Fais-moi rire ! (Bobby) [Finished]

Ahh ne plus sentir cet uniforme rigide, ne plus appartenir à aucune maison, rien qu'à cet air frais qui balayait ses courtes mèches brunes. Bobby passa d'ailleurs une main dans sa désormais très courte tignasse. Avec Tybalt on ne s'ennuyait jamais, et la première chose qu'ils avaient fait une fois à Londres, c'était les plus grosses conneries possibles. L'inauguration avait été le coiffeur, ni le serdaigle ni le gryffondor n'avaient vécu dans le monde moldu, alors lorsqu'ils étaient entrés dans le magasin ils avaient tout deux pouffés de rire comme deux mômes. Chez les sorciers un rapide sortilège et les cheveux étaient coupés en quatre, imaginez donc leur surprise à voir des rangées de personnes installées sur des fauteuils ou la tête en arrière dans des lavabos, à discutailler pendant qu'on cisaillait leurs cheveux. Mais la blague ne s'était pas arrêtée là, Tybalt avait obligé Bobby à subir cette torture, le traitant volontié de poule mouillée en référence à sa maison. Bref, après une heure de demi sourires échangés et de rires à peine dissimulés, les deux jeunes hommes étaient sortis, Bobby coiffé de près et admirant ce travail "fait main".

C'était la deuxième fois qu'il quittait Poudlard pour autre chose que son manoir, après Liah, c'était le gryffondor qui l'invitait à passer quelques jours chez lui. Le garçon les jalousait secrètement mais d'une passion douce et il avait tout de suite accepté. Il savait que la famille Blackstone serait encore invitée et Bobby ne tenait pas à répéter la scène des dernières vacances.
La famille du Gryffon avait été d'une exeptionnelle gentillesse et Bobby avait coulé dans un bain de bien-être. A bas les apparences, les complots, c'était donc ça une famille heureuse? Le garçon marchait à présent aux côtés de son ami, et ses paroles lui tirèrent un sourire. Bien sûr, il était l'enfant model, distingué était la moindre des choses pour un Donagan.

- Ta famille est formidable Tybalt, je passerais des heures dans le bureau de ta mère à lire tout les articles qu'elle écrit et parlerais sans doute autant avec ton père du ministère. Parler... est un verbe difficile à conjuguer chez les Donagan.
Son sourire s'agrandit mais il n'avait rien de triste, cela faisait bien longtemps qu'il avait cessé de croire aux grandes démonstrations d'amour de sa famille. Quand le rouge et or lui parla de son frère, Bobby éclata franchement de rire. Oui, le petit Nathan était un coktail d'innocence et d'humour dont les deux garçons avaient largement abusé. En temps que benjamin de la famille, Bobby n'avait jamais eu à s'occuper de plus petit que soi et cette expérience toute nouvelle s'avérait tout bonnement génial.

Son regard se perdit dans les eaux troubles de la Tamise et il se surpris à penser à ce qu'il avait laissé derrière lui, à Poudlard. Sa gorge se serra et ses yeux sombres voguèrent vers d'autres rives. Il n'arrivait plus à aller de l'avant, son futur était un flou impénatrable et vivre au jour le jour s'avérait aussi angoissant qu'électrisant. Alors que son moral jouait aux montagnes russes, Tybalt l'arracha à sa contemplation pour lui montrer une moldue brune, sans saveur aux yeux de Bobby. Son petit numéro eut pourtant l'audace de le faire rire et il sauta à son tour sur le banc, observant les passants que lui décrivait avec canin Tybalt.

- C'est drôle, je n'ai presque jamais vu des sorciers avec un chien, à part ce bon garde chasse d'Hagrid! Un truc de moldu.

Le coup était parti tout seul, un bon vieux poing de camarade dans l'épaule. Des puces! Quelle drôle d'idée pour un drôle de type. Bobby avait beau parler à Tybalt depuis quelques mois, il était toujours surpris de voir à quel point tout avait collé si facilement entre eux.

- Oui, j'aurais commencé l'élevage sur ton sac-à-puce de labrador!

Le Gryffondor c'était comme une bouffée d'air frais, et ces derniers mois, il était presque devenu accro à sa présence, un vrai pot de colle. Bien sûr il ne l'avouerait jamais, il restait le froid serdaigle Donagan, mais à chaque fin de journée, il s'invitait souvent à la table des rouges et or, fuyant la sienne où ses amis le rebutaient. La joie de vivre de Tybalt le gagnait peu à peu et il devina que derrière chaque bourrade se cachait une parade contre son malheur. Il s'en était vite rendu compte, mais avait fait semblant de ne rien voir, d'abord parce qu'il était difficile d'admettre qu'on se sentait mal et encore moins de se laisser guerrir.
Les moldus n'étaient pas si différents qu'eux après tout. Les femmes aussi coquettes, tachant de capter le regard de son dragueur d'ami, lui les évitant, préférant se concentrer sur leurs vêtements, leurs accessoires, très dissemblables cette fois du monde magique.

