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— Un gnome de jardin ! fit Martha, penchée au dessus de la table pour regarder ce qui passionnait tant Abraham pour qu'il n'ait même pas remarqué sa présence. Ou... Un mouton tondu si on tourne un peu sur la droite, tu vois... Bref, signe de beau temps !
Martha venait tout juste d'arriver dans la grande salle. Elle s'était de suite dirigée vers Abraham qui était le seul Serpentard de sa classe à cette heure si matinale. Martha, elle, était arrivée si tôt car elle n'en pouvait plus d'entendre ronfler une de ses camarades de dortoir, ça la rendait dingue. C'était ça, ou l'étouffement par oreiller mais depuis quelques temps, elle avait du mal avec les assassins.
Elle s'installa sur le banc en face d'Abraham et lui adressa un grand sourire, les avant-bras posés à plat sur la table de bois.
— Ah, tu me vois enfin, p'tit Bram ! J'aime mieux ça. Je déteste quand on m'ignore, j'étais à deux doigts de te coller une gifle, tu sais ! lui dit-elle, l'oeil malicieux, tout en se servant une tasse de café bien chaud. Tu révises ta divination ? Tu t'en sors ?
Oui, le matin, Martha était du genre pipelette. Rien qu'un peu. Et elle avait un petit coté ogresse aussi, surtout quand on la voyait s'enfiler des tartines à la confiture comme si elle hébergeait quatre autres personnes dans son ventre.

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Martha leva les yeux au plafond devant l'air profondément gêné de son camarade. Elle n'allait pas non plus lui sauter à la gorge, ce n'était pas un chien à trois têtes, incontrôlable, féroce et baveux. Bon, incontrôlable, un peu. Féroce, pas mal. Baveux, carrément pas.
La jeune fille se servit un verre de l'eau chaud et le porta à ses lèvres tout en écoutant les timides explications d'Abraham. Lorsqu'elle reposa le verre sur la table, elle avait une marque blanche sur la lèvre supérieure, comme une moustache de lait.
— J'essaye de lire mon avenir, en fait, mais c'est pas facile, fit le jeune homme. Mais Blackwood dit que c'est plus facile de prédire l'avenir des autres que le sien, alors bon...
— Lis le mien ! proposa Martha en se servant alors une tasse de café, pas trop pleine car elle n'en était pas friande, et en l'avalant d'un trait.
Elle grimaça en reposant la tasse devant elle puis la poussa de la main sous les yeux d'Abraham.
— Si tu y vois la mort ou quelque chose du genre, évite de me le dire, j'ai assez donné, dit-elle froidement, un pâle sourire sur les lèvres.
Martha avait arrêté l'option divination rien que pour ça. Les regards des gens qui pensaient qu'elle verrait sa mère morte dans chacune de ses tasses de café, dans chaque boule de cristal qu'elle touchait, dans chaque carte de tarot qu'elle retournait, bref, elle avait fini par en avoir ras le bol et avait claqué la porte de la salle de cours un beau matin, pour ne jamais y remettre les pieds. De toute façon, elle était nulle à mourir, dans cette matière.