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Triptyque ~ Sean

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Luzia Ozores

Luzia Ozores


COTÉ DU BIEN
On n'emporte avec soi que le bien qu'on a fait.

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MessageSujet: Triptyque ~ Sean Triptyque ~ Sean  129196351Dim 10 Nov 2013 - 21:24

Ses pas, martelés au sol par ses bottines, résonnaient dans le couloir d'une telle façon qu'on l'entendait de très loin. Elle n'usait pas de sa discrétion habituelle mais cela lui convenait pour une fois – elle n'avait pas envie d'être discrète. Pour la simple et bonne raison qu'elle était furax. Pire que ça, même ! Elle se sentait capable de mettre en miette un Serpentard, si un avait l'idée de se mettre en travers de son chemin. Car ce ne pouvait être qu’eux, évidemment, pour avoir des idées aussi tordues, bizarres et malveillantes. Il n'y avait que les Serpentards qui se montaient le bourrichon au sujet de la qualité du sang.

Olivia s'était réveillée ce matin là en se plaignant d'une forte fièvre. Elle était pâle, en effet, et quand Luzia l'avait aidée à se lever pour l'emmener dans la salle de bain, elle avait vu, sur le bras nu de sa copine, une marque qu'elle n'avait jamais remarqué auparavant. Le problème, c'est que Olivia ne s'était pas tatouée.
- Mais c'est quoi ça ?! s'était-elle exclamée.

Un message, une écriture noire, étaient gravés dans son bras. « Méfie-toi ». Les deux filles avient eu un hoquet de terreur. Était-ce une blague de la part de l'école pour Halloween ? C'était de très mauvais goût. La menace, gravée à même la chaire. Les Serpentards. Luzia avait reçu une menace de ce genre en début d'année, sur papier, heureusement. Un message qu'elle savait provenir de Dylhan Yordanov. A côté d'Olivia, le sang de Luzia, bien qu'impur, n'avait fait qu'un tour.
Olivia s'était recouchée, préférant rester la journée au lit, voir comment ça allait évoluer avant d'aller à l'infirmerie. Elle comptait sur la discrétion de Luzia – d'ailleurs, les autres filles de la chambre ne se doutaient de rien. Lorsque l'Espagnole lui avait demandé si elle pouvait faire quoi que ce soit pour l'aider, Olivia l'avait priée de lui ramener quelques livres sympathique de la bibliothèque.

C'est pourquoi Luzia, tout en fulminant retournait vers la salle commune des jaunes, une BD de Mardi le Moldu Fou et un roman humoristique (le sorcier qui ne voulait pas fêter son anniversaire) glissés sous son bras. Elle ne croisait que peu de monde dans kes couloirs – il était relativement tôt et tout le monde récupérait du bal de la veille.
Elle aussi était fatiguée : elle avait dansé dans les bras de Nolan toute la nuit, sauté partout avec Olivia et Daithe, discuté quidditch avec Eanna et fait un concours avec Keith pour savoir lequel tomberait sur la dragée surprise la plus dégueulasse. Luzia avait donc enfilé rapidement son uniforme, attaché ses cheveux encore lissés en une haute queue de cheval avant de se rendre à la bibliothèque.

Elle s'inquiétait pour Olivia. La fièvre – le tatouage. Et si elle en mourrait ? Et si la marque lui restait toute sa vie ? Était-elle la seule dans cet état-là ? Si oui, pourquoi elle ? Puis elle eu une pensée qui lui serra la gorge : Charlie Spencer était morte, pourquoi pas Olivia ?

Elle tellement perdue ses pensées, ses pas la menant mécaniquement vers la salle commune, qu'elle descendait les escaliers vers les cachots sans prendre garde aux alentours. Alors, pour la troisième fois en quelques mois, elle tomba nez à nez avec Sean. Aller bon, songea-t-elle, que va-t-il se passer cette fois ? Elle avait raison de s'attendre à tout, vu les coups de théâtre qui avaient secoué leurs dernières rencontres. D'autant plus que cette fois-ci, c'était Luzia qui avait envie de s'exploser la tête contre les murs.
Elle n'en fit rien et, ralentissant le pas, elle laissa son ancien petit-ami venir jusqu'à elle. L'Espagnole s'efforça de composer un regard avenant et de demander sur un ton aimable :

- Salut Sean, tu vas bien ?

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MessageSujet: Re: Triptyque ~ Sean Triptyque ~ Sean  129196351Lun 11 Nov 2013 - 23:22

En ouvrant les yeux, Sean sentit tout de suite que quelque chose clochait. Il se sentait qu’il brûlait à l’intérieur. Regardant sur le côté, il vit l’un des réveils du dortoir indiquer une heure bien trop avancée pour se lever. Il se tourna donc et essaya de se rendormir. Lorsqu’il regarda de nouveau, même pas une minute était passée. Les draps commençaient à lui coller au corps. Il eut beau rejeté au loin les couvertures au bout du baldaquin, il avait encore bien trop chaud. Il se mit sur le dos, laissant les draps se glissés sous lui. Il était piégé à l’intérieur à présent et ne voulait pas se battre pour se libérer. Il se sentait bien trop faible pour ça. Il posa une main sur son front pour éponger la sueur qui l’envahissait et fut surpris par la fièvre qui était apparue si vite.

Ayant l’impression qu’il allait exploser, il s’extirpa avec difficulté et s’assit dans son lit. Il se leva et fit quelques pas dans le dortoir mais dû se retenir contre un pilier pour ne pas tomber. Il ferma les yeux et respira lentement. Même ce simple geste de tous les jours semblait être un obstacle en cet instant. Il réussit malgré tout à sortit sans trop faire de bruits et atteindre la salle de bain. Il s’étala dans la douche et activa l’eau froide. Il plongea la tête sous le jet d’eau. D’un geste irrégulier, il enleva son tee-shirt le déchirant en passant. Alors qu’il passa la main dans ses cheveux pour les enlever de ses yeux, un marquage sur son bras le frappa.

Il se releva en faisant attention à ne pas glisser et se plaça devant le miroir. Il prit une des serviettes placées sur le côté et sécha son visage. Alors, il regarda avec attention son bras. Une menace était tatouée dessus. Malgré toute la faiblesse qu’il ressentait, Sean savait très bien que son déguisement ne comprenait pas ce genre d’artifice. Il attrapa un savon et se mit à frotter avec toute la vigueur qu’il possédait. Rien à faire, l’écriture restait. Il avait juste réussi à entourer le tout avec un bon rouge sang. La serviette autour du cou, il retourna dans son dortoir. Il attrapa sa baguette et vérifia si l’un de ses idiots d’amis ne lui avaient pas fait une blague durant la nuit. Malheureusement, le tatouage ne répondit pas au sort. Il n’avait pas à réfléchir à pourquoi il avait ça. La fièvre ne voulait pas descendre. La douche froide lui avait faire du bien, mais maintenant il brûlait de nouveau. Il ne pouvait pas rester là. Il risquait de réveiller tout le monde malgré leur sommeil profond.

Il prit une chemise et un jean et ressortit. Se séchant de façon négligée, il lança la serviette dans la salle de bain. Il sortit avec précipitation et nervosité de la salle commune. Sans vraiment comprendre comment, il se retrouva dans le parc en un rien de temps. Il faisait froid dehors. Il pouvait voir la gelée blanche sur l’herbe. Pourtant, il n’avait pas froid. Il eut un frisson violent dû à la différence de température. Il ne put rester plus longtemps dans le vent frais. Il devait retourner à l’intérieur s’il ne voulait pas empirer son état. Il avait cru un instant qu’il se sentirait mieux mais c’était loin d’être le cas. Il tremblait de froid en arrivant dans le hall.

Il fermait à moitié les yeux alors qu’il remontait les escaliers pour sa salle commune. Il n’avait plus l’impression d’être vraiment éveillé. Il se tenait fermement au côté pour l’aider à retrouver de la force. Il ne reprit contact avec la réalité qu’au moment où il entendit des bruits de pas au-dessus de lui. Il pouvait comprendre qu’ils venaient vers lui mais rien de plus. Relevant la tête, il vit Luzia descendre dans sa direction. Il n’arrivait pas à voir où il se situait dans le château. Sa voix semblait lointaine. Il n’arrivait pas à la reconnaître. C’était comme si elle était bloquée par un mur épais, la rendant faible. Il eut un petit rire triste en saisissant sa question. Il leva les yeux vers elle et parla faiblement :
Comme tu peux sans doute le voir, pas terrible ! Promis, je n’ai rien bu hier !

Ne sachant pas si la conversation allait se poursuivre, il préféra sauver le coup et se tourna pour s’asseoir sur la marche. Il posa son dos contre la rambarde et se plaça de façon à l’avoir toujours dans son champ de vision. Il passa sa main sur son front pour enlever l’éventuelle sueur qui aurait pu se former durant sa promenade. Il était toujours aussi bruyant. Un courant d’air lui donna un nouveau frisson.

T’as l’air en forme toi ! Je ne peux donc pas en conclure que c’est à cause du buffet du bal. J’ai dû prendre un coup de froid… ça va toi ?
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Luzia Ozores

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MessageSujet: Re: Triptyque ~ Sean Triptyque ~ Sean  129196351Mer 20 Nov 2013 - 18:59

Sean avait les cheveux mouillés et s'était emmitouflé dans sa robe de sorcier, comme s'il avait froid. C'était clair que la température laissait à désirer : il faisait froid quand les couloirs ne fourmillaient pas d'élèves. D'autant plus qu'ils ne se trouvaient pas très loin du hall et donc des cachots, dans lesquels il faisait très froid. Luzia remarqua qu'il hésita un peu avant de répondre :

- Comme tu peux sans doute le voir, pas terrible ! Promis, je n’ai rien bu hier !

Et pour cause, il tremblait et n'avait pas l'air très assuré sur ses pieds. D'ailleurs, il s'assit à une des marches, un peu plus haut que Luzia, et s'appuya à la rambarde. Rien bu hier ? Vraiment ? Si Luzia avait été d'humeur, elle l'aurait taquiné à ce sujet. Elle se souvenait fort bien des lendemains de soirée arrosée avec Sean - s'il n'avait pas bu au bal, il l'avait peut-être fait dans la salle commune, avec Swann et Dexter.
Pâle, et comme épuisé par l'effort qu'il venait de faire, Sean ajouta un peu plus vivement :

- T’as l’air en forme toi ! Je ne peux donc pas en conclure que c’est à cause du buffet du bal. J’ai dû prendre un coup de froid… Ça va toi ?

Luzia essaya de sourire sans avoir l'air trop crispée. Tout allait bien, si ce n'était qu'Olivia était peut être dans un état critique, clouée au lit, un étrange message inscrit sur le bras.

- Ça va, finit-elle par dire d'une voix blanche.

