Je venais tout juste de quitter les cachots, et j'étais fermement déterminé à régler cette affaire au plus vite. Les cachots étaient censés être inondés, ce qui était le cas. En partie. Devant la salle commune de Serpentard, le sol était sec et tout portait à croire que quelque chose était sur le point d'être commis. La présence même de Severus Rogue dans ces cachots m'en avait convaincu, surtout après la brève altercation que nous avions eu avant l'arrivée de Lily Evans. Bien sûr, il avait fallu qu'elle pointe le bout de son nez. Cependant, l'air faussement détendu de Severus m'avait mis la puce à l'oreille. Quelque chose se tramait, et il fallait que j'en parle avec Sirius, Peter et Rémus, qui sauraient probablement quoi faire.

J'avais envoyé Pénélope, ma chouette harfang, porter une lettre à mes trois camarades, leur expliquant clairement qu'ils devaient me retrouver dans les dortoirs des garçons le plus rapidement possible. J'avais une idée en tête, il fallait que je leur en fasse part. Les temps étaient sombres, en cette époque de l'année. On parlait d'un mage noir qui recrutait des sorciers adeptes de la magie noire et comme par hasard, des choses louches se déroulaient en ce moment dans la salle commune des plus mauvais élèves de Poudlard. La plupart tournait mal, à Serpentard et beaucoup rentrerait dans les rangs de ce fameux mage noir, il n'en faisait aucun doute. Peut être même que pour certains, c'était déjà le cas. La Gazette ne nous en apprenait que trop peu à propos de ces rassemblements de partisans, cependant à entendre les bribes de conversations des habitants de Pré-au-Lard, nous étions tous en danger.

Je fis les cent pas dans la pièce, à déambuler entre les lits, le regard vers le sol lorsque la porte du dortoir s'ouvrit. Je m'arrêtai brusquement et pour une fois, mon sourire ne brillait pas sur mon visage. A la place, une mou inquiète qui allait très certainement faire comprendre à mes amis que j'avais quelque chose d'important à leur dire.

Un rassemblement des Maraudeurs à la demande de James, ce n'était pas nouveau. Mais le ton du mot qu'avait reçut Rémus, lui, l'était. Il manquait cette fausse grandiloquence de conspirateur qui préparait une de leur légendaires farces. A la place, les quelques mots laissaient clairement planer une gravité que Rémus ne pouvait que prendre au sérieux. Il quitta donc aussi sec le devoir de métamorphose qu'il était en train de rédiger et monta dans le dortoir.

Un simple regard dans la pièce confirma sa première impression, James n'avait rien du facétieux brigand qui venait d'avoir une nouvelle idée brillante pour se divertir. Il était nerveux, grave, et un simple échange de regard permit au jeune préfet de saisir son agitation. Pour Rémus dont l'esprit était déjà très encombré par toute cette ambiance sombre et inquiétante que faisait planer Lord Voldemort, pas de doute que son amie avait été rattrapé à la situation et qu'il voulait en parler. Avait-il découvert quelque chose de particulier ? Sa famille avait-elle été touché ? La deuxième hypothèse était peu probable étant donner la respectabilité et la "pureté de sang" de la famille Potter.

Rémus s'assit sur un coin d'un lit, silencieux, les sourcils froncés. Autre chose lui trotait dans la tête... Ce mystérieux flash qu'il y a quelques jours, qui lui avait donné un apperçut du futur, il en était maintenant presque certains. Il n'en n'avait encore pas parlé à ses amis, ne sachant pas comment aborder la chose sans paraître alarmiste ou terrifié. Peut-être que c'était le moment. Son regard se perdit dans le vague, anxieux.

Deux secondes, Sirius... J'attends Peter. Tu te doutes que si je vous ai fait venir, ce n'était pas pour rien...

Je m'arrêtai cependant de tourner en rond et me posais sur mon lit, les mains jointes et le regard vers le sol. Comme à chaque fois que je réfléchissais à une chose importante, je triturai ma lèvre inférieure avec mes dents.

La porte s'ouvrit enfin et Peter fit son entrée, essoufflé comme un buffle après avoir chargé un troupeau de gnomes du désert. D'habitude, j'aurai probablement ris, montrant Peter du doigt et les taches de nourritures qui le trahissaient sur son uniforme, mais la situation me semblait trop grave. C'est pourquoi mon visage resta impassible. Je me levai, face à mes trois amis, et m'apprêtai à leur expliquer la situation.

Il se passe un truc bizarre, en ce moment. Chez les Serpentards, notamment... Vous n'êtes pas sans savoir ce qui se trame en ce moment même en Angleterre, hein. Je vais pas vous faire un dessin, la Gazette s'en charge assez... Bref, je soupçonne les verts de faire partie de l'histoire. Tout à l'heure, j'ai surpris Severus dans les cachots... Ils sont censés être inondés, je ne sais pas ce qu'il fichait là. Juste avant qu'il arrive, j'ai remarqué un truc louche... Devant la salle commune des serpentards, une belle partie du sol était sèche. Comme si... Comme si elle était encore en fonctionnement. Alors qu'elle est censée être vide ! Ils sont dans la salle commune des Serdaigle, à présent... Bref. Je ne sais pas pourquoi mais je sens qu'il se passe des choses plus qu'étranges en ce moment, et j'aimerai bien savoir quoi. Poudlard est le lieu le plus sûr d'Angleterre, tout le monde sait ça. Mais si les attaques viennent des élèves eux même... Il faut qu'on se prépare au pire.

