La porte du métro s'ouvrit et la foule se déversa sur le quai. Au moment où la voix robotique criait Mind the gap between platform and train, Alix parvint à se glisser hors du wagon et à sauter sur le quai, juste avant que les portes ne se referment et que le métro ne continue sa course dans les tunnels sombres des dessous de Londres. Alix aimait prendre les transports moldus. Elle avait ainsi l'impression de pouvoir échapper à l'inertie de son existence de sorcière. Plus de médicomagie, plus de mangemorts, plus de guerre, plus de baguette. Plus de magie. Elle avait souvent tenté d'imaginer sa vie sans magie. Qu'aurait-elle été si elle était née dans une famille tout à fait normale ? Si elle avait eu un père fabriquant de chiottes et une mère institutrice ? Des frères, des soeurs normaux, pas de magie. Un brin de folie et un autre vie ! Elle aurait été à l'école, au lycée puis à l'université et serait certainement devenue médecin. Elle aurait rencontré un homme, se serait mariée et aurait élevé ses enfants dans une belle maison en bord de mer, sans cette épée de Damoclès qu'était la montée des forces du Mal...
La jeune femme sortit du métro et rejoignit à pied les berges de la Tamise. Les mains enfoncées dans les poches de sa jupe orange, agrémentée d'un simple t-shirt blanc et d'une veste de tailleur beige. Chaussée d'escarpins beiges, les pas d'Alix résonnaient, formant comme une bulle autour d'elle. Lorsqu'elle vit la femme marchant devant elle trébucher, elle esquissa un sourire désolé, espérant qu'une telle chose ne lui arrive pas.
Lorsqu'elle atteignit les bords de la Tamise, elle décida de ne pas se rendre directement à son rendez-vous chez le gynécologue. Elle préféra rester flâner parmi les vendeurs de livres d'art et de tableaux. Certains peignaient la Tamise, d'autres les passants courant sur le pavé noir, pressés de rejoindre leurs bureaux. Londres grouillait de vie, comme une fourmilière. Et Alix aimait cette vie. Chaque cœur d'Anglais et d'Anglaise battait avec la capitale et à chaque pas, la jeune médicomage avait la sensation de s'enfoncer encore plus dans ce brouhaha, cette vie, cette palpitation. Elle tourna la tête, croyant reconnaître une chevelure de jais assise non loin de là. Elle s'approcha et reconnût alors Rachel Cohen.
« Rachel ! » s’exclama-t-elle en posant sa main sur l’épaule de la jeune femme de six ans sa cadette. « Quel plaisir de te voir ! Comment vas-tu ? » demanda-t-elle en lui faisant la bise.
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