoléances maintenant était peut-être un peu tard. Mais en avait-elle eut réellement l'occasion ?
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| | | Lachlan McCulloch MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 203 | AVATARS / CRÉDITS : James McAvoy @doom days | SANG : Mêlé, et alors ?
| Sujet: Re: J'suis pas tout seul à être tout seul w/Ana Lun 10 Jan 2022 - 23:27 | |
| Les sales coups de la vie, Lachlan avait l’habitude. Les hasards malheureux et merdiques, ça n’était pas ça qui manquait. Même que lui, il avait sacrément eu son lot de surprises et que souvent, il se demandait comment ça pourrait être pire. Et cette fois là, quand le rideau retomba derrière lui et que ses yeux vides et fatigués se tournèrent vers la porte, il eut sa réponse, alors qu’il ne s’était même posé la question pour une fois. Ana… Son prénom vint dans sa tête mais lui, il ne dit rien. Rien du tout même. Planté là, devant l’arrière-boutique, aussi immobile que s’il s’était mangé un cognard en pleine gueule - et il savait quand même de quoi il parlait. Dans le temps, il aurait peut-être eu le courage de masquer sa surprise mais là, même s’il avait voulu, il n’aurait même pas pu. Est-ce qu’il était en train de rêver ? Peut-être que ça y était, que son cerveau avait enfin vrillé pour de bon et qu’il voyait des choses qui n’étaient pas censées être là. Bloqué comme un con, incapable de parler, de marcher, de réagir comme un humain normal, Lachlan n’arrivait même pas à détacher ses yeux d’elle. Comme si cligner la ferait partir pour de bon. Comme si bouger la ferait fuir. Même s’il aurait mieux valu au fond, qu’il rêve, qu’elle s’évanouisse comme de la fumée, qu’elle détale. Mais non, Ana était là et bien là, même qu’elle bougeait, elle, pour rejoindre le comptoir tout à côté qui lui parut être à des milliers de milliers de miles de lui. Elle était là, belle comme tout, plus belle encore que quand il pensait à elle et que son visage venait squatter ses sombres pensées, comme un petit rayon de lumière. Même ça il avait réussi à le faire, abimer son souvenir. Comme quoi il était bien capable de tout gâcher.
Il aurait aimé lui dire tellement de trucs. Des trucs qu’il ne pouvait pas dire, du coup, des secrets qui expliqueraient qu’il lui ait fait ça. Des trucs qu’il ne voulait pas dire aussi, du genre Tu m’as manqué, parce qu’on avait pas le droit de dire ça à quelqu’un qu’on avait abandonné. Elle avait toutes les raisons du monde de le détester, Lachlan pensait d’ailleurs un peu que c’était le cas parce qu’elle ne lui avait même pas répondu - ou alors, est-ce qu’il avait oublié ? Comme il avait oublié qu’Ana était Ana, douce, gentille, et qu’elle était incapable d’en vouloir à qui que ce soit. Soulagée ? C’était un mot étrange qui lui semblait ne pas coller au moment. Plein d’autres mots auraient été, mais pas celui-là. Mais ce fut bien quand elle parla de Mackenzie qu’il se réveilla enfin. Pas la première fois aujourd’hui qu’on lui formulait une phrase comme ça - les habitués étaient tristes, c’était un fait, et chaque gentillesse lui avait fait l’effet d’un coup de poing dans la tronche. Alors que ça soit Ana qui le dise, c’était pire. Tellement pire qu’il eut l’envie subite de la blesser un bon coup, avec des mots qu’elle ne méritait pas, pour qu’elle parte. Tout ce qu’elle dirait, n’importe quoi, ça lui ferait mal. Parce que ça serait plein de bons sentiments, et qu’il ne méritait pas ça. Il méritait qu’elle le raye de sa vie, et c’était pour ça qu’il avait pris la décision pour elle. Parce qu’elle ne se rendait pas compte, et qu’il ne pouvait pas lui dire tout ça. Machinalement, Lachlan tira sur les manches de son pull pour masquer ses marques honteuses - il n’avait pas remis son ancien uniforme de Quidditch, pas le coeur, pas le courage - et avança derrière le comptoir en convoquant les forces qui lui restaient. « Merci. » répondit-il d’une voix éraillée, comme il avait en ce moment parce qu’il ne parlait plus assez alors que pourtant, il avait causé toute la matinée. Il aurait eu envie de lui dire Si toi t’es désolée, alors moi je suis quoi ? Mais est-ce qu’on avait le droit d’être désolé quand on avait tué quelqu’un de sang froid ? « La vie continue. » continua-t-il d’une voix blanche, parce que c’était la banalité qu’il disait à tout le monde. Mais ça n’était pas tout le monde. C’était Ana. Et il avait beau fuir ses grands yeux, c’était bizarre d’être face à elle, comme ça. La dernière fois qu’ils s’étaient quittés, c’était avec un long baiser. Pour se dire au revoir, comme souvent. Alors la voir là, comme ça, savoir