A sa question le serdaigle se fendit d'un sourire nostalgique, c'est vrai qu'il ne lui avait jamais rien dit. Mais leur rencontre avait commencé sous de mauvaises hospices pour le garçon, et si son interlocuteur n'avait pas été Tybalt, il aurait sûrement laissé le serdaigle à son triste sort.

Flashback:

Il était couché sur la lettre depuis déjà une heure. D'habitude, les mots n'avaient aucun mal à sortir, c'était comme de parler, de respirer, naturel. Mais là les sentiments se déversaient en avant, sa haine, sa rancoeur, son mépris, sa douleur aussi, des émotions qu'on ne pouvaient décrire, qui volaient bien au delà des mots.

- Lumos!

Bobby avait violement sursauté, presque autant que le jeune homme qui entrait dans Sa salle! Il y avait des millions d'autres pièces il avait dû choisir celle là, pourquoi.Sa question fit monter d'un cran sa mauvaise humeur. A cet instant il aurait eu envie d'être tout sauf Bobby Donagan, et se rappeler son identité c'était aussi se rappeler sa vie, et qu'elle purain de vie!
Il maugréa un "j'ai pas envie de faire connaissance" et un "fiche le camps" bien senti avant de retourner à sa lettre, ne se préocupant d'hors et déjà plus du jeune homme.

Levant à peine ses yeux de sa feuille, Bobby maugréa cette fois inaudiblement à l'intention du garçon. S'il pensait lui sortir ses grandes phrases de je suis plus vieux, tu me respectes, il s'était trompé de porte. Pour l'instant les adultes et les soit disant plus grands donc plus intelligents que lui, il les envoyait là où même les cochons ne vont pas. Son esprit serdaigle enregistra cependant machinalement son identité. C'était un Gryffondor, le jeune homme avait une bonne mémoire visuelle et le garçon lui revenait. Il faut dire qu'il avait tout fait pour se faire remarquer. Ce devait être une des seules fêtes où Bobby était allé, et Tybalt y était comme un prince.

Ce dernier attrapa une chaise, et le bleu et bronze l'oublia, se reconcentrant sur sa lettre. Au bout de quelques minutes pourtant il se rendit compte qu'il écrivait des phrases qui ne voulaient plus dire grand chose, parce que son attention toute entière se portait sur le 7e année. Foutue curiosité va! Ses yeux bruns lui jetèrent un rapide coup d'œil, le jaugeant, se demandant s'il pourrait rester silencieux encore longtemps. Et bizarrement lorsque le rouge et or reprit la parole, c'est un léger sourire qui se dessina sur son visage, mais tout petit, bien entendu.

Sa description de lui-même le fit poser définitivement sa plume. Il avait l'air d'un pauvre poète oublié qui cherchait dans ses lignes un ami à qui se confier. Oui Tybalt avait raison, mais le garçon se tint coin devant son ainé. Jouant le jeu de la bouderie jusqu'au bout, il restait, malgré son malheur, d'une intelligence redoutable et le silence qu'il offrit en retour au rouge était tout calculé. Il savait que quoi qu'il puisse faire, Tybalt ne partirait pas, et il savait à présent que c'est tout ce qu'il désirait, qu'il reste.

Il attrapa soudainement sa lettre et la déchira de part en part. C'était stupide de penser que des mots pouvaient arranger une telle situation. Et de toute manière, il ne voulait plus y penser.

- D'abord je n'étais pas vraiment dans le noir... et puis... question tête de mule bah c'est les plus attachantes.

Et dans son sourire tout neuf, dans son ironie amère, n'importe qui aurait pu y trouver un appel, un tout petit appel à l'aide.

Le regard sombre du garçon suivit Tybalt et sa théâtrale -re- entrée. N'avait-il rien d'autre à faire ce petit clown débordant d'énergie?! S'il ne lui avait pas dit être en 7e année et si sa taille n'avait pas été aussi impressionnante, il l'aurait rangé dans la catégorie des premières années en mal du pays. Il se sentait cent fois plus vieux que ce bout de pile électrique devant lui, et pour une fois, il n'y avait aucun compliment à être mature.
Les gryffons devaient évoluer moins vite, c'était la seule explication. Bobby s'attachait à ses dernières valeurs de serdaigle comme un ivrogne à son pichet. Il aurait seulement pu lâcher prise, après tout parler avec un rouge et or, ne voulait pas dire être comme eux.