Je ne savais trop comment m'expliquer, mais l'air sinistre que j'affichai plaiderai en ma faveur. Mes camarades verraient bien que ce n'était pas pour rien que j'étais inquiet et que ce devait même être grave.

L'arrivée des deux derniers Maraudeurs achevèrent de placer l'ambiance la plus sérieuse qu'il n'ait jamais connu avec ses amis, comme si James, par son attitude, avait déjà convaincue ses trois amis que l'heure était grave. Même l'arrivée d'un Peter fidèle à lui même, attirant d'habitude les plaisanteries de Sirius et James ne détendit pas le visage sombre de ce dernier. Il se mit enfin à s'expliquer. Rémus avait tourner son regard vers lui et le fixait intensement, réflechissant à toute vitesse en même temps qu'il parlait. Ses accusations étaient graves, et Rémus était naturellement réticent à penser qu'un mal si terrible ce soit infiltrer au sein même des élèves. Même s'il connaissait la tendence naturel de son ami à se méfier des Serpentards, voir à médire sur leur compte, il avançait des faits étranges qui portaient tout de même au doute.

- Cette histoire d'innondation m'a parut étrange depuis le début. Mais il y a tellement de choses étranges en ce moment. Ces histoires de cadeaux mystères aux effets pervers, et cette...

Les images de la vision du futur lui revinrent à l'esprit comme une évidence. Il murmura pour lui même "Et si tout étaient liés..." Puis il se redressa et reprit la parole.

- Il faut que je vous parle de quelque chose. J'ai eu une espèce de... vision il y a quelques jours. Je suis presque sûr que c'était le futur. J'ai l'impression que j'étais... en mission, que je travaillais pour un Ordre, pour Dumbledore, je n'ai pas tout comprit. C'était comme si c'était la guerre...

Il se tut un instant. Il décida de ne pas donner les détails sur le fait qu'il apprenait que ses amis étaient en danger.

- Bref, ce n'est peut-être pas pour rien que j'ai vu ça. D'après les nouvelles de mes parents, la situation s'aggrave. Je pensais aussi qu'on était à l'abri ici mais... Il faut effectivement qu'on soit sur nos garde. Mais on ne peux pas se méfier de tous le monde. Il faut qu'on sache en qui on peut avoir confiance.

Rémus avait des contacts... étroits avec les Serpentards, ou au moins avec l'une d'elle. Mais s'il ne lui venait même pas à l'idée que Laya puisse être dans un quelconque complot, la savoir peut-être proche de personnes qui traficotaient quelque chose commençait à l'inquiéter, pour sa propre sécurité à elle.

Je pensais effectivement que ce mage dont parlait la Gazette avait un rapport avec tout ce qui se passait à Poudlard en ce moment. Les cadeaux mystères qui survenaient, les virus qui apparaissaient. Tout ceci ne pouvait être que coïncidence. Quelqu'un était caché la dessous et il fallait découvrir au plus vite de qui il s'agissait. Plus le temps passait, plus il serait dur de se défendre.

Lorsque Rémus parla de sa vision, mon visage se ferma d'autant plus. Si ce qu'il disait était bien une vision du futur, alors les choses allaient aller en s'aggravant. Les temps allaient devenir sombre, de plus en plus et si le mal commençait à progresser à Poudlard même, parmi les Serpentard, ils devaient faire quelque chose. Au moins, se défendre contre ce qu'ils pouvaient ! Même s'il ne pouvait atteindre ce fameux mage, trop jeunes pour l'attaquer, il pouvait au moins arrêter ceux qui essayaient d'infiltrer l'école.

Si ta vision est réellement une vision du futur, Rémus, les temps vont devenir ne plus en plus sombre. Et... Peter allons, tu es incorrigible ! Rémus est déjà un... Loup Garou, murmurai-je. C'est déjà bien assez !

Je me mis à marcher de long en large entre mon lit et celui de Sirius, ignorant la remarque de Peter sur la reine d'Angleterre. Décidément, il était à l'ouest, ce garçon ! D'habitude, ses paroles m'auraient beaucoup amusé, il était toujours très drôle, sans vraiment le vouloir. Mais le temps ne s'y prêtaient pas vraiment, aujourd'hui.

Effectivement Sirius, on va savoir de quoi il s'agit... Comment, je ne sais pas mais on va les garder à l'oeil, vous pouvez me croire. Je...

Je me tus un instant, réfléchissant à une solution.

