« La grande différence entre l'amour et l'amitié, c'est qu'il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité. » Rémus. (Clos)

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Lorsque Rémus vit au loin au détour d'un couloir Sonia entrer dans une salle vide, il hésita quelques secondes. Il avait bien remarqué un comportement étrange de son amie depuis quelques temps. A vrai dire, depuis le bal de noël. Le jeune homme avait beau ne pas être le plus perspicace en ce qui concerne les affaires sentimentales, il était tout de même doté d'une empathie certaine, qui permettant de déceler que quelque chose clochait, en particulier chez une personne qu'il connaissait depuis sa plus tendre enfance. Sonia était certainement sa plus ancienne amie, la seule de son enfance pré-Poudlard qui avait été très solitaire. Aussi, une fois arrivé devant la porte où Sonia avait disparut, il n'hésita pas plus longtemps et entra à son tour. Il la découvrit à la fenêtre, tendant la main vers un oiseau qui s'envola aussitôt qu'il referma la porte. Il sourit à son reproche.

- C'est bien la première fois qu'on me traite d'éléphant.

En effet, plutôt maigre à un âge où la plupart des garçons commençaient à prendre du muscle, il avait surtout l'habitude d'être particulièrement discret. Il s'approcha d'elle, scrutant son visage. La lumière pâle de l'hivers passant par la fenêtre lui donnait plutôt une petite mine (il était bien placé pour penser ça...) et accentuait le plis soucieux qui s'était formé sur son front. Il prit néanmoins un air léger.

- Tu vas bien ? ça fait quelques temps qu'on a pas eu l'occasion de discuter !

Fausse excuse pour la faire parler, bien sûr. Il se doutait que Sonia ne serait pas dupe.

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Le jeune homme fut légèrement surpris de voir Sonia se blottir contre lui. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas réfugier ainsi dans ses bras, et cela faisait toujours réapparaître dans l'esprit de Rémus son enfance... Avant Poudlard... Un époque assez triste pour lui, désespérément solitaire. Sonia avait été sa seule amie de cette époque. La seule que ses parents, inquiets de son état, lui avait laissé avoir, puisqu'elle était la fille d'amis proches. Autant dire que Sonia avait eu une place toute particulière pour lui. Comme une soeur qu'il n'a jamais eu, celle qui lui permettait d'avoir quelques souvenirs d'enfant "normal". C'était aussi malheureusement la première personne à qui il a dû apprendre à cacher son secret. Le fait qu'elle était habitué à son état maladif depuis toujours, faisait qu'elle ne l'avait jamais trouvé "bizarre", ou en tout cas ne l'avais jamais montré. Il se souviendrait certainement toute sa vie de ce jour où il n'avait pas pu cacher une de ses premières cicatrices de pleine lune, une zébrure sur le bras qui avait mis plusieurs mois à s'effacer. Sonia l'avait questionné avec tellement d'insistance qu'il avait fini par élaborer son premier mensonge, une aventure dans des ronces particulièrement sauvages. La fois suivante, la petite fille avait exhibé fièrement son coude esquinté, trace d'une chute en poursuivant un gnome. Avoir des traces sur le corps lui avait semblé tout à coup si naturel... Même si ce n'était pas le résultat d'un jeu d'enfant...

Ne pouvant réprimer un petit sourire à ces souvenirs, il lui caressa les cheveux et dit doucement :

- Et bien et bien... C'est si grave que ça ?

Au lieu de lui répondre, elle l'interrogea sur sa santé. Il haussa les épaules avec un geste vague. Sa dernière pleine lune remontait à assez longtemps pour qu'il soit remis, même si elle avait été éprouvante, et non moins éprouvante la semaine qui avait suivit, avec la révélation de son état à Lily. Il se demandait si un jour il aurait la force de tout avouer à Sonia. Le mensonge durait encore plus longtemps avec elle qu'avec Lily, la révélation n'en serait que plus difficile. Il se dit qu'après Poudlard peut-être...

- Ça va, ça vient, comme toujours. Mais pour l'instant je me sens bien, alors n'essaye pas de détourner la conversation !

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Les réponses de Sonia n'aidait pas franchement Rémus à voir plus clair. Qu'est-ce qui se passait donc ? L'air interrogateur, il plissa les yeux en réfléchissant avant de les agrandir lorsqu'il commença à se douter de quelque chose. Les indices auraient dû le mettre sur la voie plus tôt ! La tristesse, la recherche de la solitude, mais en même temps le soulagement d'avoir un ami à ses cotés, les yeux qui flottait légèrement dans le vague, mais qui pétillait tout de même... Sa Sonia avait une peine de coeur ! Ces symptômes il les avait déjà ressentit, dans des circonstances très différentes qu'il préférait oublier.