Ce n'était pas tellement faux - elle était vraiment en forme. Tant et si bien qu'elle se voyait mettre au tapis une armée de Serpentards à mains nues.
Elle n'ajouta rien. Elle savait qu'elle aurait pu faire quelques remarques sur le bal de hier, sur le déguisement de Sean, par exemple, qu'elle n'avait pas manqué de remarquer, ou encore sur la météo - enfin, saisir les perches que lui tendait le jeune homme. Mais elle ne se voyait pas faire semblant d'avoir l'air contente et de tenir une conversation pour combler les blancs.
Elle était soucieuse et donc incapable de penser à autre chose qu'à son amie alitée. Et pourtant, elle n'avait pas envie d'en parler à Sean ; déjà parce qu'elle avait juré à Olivia qu'elle ne dirait rien, et de deux qu'elle ne voulait pas l'agacer avec ça - il devait avoir d'autres soucis, à commencer par le fait qu'il ait froid.

- Tu devrais remonter, suggéra-t-elle en espérant qu'il ne le prendrait pas mal, tu as vraiment une mauvaise mine.

Comme s'il était malade. Luzia tilta alors et fronça les sourcils.

- Attends, ordonna-t-elle doucement.

Elle posa les livres sur une des marches et s'avança vers Sean, le scrutant du regard. Il avait froid, mais elle nota que son front était couvert de sueur. De la fièvre. Comme Olivia.

- Ne me dis pas que... s'exclama-t-elle.

Sans plus de cérémonie, elle s'empara du bras droit de Sean si vivement qu'il ne put anticiper son geste, et remonta brusquement la manche pour dégager l'avant bras. Elle retourna la main, paume vers le ciel, et découvrit ce qu'elle ne voulait pas voir.

Méfie-toi.

Elle plaqua une de ses mains sur sa bouche, l'autre serrant toujours le bras de Sean.

- La madre que le.... * murmura-t-elle.

Lâchant le bras de Sean, elle s'assit sur la même marche que lui, regardant d'un regard vague le bout de ses bottines. Olivia n'était pas seule, donc. Combien avait ce même tatouage ? Et pourquoi eux deux et pas Luzia, alors qu'elle avait des raisons de croire que certains Serpentards n'auraient pas hésité à la marquer. Elle releva la tête vers Sean, mais était trop préoccupée pour chercher à déchiffrer son visage.

- Tu as ça depuis quand ? demanda-t-elle sèchement.




* Insulte en espagnol - je vous en fais grâce Wink



Dernière édition par Luzia Ozores le Mer 4 Déc 2013 - 22:43, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Triptyque ~ Sean Triptyque ~ Sean  129196351Mer 27 Nov 2013 - 22:29

Sean avait une vision réduite. Il avait beau être assis, il ne se sentait pas stable. Il avait l’impression que le monde tournait autour de lui. Il avait chaud et froid en même temps. Pourtant, il essayait de passer outre tout ça pour écouter Luzia. Il ne voulait pas se laisser guider par ce mal-être sortant de nulle part. Il ne voulait pas être malade. En plus, cela donnait l’impression qu’il n’était jamais dans son état normal en sa présence. Entre la difficulté avec elle et son ex, sa colère brute contre Keith, ça n’en finissait jamais.

La voix de la jeune fille parut plus distincte cette fois-ci. Il aurait aimé que ce ne soit pas le cas en décryptant son ton. Il la connaissait depuis un moment et il arrivait encore à reconnaître quand ça n’allait pas. Seulement, il ne savait plus s’il pouvait intervenir ou non. Leur relation n’était pas très claire depuis qu’ils se rencontraient. Il préféra donc rester silencieux. Par moment, c’était la meilleure solution pour s’en sortir. De toute façon, il n’arrivait pas à réfléchir sur ses dires. Il pouvait répondre à des questions, mais il ne fallait pas trop lui en demander.

D’ailleurs, elle semblait elle aussi toujours le comprendre vu le conseil qu’elle lui donnait. Il se doutait qu’elle ne lui voulait pas de mal. Elle ne lui aurait même pas parlé sinon. Elle n’avait pas de mauvais fond. Elle n’était pas à poufsouffle pour rien. Cependant, il ne put qu’hausser des épaules. Il n’avait pas le courage de répondre, ni de se relever. Il n’avait pas envie de prendre de décision. Il était tellement mal qu’il se persuadait du confort de l’escalier. Il pensait qu’elle allait partir sur ce commentaire. Elle devait avoir à faire et elle ne pouvait pas rester avec le boulet qu’il devenait. Surtout, vu son humeur, elle n’aurait pas la patience de le persuader de monter dans son dortoir. Elle aurait bien raison.

Alors, quand il l’entendit près de lui, il sursauta légèrement. Il ne comprit même pas ce qu’elle lui dit. Il tourna la tête juste pour la voir se pencher vers lui. Automatiquement, il eut un reflex de recul. Il ne l’avait pas vu aussi près depuis la dernière qu’ils s’étaient embrassés et c’était il y a très longtemps. Il fronça les sourcils. Pendant quelques secondes, il eut peur qu’elle le fasse de nouveau. Pourquoi peur ? Il n’aurait pu le dire. Il était un peu délirant en même temps. Ce n’était pas comme si elle allait vraiment le faire. Elle avait un copain après tout. Baissant la tête, il se sentit idiot. Il fit un bond de trois mètres en sentant sa main s’emparer de son bras. Sa tête devait avoir une expression encore plus ridicule. Il ne comprenait plus ce qu’il se passait. Il dû se retenir sur la marche à côté pour ne pas tomber et rouler jusqu’en bas de l’escalier.

Il sentit l’air frais caresser violemment sa peau. Un frisson horrible le parcouru. Il se crispa et réussit à ne pas ramener vers lui son bras. Il avait envie de le cacher sous ses vêtements pour enlever la sensation de gel qui l’engourdissait. Il ne le sentit même pas se tourner. Il ne ressentait que le froid en cet instant. Même la pression de la poigne de la poufsouffle était absente. Le temps devint un aspect incompréhensible de sa vie. Il se reconnecta au monde lorsqu’il put retrouver la liberté de ses gestes et donc recouvrir à toute vitesse sa peau dans une couche énorme de vêtements.

Après quelques secondes, une certaine lucidité revint. Il ferma les yeux fermement et respira lentement. Il se crispa un peu plus pour mieux se détendre. Tournant la tête, il vit la jeune fille posée à ses côtés. Elle semblait ailleurs et loin d’être de meilleure humeur. Elle le regarda sans être présente. Son ton devint presque agressif pour lui. Il ne comprenait pas ce qui lui prenait. Il ne comprenait même pas ce qu’elle pouvait demander. Elle devenait folle ou quoi ?

Mais de quoi tu parles ? Qu’est-ce qui t’arrives là ?

Sa voix était faible et il se sentait vraiment perdu. Il avait du mal à rejoindre tous les bouts de la conversation. Elle ne l’aidait pas à changer d’avis toutes les deux secondes. Elle ne semblait plus aussi gentille qu’auparavant. Il posa la tête contre la rambarde, la sentant trop lourde pour la tenir. Sa vue se brouilla de nouveau et avec le plafond comme fond, il eut une vision de son bras rouge. Petit à petit, une marque noire se révéla au milieu. Il se redressa d’un coup et s’exclama :

Comment tu savais que j’avais ça ? Luzia ! Comment ? Tu as fait ça ? Qui ?

Une énergie nouvelle l’envahit. Il n’arrivait pas à savoir comment il avait réussi à faire le lien mais il l’avait fait. Luzia ne pouvait qu’avoir connaissance du marquage. Elle n’aurait pas eu le geste de regarder à cet endroit précis sinon. Cela voulait donc dire que quelqu’un d’autre l’avait, quelqu’un de proche d’elle. Ce ne pouvait donc pas être ses idiots de potes. En temps normal, il aurait pu le savoir à partir du moment où il n’avait pas réussi à contrer le message.

L’énergie retomba directement. La fièvre récupéra le moindre soupçon de vigueur qu’il avait pu avoir. Il baissa la tête et la posa sur ses genoux. Son souffle devint court. Un excès de chaleur rendit sa chemise humide. Il plia les genoux pour regrouper toute la chaleur de son corps à lui. Il passa sa main sur son visage, découvrant une pellicule de sueur. Il l’essuya sur sa chemise avant de renvoyer ses cheveux trempés en arrière. Sa gorge devint irritée et sa voix s’enroua sous la différence de température.
Excuse-moi. Je ne suis pas dans mon meilleur état et je ne comprends pas pourquoi. Sans parler de cette marque qui sort de nulle part ! Je me disais que tu pouvais peut-être m’aider à découvrir d’où elle vient vu que tu as tout de suite été la chercher… ?
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MessageSujet: Re: Triptyque ~ Sean Triptyque ~ Sean  129196351Jeu 5 Déc 2013 - 22:22

Hagard et grelottant, Sean ne semblait pas voir de quoi la jeune fille parlait. Il ne répondit pas à sa question - c'était comme si elle sortait de nulle part et qu'elle s'était pointée devant le jeune homme en dansant des claquettes.

- Mais de quoi tu parles, demanda Sean, les sourcils légèrement froncés. Qu’est-ce qui t’arrives là ?

Et alors que Luzia allait lui répliquer de se secouer un peu, il sembla comprendre, se ressaisir. Dans une sorte d'élan, il cessa de s'appuyer contre la rambarde et dit vivement :

- Comment tu savais que j’avais ça ? Luzia ! Comment ? Tu as fait ça ? Qui ?


Luzia l'observa un moment puis se passa la main sur le visage. Devait-elle le dire ? Elle savait que Sean n'irait pas le répéter, mais elle avait juré à Olivia qu'elle n'en dirait rien, et ce sous aucun prétexte. Découvrir que le Serdaigle portait aussi cette marque la chamboulait. Les Serpentards avaient frappé fort. Elle ignorait toujours comment, et surtout pourquoi elle ne portait pas la marque... Sean, qui avait paru se remettre d'aplomb, retomba alors dans sa létargie, comme si, parce qu'elle tardait à répondre, il perdait son entrain. Il trembla violemment sous sa couche de vêtements, se ramassa sur lui même avant d'articuler péniblement :

- Excuse-moi. Je ne suis pas dans mon meilleur état et je ne comprends pas pourquoi. Sans parler de cette marque qui sort de nulle part ! Je me disais que tu pouvais peut-être m’aider à découvrir d’où elle vient vu que tu as tout de suite été la chercher… ?

Luzia regarda en face d'elle, son regard se perdant le long des pierres murales, ne sachant pas trop par où commencer. Car elle savait, à présent, qu'elle lui dirait tout ce qu'elle savait : elle pouvait le laisser là, sans réponse. Elle se retourna pour vérifier que personne ne venait et qu'ils ne risquaient pas d'être entendus.

- Tu as froid, hein ? demanda-t-elle, soucieuse, alors que Sean remontait pour la énième fois le col de sa robe.

Doucement, elle glissa sur la marche pour se rapprocher du Serdaigle et se coller à lui, histoire de lui apporter un peu de sa chaleur. Bon, c'était aussi pour gagner du temps, pour mettre de l'ordre dans ses idées, essayer de calmer le flot de paroles qui risquait de sortir de sa bouche - en Espagnol qui plus est.