- Bobby Donagan.

Il se renvoyait l'image d'un ermite et une soudaine grimace barra son visage. Voilà, avec un phénomène comme Tybalt, on avait vite l'air d'un timide rat de bibliothèque. Alors qu'il se rasseyait à ses côtés, Bobby en profita pour lui jeter la lettre inachevée roulée en boule. Mais pas folle la guêpe, il y avait jeté un discret sort pour que personne mise à part le destinataire ne puisse la lire -ce qui n'arriverait sans doute jamais- . Ignorant avec superbe sa deuxième question, il fit comme même mine de réfléchir pour la dernière.

- Je ne sais pas si ça arrive souvent aux gryffondors, mais les brouillons font parti de l'écriture. C'est raté, c'est jeté!

Il savait qu'il était désagréable, mais que rien ne semblait entamer la bonne humeur de Tybalt, alors...

- Mais c'était une belle tentative Mr Connell! Je suppose que ça marche avec les princesses en détresse.

Son sourire en coin réapparut et il défia le garçon de l'assimiler aux blondes idiotes des contes de fée, avec le reste de son encrier. Bobby sans humour?

Sauver les princesses en détresse, lui? Bobby sourit pour lui-même. Pour le moment, il avait envie de les envoyer paitre les demoiselles en détresse qui vous brûlent le cœur quand elles partent. C'était ça l'avantage des Gryffons, ils papillonnaient, s'attachaient, mais savaient aussi guérirent plus facilement, en connaissance de cause. Le garçon suivit Tybalt du regard lorsqu'il s'accouda à l'unique fenêtre de la salle. Et à travers ses yeux il pouvait imaginer la lune et sa lumière étrange qui donnait aux choses une couleur bleutée particulière.
-Tu es fils unique?- La question ramena Bobby à ses obligations. Etait-ce lui qui voyait le mal partout ou bien les questions de Tybalt tournaient essentiellement autour de son malheur? Oh que non il n'était pas fils unique, malheureusement ou heureusement d'ailleurs. Peut-être aurait-il été choisi à la place de son frère sinon, mais peut-être aurait-il été quelqu'un de complètement différent, sûrement même. Et puis, aurait-il accepté d'être donné comme une bête de paturage? Pour les beaux yeux de Daisy Blackstone... sans doute.

- Non j'ai deux frères, plus âgés. Je suppose que toi tu es l'ainé?
Sa perspicacité mise en route, le serdaigle n'était prêt à laisser aucune question sans retour, sa curiosité le sortait de son mutisme et son visage perdit de sa tristesse.

- Il est à Griffondor?

Un sourire convaincu s'afficha sur le visage du garçon. Il y avait toujours plaisir à se savoir dans le vrai. Pourtant, il savait qu'une partie de la bonne humeur de Tybalt y était également pour quelque chose. Il appréciait plus qu'il ne le montrait son entrain et sa volonté de faire sortir ce bernard l'ermite qu'il était.

- Le choixpeau ne fait pas que des heureux...

Bobby doutait qu'on puisse être malheureux en étant accepté dans la célèbre maison de Rowena mais après tout, on dit que certaines personnes ne connaissent pas leur chance, le petit frère devait en faire parti. Oubliant totalement sa lettre, ses problèmes, Bobby enchaina sur d'autres questions. Sur le quidditch où il finit par être intarissable et doucement, il sentit Tybalt l'amener sur le sujet épineux. La douleur des révélations ne vint cependant pas, et Bobby n'oublierait sans doute jamais ce soir où il avait rencontré le fier gryffondor.

Fin du Flashback

- Affirmatif chef! C'est d'ailleurs ce soir où tu as connu le lourd secret Blackstone.

Étrangement, l'appeler par son nom le blessait moins. Les seuls souvenirs de son prénom remontaient en bouffée florale, lui rappelant des après midi ensoleillés et des prairies sans fin. Il savait que Tybalt la détestait, et d'autant plus après ce qu'il lui avait raconté. A travers lui il déversait une partie de sa rage, mais jamais, jamais il n'aurait pu la détester, et cette absence de haine le laissait frustré et impuissant.