- Dis-moi ce que je peux faire. Sonia, si tu veux parler, je t'écoute, tu le sais !

Il ne voulait pas la forcer à la confidence, et pour dire vrai, maintenant qu'il commençait à se douter de la nature de son "problème", il doutait d'être la meilleure personne pour lui donner les conseils adéquates. Les histoires sentimentales n'était pas franchement sa spécialité, et on ne pouvait pas dire que son expérience personnelle pouvait être d'une grande aide pour son amie. Mais Rémus se dit qu'il ferait de son mieux pour au moins réconforter la jeune fille. Il restait à savoir qui était la cause de sa mélancolie. Peut-être une personne auprès duquel elle se serait rapproché dernièrement... Le jeune loup garou remua ses méninges pour trouver qui cela pouvait bien être...

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Les premières suppositions furent bientôt confirmées. Affaire de coeur... Problèmes qui paraissent futiles... du moins jusqu'à ce qu'on soit personnellement concerné. Rémus le savait trop bien. Si bien qu'il était sur le point de prendre la décision de se fermer à ce type de sentiment, pour son "bien", à quoi bon autant souffrir si on pouvait l'éviter, mais surtout pour le bien de tous, de son point de vue et du point de vue de tous ceux qui pensent qu'un loup garou ne devrait pas se permettre ce genre de chose. Tout ça pour dire qu'il compatissait par avance, même s'il ne savait pas encore la raison de tant de désespoir. Certainement que l'amour n'était pas réciproque... Mais quelque chose clochait, Rémus sentait qu'il manquait un élément... Alors qu'elle continuait à lui dire sans lui dire vraiment, il réfléchissait à toute vitesse, le regard perplexe. Puis soudain ses yeux s'agrandirent sous l'illumination. Chaîne de déduction : quel était l'évènement qu'il avait manqué ces dernières semaines ? Le bal de noël, trop mal en point pour y participer. Il avait donc dû se passer quelque chose à ce moment là. Qui avait pu lui faire autant d'effet si ce n'est son cavalier ? Qui était donc son cavalier ? La réponse vient au même moment où Sonia la lui donnait, ce qui donna un parfait ensemble sur "James !". Ils auraient pu éclater de rire tout les deux suite à cet parfaite synchronisation, mais Sonia fuit son regard et réfugie une main dans la sienne.

Rémus ne savait absolument pas quelle attitude prendre. Dans ce genre de situation, il tentait au mieux de rester impassible. Sa première impression fut toutefois assez proche du mauvais pressentiment. Pourquoi donc ? Une demi-millions de raisons. Chose étrange, on était pas censé avoir ce genre de réaction lorsque deux amis proches deviennent plus... proches. Mais c'était de James qu'on parlait, et cela suffisait pour que Rémus ne soit pas des plus enthousiastes.

- Euh... Ce n'est pas... un si grand drame... Si ?

Le peu d'assurance du jeune homme n'aiderait certainement pas la pauvre Sonia, mais Rémus avait besoin de quelques minutes pour rassembler ses esprits. Il était son ami, il se devait d'être là et surtout de lui apporter son aide. Ou pour lui éviter d'être malheureuse. Et pour l'instant, il avait du mal à cerner quel était le meilleur conseil qu'il pourrait lui donner pour lui éviter de souffrir.

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La "normalité" ou plutôt "l'anormalité" de James, c'était une vaste question... Il sourit aussi en levant les yeux aux ciels d'un air de dire "à qui le dis-tu ?!".

- C'est une question de point de vue, mais je vois ce que tu veux dire...

Bien sûr, Sonia connaissait une bonne partie des raisons qui faisaient que James n'était pas le garçon idéal pour tomber amoureuse et vivre une histoire sans peine. En tant que meilleur ami de l'intéressé, Rémus était particulièrement bien placé pour le savoir. Comme il ne pouvait souhaiter à Sonia le sort réservée aux dernières petites copines de James, il ne pouvait être ravi que ses deux amis se rapprochent. Et puis il y avait Lily... Rémus était persuadé depuis plusieurs mois qu'il se passait quelque chose entre James et Lily, aussi improbable que cela puisse paraître pour qui les connaissait depuis longtemps. Que c'était-il passé avec Sonia pour qu'elle en vienne à éprouver des sentiments pour lui alors qu'elle le connaissait assez pour connaître son comportement discutable avec les filles, et sa tendant à jouer avec leur sentiments, consciemment ou pas. Le jeune homme finit par soupirer, se passant une main dans les cheveux, un peu embarrassé.

