Partie 1.

La nuit était tombée sur Londres, nimbant la capitale anglaise d'un épais manteau sombre. Dans les rues, les lampadaires étaient allumés et diffusaient leur maigre lumière, comme pour tenter de protéger les éparses passants regagnant leur domicile à une heure si tardive. Bellatrix aimait l'obscurité. Londres, si bruyante et si mouvante sous l'éclat du soleil devenait l'ombre d'elle-même à la nuit tombée. On n'osait s'aventurer dans les ruelles adjacentes aux grandes avenues, craignant le rapt ou pire, la mort. Londres n'était plus sure, depuis que la guerre faisait rage - une guerre intestine, dont la plupart des protagonistes ignoraient jusqu'à son existence. Pourtant, elle était bien là, avec son sordide cortège de terreur, de meurtres et de lueurs vertes.

Sa cape noire rabattue sur son visage pâle, la sorcière arqua un sourcil lorsque la lumière du rez-de-chaussée s'éteignit enfin dans la petite maison qu'elle surveillait depuis le début de la journée. L'habitante la ralluma au premier étage, certainement dans sa chambre, dont elle tira les rideaux. Un sourire carnassier courba les lèvres de la sorcière, qui plongea sa main dans sa poche pour faire glisser ses doigts le long du bois ouvragé de sa baguette. Veronica Gray mourrait, ce soir. Sa mission était d'une simplicité enfantine et son orgueil s'était vu égratigné lorsque le Seigneur des Ténèbres l'avait cantonnée à cette mission de routine, tandis que ses collègues partaient en Estonie pour s'occuper de l'auror Lucas, ou bien que d'autres rendaient visite à cette chère Gradubec. Ravalant un énième juron à l'encontre de ses partenaires qui devaient bien s'amuser, Bellatrix vérifia que la rue était vide et s'avança.

La sorcière frissonnait de plaisir. Ses lèvres se courbèrent d'un sourire sadique, tandis qu'elle décidait quel sort allait subir sa victime. Bellatrix appréciait les morts lentes et douloureuses et pour ce faire, rien ne valait l'endoloris. Elle opta donc pour l'un des sortilèges impardonnables et s'avança vers la porte d'entrée. Alohomora, pensa-t-elle en pointant sa baguette vers le trou de la serrure - nul besoin de faire voler la porte en éclats et de risquer un esclandre où elle aurait à tuer plusieurs moldus (pas que l'idée lui déplaise).

Le battant de bois s'ouvrit, faisant apparaître devant ses petits yeux noirs un long couloir aux murs bardés de tableaux. Sur un guéridon voisin était posée une coupelle avec tout un fatras - des clefs, un porte-feuille, de l'argent et une atroce figurine en terre cuite à l'effigie d'un âne. La sorcière réprima une grimace de dégoût. Du bruit à l'étage l'informa que la maîtresse des lieux n'était pas encore couchée. La surprise que lui préparait Bellatrix n'en serait que plus grande. Cette dernière sourit de nouveau, ravie du petit effet qu'elle s'apprêtait à faire et s'avança dans le couloir, refermant la porte derrière elle. Elle enveloppa la maison d'un sortilège de protection. Nul n'entrerait, nul n'entendrait. Elle pouvait travailler sans craindre d'être interrompue.  

Partie 2.

La lumière dans la chambre de Veronica Gray s'éteignit, plongeant la maison entière dans le noir. Dans l'escalier montant à l'étage, Bellatrix prit soin de ne pas faire craquer les marches. Elle grimaça lorsqu'une des lattes du plancher du premier émit une protestation qui, cependant, ne sembla pas gêner la Cracmol. Rien que la pensée d'être dans la maison d'une sorcière sans magie révulsait la Black. Resserrant sa prise autour de sa baguette, la jeune femme de vingt-six ans avança dans le couloir. Sa cape noire flottait autour d'elle comme les voiles d'une mariée - elle était l'épouse de la Mort, la mariée sombre.

Elle ouvrit une première porte, tombant sur un petit bureau bien organisé - un pantalon plié sur le dossier du fauteuil, un petit vase posé sur un guéridon sous la fenêtre encadrée de dentelle blanche. Beurk ! La sorcière sortit sa baguette et d'un sortilège, fit exploser les vitres et voler en éclat tout le beau mobilier. Elle entendit alors du mouvement dans la chambre où dormait Gray. Un sourire sardonique couvrit son visage, tandis qu'elle éclatait d'un rire sadique. Le jeu allait enfin commencer. Elle fit volte-face, tombant nez à nez avec la propriétaire des lieux, terrifiée.