- Je crois, commença-t-elle alors, que ce n'est pas pour rien que tu es malade. Ta fièvre. Elle... a un rapport avec le message sur ton bras.

Elle sentait, contre son bras droit, Sean tressaillir, et l'entendit même claquer des dents. Luzia inspira fortement avant de lâcher d'une traite.

- Olivia aussi. Elle est malade depuis ce matin. Tellement qu'elle n'a pas pu se lever de son lit, j'ai du l'aider, et elle a cette marque elle aussi.

Voilà, c'était dit. Mieux valait que Sean sache qu'il n'était pas le seul dans cet état là. Ça aurait de quoi angoisser. D'ailleurs, elle irait le dire à Olivia ce qu'elle venait de découvrir. Ils étaient au moins deux. Ils ne peuvent pas tuer deux personnes. , songea-t-elle. C'était un trop grand risque.

- Quant à ceux qui vous ont fait ça, fit-elle d'une voix crispée, le poing se serrant sur genoux, je crois qu'il ne peut s'agir que des Serpentards.


En réalité, l'Espagnole n'avait aucune preuve, mais elle ne voyait pas qui d'autres à part eux. C'était tellement affreux et tellement injuste...

- C'est pour ça que je suis particulièrement furiosa, là. Je me sens prête à... défoncer le premier vert qui se pointe.

Son ton était dur et trahissait sa colère. Maintenant que Sean était au courant, c'était comme si on venait d'ouvrir les vannes. La jeune fille sut qu'elle aurait du mal à se calmer...

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MessageSujet: Re: Triptyque ~ Sean Triptyque ~ Sean  129196351Ven 6 Déc 2013 - 0:12

Sean releva lentement la tête. Tous les gestes qu’il pouvait faire, si petit soient-ils lui prenaient toute son énergie. Seulement, il avait tellement envie de comprendre ce qu’il lui arrivait. Luzia semblait être la solution au mystère qui le rendait faible. Il essaya de décrypter son visage malgré toutes les sensations troubles qui l’envahissaient. Il n’arrivait cependant pas à reconnaître quel sentiment régnait en elle. Surtout, elle avait tourné la tête de façon à ce qu’il ne pouvait apercevoir qu’une partie d’elle. Il la vit bouger et crut qu’elle allait le laisser là. Elle ne semblait pas d’humeur à parler. Il ne l’avait pas souvent vu comme ça, à part quand ça n’allait pas entre deux. Seulement, ce n’était pas les meilleurs souvenirs qu’il avait d’elle. Il aurait voulu éviter ça en cet instant. Il n’était pas en état de répondre et de faire face. Si elle réagissait comme il le craignait, il allait succomber. Il n’était pas sûr de pouvoir le supporter.

Pourtant, elle n’eut pas du tout cette attitude. A la place, elle se rapprocha de lui comme pour le réchauffer. Malgré la confusion de son esprit, il put apercevoir qu’elle se faisait du souci pour lui. Sa voix le lui faisait ressentir. Il se contracta d’un coup pour relâcher toute pression d’un coup. Il ne s’attendait pas à sa présence aussi près de lui. Il ne savait que ressentir. C’était loin de le déranger, pourtant il y avait quelque chose de bizarre dans ce geste. Il ne savait pas comment réagir. Il ne savait pas s’il devait se rapprocher un peu plus ou juste rester comme ça. Alors, pour ne prendre aucun risque, il choisit de rester immobile. Il fit comme s’il était sans aucune énergie ce qui pouvait passer vu son état.

Il écouta attentivement chacune de ses paroles. Il essayait de faire un lien avec ce qu’il avait ressenti depuis son réveil, le bal de la veille, ce qu’il avait pu faire pour être comme ça. Il essayait de décoder ce qu’elle essayait de lui dire. Lui qui habituellement pouvait sortir une explication sur n’importe quelle situation incompréhensible aux yeux des autres se retrouvait à la place de ces autres. Il n’arrivait presque pas à comprendre le sens d’une phrase alors faire le lien avec le reste de ses paroles devenait compliqué. La jeune fille mâchait ses mots, comme si elle ne voulait pas les prononcer. Elle semblait contrariée à l’idée de lui en parler. Il fronça les sourcils. Pourquoi se forcer ? Ce n’était pas comme si elle lui devait quoi que ce soit.

La mécanique de son cerveau était toujours rouillée. Sean fut étonné de la colère qui émergea d’elle lorsqu’elle accusa les serpentard. Il finit choqué à la fin de ses paroles. Il n’aurait jamais cru entendre ce genre de paroles chez la jeune fille. Jamais elle n’avait fait une quelconque allusion à la violence, à part peut-être au quidditch. Il ne pouvait pas croire que c’était son ex qui était contre lui. Il savait que lui-même s’était transformé en monstre violent quelques temps auparavant mais elle le lui avait reproché durement. Il tourna la tête vers elle, le regard vide, de la sueur coulant de son front. Seule une voix faible put sortir de sa gorge, à peine un murmure :

Luzia…

Il ne savait pas quoi lui dire. Il ne voulait pas la contrarier de peur que ce soit lui qui devienne sa victime. Il savait très bien qu’il n’avait aucune chance contre elle. Il ne pourrait pas lui faire du mal. Il ne pouvait même pas imaginer la blesser. Et même s’il se tenait face à Black, il ne serait pas capable de se défendre correctement. Mais il ne pouvait pas non plus la laisser avec cette colère immense. Il ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait. Il avait du mal à comprendre pourquoi elle lui avait parlé d’Olivia. Il n’arrivait pas à réfléchir. Cela lui semblait en dehors de ses limites. Lui, l’intelligent du groupe, était incapable d’avoir deux pensées cohérentes.

Je suis désolée… Je n’arrive pas à suivre. Je… je ne suis pas moi-même…


Il allait empirer le tout, il en était sûr. Pourtant, il devait lui faire comprendre qu’elle ne pouvait pas lui en vouloir. Son cerveau était devenu de la bouillie. Il devait ressembler à de la purée de betterave ou quelque chose du même style et non au mécanisme bien huilé de d’habitude. Il planta son visage dans ses mains et se mit à bouillonner de l’intérieur. Ses manches tombèrent d’elles-mêmes sur ses coudes. Il revit la marque qu’il avait essayé à tout prix de retirer plus tôt. Le sang avait fini par disparaître. Il avait continué son chemin dans ses veines. Seule l’écriture était visible sur sa peau blanche. Il imagina ensuite une autre personne avec cette marque, comme décrit par la jaune et noir.

Attends ! Tu es en train de me dire que ce que j’ai est dû à une blague médiocre ? Que des serpentards m’ont ensorcelé pour me rendre faible et me marquer comme un esclave ?

Un nouveau regain d’énergie l’avait envahi mais ne dura pas longtemps encore une fois. Sa voix devenait de plus en plus catastrophique. Entre la fièvre, le froid, son excitation temporaire, elle semblait se détériorer plus rapidement. Il la regarda et l’observa plus attentivement. Même s’il se sentait faible, il avait l’impression de mieux comprendre ce qu’il se passait aux alentours. L’effort fournit pouvait peut-être durer assez longtemps pour parler avec elle. Pourtant, il ne reconnaissait pas la fille qu’il avait aimée. Son expression était bien trop dure pour lui appartenir. Il ne pouvait pas croire qu’elle avait changé à ce point. Ce n’était juste pas possible.
Luzia

Il y avait une sorte de douceur dans son ton. Il espérait pouvoir essayer de la calmer et ainsi l’aider à s’ouvrir à lui. Il avait peur d’être maladroit, de dire une parole inappropriée ou de faire un mauvais geste. Pourtant, il avait l’impression de ne plus être à ça près. Au pire, elle lui collerait une claque et partirait en furie. Il aurait fait ce qu’il pouvait.

Je sais que je suis lent à comprendre. Ce n’est pas… habituel. Mais tu ne vas pas me dire qu’une simple blague de bouseux te mette dans un état pareil ?

Il y allait doucement. Il prenait son temps pour lui parler. Il avait oublié comment faire depuis le temps. Deux auparavant, il aurait su exactement quoi faire. En même temps, il aurait su ce qu’il se passait. Là, il avait l’impression d’être un étranger se battant contre un mystère qu’il n’a pas le droit de résoudre. C’était absurde. Hésitant une seconde, il finit par placer un bras autour d’elle. Il voulait lui montrer qu’il était là, qu’il voulait la protéger, comprendre. Il fit son possible pour ne pas se crisper. Il réajusta sa position pour ne pas se poser sur elle. Il était bien trop lourd pour elle. Sans oublier qu’elle risquait de le rejeter brusquement sous la colère.

Parle-moi Luz ! Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi une telle réaction ? Tu sais que je peux comprendre… Vu ma réaction de l’autre jour, je ne peux pas juger, mais explique-moi s’il te plait !
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MessageSujet: Re: Triptyque ~ Sean Triptyque ~ Sean  129196351Mer 11 Déc 2013 - 23:14

Sean l'écouta débiter ses phrases - du moins était-ce la première impression de la jeune fille car, quand il lui parla, il lui sembla qu'il ne saisissait pas grand chose. Tremblant contre elle, il se battait avec le sens de ses paroles tout comme il se battait contre sa fièvre.

- Attends ! Tu es en train de me dire que ce que j’ai est dû à une blague médiocre ? Que des Serpentards m’ont ensorcelé pour me rendre faible et me marquer comme un esclave ?

C'est clair que c'était tout à fait ça. Luzia ne dit pas grand chose car tout cela la laissait songeuse. Sean avait raison. Ce tatouage, c'était une marque, signe de leur soi disant infériorité. L'Histoire se répétait. Il ne s'agissait plus des juifs, mais des moldus, de ceux que l'on considérait comme impurs. Une fois encore, l'Espagnole se demanda pourquoi elle n'avait pas cette marque. Elle fronça les sourcils ; elle ne comprenait rien et ça l'exaspérait au plus haut point.

- Luzia, souffla doucement Sean à ses côtés.

Elle ne dit rien, elle savait qu'elle exploserait si elle ouvrait la bouche. Or, ce n'était pas le moment, ni l'endroit.

- Je sais que je suis lent à comprendre. Ce n’est pas… habituel. Mais tu ne vas pas me dire qu’une simple blague de bouseux te mette dans un état pareil ?

Elle secoua la tête. Sean, songeait-elle, il suffit de voir ta tête, tes cernes, tes tremblements, pour comprendre que ce n'est pas une blague de bouseux ! Elle allait le lui répliquer lorsqu'il eut un geste tout à fait inattendu qui la stoppa dans son élan. Allongeant son bras, il entoura ses épaules dans un geste plein de réconfort.

- Parle-moi Luz, fit-il alors. Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi une telle réaction ? Tu sais que je peux comprendre… Vu ma réaction de l’autre jour, je ne peux pas juger, mais explique-moi s’il te plait !