- Tu ne m'embêtes pas ! Je suis ton ami, et tes problèmes sont les miens. Et bien sûr que je ne le répéterai pas, crois-moi je suis en expert en secret bien gardés... J'aimerai pouvoir te donner le meilleur des conseils, mais... Je ne sais pas... Je pense faire partie des personnes qui connaissent le mieux James et... Sonia, je n'ai surtout pas envie que tu souffres.

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Elle l'écoutait, et comprenait... Rémus se sentait dans une position un peu étrange de lui donner de genre de conseils. Mais il restait persuader qu'être aussi honnête que possible ne pouvait être que la meilleure chose à faire pour aider son ami. Ce n'était même pas comme s'il avait du la convaincre. il sentait que tout ce qu'il disait, elle le savait déjà. Mais tout ceci était la voix de la raison, et la question était "que vaut-elle face aux sentiments ?". C'était une question à laquelle Rémus avait décidé de répondre du manière ferme pour lui-même. Il n'était plus question pour lui de se laisser aller à des sentiments égoïstes qui pouvait mettre en danger autrui. Aussi, lorsqu'elle lui posa la question de savoir comment allait ses affaires de coeurs, il se dit que c'était le moment ou jamais d'affirmer sa décision, même si elle pouvait paraître incompréhensible. Il lui sourit le plus calmement possible.

- On va dire que ça va. Je me suis dis que parfois il faut savoir choisir ses priorités... Mais tout va bien, je pense que tu n'auras jamais à t'inquiéter pour moi de ce coté là.

Etait-ce un aveu d'échec ? Ou le signe qu'il avait définitivement mûrit trop tôt ? Sa réponse sonnait en tout cas comme un point final à des confidences d'affaires sentimental qu'il pourrait faire puisqu'il s'était désormais interdit de laisser son coeur prendre le dessus sur la raison. Sonia dut le comprendre car elle changea de sujet en attirant leur attention sur un cirque magique où les deux jeunes gens s'étaient rendu lorsqu'ils avaient 11 ou 12 ans. Les yeux pétillants de son amie suffisaient à lui faire revenir en tête l'expédition que ça avait été, avec ce froid glacial et la patinoire qui leur avait valut quelques chutes et une bonne dose de rigolade.

- Evidemment que je m'en souviens ! Mes fesses aussi s'en souviennent... Je te signale que ce jour là je suis tombé trois fois à cause de toi !

Avec un soupçon de mauvaise fois, Rémus rappelait par là ces glissades qu'ils avaient enchaînés, accrochés l'un à l'autre, où l'un entraînait l'autre dans la chute à tour de rôle. Puis il y avait eu le spectacle bien sûr, magiquement sublime. Le jeune loup garou ne sortait pas beaucoup à cette époque et c'était la première fois qu'il allait au cirque magique. S'il avait été éblouit par les numéros de dompteur d'hippogriffe et de jongleurs de balles enflammées, la performance des clown lui avait fait froid dans le dos. En effet, l'un d'eux était métamorphomage et s'était amusé à se couvrir de poils pour se transformé en une espèce de peluche géante, mais pendant un bref instant de panique, le jeune garçon avait cru voir sous ses yeux la même chose qui lui arrivait tous les mois... Mais malgré tout, cela resterai un très bon souvenir. Bien qu'il lui fasse également repensait à une angoisse qui le tenaillait depuis des semaines. Ses parents, Mr et Mrs Lupin... Pourquoi ne lui donnaient-ils plus de nouvelles ? Que se passait-il dehors ?... Il se força garder un air léger, même s'il était impossible de ne pas voir l'ombre qui était passée sur son visage.

- Au fait, tes parents vont bien ?

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Le jeune homme eut un soupir soulagé en entendant que Mr et Mrs Adamson allaient bien. Ils s'étaient montrés bienveillants à son égard, même en connaissant sa condition. Avec le recul, il se rendait compte de l'importance de cette famille pour les Lupin, qui auraient pu se retrouver totalement isolés après que leur fils ait été mordu. Lorsqu'elle lui retourna la question, Rémus vit clairement qu'il avait commencé à inquiéter Sonia par sa question. Inutile de prétendre que tout allait bien. Il n'en avait parlé à personne jusqu'à maintenant, fidèle à son habitude d'être excessivement discret sur tout ce qui le concernait personnellement. Il baissa la tête, tentant de contrôler ses émotions.

