Poussez-vous, ma copine va accoucher ! ϟ Bibine

Putain mais Bibine mais ralentis là ! exigea Bertram d'une voix courroucée en essayant de suivre son amie qui s'apprêtait à disparaître totalement de son champ de vision. Forcément quand on s'appelle Rolanda Bibine et qu'on mesure un mètre soixante les bras levés, se faufiler entre les gens dans la foule c'est simple comme un lumos : quand on s'appelle Bertram Aubrey, le combat n'est décidément pas le même...

Excusez-moi monsieur, marmonna distraitement le grand brun en rattrapant par les épaules le ventripotent sorcier qu'il venait de bousculer et qui lui prédisait à présent de grands malheurs dans sa vie. Oh, je me suis excusé, ça va ! commençait à gronder le jeune homme tandis que Bibine réapparaissait comme par magie et lui agrippait de plus belle le bras pour l'éloigner et éviter au fougueux ex-capitaine des Bleus de déclencher une bagarre générale.

Il faut dire qu'ils n'étaient pas là pour ça, loin de là. Non, si Bertram acceptait de se faire promener à travers la foule comme un vulgaire toutou par Rolanda Bibine, c'était pour rejoindre au plus vite les vestiaires et l'équipe des Etats-Unis, que la jeune fille rêvait de rencontrer. Comment allaient-ils y entrer ? C'était encore un mystère : il allait déjà falloir qu'ils parviennent à accéder aux portes sacrées. Et à en voir la foule qui leur opposait résistance, c'était pas gagné.

Spoiler:

Rolanda était pressée et se faufilait adroitement parmi la foule compact de sorciers qui attendaient devant les vestiaires américains.

« Chaud devant !! »

Elle n'hésitait pas à bousculer les autres personnes qui patientaient difficilement en attendant de voir un des joueurs de Quidditch et s'échappait assez rapidement avant de se faire remonter les bretelles. Ce qui n'était pas le cas de tout le monde. Elle soupira en constatant que Bertram, qui était censé l'accompagner, était à la traîne.

« Bon sang, j'aurais pas du t'emmener avec moi, tu me retardes ! »

Malgré tout, elle l'attrapa par la main et reprit ses zigzagues entre les personnes. Quand ça bloquait du côté de Bertram, elle tirait un bon coup et le décoinçait d'où il était. Mais sa technique ne dura que jusqu'au moment où la foule se faisait si compact que même un lutin de cornouailles n'aurait pas pu se faufiler.

« Ah bah, on est coincés... On est encore loin ? »

Du haut de son mètre quatre-vingt-six, Bert avait au moins l'avantage d'avoir une tête de plus qu'au moins deux tiers des autres sorciers dans la foule, à défaut de pouvoir s'y glisser aisément.

Le jeune homme plissa les yeux en mettant sa main en visière, afin de d'essayer de distinguer par-dessus la foule et malgré le soleil qu'ils avaient de face les portes du vestiaires, et la potentielle robe de Quidditch d'un héros de l'équipe des Etats-Unis. Les deux capitaines d'équipes à Poudlard, Bibine pour les Gryffondors et Aubrey pour les Serdaigles, admiraient en effet le style peu académique mais diablement efficace des Américains, et n'auraient pas craché sur quelques conseils ou même un petit autographe pour se vanter auprès des copains : tous deux allaient, à la rentrée, intégrer des équipes pro de Quidditch, et si Bertram restait dans cette bonne vieille Angleterre, Rolanda elle s'envolait pour les USA justement, bref, c'était une raison de plus de croiser la route de leurs idoles, ne serait-ce qu'un court instant.

J'vois pas grand-chose, grommela le grand écossais en fronçant les sourcils, un peu contrarié, y'a genre un sorcier gros comme un troll qui vient d'se prendre pour un hyppogriffe et se foutre son gamin sur le dos, il bouche toute la porte c'est...