qu’il n’y aurait plus jamais de baiser, pour aucune raison, ça lui faisait un mal de clébard. Il aurait bien aimé pourtant, se soigner dans ses bras, s’abreuver à ses lèvres mais non. Elle méritait pas ça. Il méritait pas ça non plus, mais pour d’autres raisons. Mais quand on avait eu droit à la peau d’une personne et que ça se terminait, qu’on redevenait distants parce que ça n’était que les amants qui se touchaient comme ça, la distance rendait le tout bizarre. « Pourquoi t’es venue ? » demanda-t-il tout à coup de but en blanc, alors qu’il s’appuyait contre le mur sous la photo maudite pour essayer de tenir debout. Bras croisés, tête basse, il fixait le comptoir comme s’il allait y trouver une réponse. « T’aurais pas dû. » T’aurais dû m’oublier. Mais ça, il n’eut pas la force de le dire. |
| | | Anastasia A. Appleton MOLDUCe n'est pas la magie qui fait qu'un être est magique. | HIBOUX POSTÉS : 133 | AVATARS / CRÉDITS : ♟Leighton Meester | bambieyes | SANG : ♟Moldu.
| Sujet: Re: J'suis pas tout seul à être tout seul w/Ana Mer 12 Jan 2022 - 19:46 | |
| Le coeur d'Anastasia se desséchait dans sa poitrine alors que ses yeux ne parvenaient pas à se détacher du visage de Lachlan. Son regard, sa bouche, ses pommettes. Que d'endroits qu'elle connaissait avec le temps qu'elle avait passé dans son lit, de façon surprenante. Qui aurait pu croire que la fille qui avait un petit crush sur le vendeur de la boutique de Quidditch de plus de dix ans son aîné allait finir par avoir une sorte de... relation (?) avec lui ? Certainement pas elle, même dans ses rêves les plus fous. Et pourtant, le rêve avait d'une certaine façon viré au cauchemar parce que Lachlan lui avait fait du mal. Oh, Ana avait passé des heures à pleurer contre son traversin, à ruiner sa literie de mascara dont elle n'abusait même pas. Elle avait asséché ses joues roses sur lesquelles s'étaient déversés des sillons de larmes. Parce qu'il était parti. Il était parti comme ça, alors que la dernière fois qu'ils s'étaient vus, tout allait pour le mieux. Ils étaient heureux. Leur relation était ce qu'elle était, imparfaite et peut-être étrange mais elle en tout cas, elle était heureuse. Heureuse de vivre comme une jeune femme de son âge, une histoire qu'elle pensait peut-être sans lendemains. Pourtant il était là, le lendemain, alors qu'elle se tenait nerveusement derrière le comptoir à gratter le bois pour se faire partir le vernis qu'elle avait sur les ongles. Ses yeux bruns cherchaient une réponse parce qu'elle n'osait pas poser la question. "Pourquoi ?". Après tout, il faisait ce qu'il voulait. Mais n'aurait-il pas pu lui dire les choses en face, pour qu'au moins, elle ait une réponse ? Car l'imagination de la jeune femme courrait dans sa tête. Elle craignait au fond qu'il ait un peu profité d'elle, alors qu'elle savait que ce n'était pas le cas.
Sa phrase concernant Mackenzie était finalement applicable à leur situation. La vie continue. Elle continue oui, Ana, alors, pourquoi t'es là ? La thésarde le regarda avec une moue un peu tristounette en contorsionnant légèrement ses lèvres, comme prise d'un léger malaise, alors que c'était elle qui leur imposait cette situation. Et ses genoux tremblaient un peu, son cœur lui conseillait de partir pour ne pas souffrir d'une nouvelle déception. Mais ciel, il était si beau... Lachlan la faucha dans ses pensées alors qu'il s'appuyait contre le mur derrière lui. Anastasia réalisa qu'elle avait fiché ses yeux sur un pot de cire à balai quand elle dû les ramener sur son visage abîmé par la vie. « Je suis venue pour des réponses » articula-t-elle difficilement avec une pointe de bravoure qui était tout de même mignonne à voir, « j'en mérite, non ? ». Le retour de la fierté toute galloise ! C'est qu'elle avait fait montre d'une particulière fierté également quand elle s'était confrontée à lui, les premières fois où ils avaient discuté un peu plus en profondeur. Alors, si elle devait remontrer son caractère de dragon, elle le ferait volontiers quand même. La jeune femme enfonça un peu trop son ongle dans le bois et une petite écharde lui perça la peau. Elle retira sa main et détourna les yeux de l'ancien joueur de Quidditch pour la retirer avec l'ongle de son pouce. « Je ne m'y attendais pas » avoua-t-elle d'une voix plus basse, « j'ai fait quelque chose de mal ? ». Sa bravoure s'était un peu envolée quand même. Elle n'arrivait même pas à lui demander cela en le regardant dans les yeux. Ana avait peur qu'il lui fasse des reproches dont elle se fustigerait plus tard, dans son lit, le nez dans son traversin inondé de larmes.