Son regard brun s'arrêta l'espace d'une demi seconde sur son ami. Son ton sec lui avait fait redouter une reprise du sujet, mais il se tut un long moment et Bobby lui en fut reconnaissant. Tout plutôt que de penser à elle et à ce qu'aurait pu être ce eux. Le garçon était pourtant loin d'imaginer ce qui se tramait dans la caboche du rouge et or.
En fait il en était tellement loin que ses pensées étaient toutes occupées à se demander ce qui pouvait bien coller sous ses baskets depuis qu'il s'était assis là. -A propos de filles mon vieux...-. Bobby lui jeta un coup d'œil amusé. Un des sujets fétiches de Tybalt était sans aucun doute "les filles", c'était un peu comme les heures passées sur des chaudrons pour Bobby, un domaine qu'on adore et dans lequel on se retrouve particulièrement bon. Bon d'accord, la comparaison n'était pas avantageuse pour les miss et le serdaigle piétina en songeant que s'il l'avait dit à voix haute, son ami lui aurait assuré qu'il n'y avait rien en commun avec une bombe sur talons hauts et un récipient explosif! Sauf que ses pieds restèrent englués au lieu de gaiement sautiller comme leur possesseur le leur avait demandé -Je ne comprends pas, je ne peux pas l'aimer-.
Bobby remonta largement sa basket droite pour la tenir à hauteur d'yeux - il n'y a pas si longtemps que ça elle n'était qu'une amie...-. Et tomba nez à nez avec un objet rose et visqueux non identifié.
D'une petite voix suave il répondit à son ami, oui oui, notre Bobby sait faire deux choses à la fois:

- Ah l'amour quand il vous tombe dessus... oups pardon, je n'ai rien dit!

Un sourire immense éclaira de nouveau son visage mais il se reconcentra sur la chose avant que Tybalt ne puisse lui jeter le moindre regard noir. Sortant une fine baguette de métal dont il se servait pour ses mélanges -le savant fou il en a jusque dans ses poches!- il entortilla la pâte molle et la montra fièrement en éclatant de rire:

- Tu vois l'amour c'est un peu prêt ça... ça colle, c'est tout rose, et ça sent étrangement la fraise!

Attrapant une fiole il extirpa le bout de chewing-gum et l'y glissa soigneusement, avant de le ranger dans sa poche, les moldus étaient fous mais Bobby les adorait. Se reconcentrant sur le problème "les amours de Tybalt", le garçon fit mine de ne pas prendre très au sérieux sa question, et de jouer le serdaigle à 100%:

- Bah, je suppose que c'est comme l'une de ces recettes vieilles comme le monde, les frissons, l'excitation, les palpitations, bref un truc très scientifique en fait.

Il savait qu'il venait de casser tout l'effet de son ami, mais pour rien au monde il ne se serait étendu sur sa propre expérience. Jamais il ne lui décrirait ce moment intemporel où plus rien n'avait d'importance qu'elle, ses yeux, sa bouche. Jamais il n'oserait lui avouer qu'il n'y avait absolument rien de rationnel et de logique à se transformer en vraie pile électrique, à chercher son ombre partout. Parce qu'à bien se regarder aujourd'hui, il s'était trouvé stupide, stupide et absolument débile dans ce rôle de petit ami de Daisy Blackstone qui elle n'avait eu aucun mal à s'en remettre.
Bobby avait bien lu le dépit dans les yeux de Tybalt, mais il fit semblant de ne rien avoir remarqué et s'intéressa à la fille que leur ramenait le gryffon.
Belle blonde, légère tenue pour la saison mais après tout, rien qui ne puisse déplaire aux deux garçons, elle s'installa entre eux deux après que Bobby ait jeté un regard faussement assassin à son ami. Sa question parut la désarçonner, et le serdaigle pu clairement lire dans son regard s'il lui demandait de sortir avec elle, la légère couleur de ses joues prouvant d'ailleurs qu'elle n'aurait pas été contre.

- Et bien, c'est comme s'il devenait soudain quelqu'un d'autre, par exemple, si on l'a un jour considéré comme un ami, et bien l'instant d'après, il devient impossible de lui parler comme tel. On rougit pour un rien, on rigole aussi à tout ce qu'il dit...

Bobby ne put s'empêcher de sourire en remarquant:

- De ce côté là, ça te changera pas beaucoup Ty!

La fille jeta un coup d'œil aguicheur au rouge et or et sourit aussi pour faire bonne figure avant de reprendre son monologue:

- Puis la vie devient vraiment plus compliqué quand on est amoureux, mais dans le bon sens, enfin je crois.

Bobby leva les yeux au ciel mais n'ajouta rien, Tybalt était tombé sur la fille la plus fleur bleue de toute la rue, c'était bien leur veine!

