Lyleïa soupira et regarda le plafond blanc de l'infirmerie. Elle allait devenir dingue si Pomfresh ne la laissait pas quitter cet endroit maudit dans l'heure qui suit. Agacée, la Serpentard se releva dans son lit et testa son épaule. Elle grimaça un peu. Elle avait toujours un peu mal mais c'était supportable. Et elle n'avait définitivement pas envie de rester allongée sur un lit d'infirmerie alors qu'elle pouvait sortir à Pré-Au-Lard. En plus, elle avait rendez-vous avec Remus. Elle n'allait toute de même pas lui faire faux bond alors que c'était elle qui lui avait envoyé une lettre. Elle se rappelait même tout à fait les mots qu'elle lui avait écrit. C'était court, clair mais pas sec ou froid pour autant. "Salut Remus, comment vas tu ? Ca doit t'étonner que je t'envoie une lettre mais ... je me suis rappelé notre conversation l'année dernière, sous le saule cogneur. J'aurais besoin de discuter avec toi. Aurais-tu un peu de temps le week-end prochain ? Je propose qu'on se retrouve aux Trois Balais. C'est très important. Merci. Lyleïa." Sur le coup ça lui avait semblé une bonne idée. Mais aujourd'hui elle n'en était plus très sûre. Assise sur le bord du lit, les pieds se balançant dans le vide, regardant le sol, ses cheveux blonds dissimulant son visage de poupée, la jeune femme attendit que l'infirmière de Poudlard daigne sortir de son bureau. Elle le fit de longues minutes plus tard et s'approcha de sa patiente. - Montrez moi ce bras Miss Romansky, ordonna t-elle d'un ton ferme. Lyleïa soupira et tendit son bras gauche. Pomfresh l'examina attentivement. Il fallait dire qu'elle n'y était pas allée de main morte. Au dernier match de Quidditch opposant les Serpentard et les Poufsouffle, elle avait eu l'épaule luxée et le bras et le poignets cassés. Quand elle avait vu ça, l'infirmière avait piqué une crise monumentale en criant que le Quidditch allait finir par faire des morts, que c'était un sport de brutes et Lyl' n'avait pas entendu la suite, s'étant évanouie avant. Mais là elle avait juste envie de sortir. - J'peux y aller ? murmura t-elle après un moment. Pomfresh se redressa et hocha la tête. - Oui ça devrait aller mais gardez cette attelle sur votre poignet il n'est pas tout à fait remis, déclara t-elle sévèrement. Lyleïa acquiesça. - D'accord. L'infirmière lui posa donc une attelle sur son poignet puis la regarda d'un air sévère. - Et faites donc attention pendant ce maudit Quidditch ! lança t-elle avant de libérer sa patiente. Lyleïa acquiesça et s'habilla rapidement.

Elle se rendit rapidement dans son dortoir et prit une douche qui la détendit avant de mettre un pantalon noir, un débardeur noir et un pull vert émeraude qui faisait ressortir ses yeux, puis elle passa ses bottines à talons, sa cape noire et sorti. Il ne faisait pas un temps merveilleux, le fond de l'air était frais et le ciel était couvert. Pourtant, la Vert & Argent continua jusqu'à Pré-Au-Lard. Elle se rendit Aux Trois Balais et salua la tenancière. Il n'y avait pas beaucoup de monde, la plupart étant restés aux château ou dans les boutiques. Lyleïa s'assit donc à une table un peu à l'écart, tranquille et commanda un chocolat viennois avec une pointe de whisky pur feu juste pour rehausser un peu. Et oui elle était majeure. Elle prenait une bouchée de crème fouetté quand Remus entra. Lyl' lui fit un signe et il la rejoignit. Elle sourit avec douceur. Elle semblait bien différente de la jeune femme que l'ex Gryffondor avait dû voir il y a quelques mois de ça. - Bonjour Remus. Comment vas tu ? demanda t-elle d'une voix calme. Comment c'est la vie hors Poudlard? s'enquit-elle curieuse.

