La victoire des bleu et bronze lui restait encore en travers de la gorge, l’enthousiasme n’était toujours pas retombé et la fièvre contagieuse animait les conversations de tout le château. Difficile dans ces conditions de tourner la page et la couleuvre, épaisse, se faufilait jusqu’à son estomac qu’elle nouait. Mais c’était le moindre de ses soucis car depuis le petit-déjeuner un événement obnubilait l’esprit de la jolie rouquine et s’accaparait toute son attention. La lettre qu’elle tenait dans la poche de sa robe de sorcière aux couleurs de la noble maison de Salazar l’intriguait au plus haut point et ça, ce n’était pas fait pour la rassurer. En tout cas pas en ce monde. La fin de journée arriva plus vite qu’elle ne le pensait mais au lieu de rejoindre la salle commune aux aigles et aux serpents l’adolescente prit la direction du lac. Elle glissait un peu, ses pas n’étaient pas toujours assurés mais la rousse sorcière trouva bien vite son bonheur. A quelques mètres du lac à peine, là où les vaguelettes lèchent la rive se trouvait un banc et le coin était assez isolé pour profiter de la lumière naturelle. Minerva s’installa sur le banc, inspira, puis ouvrit la lettre. Immédiatement la fille reconnût l’écriture de la mère.
« Ma chérie,
Les nouvelles ne sont guère satisfaisantes. Melody persiste à suivre sa propre voie et les relations s’enveniment de plus belle. J’ignore quelles en seront les conséquences mais je ne peux fermer les yeux sur la situation de mon frère. Il y aura des retombées et tu te dois, au nom des Moon, de dissiper tout malentendu. Sois prudente Minerva.
Maman. »
Minerva déglutit difficilement, ses mains tremblèrent d’angoisse et son teint de porcelaine, agréable et délicat perdit toutes ses couleurs. Blême, la sorcière posa le parchemin qu’elle coinça sous son sac de cours avant de commencer à nerveusement tripoter une longue et soyeuse mèche rousse.