Bellatrix avança vers elle, tandis que la petite bonne femme reculait, les yeux emplis de terreur. Bonsoir madame Gray. Pardonnez cette impromptue visite, déclara la sorcière brune avec un sourire à l'encoignure des lèvre. Si nous gagnions votre salon pour discuter entre femmes, qu'en dîtes-vous ? proposa la sorcière et, sans plus attendre, elle lança un sortilège qui saucissonna la malheureuse et d'un locomotor motris, Bellatrix la fit descendre dans le salon, où elle la jeta sur l'affreux tapis fleuri.

Bellatrix prit place dans un fauteuil puis de quelques mouvements du poignet, se servit un verre de brandy. Elle avala une gorgée du breuvage moiré avant de le recracher sur le visage de sa captive. Beurk ! Voilà une bien mauvaise façon d'accueillir une invitée, Gray, dit-elle en faisant mine d'être profondément déçue. Elle se leva et commença à arpenter le salon. D'ailleurs, un tel comportement mérite punition, ne croyez-vous pas ? dit-elle avant de pointer sa baguette sur l'infortunée cracmol. ENDOLORIS ! cria Bellatrix, sa voix déformée par tout le sadisme et la cruauté dont elle seule savait faire preuve. Les hurlements de la victime déclenchèrent une crise de rires chez sa tortionnaire, qui sautillait comme une gamine autour du salon. Vous n'avez pas bientôt fini de me casser les oreilles ? lança-t-elle en envoyant un sortilège sur sa victime, ce qui fit taire ses cris d'agonie.

Bellatrix leva le sortilège impardonnable et vint s'accroupir à côté du visage de la cracmol, posant ses bras sur ses cuisses, jouant avec sa baguette. Vous devez savoir pourquoi je suis là, je suppose, dit-elle avec amusement, totalement désintéressée par les stigmates de douleur qui couraient sur le visage de la petite femme. Le Seigneur des Ténèbres m'a confié la mission de vous éliminer. Et comme je suis obéissante, me voilààààà ! dit-elle en écartant les bras, comme au cirque.

Mais vous pensez-bien que si je me suis déplacée, ce n'est pas pour vous tuer tout de suite. Je préfère connaître un peu mes victimes avant de les envoyer à la Mort. C'est plus... jouissif, finit-elle en dardant enfin son regard sombre dans les yeux tétanisés de sa victime. Vous n'avez pas l'air dans votre assiette, remarqua-t-elle en éclatant de rire. Passons donc aux choses sérieuses ! s'exclama la sorcière avant de replonger sa victime dans l'agonie de l'endoloris. 

Partie 3.

Le regard brillant de Bellatrix se nourrissait de la profonde douleur qu'elle lisait dans les yeux agonisants de sa victime. Veronica Gray souffrait le martyre, la mangemort n'en doutait pas. Mais comme chaque fois qu'elle avait tué ces cinq dernières années, une vague de chaleur l'emplissait. La Mort était sa cure de jouvence, sa pierre philosophale. La sorcière se sustentait de l'affolement de ses victimes, de l'épouvante dans leurs yeux, des spasmes dans leurs membres. Tout ce qui reflétait la peur qu'elle induisait était sa plus grande réussite.

Et ce qu'elle voyait dans les yeux de Veronica Gray n'était pas pour lui déplaire. D'un geste, elle fit cesser le sortilège, laissant quelques instants de répits à sa victime. Pitié, parvint à murmurer la cracmol. Bellatrix lui lança un regard amusé. Ne saviez-vous pas que je hais le sens-même de ce mot ? La pitié, c'est pour les faibles. Et les cracmols, ajouta-t-elle avec un sourire, faisant courir la pointe de sa baguette sur le visage de sa captive. Malheureusement pour vous, vous êtes les deux, dit-elle avant de se relever et de replonger la Gray dans les souffrances du sortilège impardonnable.

Bellatrix commençait à s'ennuyer sec -  Veronica Gray n'était visiblement pas d'humeur à rendre la soirée intéressante. La sorcière leva les yeux au ciel et revint près de sa victime. Elle tendit sa baguette vers elle. Le bonjour à votre frère, dit-elle avant d'illuminer la pièce d'une lueur verte. Un sourire envahit son visage. Ça, c'est fait, murmura-t-elle pour elle-même, ravie de sa petite escapade. Elle lança un regard amusé au corps sans vie de Veronica Gray puis quitta la petite maison. Une fois dans la rue, elle leva sa baguette vers le ciel. MORSMORDRE ! Hurla-t-elle. Elle battit des mains lorsque la Marque des Ténèbres se manifesta dans les nuages, peignant le ciel de tons verts.

La sorcière s'éloigna de la maison, se cachant dans une ruelle adjacente, attendant avec impatience l'arrivée des aurors. Ils ne tardèrent pas. Bellatrix sortit de sa cachette. Avec les compliments de Bellatrix Lestrange Leur lança-t-elle avant de disparaître dans la nuit noire.

MISSION ACHEVÉE.