Luzia était littéralement morte de faim. Ses parents l'avaient autorisés à rester deux jours à la Coupe du Monde et entre les matchs, spectaculaires, les retrouvailles avec les élèves de Poudlard et les baignades, la jeune fille n'avait pas eu le temps de manger un morceau.
Ses amis, Dylan, Olivia n'avaient pas particulièrement faim. Deidre, sa cousine, avait retrouvé ses amis de septième année pour fêter ses Aspic tandis que Nolan, avec Daithe et Eanna, devait attendre près du terrain, espérant rencontrer une des stars du Quidditch. Dowey avait disparu Dieu sait où - mais Luzia avait cru comprendre qu'il partait à la recherche de Nicolas Lewis et de Woody Cole.

C'est pourquoi Luzia se rendait-elle seule au stand de hot-dog, repérable de loin par les odeurs de viandes grillées et de graisse - odeurs qu'elle trouvait merveilleuses et qui faisait bondir d'impatience son estomac vide. Elle aperçut la bannière du stand et accéléra son pas, évitant le plus possible de heurter des sorciers hilares et agités qui faisaient tout sauf regarder là où ils mettaient les pieds.

Enfin, elle parvint au stand et se faufila entre deux hommes qui sentaient la sueur et la crème solaire. Plusieurs jeunes s'affairaient à cuire des saucisses avant de les insérer dans du pain et les badigeonner d'une généreuse couche de sauce. C'est alors que, parmi eux, Luzia reconnue Maddy Bow. C'était une copine à Deidre et Luzia la connaissait un peu - toutes les deux adoraient la botanique.

Cependant, l'Espagnole n'osa pas attirer son attention. Elle travaillait et ne voulait pas la déranger alors qu'elle devait sûrement servir quelqu'un d'autre. Aussi décida-t-elle d'attendre son tour - Maddy la verrait peut-être.

Spoiler:

La jeune femme ne tarda pas à se tourner vers Luzia et son regard s'éclaira un peu lorsqu'elle la reconnut.

- Hey ! Salut Luzia, tu vas bien ? Alors prête pour les vacances ? lui lança Maddy avec un grand sourire.

Luzia lui rendit la pareille et lui répondit en saisissant son porte monnaie :

- Bien ! Comme tu vois, j'en profite pleinement ! Et toi, ça va ?

Maddy avait bien fait de choisir ce job d'été. Certes, elle mijotait dans le jus de saucisse et dans la graisse, mais elle n'était pas loin du stade de quidditch et de ses amis ! Maddy, d'un signe de tête, lui assura qu'elle allait bien avant de se remettre au boulot.

- Je te sers quelque chose ?

L'Espagnole hocha la tête, scrutant la pancarte d'un œil attentif, ravie d'être servie aussi rapidement. ¿ Que voy a escoger?

- Je vais me laisser tenter par un hot-dog avec mayonnaise s'il te plaît. Et une barquette de frites ! Mets la dose, por favor !

C'était une simple mesure de précaution : Luzia savait que dès qu'elle retournerait auprès de ses amis, elle se ferait dépouiller de ses vivres - alors autant avoir une bonne réserve.

- Je suis désolée, fit Maddy, il y a un peu d'attente pour les frites, elles ne sont pas tout à fait prêtes.

Luzia hocha la tête, même si son estomac de l'entendait pas de cette oreille. Maddy venait de lui dire qu'elle était un triste d'avoir quitté Poudlard ce que l'Espagnole comprenait parfaitement. Deidre n'avait pu retenir quelques larmes et comptait bien profiter de la soirée aspic avec ses camarades. La seule chose qui consolait sa cousine, c'était qu'elle retrouverait Gideon à Londres ! Et puis, songeait la jeune fille, ce devait être cool d'être enfin adulte, non ?

- Alors, toujours passionnée par la botanique ? demanda la jeune adulte en revenant avec une généreuse barquette de frites.

Luzia, qui avait préparé sa monnaie, la tendit à Maddy.

- Tu penses bien, fit-elle en même temps. Je suis décidée à en faire mon métier, mais je ne sais pas encore que faire. Et devine quoi : j'ai réussi à me procurer d'un plan de Bubobulb.

C'était un ami de son père qui lui avait donné un jeune plant. Le Bubobulb ressemblait à une limace couverte de pustules. Le pus avait des effets bénéfiques lorsque l'on savait s'y faire. Le père de la jeune fille était un peu moins content : comme Luzia avait toujours la Trace, c'était à lui de s'en occuper.

- Et toi, demanda Luzia à Maddy, tu veux toujours être Médicomage ?

Luzia trouvait que c'était une bonne idée. Maddy pourra concilier un savoir scientifique, magique et une connaissance en botanique qui lui permettront de bien soigner ses malades.

Spoiler:

- J'adore les Bubobulb, ils sont trop marrants ! Mais tu n'as pas d'acné, qu'est-ce que tu compte en faire ? demanda vivement Maddy, Un soin de peau pour le petit boutonneux de Serpentard ?

La jeune fille riait de bon coeur, mais Luzia se contenta de sourire. Elle ne s'était pas vengée du cartel des Verts et Maddy venait sans faire exprès de le lui rappeler. Ceci dit, Luzia ne comptait pas se venger - ça lui aurait servi à quoi ? Ils n'auraient pas hésité à répliquer, Dylhan Yordanov y aurait veillé.
En tous les cas, il y avait bien une raison pour laquelle Luzia s'était procuré un bulbobulb : Ugo, son frère gardait quelques vilaines cicatrices de l'adolescence. Le pus d'un plant de bubobulb parvenu à mâturité, dilué avec un peu d'eau, guérissait miraculeusement la peau. Il était cependant hors de question qu'elle le dise à Maddy. Cette dernière ne verrait jamais Ugo, mais Luzia ne comptait pas le trahir.

- C'est seulement que j'en ai eu l'occasion, finit par dire Luzia, ça ou une autre plante, peu m'importe !
- J'ai hésité longtemps aussi tu sais, avoua la jeune adulte. Maintenant je suis sûre de vouloir être Médicomage. A l'étage des blessures causées par les plantes magiques bien sûr.

Maddy termina son jus de citrouille frais d'un trait, visiblement assoiffée par son travail, avant d'ajouter :

-Quoiqu'il en soit il te reste un an pour te pencher sur la question. Je suis sûre que tu trouveras. Le choix est assez vaste en fait !

Luzia hocha la tête en levant les sourcils. Ça, c'était clair, le choix était vaste.
- Peut-être un peu trop vaste, répliqua-t-elle. Je verrai bien, de toute façon ! La médicomagie ne me tente pas plus que cela. C'est tellement dur de voir des personnes en mauvais état, je ne suis pas sûre que je le supporterais !

Un petit moment de réflexion suivit ses mots. Puis Luzia se rendit compte que son repas allait refroidir.

- Je vais te laisser travailler, dit l'Espagnole. Bon courage pour la suite ! N'oublie pas de fêter dignement tes ASPIC !

Elle colla deux bises affectueuses sur les joues de Maddy et s'éloigna avec ses frites dans les mains. Il était grand temps de faire honneur au travail de Maddy