- Je... Je n'ai plus de nouvelles depuis un petit bout de temps. Je suppose qu'ils se sont mis à l'abris.

Par ces quelques mots, Rémus avouait qu'ils étaient menacés. Il y avait certains détails qu'il ne pouvait pas lui donner. Comme le fait que les Mangemorts se soient présentés chez eux, pensant pouvoir récupérer le jeune loup garou qui par sa nature était censé être "séduit" par les propositions de Greyback. Libérer les loups garous de l'oppression... Ils ne se doutaient pas que Rémus avait trouvé sa place à Poudlard. Et il se doutaient encore moins de la réception que leur réserva Mr Lupin. Fidèle à ses principes, il leur tint tête avec une telle fermeté que ce fut un miracle que les Mangemorts obéissent aux ordres qu'ils avaient reçu de ne pas leur faire de mal. Mais Rémus se demandait tout de même si sa mère n'avait pas oublié de lui mentionner un ou deux sortilège Doloris... Il savait en tous cas qu'il y avait eu du chantage, et surtout des menaces à l'encore de Mrs, qui était né-moldue.

- Ma mère fait partie de la population la plus... exposée en ce moment. Et mon père... a perdu son travail au Ministère. Enfin il m'a dit la dernière fois qu'il avait démissionner mais... Je crains qu'il n'ai subit des pressions.

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Rémus fixa Sonia avec sourire teinté d'une sorte de tristesse. Il n'était pas résigné, loin de là. Il savait qu'il allait se battre... Mais il savait aussi que si ses parents avaient disparus, c'était par choix. Partir à leur recherche ne les aiderais pas. C'était une certitude que Rémus aurait du mal à expliquer. Il prit Sonia par les épaules et après une brève étreinte, lui dit, plein de gratitude :

- Merci... Mais je pense qu'il vaut mieux que tout ça reste le plus discret possible. Mes parents sont assez intelligents pour avoir fait ce qu'il fallait pour qu'on ne suive pas leur trace. En fait, je crois qu'ils s'y étaient préparé. Ils ne me l'avait pas dit de façon clair mais... Bref. Je sais qu'il ne faut pas que je m'inquiète trop pour eux.

Il haussa les épaules, l'air de dire que de toute façon, il ne pourrait pas s'empêcher de s'inquiéter quoi qu'il arrive. Et bien sûr qu'il avait envie de partir à leur recherche. Mais après tous les doutes qui avaient pu le traverser, il savait que sa place était à Poudlard. Quant aux moments où il devrait rentrer "chez lui", et bien ce serait le moment de se prouver qu'il était aussi indépendant qu'il l'espérait.

- Mais si tu veux qu'on organise une expédition, pas de soucis, on trouvera bien quelques mages noir à poursuivre !

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- Merci Sonia...

Rémus lui sourit. Il savait très bien qu'il ne pourrait pas imposer sa présence à sa famille sur le long terme, surtout à certaines périodes du mois. D'ailleurs si jamais il ne pourrait pas rejoindre ses parents cet été, il faudrait qu'il trouve une solution pour gérer lui-même les pleines lunes... Il demanderait certainement à Dumbledore d'utiliser la Cabane Hurlante... Ils furent interrompus par un personnage d'une affiche qui commenta la scène. Après avoir échangé un coup d'oeil complice avec son amie, Rémus se mit à rire avant de reprendre son calme sérieux. Il repensait à leur lutte contre Voldemort, un combat qui pourrait vite devenir désespéré pour les plus pessimistes. Et le jeune homme ne voulait pas devenir un pessimiste.

- Tu sais, je suis sûr qu'on est tous bien plus fort qu'on en a l'air. Nous savons pourquoi nous nous battons. L'amitié, comme l'a dit l'autre, c'est beau, mais je sais que c'est aussi est surtout notre plus grande force.

Il s'interrompit un moment puis haussa les épaules avec un sourire en coin.

- Oui bon ok... J'ai encore sorti une de mes pseudo phrases de vieux sage des montagnes...

Rémus prit un faux air confus, faisant référence aux plusieurs fois où Sonia, voir même les Maraudeurs, c'étaient gentillement moqué de son coté viel ermite lorsqu'il sortait des vérités universelles ou des réflexions philosophiques le plus naturellement du monde.