La langue rose du gryffondor, aussi éclatante que son blason tira une mine réjouie à Bobby. Il était si facile de sourire avec Tybalt que le garçon se surprenait tout seul. Mais adieu au "dis donc mon gars ça te ressemble pas" ce nouveau Bobby lui plaisait dix fois plus. Rentrant dans le jeu de son ami il mima le penseur de Rodin! Allez un peu de culture pour la demoiselle, le menton posé sur son poing fermé, le genou replié sur le banc, il se plongea dans de longues méditations, faisant ressortir toute la "complexité" de son être. Le serdaigle ne saurait sans doute jamais si la jeune femme avait compris ou non son jeu théâtral, néanmoins elle ria de bon cœur et Bobby comprit enfin le plaisir qu'on ressent lorsqu'on en est la source. Être comique, pas le tête de turc de bahut, être celui qui fait rire, et pas celui dont on rigole, c'était toute la nuance que Tybalt appliquait avec brillo.

Reprenant son sérieux il écouta presque attentivement la réponse de la demoiselle. Il se retrouva étrangement dans sa définition et sourit intérieurement en pensant que les filles avaient tout de même une bonne longueur d'avance sur eux. Mais puisque c'était Tybalt qui posait les questions, Bobby ne pouvait que s'intéresser aux amourettes du jeune homme. Bobby le connaissait à l'aise et charmeur avec les filles, mais étrangement, il ne collectionnait pas les conquêtes comme on pourrait si attendre. Alors s'il se questionnait vraiment sur l'amour c'était sans doute que.... mhhhh... mais qui? Bobby fit un effort pour repasser en boucle toutes les fois où les deux garçons s'étaient vus et plusieurs visages féminins lui vinrent en tête. Il en élimina la plupart, sachant que son ami les considérait comme des amies. Mais où s'arrêtait l'amitié, et débutait cette autre chose?...

Plongé dans ses réflexions le bleu et argent fut surpris d'être tiré par son ami et ne releva même pas le "magnifique garçon", qu'en toutes autres occasions il aurait argumenté, ni les fréquents coups d'oeil que lui avait lancé le gryffon.
Sa question le fit sourire, d'autant plus que Bobby savait que son ami connaissait d'avance la réponse:

- Non, j'naime pas spécialement les sondeuses qui papillonnent avec les moindres beaux goss aux alentours. Qu'en à s'en débarrasser...

Le serdaigle plissa les yeux à la manière d'un méchant de film d'action.

- J'ai ma petite idée... Tu est majeur dis moi?

Comme c'était cool d'avoir un "adulte" pour ami! Bobby lui désigna un gros binoclard boutonneux, assis sur un banc, le nez plongé dans bouquin (ça te rappelle pas quelqu'un? après la plante...) et entama son plan.

- Tu lui jètes un sort d'embellissement et on fait croire à la belle demoiselle que tout ce dont on lui a parlé, c'est parce qu'on voit ce meeeeeeerveilleux jeune homme la relooker depuis tout à l'heure. T'en dis quoi?

Bobby avait un visage tout simplement rayonnant, il ne s'était pas amusé comme ça depuis bien longtemps.

En ce moment, le garçon aurait sans doute tout donné pour être à la place de son ami. Utiliser la magie c'était juste génial, mais pour faire ce genre de farces, étrangères à ses habitudes, c'était le nec plus ultra. Un sentiment inconnu s'emparait de lui. Presque comparable aux fois où il empruntait certains ingrédients pour ses potions. Sauf qu'il avait toujours été dans l'optique de servir une plus grande cause, la science.
Ici, il n'y avait rien à servir que ses propres intérêts et son plaisir. Il observa avec délectation le visage de leur victime se métamorphoser, et c'est avec un visage aussi habituel que possible qu'il suivit Tybalt. Il dut laisser échapper un ou deux sourires sans équivoque mais le gryffon tenait trop la demoiselle sous le feu de son regard pour qu'elle remarque quoi que ce soit.

Alors qu'ils se débarrassaient avec une classe certaine de la jeune femme, Bobby ne put s'empêcher de jeter un dernier coup d'oeil au couple improbable qu'il laissait derrière eux. Il aurait bien aimé disposer d'un de ces nouveaux appareils que les moldus appréciaient tant et qui permettait d'enregistrer en direct.

Mais après tout, les deux jeunes hommes avaient des histoires assez sulfureuses à eux deux pour ne pas souffrir de la comparaison. Le temps lui donnerait d'autant plus raison. En attendant, les deux sorciers longèrent la Tamise à toute vitesse, traversèrent un pont, et explosèrent de rire, se congratulant mutuellement. Le goût du bonheur simple renflouait Bobby d'un bonheur tranquille. Confiant en l'avenir? En tout cas désireux de tirer un trait sur le passé.

The End. [closed]

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