Luzia se passa les mains sur le visage. Elle était troublée d'être si proche de Sean pour la première fois depuis si longtemps. Le voilà qui la réconfortait alors que c'était lui qui était mal. L'Espagnole tourna doucement la tête vers lui et observa son visage fatigué, rendu un peu humide par la sueur. Elle lisait dans ses yeux son incompréhension et son inquiétude. Le pire - ou le mieux, elle ne saurait dire - c'était qu'il ne s'inquiétait non pas pour lui, mais pour elle.

Comme avant.

Ils ne disaient plus rien depuis un moment. Sean attendait qu'elle réponde, sans insister davantage car il savait qu'il ne tirerait rien elle si elle avait décidé de se taire. Alors, inspirant profondément et regardant de nouveau le bout de ses pieds, elle dit lentement :

- Je n'en sais pas plus que toi... Je ne sais pas pourquoi c'est toi et Olivia... Quant à ma colère...

Une boule, dans sa gorge, la bloqua dans sa phrase. Même collée contre Sean elle frissonna soudainement.

Méfie-toi. Tels étaient les mots que lui avait envoyé Yordanov en début d'année, histoire qu'elle se taise. Qu'elle ne dise rien de ce qu'il lui était arrivée au printemps dernier.
Elle ne pouvait pas dire.

Pas à Sean.

Et puis, à quoi cela servirait de le dire ? C'était fait. Elle ne pouvait revenir en arrière et tout changer...

- J'en veux aux Serpentards. Enfin, à quelques uns.

Pas à tous, évidemment. Lyleïa lui avait montré qu'il y avait aussi des gens très bien. Force était de constater, cependant, qu'ils étaient rares. La boule dans sa gorge se dissipa un peu et elle respira plus librement. Elle se tourna vers Sean qui l'observa lui aussi, attendant davantage de précisions. La jeune fille leva les yeux au ciel et murmura :

- Je... J'ai... annôna-t-elle.

Puis elle se tut. Elle était secouée de tremblements incontrôlables. Luzia revoyait dans sa tête des images flous qui avaient accompagnées sa torture, elle entendait des bribes de paroles et, le pire, c'était qu'elle ressentait dans tous ses membres la douleur qui avait failli la rendre folle ce jour-là. Elle retrouvait la sensation de n'avoir été qu'une poupée de chiffon entre des mains malveillantes. La boule éclata dans sa gorge et des larmes coulèrent du coin de ses yeux.

D'une main tremblante, elle s'essuya les joues ; mais c'était peine perdue, parce que de nouvelles larmes se déversaient.

- J'ai été torturée, lâcha-t-elle, lapidairement.

C'était dit. Et pour rien au monde elle ne voulait voir le visage de Sean.


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MessageSujet: Re: Triptyque ~ Sean Triptyque ~ Sean  129196351Dim 15 Déc 2013 - 22:39

Sean avait vu juste. Il n’y avait pas que ça qui la plombait. Elle avait beau essayer de lui faire croire, elle devait se douter que ça ne fonctionnait pas avec lui. Il la connaissait bien trop pour cela. Et puis, il y avait tellement eu de blagues douteuses avec les serpentard qu’elle n’y faisait plus attention normalement. Elle avait même arrêté de faire attention à celles du serdaigle. Alors elle ne pouvait pas le convaincre maintenant qu’elle était en colère à cause de ça seulement. Même en étant faible, malade, Sean pouvait reconnaître la détresse quand il la voyait.

Il ne bougea pas d’un pouce lorsqu’elle se tourna vers lui. Elle semblait l’étudier mais il n’en avait que faire. Il n’avait rien à cacher. Elle l’avait vu dans tous ses états. Maintenant, c’était à lui de la découvrir de bout en bout. Il ne comptait pas s’enfuir. Elle ne le verrait pas avoir peur d’elle. Elle pouvait se libérer autant qu’elle le voulait, pouvait, il resterait là pour elle. C’était l’une des seules personnes qui le comprenait vraiment et il ne comptait pas la perdre. Même s’ils ne se parlaient pas vraiment, ils savaient que leur histoire serait toujours un moment important de leur vie.  Il n’aimait donc pas la voir comme ça. Il fallait que ça sorte. Il fallait qu’elle explose un jour, que ce soit en parlant ou en explosant réellement.

Elle finit par regarder de nouveau par terre. Le jeune homme s’empêcha de souffler. Il avait peur qu’elle s’enferme sur elle-même. Il ne pourrait pas la faire craquer. Il n’était pas en état pour. Même s’il l’était, il n’était pas sûr d’être la bonne personne pour le faire. Il ne pouvait pas être certain d’être le confident approprié. Juste pour qu’elle aille mieux, il aurait aimé effacer leur lien juste deux minutes et enlever toute la gêne entre eux deux. Il aurait voulu devenir un pur inconnu à qui elle aurait pu parler sans avoir peur d’avoir honte ou d’être jugée. Juste devenir la personne qu’elle avait besoin pour aller mieux.

Cependant, il n’avait peut-être pas besoin de tout ça. Une petite voix sortit de la bouche de Luzia. Seulement, elle ne parvint pas à dire ce qu’il voulait entendre. Elle avait déjà dit ça avant. Elle se répétait. Elle gagnait du temps. Elle ne voulait sans doute pas lui parler. Il sentit soudain tout son corps trembler. Il était pourtant sûr que ce n’était pas lui. Pour une fois, il arrivait à rester de marbre en quelque sorte. Il contrôlait mieux sa fièvre sans vraiment savoir comment. Il tourna sa tête vers la poufsouffle et la vit trembler de tout son corps. Sans attendre, il se rapprocha d’elle et l’entoura un peu plus de ses bras.

Puis finalement vint une semi-confidence. Il n’aurait jamais cru entendre ça de sa bouche. Luzia en vouloir à quelqu’un. Il fallait vraiment l’avoir blessé pour recevoir un tel sort. Même lui qui l’avait fait souffrir pendant des mois était toujours là. Il fronça légèrement les sourcils. Il avait envie de poser des dizaines de questions mais il se força à rester silencieux. Elle le regarda de nouveau et il en profita pour l’observer. Quelque chose la détruisait de l’intérieur. Elle n’arrivait même plus à parler. Elle ne se contrôlait plus. Sean la prit entièrement dans ses bras. Il essayait de l’entourer le plus possible. Il pouvait l’entendre craquer. Il ne put s’empêcher d’éviter son regard. Il ne pouvait pas la voir pleurer. Il ne tiendrait pas.

Et les mots terribles furent lâchés. Le silence se fit d’un coup, comme si la guillotine était tombée. La fin était là. Les souffles avaient disparu. La fièvre n’était qu’un détail inutile parmi les autres. Les tremblements redoublèrent de puissance. Le corps de Sean semblait suivre le mouvement. Son esprit avait disparu dans les méandres de ses paroles sans sens. La vie semblait partir de la place. Comment était-il possible d’avoir un quelconque semblant de vie avec cette révélation ? Luzia torturée…  Dans quelle vie était-ce possible ? Dans quel monde ?

Ce n’était pas possible. Elle mentait, il ne pouvait y avoir que ça. Elle se moquait de lui pendant qu’il était encore faible. Il lui avait fait tellement de blagues et de mal, elle avait décidé de se venger. Il ne pouvait pas y avoir une autre explication ! Seulement, Luzia n’était pas comme ça. Elle n’avait pas mauvais fond. Il releva la tête et fit face à la jeune fille. Elle était défigurée par la douleur. Elle tremblait de tout son corps. Les larmes coulaient à flot. Le bonheur qui était censé l’illuminer avait disparu depuis un long moment. Elle était… Brisée !

Sean leva sa main lentement, toucha sa joue. Sa peau était toujours aussi douce. Il piégea une larme sur son doigt et la fit glisser le long de sa peau. Comment pouvait-on toucher à Luzia ? Comment lui faire du mal ? Son visage fut brouillé par un mince filet d’eau salée. Il cligna des yeux, retrouvant une certaine netteté. Le vide semblait envahir sa tête. Il ne savait quoi lui dire. Rien ne pouvait guérir ce qu’elle avait subi. Il n’y avait rien à dire, rien à faire. Juste être là. Il déplaça sa main jusqu’à sa nuque, puis son dos. Il l’a prise avec douceur dans ses bras. Il ne faisait même plus attention à la gêne qui avait pu exister entre eux. Il lui donna juste toute la douceur qu’il pouvait.

Qui… ?

C’était la seule question qui lui vint à l’esprit. Il ne voulait même pas demander ce qu’il s’était passé, ni pourquoi parce qu’il n’y avait pas de réponses correctes. Il n’était même pas sûr de vouloir connaître ces horreurs. Que pouvait-il leur faire après tout ? Est-ce que les massacrer changerait quoi que ce soit pour Luzia ? Il ne ferait qu’empirer sa douleur. Il l’avait bien vu la dernière fois. Elle était mal de le voir aussi détruit. Il enfonça sa tête dans sa nuque et la serra contre lui. Il aurait voulu rester là toute l’éternité pour la protéger de tous les malheurs de cette terre.

Il finit par se reculer lentement. Il garda ses yeux baissés alors qu’il s’éloignait d’elle. L’air qu’il respirait restait bloqué dans sa gorge. Il releva sa tête et la regarda. Chaque détail de son visage revint clairement dans son esprit. Il pouvait la revoir rigoler à ses côtés dans la salle de repos. Des larmes reprirent leur liberté. Ses doigts touchèrent une nouvelle fois sa joue alors qu’il replaçait une de ses mèches derrière son oreille.

Je… Je ne sais pas…

Il regarda derrière elle. Il n’arrivait pas à lui faire face. Il lui avait demandé ce qui lui était arrivé et il n’était pas capable de faire ça pour elle. Il ferma ses yeux et essaya de respirer. Tout restait bloqué. Sa main était toujours en contact avec la poufsouffle. Il pouvait sentir tous ses mouvements. Il se concentra là-dessus et essaya de reprendre le contrôle. Avec une conviction douloureuse, il revint dans le vrai monde et plongea son regard dans ses yeux.

Dis-moi ce que je dois te dire… Dis-moi ce que je peux faire ! Je suis impuissant. Si je le pouvais, je ferais remonter le temps et te trouverais avant tout ça, mais je ne peux pas. Je ne peux qu’être là pour toi… Seulement même ça je ne sais pas faire. Je voudrais tellement entrer dans ta tête juste un instant et te voler toute cette peine qui te brise !

Sa voix se cassait alors qu’il parlait. Des larmes déferlaient sur son visage, se battant pour arriver la première. Sa tête fut soudain lourde. Une chaleur intense le brûlait de l’intérieur. Une migraine monta piquant son cerveau de toute part. Seulement, il n’en montra rien. Il déplaça juste sa tête pour la poser contre le front de la jeune fille. Son regard n’avait pas dévié une seconde.