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Remus ne tarda pas à entrer dans la taverne et rejoignit Lyleïa à sa table. La jeune femme remarqua qu'il semblait fatigué et elle s'en voulut. Elle n'aurait pas dû lui dire de venir, elle aurait dû lui fiche la paix. Mais elle ne pouvait plus revenir en arrière. Il était là maintenant alors autant discuter avec lui. Il était peut-être le seul qui lui permettrait d'y voir réellement clair. Elle ne pouvait en parler aux Serpentard ils étaient trop ... Serpentard. Et elle ne pouvait en parler avec Sirius parce qu'il était trop le contraire justement. Bref, à ses yeux Remus était la seule personne à qui elle pouvait parler librement. Il ne l'avait jamais jugée, l'avait écouté, conseillé et épaulé. Elle lui en serait d'ailleurs toujours reconnaissante. Oui elle allait tout lui dire. Tout ce qu'elle n'avait pas dit aux autres et que trois personnes seulement savaient. Mais pour l'instant elle attaqua par les mondanités. - Ça se passe assez bien, on a trouvé une colloc avec Sirius. Et toi tu vas bien ? Tout va bien à Poudlard ? Ta lettre m'a inquiétée, je te l'avoue... Lyleïa grimaça et baissa le regard vers son attelle jouant avec l'attache. Puis elle le regarda de nouveau. - Ce n'était pas mon intention je suis désolée. Surtout que tu as l'air épuisé, pardon. Mais c'est ... important, répondit-elle d'une voix douce et un peu tendue. Elle avait du mal à parler de tout ça encore et même si c'était Remus c'était aussi difficile que pour Swann, Emmeline ou Vitali. La serveuse arriva à ce moment là avec son chocolat et l'ex Gryffondor se pencha. - Sans whisky pur feu, merci ! fit-il tirant un rire léger à la Capitaine des Verts. - Tu as le nez fin dis moi ! Il n'y en n'a pas beaucoup ! commenta t-elle en piochant allègrement dans sa chantilly. - Poudlard va bien. Ca continue a vivre. Et moi je vais ... elle hésita. Ca dépend des jours, avoua t-elle. Elle baissa le regard sur son chocolat qu'elle remua doucement. Mais il allait bien falloir qu'elle lui dise, elle l'avait fait venir il n'allait pas poireauter deux heures. Alors elle décida de se lancer.

- Tu te rappelle la conversation qu'on a eu sous le saule cogneur ? Celle un peu avant les examens, commença t-elle doucement. Elle le regarda acquiescer avant de reprendre. Tu m'avais dis qu'un jour il faudrait choisir et moi je t'ai répondu qu'il n'était pas si facile que ça de tourner le dos à sa famille. Elle eu un maigre sourire. Tu avais raison. Il ne suffit pas de penser, un jour il faut finir par faire des choix, par choisir un camp quitte à tout perdre. Mais certains idéaux méritent qu'on se battent pour eux n'est ce pas ? Elle essayait de se consoler comme elle pouvait, de se rassurer elle même sans trop y croire. Un soupir traversa ses lèvres. Tu te rappelle la première fois qu'on s'est parlés ? Je t'ai parlé de ma mère, de sa mort, des cauchemars et de l'homme sans visage. J'ai trouvé. J'ai trouvé qui l'avait tuée ... sa gorge se serra et elle eu du mal à continuer. Mais il le fallait. C'est mon père. C'est lui qui l'a tuée. Pour une histoire de magie noire. T'a vu ? Cette putain de magie avait commencé à détruire mon monde alors même que je n'étais qu'une toute petite fille, jura t-elle de la colère dans la voix mais surtout un chagrin immense. Elle ne parla pas de la malédiction qui pesait sur elle, ça n'avait rien à voir. Pourtant elle aurait aimé l'avis de Remus mais il y avait des choses qu'il valait mieux garder pour soit. Relevant la tête, la jeune fille croisa le regard du jeune homme. Le sien, si bleu était hanté par des fantômes qui ne cessait de la harceler et il étincelait de rage et de chagrin. Des tourbillons qui fonçaient ses yeux les rendant aussi sombres que sa cape noire de sorcière.