Et soudain le marmonnement rageur de Bertram fut couvert par une ovation grandissante, mêlée d'applaudissements, et le jeune homme chercha à sauter pour découvrir par-dessus la foule la cause de cette soudaine liesse populaire :

Ah nom d'une goule, c'est Pitt ! Il vient de sortir Bibine, il est juste lààààà ! s'exclama-t-il comme un gosse moldu auquel on vient de présenter le père noël himself. On doit s'approcher, j'te promets Bibine, j'veux un autographe !

Quand il était question du capitaine de l'équipe des Etats-Unis, Bertram perdait toute notion de fierté, de virilité, et même de dignité. Mais au moins il savait que Rolanda était pas mal pareille que lui dans son genre, et ça lui convenait plutôt bien.

Sur la pointe de ses pieds, Roly essayait d'y voir quelque chose mais tout ce qu'elle distinguait entre deux personnes, c'était juste pleins d'autres personnes. Et aucune fin à cette longue queue. Elle piétinait sur place, impatiente de rencontrer l'équipe des Free eagles et nerveuse en s'imaginant qu'elle ne pourrait peut-être même pas les apercevoir. Ça l'énervait tellement que sa baguette magique la démangeait. Mais elle n'eut pas le temps de réfléchir à un sortilège qui leur permettrait d'avancer vers les vestiaires sans problème qu'un mouvement de foule coupa court à ses réflexions. Les personnes placées à l'avant et celles qui arrivaient à voir au dessus de la foule se mirent à acclamer un nom et très rapidement le message passa à tout le monde.

« QUOI ? Pitt ? Je veux le voir, je veux le voir ! On doit le voir, bon sang !! »

Il devait bien y avoir une autre solution que d'utiliser la magie ! Une solution qui ne les ferait pas inculper à Askaban. En fait, elle était trop hystérique à l'idée d'être à quelques mètres seulement de Donovan Pitt et de ne même pas pouvoir le voir, pour réfléchir. Elle regardait tout autour d'elle mais rien ne lui venait. Et soudain, ce fut la révélation. A ses pieds, un des fans avait laissé tomber un souaffle, surement emmené là pour le faire dédicacer. Elle le ramassa, le fourra sous son tee-shirt et attira l'attention de Bertram d'un coup de coude.

« Eh ! Prépare-toi à devenir papa ! » souffla-t-elle rien que pour lui avec un clin d'oeil.

Les deux mains sur son faux ventre, elle ouvrit la bouche pour crier.

« OH MON DIEU ! CHÉRI, LE BÉBÉ ARRIVE ! »

On ne peut jamais être préparé à tout, et c'est prétention que de prétendre le contraire. Evidemment, Bertram l'était volontiers, prétentieux, mais pour le coup, même si vous lui posiez la question aujourd'hui, il se sentirait obligé de reconnaître qu'il ne s'attendait pas à ça. Avant même qu'il n'ait réellement compris quel était le plan de Bibine, déjà cette dernière hurlait comme un goret à qui voulait bien l'écouter qu'elle allait accou...

PARDON ? s'écria-t-il d'une voix abasourdie qu'il n'aurait jamais pu prendre volontairement, je veux dire OH MERLIN, déjà ? Mais le Médicomage avait dit qu'il te restait encore un mois !

Il allait leur falloir agir vite, Bertram le savait, car déjà les gens commençaient à murmurer et à s'écarter d'eux, et la métamorphose de Rolanda en femme enceinte d'un Souafle était, il fallait bien le reconnaître, assez minable. Sans plus réfléchir, le jeune homme entoura les épaules de son amie de son bras et posa son autre main sur le ventre arrondi de cette dernière, afin de masquer un tant soit peu la forme peu protocolaire de la balle et la soustraire au regard des badauds qui surveillaient avec un intérêt croissant les contractions virtuelles de la future mère d'un bébé ballon.

Bon, chérie, on va... Oh mais je ne peux pas transplaner à Sainte-Mangouste j'ai perdu mon permis, se lamenta-t-il en jetant un regard paniqué autour de lui, nous devons atteindre les vestiaires, trouver le Médicomage du sport ! S'il vous plaît messieurs dames, poussez-vous ma copine va accoucher !

Sujet: Re: Poussez-vous, ma copine va accoucher ! ϟ Bibine