Par contre je sais une chose, Luzia : tu es plus forte que ces… Je ne sais pas ce que tu as vécu, je ne sais pas ce qu’ils t’ont fait, mais tu dois t’en remettre. Tu ne peux pas te laisser détruire ! Tu m’entends ! Tu n’as pas le droit ! Tu dois vivre, rigoler, être toi ! Fais-le pour ton entourage, pour toi… Fais-le pour moi !
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MessageSujet: Re: Triptyque ~ Sean Triptyque ~ Sean  129196351Dim 22 Déc 2013 - 19:58

Sean, à ses mots, s'était raidi. Son corps avait cessé d'être à la merci des tremblements de la fièvre. Luzia, quant à elle, ne contrôlait plus rien. Ses membres tremblaient et les sanglots se succédaient les uns après les autres. C'était comme si elle avait ouvert une écluse et que l'eau qui se trouvait derrière se déversait en d'immenses tourbillons. Elle sentait que Sean la prenait dans ses bras, tentait vainement d'essuyer ses larmes et, à défaut de trouver les mots justes, il lui montrait qu'il était là.

Ils étaient là, tous les deux, Luzia dans ses bras, sanglotant comme une fillette après un terrible cauchemar et lui, choqué, abasourdi par la nouvelle. Ça faisait longtemps. Longtemps que Luzia n'avait pas été enlacée par Sean et jamais encore il ne l'avait pris dans ses bras d'une telle manière. Des bras qui lui semblaient comme un nid, avec ses mains qui passaient sur ses joues comme une caresse. Luzia ne voyait plus, aveuglée par les larmes, mais elle sentait sur elle le regard de son ancien petit-ami et évitait de tourner la tête vers lui. Elle devait être suffisamment pathétique.

Alors que Sean lui frictionnait le dos, il lui demanda de qui il s'agissait. Mais Luzia, la gorge oppressée par les larmes, ne put même pas lui répondre. De toute façon, elle ne connaissait pas l'identité de ses agresseurs. C'était des Serpentards, voilà tout ce qu'elle savait. Sean enchaîna alors, car il semblait vouloir vraiment comprendre  ce qu'il s'était réellement passé.

- Dis-moi ce que je dois te dire… Dis-moi ce que je peux faire ! Je suis impuissant. Si je le pouvais, je ferais remonter le temps et te trouverais avant tout ça, mais je ne peux pas. Je ne peux qu’être là pour toi… Seulement même ça je ne sais pas faire. Je voudrais tellement entrer dans ta tête juste un instant et te voler toute cette peine qui te brise !

A ces mots, les sanglots de Luzia redoublèrent, non pas parce que sa douleur augmentait - elle était présente depuis de nombreux mois et la jeune fille avait appris à faire avec - mais parce que les mots du Serdaigle la touchait réellement. Ils étaient liés à jamais, tous les deux, et là, le jeune homme lui montrait qu'il était vraiment disponible pour elle et prêt à supporter sa douleur. Il posa son front contre le sien avant de murmurer :

- Par contre je sais une chose, Luzia : tu es plus forte que ces… Je ne sais pas ce que tu as vécu, je ne sais pas ce qu’ils t’ont fait, mais tu dois t’en remettre. Tu ne peux pas te laisser détruire ! Tu m’entends ! Tu n’as pas le droit ! Tu dois vivre, rigoler, être toi ! Fais-le pour ton entourage, pour toi… Fais-le pour moi !

Luzia secoua la tête de gauche à droite, contre le front du jeune homme. Non, non, elle n'était pas plus forte qu'eux - ils auraient pu la tuer comme un vulgaire lapin. Mais c'était aussi un non qui disait qu'elle ne se laisserait pas abattre, car malgré tout, elle avait continuer de vivre, elle avait eu ses examens de sixième année, se donnait toujours à fond aux cours de botanique et aux entraînements de Quidditch. Et puis, il y avait Nolan, Olivia, Dowey, et tous les autres qui, même s'ils ignoraient tout de l'affaire, étaient là à leur manière. Luzia n'avait pas le choix, de toute manière, elle devait aller de l'avant.
Seulement là, comme elle se confiait à Sean, elle ne pouvait plus faire semblant. Elle se rappelait avoir fait cette même confidence à Lyleïa, mais d'être parvenue à rester plutôt maîtresse d'elle-même. Elle ne connaissait pas tellement Lyleïa et ne savait pas, à l'époque, si elle pouvait lui faire pleinement confiance.
Or, à présent, c'était Sean. Elle avait confiance en lui, et savait qu'elle pouvait se laisser aller. Maintenant qu'elle avait commencer à livrer, elle comptait aller jusqu'au bout. Elle sentait les mots en elle se bousculer ; seuls ses hoquets les empêchaient de franchir ses lèvres.

L'étreinte de Sean, toutefois, faisait son effet. Au bout d'un moment, ses pleurs s'étaient atténués et elle pouvait respirer de façon un peu plus régulière. Sur ses genoux, ses mains étaient toujours aussi crispées et elle était encore parcourue de nombreux frissons. Sa tête se laissa tomber sur l'épaule de Sean.

- Je ne sais pas qui.... On m'a lancé un sortilège d'amnésie qui n'a pas tout à fait marché. C'était dans les toilettes, aprovecharon de que fue sola. Ils ont profité du fait que j'étais seule - je ne sais pas pourquoi...

Elle passa la main dans son cou, mouillé de larmes. Luzia faisait une pause parce qu'elle sentait l'arrivée imminente de nouveaux sanglots, mais aussi parce qu'elle savait que tout ce qu'elle dirait pas la suite serait en Espagnol - elle devait tout ordonner dans sa tête et ses émotions ne rendaient pas la chose facile.

- Je crois qu'ils testaient un sort. De la même veine que le Doloris, sauf que je ne pouvais pas bouger. J'ai cru que j'allais mourir de douleur et devenir folle.

Sa voix se brisa et elle enfouit sa tête contre le torse de Sean, mouillant son pull. Elle voulait tout oublier. C'était égoïste, elle le savait, mais elle aurait voulu que le Serdaigle absorbe et la débarrasse de toute sa douleur.

- Si tu savais l'effet de ce sort...

Les sensations d'être écartelée, écrasée, rouée de coups et découpée petits morceaux par petits morceaux...

- De la Magie noire, articula Luzia.

Sans parler de son sentiment de honte de s'être laissée avoir aussi facilement, de n'avoir pu démasquer ses agresseurs et, pire encore, de se laisser marcher cette année sur les pieds par ces faces de goules de Yordanov et Ravensdale qui ne manquaient jamais de lui rappeler son statut de victime. L'Espagnole savait aussi qu'elle vivrait toute sa vie avec ce traumatisme, cette peur de se faire avoir de nouveau. La fièvre d'Olivia et Sean le prouvait : les SERPENTS étaient toujours prêts à frapper. Comme elle se rappelait que le Serdaigle était malade, elle se redressa et posa sa main sur son épaule avant de murmurer :

- Je suis désolée de te raconter tout ça. Tu es malade... Pas en état de supporter tout ça...

Elle le regarda pour la première fois depuis plusieurs minutes. Il était visiblement secoué et avait pleuré. Ses yeux rouges la regardait avec douleur et inquiétude et l'émotion semblait le rendre incapable de dire quoi que ce soit. Ce fut au tour de Luzia de passer sa main sur la joue humide et râpeuse de Sean. Elle sentait qu'il était si bouleversé qu'il avait du mal à respirer.

- Merci, souffla-t-elle, d'être là.

Mais ce mot, à cet instant, pour elle, ne voulait rien dire. Même en Espagnol, même dans toutes les langues du monde, le mot restait trop faible et trop banal. Alors Luzia fit à la fois quelque chose de très stupide et de très fort. Elle avança son visage, encore mouillé par les larmes, et posa ses lèvres sur celles de Sean. Son esprit, fatigué par toutes ces émotions ne tira en aucune façon sur la sonnette d'alarme. Le baiser passait comme une lettre à la poste. D'abord douce, Luzia se laissa alors aller, comme Sean répondait en la serrant d'avantage dans ses bras. Tout ce qu'elle n'avait pu dire et formuler, elle le faisait passer dans ce baiser. Leurs souffles se mélangeaient et Luzia jouait de ses doigts avec les cheveux de Sean.

C'était comme avant. Comme s'ils ne s'étaient jamais séparés, comme si deux années ne s'étaient pas écoulées depuis leur dernier baiser échangé. Sean entrouvrit les lèvres et Luzia en profita pour aller taquiner sa langue, entourant le cou du jeune homme de ses bras. Tout cela lui faisait un bien fou. Elle sentait son chagrin et sa douleur s'éloigner au grand galop et, au contraire, une douce langueur l'envahir. Les yeux fermés, la jeune fille savourait cette plénitude, ce bien-être qui prenait possession d'elle.

A contre-cœur, parce qu'il fallait bien qu'elle reprenne sa respiration, elle rompit le baiser. De nouveau, elle posa son front contre celui de Sean, caressant du sien le bout du nez du Serdaigle et murmura doucement :

- Pardon... Mais merci...


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Dernière édition par Luzia Ozores le Sam 4 Jan 2014 - 18:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Triptyque ~ Sean Triptyque ~ Sean  129196351Mar 24 Déc 2013 - 13:46

Sean ne savait pas quoi faire. Il avait l’impression de vivre un cauchemar et pourtant il savait que ce n’était pas le cas. Ce n’était pas lui qui avait une vie semblable à ces nuits affreuses. Il essayait comme il pouvait de la rassurer. Pourtant, il échouait lamentablement. Il n’y avait aucun mot pour réconforter une telle douleur. Rien n’était faisable arrivé ici. Comment sa simple présence pouvait faire quoi que ce soit ? Certes, pendant quelques secondes, le souvenir pouvait disparaître, mais après ? Ce serait juste pire de retrouver toutes les brides de l’agression et la sensation destructrice. Il n’était qu’un élément de distraction un peu plus dévastateur.

Il la sentit s’enfoncer un peu plus dans la détresse à chacun de ses mots. Il ferma les yeux avec souffrance. Il avait envie de s’enfuir loin, de courir de toutes ses forces pour ne pas faire face à cela. Seulement, il ne pouvait pas en plus l’abandonner. Il était loin de l’aider à surmonter ses sentiments mais partir ne serait qu’une trahison de plus. Alors, lorsqu’il sentit la tête de la poufsouffle tomber sur son épaule, il la prit dans ses bras pour la protéger un peu plus. Il resterait là jusqu’à ce qu’elle sente qu’elle puisse surmonter toute sa peur. Il la garderait près d’elle le temps qu’elle en aurait besoin.

Il entendit alors la voix brisée de Luzia passer à travers son tee-shirt. Dès le premier mot qu’elle prononça, il sut ce qu’elle allait lui avouer. Il eut envie de lui hurler de se taire, de ne rien dire. Il ne voulait pas entendre. Il ne voulait pas savoir ce qu’on lui avait fait. Il ne voulait pas rendre cette scène réelle. Il voulait garder l’espoir que tout ceci n’était qu’un autre de ses rêves étranges. Ses mains faillirent la faire partir plus loin pour se boucher les oreilles. Les mots déferlaient avec puissance, rentrant dans son esprit, le laissant imaginer la scène. Une partie des sensations qu’elle avait ressentie pouvait se transmettre dans sa voix, rendant l’imaginaire un peu plus réel. Il essaya de le faire disparaître, de forcer sur ses yeux pour ne plus voir qu’un film rouge. Rien n’y faisait, il la voyait, seule, fragile, être torturée sur le sol crasseux des toilettes. Il enfouit sa tête dans sa chevelure alors qu’elle se collait à son torse.

