« Mr Julius Charles Yaxley, vous êtes condamné par la cour ici présente à une peine de prison à vie, pour votre participation active au sein de la communauté des mangemorts ainsi que pour des faits de tortures et de meurtres sur des moldus ainsi que des sorciers. »Cette voix, ces mots le hantaient chaque soir depuis la fin de son procès. Chaque nuit, il revoyait cette assemblée, ses visages n’exprimant que le dégoût et la joie face à sa condamnation. Il n’était plus rien aux yeux de la société, un meurtrier, un parjure, un mangemort tout au plus…
C’était terminé. Plus jamais, il ne sentirait l’air frais sur son visage, plus jamais il ne poserait le regard sur ses enfants. Il était seul, dans le froid mordant de cette prison, seul attendant sa propre mort.
Le visage fatiguée et amaigri, l’ancien mangemort ne ressemblait en rien à l’homme qu’il était avant. Il ne mangeait plus, ne vivait plus. Autrefois, toujours impeccable aujourd’hui il n’était plus que l’ombre de lui-même. Désormais, il n’y avait plus de masque, plus de faux semblant il n’était que Julius Yaxley, un prisonnier.
Toute sa vie n’était bâtie que sur des masques, d’abord celui du parfait héritier de la grande famille des Yaxley, puis celui du brillant avocat et enfin derrière celui du directeur des départements de la justice magique. Pour finalement devenir un paria de la société, un monstre auquel on attribue les pires crimes sans jamais avoir essayé de le comprendre. Condamné avant son procès, personne n’avait jamais imaginé que cet homme pouvait avoir des sentiments. Certes, il avait tué des sorciers et des moldus sans distinction mais il avait aussi vu ses amis, sa famille mourir pour cette guerre.
Frottant, son bras, déchiquetant la peau albâtre, il voulait qu’elle disparaisse que cette stupide marque s’en aille complètement, qu’elle ne soit plus qu’un souvenir. Enfonçant plus fortement ses ongles dans sa peau déjà lacérée, le Yaxley ne put retenir un cri de douleur. Qu'avait-il fait ? Pourquoi n'avait-il pas refusé de les rejoindre ?
Hélas, Il n’avait pu dire « non » à Lord Voldemort, en même qui pouvait le faire ? Qui oserait et y survivrait ? Pas grand monde en vérité, les survivants se comptaient sur les doigts d’une main. Il avait attaché sa liberté à des chaines le jour où il avait accepté de rejoindre le Seigneur des Ténèbres.
Julius avait accepté de le servir pour le meilleur et pour le pire. Bien qu’il n’aimait pas plier devant les autres, comment ne pas le faire face au Seigneur des Ténèbres ?"Il avait beau n'être qu'un sang-mêlé, son aura et son attitude étaient légendaires. Il avait don d’enflammer une assemblée ou de la faire hurler de désespoir.
Il l’avait rejoint, non pas par crainte mais pour un nouvel espoir, celui d’une société meilleure où les sang-purs seraient enfin reconnus pour leur valeur. Malheureusement, sa vision utopiste avait vite disparu face à l’envers du décor. Les meurtres, la torture étaient devenus son quotidiens, c’était vivre ou mourir. Le Yaxley était rentré dans un jeu mortel, un cercle vicieux qui a pour unique fin la mort. Une fois marquée, il n’y avait pas de retour en arrière, le Seigneur des Ténèbres n’offrait jamais de deuxième chance et le Ministère ne pardonnait pas. Alors, sans remord il avait continué, il avait tué pour survivre. Etait-t-il devenu un monstre ? Sans aucun doute… La folie n’étant jamais loin, prête à le faire basculer plus loin encore dans les ténèbres. Pourtant, jusqu’à maintenant il n’y avait jamais cédé, il avait continué malgré les embûches.
Ses voix, il les entendait dans sa tête lui hurlant sans cesse « meurtrier », « monstre ». Son quotidien pendant des années avaient été le sang, la torture. Depuis enfant, il était un garçon avec un tempérament plutôt sanguin mais là, ça avait dérapé. Le Yaxley avait appris avec le seigneur des ténèbres à se lâcher, à tuer et torturer pour le plaisir. Il avait appris à voir la satisfaction dans le fait de tuer quelqu’un.
Julius se dégoutait lui-même, sa vie n’était qu’un mensonge et voilà où elle l’avait conduit entre quatre murs dans une prison où il ne repartirait jamais. En soit le fait d’être en prison ne le dérangeait pas outre mesure, cette prison n’était que matériel, la réelle prison il l’avait vécu depuis son engagement auprès du seigneur des ténèbres durant sa septième année, à peine majeure il s’était accroché des chaines aux pieds. La liberté était un mot absent de son vocabulaire, toute sa vie n’avait été qu’un long échec, une longue quête pour la survie qu’il aurait dû abréger depuis longtemps.
Enfonçant plus profondément ses ongles dans sa peau d’un blanc maladif, le Yaxley commençait petit à petit à perdre pieds. Sa vision était désormais flou, le sang coulant doucement sur son avant-bras gauche. Bientôt, il ne serait plus, les gens l’oublieraient et tout son combat aura été vain. Une tentative de reconnaissance soldée d’un cuisant échec et d’une mort dans la prison d’Azkaban. Qui se souviendrait-lui après sa mort ? Personne. Tout comme sa femme, ses enfants ne le pleuraient pas. Il n’avait jamais su les aimer. Pourquoi n’était-il pas mort durant la bataille contre Lee Jordan et George Weasley ? Pourquoi avait-t-on voulu le voir vivant ? La société s’accordait à dire que les mangemorts étaient cruels mais là qu’était-ils ? Ils auraient dû le tuer, ce jour-là dans cette bataille personne n’aurait rien su. On l’aurait enterré avec les autres mangemorts, sans que son nom ne fasse les titres des journaux. Il n’aurait été qu’une victime de plus, sur une longue liste. Oui, une victime car bien que le ministère pense le contraire, c’est ce qu’ils étaient, des dommages collatéraux. Le ministère s’accordait à leur mettre l’étiquette de meurtrier mais ils passaient sous silence, le fait qu’ils avaient souffert durant la guerre. Les attaques des mangemorts entrainaient parfois la mort de l’un de leur camarade, un ami ou un membre de la famille. Les morts n’étaient pas que dans un camp, chacun avait payé son tribut.
Sans force presque machinalement le mangemort se leva et attrapa une petite pierre blanche qui trainait dans un coin de sa cellule. Elle ferait la faire puis d’un geste saccadé, il commença à écrire sur les murs. C’était son dernier espoir, la dernière marque qu’il ferait sur cette terre. Le Yaxley s’appliqua ainsi à noter les noms de chacun de ses camarades tombés au combat, il ne les appréciait pas tous mais chacun d’eux étaient des victimes de cette guerre, des sacrifiés pour le délire d’un mégalomane. Lorsque la tâche fut achevée, il eut un maigre sourire puis après un instant d’hésitation, il écrivit son propre nom. Ils ne comprenaient pas, jamais ils ne pourraient comprendre. On ne choisit pas son destin lorsque l’on est héritier de l’une des plus grandes familles de Sang-pur. La douleur, la haine, le désespoir tout avait disparu, il se sentait vide. Maintenant, sa vie était achevée.