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| | | Lachlan McCulloch MANGEMORTL'homme n'est libre que de choisir sa servitude. | HIBOUX POSTÉS : 203 | AVATARS / CRÉDITS : James McAvoy @doom days | SANG : Mêlé, et alors ?
| Sujet: Re: J'suis pas tout seul à être tout seul w/Ana Jeu 20 Jan 2022 - 19:58 | |
| Qu’est-ce qu’on répondait à ça ? Qu’est-ce qu’on répondait à quelqu’un qui demandait des explications, et qu’on ne pouvait pas lui donner ? Lachlan n’avait jamais aimé ça, les questions. Même pas au temps des interviews, parce que ça voulait dire se dévoiler. Et c’était un homme secret, Lachlan, déjà avant. Parler de sa vie, de lui, pourquoi faire ? Ça n’était pas intéressant. C’était les actions qui comptaient, les mots, ça, c’était futile. Inutile. Et ses actions, maintenant, mieux valait ne pas en parler. Il ne pouvait pas, de toute façon. Poser des mots là-dessus alors que ses pensées le rongeaient déjà, non merci. Les mots, pas son fort, jamais. Les mots, ça faisait souvent plus mal que les poings. La preuve hein, si elle était là, si elle était revenue, c’était parce qu’il en avait écrit sur un parchemin, et qu’il l’avait blessée, il le voyait bien. Pas fin psychologue Lachlan, mais tout de même, il y avait dans ses grands yeux un peu de tristesse qu’il ressentait alors qu’il les avait croisés une demie-seconde, pas plus. Peut-être qu’elle méritait des réponses, sûrement même. Mais pas celles-là. Pas les vraies. Sauf que mentir, pour ça non plus il n’était pas doué. Tout ce qu’il savait faire, dans la vie, c’était voler, et on lui avait enlevé ça. On lui avait arraché son seul plaisir, on l’avait transformé en un fantôme de chair, un fantôme qui tuait. Mais ça, c’était un secret, le plus lourd à porter à jamais. Encore plus sous le regard de papier d’un homme qu’on avait tué.
Lachlan se mura dans le silence, conscient de tous les gestes qu’elle faisait alors qu’il ne la regardait même pas - vision périphérique de l’attrapeur, ça - à la fois rassuré par la présence du comptoir entre eux et triste de ne pas pouvoir la toucher, même si c’était ce que son corps aurait aimé. Un sale type aurait sûrement pu rattraper le coup, profiter de sa gentillesse et de sa douceur pour oublier, quelques soirs par semaine, le monstre qu’il était. Mais Lachlan était un sale type avec encore un bout de morale, il fallait croire. Alors il ne répondit pas, rien, et la galloise lui posa une autre question qui lui fendit ce qui lui restait de coeur encore un peu intact. Comment elle pouvait croire que c’était elle le problème ? Choqué, l’écossais leva brusquement les yeux vers elle, une sorte de colère dans les siens, et répondit d’une voix plus sèche qu’il n’aurait voulu. « Dis pas ça. » Il ne se rappelait plus bien ce qu’il avait écrit ce jour-là, le lendemain du jour où il avait commis l’irréparable - enfin, plus irréparable que d'habitude. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il n’avait jamais voulu qu’elle croit ça. Mais peut-être qu’il l’avait mal dit. Sûrement, même. « Celui qui fait du mal ici, c’est moi. » Elle ne saurait jamais, Ana, à quel point c’était vrai. À quel point ça ne parlait pas que d’eux d’ailleurs, à quel point ça résumait ce qu’il était devenu. « Et j’veux pas t’en faire à toi. » Même si c’était déjà un peu fait, en fait. Mal à l’aise, Lachlan contourna le comptoir pour s’enfoncer dans un rayon et y réarranger une étagère déjà pourtant bien en ordre. Tourner le dos, ça n’était pas poli, mais s’éloigner, c’était nécessaire. Loin d’elle et de ses questions, de ses remarques qui feraient mouche. Elle était trop intelligente, et lui pas assez. |
| | | Anastasia A. Appleton MOLDUCe n'est pas la magie qui fait qu'un être est magique. | HIBOUX POSTÉS : 133 | AVATARS / CRÉDITS : ♟Leighton Meester | bambieyes | SANG : ♟Moldu.