Il se crispa en écoutant ses derniers mots. Non. Non il ne savait pas l’effet de ce sort. Il ne pouvait pas l’imaginer. Il ne devait surtout pas essayer. Il ne devait pas… Il… Luzia était allongée, terrifiée. Elle suppliait qu’on la laisse tranquille, qu’on vienne la sauver. Le sort tomba. Ses yeux se firent tout petits en voyant quel danger la menaçait. Elle recula pour essayer d’y échapper mais elle pouvait à peine bouger. Elle était à leur merci. Le sort la projeta contre le mur, laissant échapper un énorme craquement. Des rires sadiques pouvaient s’entendre derrière lui. Une main vint se poser sur sa joue et il sursauta terrifié. Il ouvrit les yeux et la vit, détruite mais vivante. La vision s’échappait petit à petit alors qu’il l’observait.

Il la vit avancer vers lui mais ne comprit pas ce qu’il se passait. Il ferma les yeux face à la douceur de ce mouvement. Les lèvres de Luzia vinrent se poser sur les siennes. Il se crispa une seconde, ne comprenant pas la tournure des événements et finalement se laissa aller au baiser. Il la serra contre elle, répondant avec tendresse. La peur de la perdre, de la voir aussi terrifié partait à chaque seconde aussi près d’elle. Il sentait son inquiétude s’enfuir dans le bonheur de la retrouver. Il s’ouvrit un peu plus à elle, physiquement et émotionnellement. C’était comme si rien n’avait changé depuis tout ce temps séparés. Sean avait même l’impression qu’ils étaient plus proches que jamais. Ce sentiment était si bon, si fort, il ne voulait pas le laisser partir.

C’est alors que la poufsouffle coupa court à leur baiser. Le serdaigle crut un instant qu’elle allait s’enfuit au courant et préféra garder les yeux fermés. Mais il sentit son front se poser contre le sien et il entendit sa voix mélodieuse rester avec lui. Un petit sourire vint illuminer son visage dévasté par les larmes. Il resta là sans bouger, profitant de ce qu’il venait de se passer. Il finit par ouvrit les yeux et la regarder. Il se décala légèrement pour lui faire un baiser sur la joue avant de revenir chercher ses lèvres. Il l’embrassa avec passion. Ce ne fut pas très long, juste assez pour retrouver toutes les sensations de leur couple.

Merci de quoi ?

Sa voix n’était qu’un souffle. Il était encore perturbé par la scène. Ses yeux l’attirèrent et il vint se plonger dedans. Le serdaigle prit une de ses mèches de cheveux pour la déplacer sur le côté. Il laissa ensuite sa main glisser sur sa taille et se poser dans le bas de son dos. Cela lui avait tellement manqué. Il ne s’en rendait compte que maintenant, mais elle lui avait manqué. Il avait eu une bref sensation semblable quand il avait appris qu’elle sortait avec quelqu’un d’autre mais rien de vraiment marquant. Sortait avec quelqu’un d’autre…

Je… Ce n’est pas vrai !

Sean se recula brusquement. Il y avait un problème là. Luzia sortait avec un autre poufsouffle. Elle était clairement heureuse avec lui. Peut-être qu’elle ressentait encore des choses positives pour lui, mais ce n’était pas des sentiments amoureux. Il le savait très bien. La façon qu’elle avait eu de s’énerver contre lui la dernière fois lui avait fait savoir cela plutôt nettement. Elle ne pouvait donc pas être là en train de l’embrasser. Ce n’était pas son genre. Luzia ne trompait pas son amour, surtout pas quand elle l’aimait vraiment, ce qui était le cas.

Le serdaigle se leva brusquement et recula jusqu’à la rambarde. Il se retourna et regarda vers le bas. Il ne voyait pas grand-chose et il sentait que ça tournait autour de lui. Il était malade. Il l’avait oublié. Il regarda de nouveau vers Luzia et sut que cet instant était impossible. La fièvre avait surpassé ses capacités de résistance. Il hallucinait. Au moins, il pouvait être sûr que Luzia était tout à fait sauve dans son lit. Elle n’avait jamais été torturée et tout allait bien. C’était dans la logique des choses. Il se mit à descendre les escaliers. Arrivé en bas, il se tourna vers elle et eut l’impression qu’elle était vraiment là. Alors il remonta les marches doucement.

C’est un rêve, hein ? La fièvre fait son boulot, je suis en train d’halluciner. Ce n’est juste pas possible comme… Tu sais que ce n’est pas possible. Alors tu me fais croire des choses parce que je suis ailleurs… C’est tout…

Il se parlait à lui-même. Il était seul de toute façon. Tout ça n’était que mascarade. Il fit un pas en arrière. Ratant la marche, il bascula dans le vide et dégringola l’escalier en roulant. Une douleur monstrueuse vint trouer son ventre. Il ne put empêcher un petit cri de s’échapper. Il crut voir un mouvement plus haut au-dessus de lui et eut un mouvement de recul. Il plaça une main devant lui et hurla :
Ne t’approche pas !

Il grimaça alors qu’il essayait de se mettre assit. La fièvre avait décidé de s’accompagner d’un autre symptôme tout d’un coup. Elle devait se sentir trop seule. Sean se déplaça en glissant jusqu’au pilier de l’escalier. S’agrippant, il se mit à genoux, puis s’accroupit. Son souffle était rauque et difficile à trouver. L’escalier donnait l’impression d’être à la mer en bougeant ainsi. Un haut-le-cœur le traversa aussi vite qu’un éclair, mais il réussit à éviter de vomir. Il se mit debout avec beaucoup de grimaces et gémissements.

Sean se mit à monter une marche par une marche. Il se tenait fermement à la rambarde. Il ne voulait pas retomber. Il regardait suspicieusement la jeune fille. Il devait avoir une sacrée maladie pour l’imaginer aussi bien. Arrivé un peu en dessous d’elle,  il s’arrêta pour mieux l’observer. Et si c’était vrai ? Et si c’était maintenant qu’il devenait complètement fou en la repoussant ? Après tout, tout le monde change, lui compris. Alors il s’avança vers elle et avant qu’elle puisse s’enfuit, il la fit se lever. Aucun de ses gestes n’était violent. Il était juste incertain de ce qu’il faisait. De peur que ce soit la vérité, il ne voulait pas la blesser. Elle était à moitié dans ses bras, sans doute terrifié de ce qu’il devenait.

Comment savoir ce qui est vrai ? Quoi faire ?

Sa main vint caresser sa joue. Sa peau était tellement douce, aussi douce qu’autrefois. Pouvait-il réellement halluciner des détails pareils ? Etait-il si doué dans sa maladie ? Ses traits s’étaient affinés pendant deux ans. Cela la rendait plus gracieuse encore. Maintenant qu’il était aussi proche d’elle, il pouvait remarquer tous les changements. Elle était plus belle que dans ses souvenirs. Elle ne pouvait pas être pure imagination. Il la déplaça avec douceur vers le bas de l’escalier, jusqu’à la déposer contre le pilier. Il resta collé à elle. Un sourire heureux vint nettoyer tous signes de folie. Il vint déposer un baiser sur ses lèvres. Il n’y avait aucune passion, aucune envie de le faire durer. Juste envie de lui donner un geste affectif. Un geste qui lui fit comprendre toute la démence qui le piégeait. Il se recula avec horreur. Il tomba sur la marche. Il glissa le long jusqu’à rencontrer un obstacle. Il se cacha dans ses mains, des larmes coulant à flot. Il n’en revenait pas. Qu’avait-il fait ?

Fuis-moi ! Je ne suis pas dans mon état normal ! Fuis !


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MessageSujet: Re: Triptyque ~ Sean Triptyque ~ Sean  129196351Sam 4 Jan 2014 - 21:58

Mais à peine Luzia avait-t-elle remercié Sean que ce dernier, revenant à la charge, lui déposa un baiser sur la joue, avant de revenir chercher ses lèvres pour échanger un autre baiser passionné, même si court. Son initiative étonna la jeune fille. Elle s'attendait à le voir choqué, ou bien trop engourdi par la fièvre pour réagir. Quant à elle, elle se sentait littéralement dans un état second. Un léger mal de tête prenait possession d'elle, vestige des dernières émotions qui l'avaient secouée, mais, en ce moment même, dans les bras de Sean, cette douleur n'avait aucune importance. Le jeune homme lui demanda faiblement pourquoi elle le remerciait et Luzia, se perdant dans ses yeux clairs, se laissant caresser le dos en appréciant pleinement chaque regard, chaque geste, oublia de répondre.
Puis, soudainement, son vis-à-vis se raidit.

- Je… Ce n’est pas vrai !

Pas vrai ? Luzia fronça les sourcils, scandalisée par l'expression de Sean – la repoussait-il ? Puis il recula avec une énergie que Luzia ne lui soupçonnait pas, vu comment il lui avait parut faible quelques minutes auparavant, heurtant la rambarde avec force. Le bruit sembla tirer l'Espagnole de sa transe. Comme si tous deux venaient de se réveiller après une soirée arrosée.

Elle avait embrassé Sean. Comme si elle sortait avec lui. Comme si c'était Nolan ! Elle rougit violemment, comme elle prenait conscience de la gravité de son geste. Mierda – qu'avaient-ils fait ?  Elle l'avait embrassé et s'était ensuite laissée embrasser par le Serdaigle... Et le pire, c'est que tous les deux avaient aimé ces moments. Dans son ventre, l'estomac de Luzia se tordit.
A présent, Sean la regardait avec un air de démence. Il se releva et se mit à descendre les marches. Une simple action qui serra la gorge de la jeune fille. Il ne pouvait pas la laisser là, comme ça ! Elle allait le rappeler, s'excuser, lui intimer de ne rien dire, d'oublier même, s'il le pouvait, lorsqu'il se tourna vers elle, levant légèrement la tête comme elle était plus haute que lui.

- C’est un rêve, hein ? La fièvre fait son boulot, je suis en train d’halluciner. Ce n’est juste pas possible comme… Tu sais que ce n’est pas possible. Alors tu me fais croire des choses parce que je suis ailleurs… C’est tout…

Un rêve, peut-être. Elle retrouvait Sean. Ce n'était pas qu'elle voulait se remettre avec lui depuis leur rupture. En plus, depuis qu'elle sortait avec Nolan, elle avait la sensation de vivre une histoire d'amour parfaite. N'empêche, là, enfin, à l'instant, elle avait eu la sensation d'une véritable alchimie entre elle et Sean – tant et si bien que Nolan lui était sorti de la tête. Elle était honteuse. Sean était tout aussi perdu qu'elle, si ce n'est plus. Il fallait mettre les choses au clair, lui assurer que ce n'était pas si important et si grave que ça en avait l'air. Luzia descendit qu'elle marche pour le rejoindre, mais, de nouveau, il eut un mouvement de recul et, ratant une marche, il s'effondra dans les escaliers jusqu'à la dernière marche, un cri de douleur s'échappant de sa bouche. Luzia se précipita vers lui, affolée, mais il la somma de ne pas s'approcher. Elle se figea instantanément, n'osa pas le mettre en colère et se rassit sur une des marches. Impuissante, elle le vit peiner à se redresser puis à remonter lentement les marches vers elle. La Poufsouffle se tient tranquille et le laissa faire. Elle savait qu'il réfléchissait à plein régime. Et elle devait être le sujet de sa réflexion puisqu'il la regardait sans ciller, méfiant. Il ne devait rien comprendre. Pourquoi l'avait-elle embrassé de cette façon alors qu'elle est toujours avec Nolan ?
Il finit par saisir les mains de Luzia et l'invita à se redresser. Son regard était ardent. Il étaient face à face, Luzia juste un peu en hauteur. Le cœur battant, elle attendait un geste, un mot de sa part.