Un soupir traversa ses lèvres et elle se passa une main sur le visage. Quand elle rouvrit ses yeux, les ombres avaient légèrement disparues pour laisser place à une nouvelle flamme : celle de la détermination. J'ai choisis Remus. J'ai décidé de me battre pour qu'un jour mes enfants puissent vivre dans un monde en paix. J'ai décidé de me battre pour leur prouver que non, leurs idéaux ne sont pas les meilleurs, qu'ils ne sont pas les plus puissants. Elle avait l'air déterminé mais on remarquait dans ses prunelles que quelque chose s'était brisé en elle. Elle continua d'une voix plus douce, plus hésitante. Mais j'ai peur ... et malgré tout je vis avec eux chaque jour et on a grandis ensembles. Je les perds un peu plus à chaque fois et ça me détruit. Elle se tut un instant laissant le silence planer avant de reprendre. Je suis désolée de t'avoir dérangé mais ... j'avais besoin d'en parler à quelqu'un et tu es le premier nom qui m'est venu à l'esprit. Tu m'a tant soutenue, tant aidée, j'avais besoin de parler avec toi, murmura t-elle presque penaude maintenant. Elle se faisait l'effet d'une petite fille prise en faute. 

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Lyleïa avait tout déversé dans ses propos. Sa rage, sa peur, ses doutes, son chagrin. Elle avait tout dit à Remus ou presque. Elle avait juste occulté la malédiction mais ça c'était quelque chose qu'elle devait gérer seule. Trop de gens à son goût était déjà au courant et c'était des gens à qui elle tenait et qui tenait à elle. Des gens qui souffriraient si jamais elle venait à mourir. Elle ne voulait pas que d'autres se retrouvent prit au piège de ce tourbillon infernal. Finalement après l'avoir écouté jusqu'au bout sans jamais l'interrompre - ce dont Lyleïa lui fut reconnaissante ne sachant pas si elle aurait eu le courage d'aller jusqu'au bout sans ça - il parla. De cette voix grave, profond et sérieuse qui avait toujours sût percuter la Serpentard de manière plus persuasive que la plupart des autres personnes. - ... ça doit être difficile mais il faut que tu te concentres sur ces différences plus que sur ce que vous avez partagé. On perd une partie de soi à chaque fois que l'on fait un choix. Ce qu'on a perdu nous défini autant que ce que l'on gagne à partir du moment où l'on sait pourquoi on a fait ce choix, fit-il. Lyleïa acquiesça en silence, le regard rivé sur son chocolat dans lequel elle faisait tourner sa cuillère. Elle finit par boire une gorgée avant de regarder de nouveau Remus. - Tout ce que je viens de dire n'a probablement pas beaucoup de sens, j'aimerais pouvoir t'être plus utile... [...] Est-ce que... tu sais si des personnes de ton entourage savent que tu es au courant pour ton père ? Est-ce qu'il y en aurait qui pourraient se douter de ton... choix ? demanda t-il inquiet. Lyleïa hocha la tête. - Ce que tu dis a plus de sens que tu ne le crois Remus. J'ai très bien compris où tu voulais en venir, je suis d'accord ... j'ai juste ... mal, murmura t-elle avant d'acquiescer à sa question.  Seulement trois personnes. Mon cousin et deux autres personnes je ne sais pas si tu les connais, Swann Jones et Emmeline Vance ? demanda t-elle interrogatrice. Il ne nous trahirons pas. Puis elle se souvint d'une autre chose. Oh non quatre au fait. Cinq avec toi mais sinon Sirius est au courant. Je ... je l'ai vu l'autre jour, murmura t-elle en baissant le regard. Entre Sirius et elle tout n'était pas redevenu comme avant, il y avait entre eux six ans de non dits, d'incompréhension, de rancoeur et de blessures mais ils étaient toujours comme un frère et une soeur et Lyl' espérait que ça finirait par passer.