| Sujet: Re: J'suis pas tout seul à être tout seul w/Ana Lun 14 Fév 2022 - 11:08 | |
| Lachlan avait toujours été la brute de décoffrage là où elle semblait être la fleur délicate dont il allait arracher les pétales. Peut-être que c'était un peu ce qu'il avait fait en la quittant comme ça. Arracher une à une des pétales de bonheur qu'elle ne soupçonnait pas de ressentir à ce point avec lui. C'est quand on est séparés qu'on se rend compte de la valeur de quelqu'un, parait-il. Et Ana n'avait peut-être pas réalisé l'ampleur de ses sentiments amoureux. Elle s'était dit que ce n'était qu'une passade peut-être, une jolie histoire sans doute. Elle avait toujours gardé les pieds sur terre sans jamais s'imaginer qu'il serait le père de ses enfants à elle - fallait pas exagérer. Mais quand il était parti, elle avait ressenti un tel coup de poignard qu'elle avait su immédiatement qu'elle devait lutter, au moins un peu, contre le triste destin devant lequel l'ancien attrapeur les faisait tomber. Pourquoi fuir alors que tout allait bien ? Pourquoi cette peur ? Alors, comme toute femme qui se respecte le ferait, elle avait cogité, encore et encore, repassé en boucle dans sa tête leurs discussions pour repérer ce qu'elle avait pu faire de mal. Car ce ne pouvait être qu'elle qui l'avait fait fuir ? Mais comment ? Anastasia n'avait pas trouvé la réponse dans la forêt de ses nuits blanches, et des pétales supplémentaires étaient tombés de la fleur. Elle était démunie, triste et se sentait trahie.
Lorsqu'il lui dit avec toute la délicatesse qu'il ne possédait pas que c'était lui le problème, la galloise lui renvoya le même regard choqué qu'il avait lui-même dans ses pupilles claires. Faire du mal, lui ? Lachlan n'était pas l'homme le plus doux de la terre mais s'il y avait bien quelque chose qu'elle savait tout au fond d'elle, c'était qu'il ne lui ferait jamais aucun mal. C'était sans doute l'instinct cassé de la biche fasse à son chasseur. Elle posa une main sur sa hanche, parce qu'elle ressentait le besoin de se raccrocher à quelque chose qui ne soit pas le comptoir, pour le regarder en penchant légèrement la tête : « Mais tu ne m'as jamais fait de mal enfin ! ». C'était sorti tellement naturellement qu'elle ne comprenait même pas qu'il ne le saisisse pas. Il se voyait pire que ce qu'il était et elle détestait qu'il se sente comme cela. Il avait fuit dans un rayon où elle n'eut pas le courage de le poursuivre et se contenta de contorsionner sa bouche en cherchant quoi lui dire de plus. « J'ai confiance en toi Lachlan » finit-elle par lui avouer d'une voix plus forte qu'elle ne se l'imaginait, « pourquoi toi, tu n'as pas confiance en toi ? ». Y avait-il des choses qu'il avait oublié de lui dire ? Non, non, elle le sentirait, pas vrai ? Puis de toute manière, la pire horreur qu'Ana pouvait s'imaginer, c'était le vol d'une pomme dans un supermarché alors... Finalement, elle décida de faire quelques pas pour apparaître dans le rayon sans néanmoins marcher jusqu'à lui. « Moi je te fais confiance et je suis assez grande pour savoir ce que je veux... ». Petite bravade pour qu'il ne l'infantilise plus, lui, l'homme mûr face à la gamine le nez toujours perdu dans ses livres. Parfois, elle avait cette impression qu'il était un patriarche qui s'occupait de quelqu'un qu'il désirait protéger. Elle appréciait cela autant qu'elle détestait, à dire vrai. Parce qu'Ana avait sa fierté et qu'elle était quand même suffisamment indépendante pour savoir se gérer. Enfin, en tout cas, pensait-elle.
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| | | | Sujet: Re: J'suis pas tout seul à être tout seul w/Ana | |
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| | | | J'suis pas tout seul à être tout seul w/Ana | |
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