- Comment savoir ce qui est vrai ? Quoi faire ?

Luzia arqua un sourcil – de quoi parlait-il ? Pensait-il qu'elle se jouait de lui et de ses sentiments ? Elle ouvrit la bouche pour se répandre en excuse, mais Sean, plus rapide, leva la main et vint lui caresser la joue avec une infinie douceur. Luzia bloqua sa respiration, fixant Sean qui semblait ailleurs. Cela ne l'empêchait cependant pas d'apprécier la caresse. Mon Dieu, c'était tout simplement bon. Comme avant.
Il était concentré et son air sérieux le rendait encore plus beau. Ses yeux clairs divaguaient un peu, mais cela donnait envie à Luzia de le serrer dans ses bras pour le rassurer, lui dire qu'ils avaient seulement commis une erreur, mais que si tous deux gardaient le secret, ce serait comme si de rien n'était. Même si, au fond de Luzia, une petite voix lui glissait sournoisement que c'était une grave erreur, irréparable, incommensurable.
Doucement, il l'entraîna vers le bas de l'escalier et elle fit attention à ce que ni lui ni elle ne dégringole une nouvelle fois les marches. Puis il la coinça entre lui et le pilier de l'escalier. Cette fois-ci c'était au jeune homme de la dominer d'une tête. Luzia se sentait mal à l'aise. Ils étaient de nouveau trop proches – l'Espagnole était collée au torse de Sean, elle pouvait sentir ses pectoraux. Il avait toujours été plutôt musclé, mais là, sûrement à cause du quidditch, son corps s'était davantage sculpté. Il lui sourit et Luzia ne put s'empêcher d'en faire de même. Ce n'était pas bien, mais elle n'y pouvait rien contre.

Puis il se pencha vers elle et elle ne put reculer. Sa bouche épousa la sienne. Doucement. Et Luzia, abandonnant toute raison, lui rendit son étreinte, voulant jusqu'à boire l'eau de sa bouche. Dans un sursaut terrible, Sean s'arracha d'elle et, basculant en arrière, il tomba contre la marche jusqu'à heurter la rambarde de l'autre côté.

- Fuis-moi ! Je ne suis pas dans mon état normal ! Fuis !

Estomaquée, Luzia, haletante ne savait pas quoi dire. Elle était consciente qu'elle n'avait rien dit depuis un bon moment. Elle se laissa glisser le long du pilier et s'assit sur la marche. Elle se passa la main dans les cheveux, les lèvres encore mouillées du baiser de Sean. Ce dernier pleurait, ponctuant le silence du bruit de ses pleurs. C'était insupportable. Le visage de Nolan s'imprima dans l'esprit de Luzia. Elle mit sa main devant la bouche, se rendant compte avec horreur de tout ce qu'ils venaient de faire !

- Euh... Merde.

Elle secoua la tête.

- On a fait une connerie.
Luzia savait que c'était de sa faute. Sean était malade, et peut-être bien que la ruse de SERPENTS lui faisait perdre la tête. Et puis, c'était elle qui avait commencé.. Cela voulait dire quoi ? Qu'elle aimait toujours Sean ? Impossible... Et en même temps, c'était son premier mec. Elle savait qu'il serait toujours là. C'était d'ailleurs à lui qu'elle s'était confiée au sujet de la torture et, à sa manière, ne l'avait-il pas apporté tout le soutien dont elle avait besoin ? Tous deux s'observaient à présent en chien de faïence.

- Excuse-moi, lâcha-t-elle beaucoup plus platement qu'elle ne l'aurait voulu.

Cela faisait un moment qu'elle voulait s'excuser, en fait. Déjà parce qu'elle avait gaspillé son temps à lui raconter ses malheurs, et voilà qu'elle foutait tout en l'air en l'embrassant. Depuis qu'ils s'étaient séparés, rien n'avait été simple... Ils recommençaient depuis peu à se conduire normalement l'un envers l'autre. Et là... Du gâchis. Luzia se rendit compte qu'il fallait dire les choses franchement.

- Sean, commença-t-elle, la bouche soudainement sèche, c'est une erreur. Je ne voulais pas...
Elle se mordit la langue.

- Si, je le voulais, mais je n'aurais pas dû. Je ne me moque pas de toi. C'est seulement que tu es la seule personne à qui j'ai dit tout cela avec Lyleïa. Tu comprends ? C'est... J'ai agi sur un coup de tête.

Elle se leva et s'approcha doucement de lui. C'était le prix à payer de s'être confiée ainsi. Elle posa sa main sur son avant bras, tout en restant à une distance de sécurité raisonnable.

- Tu veux que je t'amène à l'infirmerie ?

Luzia ne pouvait pas le laisser là. Si elle avait perdu les pédales en l'embrassant, elle en assumait pleinement les conséquences et n'abandonnerait pas Sean. Elle ne comptait pas l'écouter alors qu'il lui demandait de fuir. Elle ne le laissa pas répondre que, des larmes perlant de nouveau à ses paupières et sa main se crispant involontairement sur le bras du jeune homme, elle enchaîna :

- S'il te plaît, ne le répète à personne.

Elle ne le précisa pas, mais c'était évident qu'il s'agissait davantage des baisers furtifs que du secret de la torture... Nolan ne devait jamais le savoir.

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MessageSujet: Re: Triptyque ~ Sean Triptyque ~ Sean  129196351Sam 1 Fév 2014 - 12:42

Sean ne savait plus où se mettre. Il était mal. Il aurait dû partir dès l’instant où il avait compris qu’il y avait un souci. Il aurait dû la fuir quand il croyait à une hallucination. Pourquoi toujours vouloir s’enfoncer dans les problèmes ? Qu’est-ce qu’ils pouvaient faire à présent ? Il fallait que Luzia fuie le plus loin possible de lui. Il fallait qu’elle se sauve et qu’elle sauve son couple. Elle ne pouvait pas tout gâcher pour sa bêtise. Il sentait les larmes couler à flot sur ses joues. Un mal de tête incroyable lui donnait l’impression qu’il allait exploser. Il n’arrivait pas à arrêter, à se calmer.

On a fait une connerie.

Une connerie ? Vraiment ? Pas pire que cela ? Sean ne trouvait même pas le mot pour définir ce qu’ils avaient pu faire. Des conneries, il en faisait depuis tout petit et ce n’était définitivement pas ça. Au moins, elle n’en demandait pas plus et donc elle s’était enfin rendue compte de ce qu’il s’était passé. Il souffla un bon coup et essaya de virer ses larmes. Il les sécha d’un bon coup de main contre sa peau et leva la tête. Elle s’était assise au niveau du pilier contre lequel il l’avait bloqué. Il ne savait même plus quelle expression il abordait. Il la regardait juste sans savoir quoi dire. Elle n’avait pas l’air beaucoup mieux que lui. Elle avait simplement la maladie et la fièvre en moins.

Excuse-moi

Sean resta neutre mais il eut l’impression d’être poignardé. Il aurait sans doute dû s’y attendre à cause de la situation, mais qu’elle soit aussi froide lui faisait mal. Elle avait le droit de ne pas être contente de ce qu’ils avaient fait, mais était-ce une raison de lui parler comme ça ? Il n’était pas le seul à être venu vers l’autre. Il baissa la tête pour ne pas lui montrer sa frustration. Il ne voulait pas lui reprocher son attitude envers lui, même s’il n’en pensait pas moins. Elle devait déjà assez s’en vouloir comme ça. Surtout qu’à la base, elle venait de lui avouer qu’elle avait été torturée. Avec tout ça, il avait failli l’oublier, mais il ne voyait plus ce qu’il pouvait faire pour l’aider à ce sujet.

Si, je le voulais, mais je n'aurais pas dû. Je ne me moque pas de toi. C'est seulement que tu es la seule personne à qui j'ai dit tout cela avec Lyleïa. Tu comprends ? C'est... J'ai agi sur un coup de tête.

Il ne releva pas la tête. Il ne pourrait pas l’aider avec sa tête. Il risquait de la rendre encore plus mal. Alors il écouta simplement attentivement ce qu’elle avait dire pensant que le silence était le meilleur traitement. Il sentit un mouvement sur le côté mais resta de marbre. Il fallait qu’il évite tout autre dérapage. Il avait fait assez de dégâts pour la matinée. Seulement, la sensation de sa main contre sa peau fut un électrochoc. Il ne put contrôler son corps et empêcher un frisson. Pourquoi venait-elle encore vers lui ? Ils savaient tous les deux que ce n’était pas possible. Il n’y avait plus rien. Enfin du moins, il n’y avait plus assez pour créer quoi que ce soit. Elle avait une vie incroyable, pourquoi cherchait-elle à la gâcher ? Ou peut-être voulait-elle simplement vérifier qu’il allait prendre soin de lui avant de rester à l’autre bout du château. Le frisson partit bien vite quand il sentit les doigts de la jeune fille se crisper sur son bras. Il tourna légèrement la tête pour regarder ses jointures devenir blanches.

S'il te plaît, ne le répète à personne.

Que croyait-elle ? Il ne voulait pas ruiner toutes ses relations. Il savait très bien ce qu’il se passait quand ce genre de tromperie arrivait dans le château. On se faisait rejeter par tout le monde et les murmures se rependaient sur son passage. Sean pensait pouvoir faire avec. Après tout, pour certains, il était plus qu’étrange. Mais il se doutait que ce serait mortel pour Luzia. Il considéra qu’il n’avait même pas à répondre à cette demande. C’était juste une pure logique. Il posa sa main contre la sienne, avec douceur. Pourtant, cette fois-ci, il n’y avait aucune envie d’aller plus loin. C’était juste pour la rassurer ou peut-être le rassurer lui. Il ne savait pas quoi faire.

Une erreur…

Bien sûr que c’en était une. Il le regrettait pour le geste et pour le moment, pourtant au fond, il n’était pas sûr de vouloir revenir en arrière. Il ne savait pas ce que cela signifiait. Il savait juste que Luzia aurait toujours une place importante pour lui. Il n’avait pas envie de détruire le peu de relation saine qu’ils avaient pu construire depuis l’été. Cependant, il était sans doute temps de s’éloigner un bon moment pour régler tout malentendu. Il n’était même pas sûr que Luzia puisse se taire là-dessus ou simplement le supporter. Cela faisait peut-être un moment qu’il ne la connaissait plus bien, mais elle n’avait jamais été du genre à vouloir faire du mal aux autres.