- Lyl, ce que je veux dire c'est que tu risques de rapidement devenir une cible, comme nous tous. Dumbledore se bat pour que Poudlard reste un lieu sûr mais... plus personne n'est à l'abri, reprit Remus en soupirant l'air vraiment inquiet. Lyleïa leva les yeux vers lui avec un pâle sourire. - Je sais. Ne t'inquiète pas pour moi. Je suis une survivante. Je l'ai toujours été. Et j'ai encore un certain statut à Poudlard. Personne ne me fera de mal, essaya t-elle de le rassurer. Elle ignorait qui elle essayait de convaincre de lui ou d'elle mais elle semblait un peu plus calme. Et puis quelques sous-entendus lui revinrent en mémoire. Elle pencha doucement la tête sur le côté. - Est-ce que ... est-ce que tu te bats toi ? Je veux dire, comme quand vous étiez à Poudlard vous les Maraudeurs ? demanda t-elle dans un murmure à peine audible mais elle savait que Remus comprendrait. Etrangement, il avait l'air de tout comprendre.

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- Je ne connais Swann que de vue, mais Emmeline oui je la connais... répondit Remus. Lyleïa sourit brièvement. Emmeline était quelqu'un de confiance. C'était sa meilleure amie, sa jumelle, et accessoirement sa colocataire aussi. Enfin du moins pendant les vacances. Les deux jeunes femmes avaient pour projets de s'acheter ensuite une maison quand Lyl' aurait terminé ses études et la Serpentard espérait vraiment qu'elles pourraient le faire. Elle avait peur que beaucoup de ses rêves ou de ses espoirs ne se réalisent plus maintenant. Elle avait encore du mal à croire et à accepter cette malédiction. Comment pouvait-on accepter le fait que chaque jour qui passe puisse être le dernier ? Remarque, à bien y réfléchir ça marchait pour tout le monde avec cette guerre. Lyleïa réfléchissait à ça tout en buvant son chocolat chaud. Le liquide la réchauffait d'autant plus que cette pointe de whisky pur feu rehaussait le goût et lui laissait un goût brûlant dans la tranchée. Puis elle soupira doucement en acquiesçant aux paroles de Remus. - Je te dis juste d'être plus vigilante. Tu dois commencer à savoir à qui tu peux faire confiance ou pas, même à Poudlard. Le regard de la jeune femme s'assombrit et elle baissa son visage, fixant le reste de sa boisson comme si elle était la chose la plus importante du monde. Elle essayait surtout de refouler ses larmes. - Avant j'aurais pu te citer une dizaine de personnes en qui j'avais confiance à Poudlard, murmura t-elle douloureusement. Puis elle releva la tête, dévoilant un regard noyé de larmes qu'elle n'autoriseraient pas à couler. Aujourd'hui il n'y en a plus qu'une. Deux grand maximum. Elle se tut un bref instant. Est-ce donc à ça que nous sommes tous condamnés ? Ne plus avoir confiance même parmi les personnes qui nous sont chères ? Même parmi celles avec qui on a grandit, qu'on connaît depuis l'enfance ? demanda t-elle malheureuse. L'être humain est décidément tombé bien bas, finit-elle dans un murmure.

Et puis elle changea de sujet. Enfin pas totalement mais presque. Du moins elle avait une nouvelle fois tout refoulé en elle, larmes et chagrin, pour ne montrer qu'un visage à peu près paisible. - On a trouvé... de nouveaux moyens de se battre oui... murmura Remus. Lyleïa pencha la tête sur le côté inquisitrice. Elle hésita un instant puis finalement ne posa pas de question. Elle le saurait peut-être un jour qui sait. Et si Remus voulait lui en parler il était libre. - C'est bien. Il ne faut pas abandonner, dit-elle seulement. J'espère peut-être pouvoir vous aider un jour, souffla t-elle en retour avec un bref sourire. Puis elle prit une grande respiration en fermant les yeux pour se calmer et regarda Remus. - En tout cas merci d'être venu. Ca compte plus que tu ne le pense pour moi, fit-elle avec un vrai sourire tendre et sincère qui illumina son doux regard.