Je propose qu'on réunisse les personnes de confiances. Les personnes les plus sûres dans notre entourage, on ne sait pas combien ils sont de l'autre côté, il faut que nous puissions être assez pour nous défendre en cas de besoin. Et puis... Puis si on se trompe sur toute la ligne, et bien il sera toujours utile de se préparer au pire. D'après ta vision, Rémus, il va se passer de sombres choses... Ce ne sera jamais un mal de s'entraîner au pire, mes amis.

Rémus avait totalement raison, il ne fallait pas que Sirius et moi même laissions parler notre sang chaud pour résoudre les problèmes. J'allais devoir prendre sur moi pour ne pas traquer chaque pas de Severus. Severus... Je restai persuadé qui'il y était pour quelque chose. Lily ne s'en doutait pas, elle allait probablement tomber de haut... Pendant que les garçons préparaient la liste des gens de confiance, mes pensées allaient vers la jeune rousse. Elle serait une membre parfaite pour le groupe... Comment s'y prendre sans que cela ne touche son meilleur ami ?

Tu as tout a fait raison, Sirius. Il faut faire plusieurs groupes. Notre première mission sera déjà de regrouper les personnes de confiance et d'enquêter sur celles dont nous avons un doute.

Un doigt devant la bouche, je réfléchissais, me remettant à faire les cent pas entre les lits.

Ta vision, Rémus... Es-tu sûr de toi au moins, cela était-il une vision du futur ? Qu'as-tu vu exactement ?

A ce moment là, je ne me doutais pas qu'il avait vu une partie de ma fin. De ma mort, à moi et Lily... Lui même ne le savait pas. Personne ne pouvait se douter que sa mort était toute proche, si proche qu'il n'aurait à peine le temps de vivre...

Je me retournai vers Peter et je lui souris. C'était la première fois que je souriais depuis le début de notre conversation, et c'était souvent pour Peter que j'étirai mes lèvres. Sa naïveté me mettait du baume au coeur.

Peu importe l'âge, Peter. Je ne pense pas que nous, personnellement, soyons en danger étant donner ce qu'à dit Rémus. Du sang sorcier coule dans nos veines. Si ce fameux mage décide de s'en prendre aux nés-moldus, nous ne risquons probablement rien, mais ce n'est pas pour autant une raison de rester les bras croisés à regarder cette guerre avoir lieu.

James et Sirius semblaient être sur la même longueur d'ondre, comme toujours, et pour une fois très proche de celle de Rémus. Il approuva l'idée de distinguer les personnes qui qui il faudrait se renseigner, même si ça ne lui plaisait pas franchement de jouer les espions sur ses camarades. Tout en écrivant, il réagit aux craintes du pauvre Peter qui était au bord de la panique.

- Nous ne laisserons personne te faire du mal Peter, tu le sais bien. Il pose sa plime et se tourna vers James. J'espère bien que nous sommes encore à peu près en sécurité ici. Mais James, je te rappelle que ma mère est une née-moldue. Rien que le fait de prendre partie nous fait devenir des cibles, même si on n'est pas assez dangereux pour les inquiéter pour l'instant. Epuis on ne sait pas encore ce que cette bande de fanatique pense des... personnes commes moi.

A vrai dire, Rémus craignait bien plus le parti-pris des loups-garou plutôt que la manière dont ils seraient traité par les Mangemorts. Après tout, cela pouvait être difficilement pire qu'aujourd'hui. Ou plutôt si... ça serait pire si loup-garou devenait synonyme de partison de Voldemort...

Lorsque James demanda des détails sur sa vision, Rémus se leva et s'approcha de la fenêtre. Sa question était légitime, mais il n'avait pas spécialement envie de revivre une fois de plus ce moment qui le tourmentait depuis des jours. Il finit par soupirer et se lança, essayant d'être simplement précis et neutre.

- J'étais à "La Tête de Sanglier", apparemment depuis un bout de temps. Ma mission était de surveiller les clients et de repérer les partisans de Voldemort. C'est Dumbledore qui m'avait envoyé là. Je devais avoir finit mes études je suppose... Je suis sorti dans la ruelle, j'ai entendi des gens qui transplanaient, c'était la nuit je ne voyais rien. Puis j'ai reçu un message de toi Sirius. Tu disait que tu allais chez James... Qu'il s'étiat passé quelque chose et tu me demandais de retrouver Peter... Il marqua une pause, déglutit et repris son récit. Le barman, qui était notre allié, m'appela. Il y avait un homme à terre, un Mangemort. Le barman me dit que umbledore m'ordonnait de ne pas quitter Pré-au-Lard. Puis il y a eu des bruits de combat dans la rie, Kingsley, qui était bien sûr de notre coté, n'appelait pour les aider. Je suis donc sorti pour me battre à leur coté. C'est tout...

Il se retourna vers ses amis, un peu plus pâle qu'il ne l'était avant de commencer son récit.

- Je ne vois pas ce que ça peut-être d'autre que le futur. C'est précis et cohérent... J'aimerais me tromper bien sûr.