Je sais que tu ne te moques pas. Je comprends…

Il souffla de nouveau. Il ne savait pas quoi lui dire. Il aurait peut-être dû préciser qu’il pensait à peu près la même chose, mais il n’était pas sûr que ce soit vrai. Son esprit était trop enfiévré pour arriver à sortir une conclusion. La proposition d’aller à l’infirmerie était sans doute plus que nécessaire. Il passa son autre main sur son visage, la laissant plus longtemps que besoin. Fermer les yeux lui permettait de se concentrer un tout petit mieux. Enfin, ça le faisait habituellement. Abandonnant, il laissa tomber sa main contre sa jambe avant de déplacer l’autre. Il prit celle de Luzia et la déplaça jusqu’elle. Il la posa doucement contre son ventre avant de s’éloigner.

Je sais que ce qu’il s’est passé n’aurait jamais dû arriver. Et je sais aussi que maintenant on doit s’éloigner. J’aimerai être là pour toi mais je ne pense pas être le mieux placer. Tu dois te confier à quelqu’un de proche… De vraiment proche. Olivia, peut-être ?

Le serdaigle voulait au moins l’aider à trouver quelqu’un pour qu’elle ne reste pas seule. Il ne savait pas ce qu’elle ressentait, ni ce qu’elle avait enduré. Il ne pouvait pas le savoir. Après, il n’était pas le seul à savoir d’après ce qu’il avait pu comprendre. Il faudrait qu’il vérifie l’identité de cette personne pour contrôler son honnêteté. Il ne pouvait pas se permettre de laisser ce genre d’horreur recommencer. Il ferait de son mieux pour l’aider de loin, sans lui dire bien sûr. Il se releva en s’appuyant contre la rambarde.

Je pense qu’il vaut mieux que j’y aille tout seul à l’infirmerie. Ce n’est pas contre toi… Enfin justement, c’est pour toi. Va faire ta vie ! Ne t’occupe plus de moi. Prends soin de toi plutôt. Et puis, Olivia t’attend…

Il baissa la tête vers elle. Une certaine tristesse devait se lire dans son regard. Il avait vraiment l’impression de l’abandonner. Il y avait comme un échec à dire ça. Mais c’était pour le mieux, il le savait. Il ne pouvait pas se permettre de revenir en arrière. Il releva la tête et regarda droit devant lui. Il devait rester clair avec ses pensées. Il ne se laisserait pas convaincre par sa présence. Il offrit sa main à Luzia pour l’aider à se relever. Dans un murmure sincère, il s’exclama :

Je te promets, je ferais ce que tu décideras…
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MessageSujet: Re: Triptyque ~ Sean Triptyque ~ Sean  129196351Sam 15 Fév 2014 - 22:14

Sean gardait une expression neutre, comme si les paroles de Luzia ne lui parvenaient pas directement. La jeune fille se doutait bien qu'elle l'avait vexé - car au final, elle le jetait après être venue se réfugiée dans ses bras. L'Espagnole ne s'était jamais autant détestée. Ce qu'elle venait de faire, car il était clair qu'elle se considérait comme la seule responsable dans cette affaire, était vraiment horrible. Tant pour elle que pour Sean et Nolan. A sa grande surprise, cependant, Sean répéta le mot "erreur", comme s'il y trouvait à redire.

Pour lui, la situation était différente. Il était nouvellement célibataire et malade, qui plus est. Après lui avoir assuré qu'il savait qu'elle ne se moquait pas d'elle, Sean n'ajouta rien. Et Luzia, ne sachant comment interpréter les dernières paroles de Sean, ne dit rien non plus. Elle avait toujours sa main sous celle Sean, et commençait à trouver cela gênant. Ils avaient déjà dérapé une fois, rien ne disait qu'ils ne le feraient pas une deuxième fois. A sa grande surprise, peut-être parce que le jeune homme l'avait vu regarder leurs deux mains entremêlées, il libéra celle de Luzia qui la retira. Elle ramena ses mains l'une contre l'autre et les coinça entre ses cuisses. Son esprit était tout embrouillé. C'était trop bizarre.

Sean parla alors d'une rauque, et conseilla à Luzia de se confier à quelqu'un d'autre.

- Et je sais aussi que maintenant on doit s’éloigner.

Tu parles, le mal était fait. C'était trop tard. Il aurait fallut ne jamais se rapprocher. Jamais jamais. D'ailleurs, elle ne voulait pas l'admettre maintenant, mais ces baisers, même illicites, lui avaient fait du bien - ils ne compensaient pas le poids de la culpabilité, loin de là, mais... Sean l'avait aidé à se défaire pendant un moment de sa souffrance liée à la torture. Quelque chose qu'Olivia, malgré sa bonne volonté, ne pourrait jamais lui apporter. Elle allait le dire, de façon moins direct, mais le Serdaigle se releva tout en disant :

- Je pense qu’il vaut mieux que j’y aille tout seul à l’infirmerie. Ce n’est pas contre toi… Enfin justement, c’est pour toi. Va faire ta vie ! Ne t’occupe plus de moi. Prends soin de toi plutôt. Et puis, Olivia t’attend…

Ces quelques phrases rassurèrent Luzia. Elle se voyait mal escorter Sean jusqu'au domaine de Madame Pomfresh, et, elle l'avait oublié, mais Olivia l'attendait. Il lui faudrait d'ailleurs expliquer pourquoi elle avait tant tardé à lui apporter deux malheureux bouquins. Ne t'occupe plus de moi. C'était un peu ce qu'ils faisaient depuis leur rupture, mais, ces derniers temps, ils n'avaient eu de cesse de se retrouver sur le chemin de l'autre. Toujours assise sur sa marche, elle voyait Sean tenter de mettre de l'ordre dans ses propres pensées - Luzia, de son côté, avait abandonné la partie depuis longtemps. Elle aurait voulu se lever plutôt que de regarder Sean d'en bas, mais ses jambes refusaient tout bonnement de coopérer. De nouveau, Sean sembla lire en elle puisqu'il lui tendit la main pour qu'elle se relève.
Elle s'en saisit et se remit sur pieds.

- Muchas gracias, dit-elle en esquissant un sourire.

Ils étaient face à face. Trop proches. Aussi décida-t-elle de remonter quelques marches pour se saisir des livres qu'elle réservait à la convalescence d'Olivia. Quand Luzia se retourna vers Sean, non sans avoir inspiré profondément, le jeune homme murmura :

- Je te promets, je ferai ce que tu décideras…
- Ce que je déciderai, dit Luzia en écho.

La question lui tombait dessus comme une pomme tombe d'un arbre - sans prévenir. Luzia secoua la tête.

- Ne rien dire, il me semble que c'est évident !

Sa voix montait dans les aigus. Elle revint vers Sean et lui saisit l'épaule.

- On ne s'est pas croisé, intima-t-elle. Il ne s'est rien passé.

Luzia dévala les dernières marches, s'élançant en direction des cachots, avant de se raviser. C'était stupide de le laisser ainsi.

- Toi aussi, prends soin de toi. Tu es un mec bien, j'aurais toujours de l'estime pour toi.

Puis elle s'en retourna, les talons de ses bottines résonnant dans le hall...

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MessageSujet: Re: Triptyque ~ Sean Triptyque ~ Sean  129196351Dim 9 Mar 2014 - 17:29

Sean ne put s’empêcher d’avoir le cœur brisé en la voyant monter de quelques marches pour s’éloigner de lui. Pourtant, il savait très bien que c’était la meilleure chose à faire. Ils ne pouvaient pas continuer à faire ce qu’ils faisaient depuis quelques minutes. Leurs esprits n’étaient plus à leur place et ils devaient se séparer pour mieux comprendre. Peut-être que ce qu’il venait de ressentir n’était pas juste passager, mais ce n’était pas sûr du tout que cela soit partager. Il savait qu’elle était en couple et semblait plutôt heureuse comme ça. Elle le lui avait bien montré quand ils s’étaient croisés pendant les grandes vacances. Il l’avait aussi remarqué une fois revenu à Poudlard. Cette relation semblait d’ailleurs bien moins compliquée que celle qu’il avait pu avoir avec elle. Il valait donc réellement mieux qu’elle s’éloigne et se reprenne. Ce serait sans doute dur au départ, mais il se doutait que tout irait bien par la suite. Sinon le poufsouffle n’était qu’un idiot de la laisser partir. Alors, il lui laissa le choix de ce qu’ils devaient faire à propos de leur petit dérapage.

Ce que je déciderai

Elle semblait mal par rapport à ce choix. Mais il ne pouvait pas le faire pour elle. Il était célibataire à présent. A part Nolan, il ne voyait pas qui pourrait vraiment lui en vouloir. Il ne se ferait pas des amis, il s’en doutait, mais il en avait déjà. Il n’avait plus que quelques mois à passer dans ce château avant de disparaître. Ce ne serait donc pas lui qui serait touché par les rumeurs et par les murmures les plus violents.

Ne rien dire, il me semble que c'est évident !

C’était plutôt clair. Il pouvait comprendre mais ça ne pouvait pas enlever la petite blessure intérieure qui s’ouvrait. Cela faisait toujours mal qu’on lui demande de cacher un tel rapprochement. C’était comme si elle le regrettait de tout cœur et voudrait bien pouvoir tout changer. Sean avait beau essayé d’y penser, il n’y parvenait pas. C’était une erreur, mais une erreur indispensable pour lui. Il ne pouvait pas l’effacer de sa mémoire. Il baissa la tête, préférant ne rien dire. Plus vite elle serait partie et mieux ce serait, en quelque sorte.

Il sentit sa main sur son épaule alors qu’elle insistait sur le fait que rien ne s’était passé. C’était faux pourtant. Il s’était passé quelque chose ! Ils s’étaient embrassés, et pas qu’une fois qui plus est ! Mais il ne protesta pas pour autant. Il se contenta de suivre son odeur en tournant sa tête baissée vers elle. Il la vit partir déterminée vers les escaliers menant à sa salle commune. Jusqu’à ce qu’il la vit ralentir et entendit :

Toi aussi, prends soin de toi. Tu es un mec bien, j'aurais toujours de l'estime pour toi.

Sur ce, elle repartit de plus belle pour le laisser seul dans les escaliers. Il se rassit quelques minutes désorienté.

Toi aussi Luzia… Toi aussi tu es une fille bien.

Il souffla un bon coup avant de passer sa main dans ses cheveux. Il n’arrivait pas à vraiment évaluer ce qu’il s’était passé. Sa tête recommença à lui faire mal. La fièvre reprit le dessus sur ses pensées. La maladie revenait de plus belle alors qu’il n’avait plus à penser à la jeune fille. Il se força donc à se relever et partir difficilement vers l’infirmerie, guérir ses multiples blessures.
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