Alix poussa la porte du bar et entra, cherchant Robyn du regard. Pas pour lui demander de revenir à l’hôpital, mais bien pour la rejoindre. Elle avait besoin d'un verre. L'heure qui venait de se terminer avait marqué le décès d'un de ses patients atteint de la dragoncelle et qu'elle suivait depuis plusieurs semaines. Elle s'était attachée à lui. Grosse erreur, pour un médicomage, que de trop faire entrer ses sentiments dans sa vie professionnelle. Mais mettre de côté ses sentiments était pour Alix une chose impossible à faire. Et à ce sujet, elle n'avait cessé de penser toute la journée à l'annonce du nouveau ministre de la magie. Une femme, deux hommes. Son âme de féministe penchait pour Clevergrace, mais elle doutait que cette femme-là soit en mesure de redresser le Royaume-Uni magique. Elle ne semblait pas avoir la carrure correspondant à ce poste et Alix ne lui donnait pas un an avant de finir avakadavrisée dans un caniveau de la capitale. Le perpétuel optimisme de la jeune femme s'évanouissait lorsqu'on en venait à la politique. Et Clevergrace n'était pas du genre à la faire croire en l'avenir politique de son pays. Elle-même était bien incapable de dire de quoi ou de qui l'Angleterre avait exactement besoin, mais elle fêtait en silence le décès du ministre Hardbull. Rien de pire qu'un pourri au gouvernement. Elle remarqua la présence de son compagnon au bar, pas loin de Robyn.
« Coucou, mon cœur » dit-elle en embrassant John. « Ne t’inquiètes pas Robyn, tu as encore un peu de temps » ajouta-t-elle en rassurant sa collègue. « Un café s’il te plaît, Tom » demanda-t-elle avant de jeter un coup d’œil au journal. Clevergrace. Avec son sourire d’enfant joyeux, son air de bonne sœur et ses yeux pleins de joie, elle avait plus l’air d’une affiche publicitaire que de la ministre de la magie. L’Angleterre était dans de beaux draps… « Ca va être sympa, avec elle au sommet de l’Etat » dit-elle en pointant la photo de Clevergrace du menton, avant de boire son café.