Le rapport de sa dernière intervention terminée, King referma le dossier d'un geste sec et se laissa aller sur le dossier de sa chaise avec un soupir. Encore un meurtre... Un né-moldu retrouvé mort chez lui, Kingsley avait perdu le compte mais ça devait bien faire le dixième depuis le début de l'année. Cette fois-ci heureusement, il n'y avait eu qu'une victime. Sa femme, une sang-mêlée, n'était pas chez elle. Ce sont des voisins moldus qui avaient vus les premiers la Marque des Ténèbres s'élever au dessus du petit pavillon. La brigade d'Oubliator avait eut un sacré boulot pour ramener le calme dans le quartier et effacer de la mémoire du voisinage toutes traces de magie pour faire passer l'assassinat pour un regrettable incident ménager. Shacklebolt avait été chargé d'inspecter les lieux et de dresser le rapport pour le Ministère. Il n'y avait aucun doute, c'était encore l’œuvre des Mangemorts. Ils s'y était pris à deux cette fois-ci, et comme à chaque fois, rien pour pouvait permettre à l'auror de remonter la trace des responsables. Un constat, voilà tout ce qu'il pouvait écrire dans son rapport. L'impression d'être impuissant devenait insupportable, heureusement qu'il y avait les missions de l'Ordre pour tenter de prendre un peu les devants sur leurs ennemis. Mais avec leurs pauvres moyens, ils avaient une espérance de vie inférieure à celle des nés-moldu.

Il décida de s'autoriser une petit pause pour avaler un café avant de prendre la relève d'un collègue chargé de la protection de membre du ministère ayant reçu des menaces. L'attention détournée par un Arthur Weasley qui le saluait de l'autre côté du couloir, il ne prit pas garde à la jeune femme qui le percuta, renversant son thé sur lui. La surprise de la vague brûlante passée, non sans avoir lâché une petit "Wouho !", il baissa les yeux et reconnut Mafalda Hopkirk, qui se confondait déjà en excuses. La calmant d'un geste, il sorti sa baguette et d'un mouvement de poignée, sécha sa robe qui garda une légère odeur de menthe.

- Ce n'est rien Mafalda. Je ne regardais pas où j'allais. Tu ne t'es pas fait mal au moins ?

Une fois rassuré sur son état, il ajouta avec un sourire :

- Et bien je crois qu'il va te falloir un autre thé ! Je te l'offre, j'allais justement me chercher un café.

L'auror connaissait Mafalda, au moins de vue, depuis longtemps, bien qu'ils n'aient jamais été intimes. King faisait toujours un effort pour être aimable avec tous les employés pour qui il n'avait pas d'animosité particulière, en ces temps difficiles, un minimum d'humanité ne faisait jamais de mal. Il remarqua ses traits tirés, courant au Ministère ces derniers temps, mais particulièrement marqués chez la jeune femme.

- Comment vas-tu ? Il parait que ton Service est quasiment aussi débordé que le nôtre...

- Oui... Quelle époque... dit-il avec un petit soupire.

Ils arrivèrent bientôt à l'espace aménagé pour que les membres du département puisse prendre de petites pauses au calme malgré l'agitation incessante de l'étage de la Justice Magique. D'un coup de baguette, King mis en marche la machine à café, puis s'occupa du thé de Mafalda. Pas besoin d'être legilimens pour se rendre compte que cette dernière relativisait sa fatigue. Un pli soucieux ne quittait pas son front, et l'auror soupçonnait du surmenage.

- Ne le prend pas mal Mafalda, mais tu as l'air vraiment fatiguée. Tu as prévu des vacances bientôt ?

Il l'invita à prendre un des fauteuils et lui tendit sa tasse fumante. Il proposa une boite ouverte contenant pleins de petites pâtisseries colorées, qui était posé dans un coin.

- Ma sœur m'a ramené ces petites douceurs de sa dernière mission.

Médicomage humanitaire, la jeune soeur de Kingsley était rentré depuis quelques semaines à Londres. Partagé entre le plaisir de la revoir, et l'inquiétude de la savoir dans le pays par ces heures si sombres, Kingsley avait au moins résisté à garder toutes les pâtisseries pour lui tout seul...

Mafalda se laissa tomber sur un des fauteuils et remercia Kingley quand il lui tendit sa tasse. Ses mains tremblaient légèrement et elle serrait la tasse fortement, presque à s'en brûler les doigts. Elle but une rapide gorgée et le liquide brûlant faillit la faire tousser. Mais c'est comme cela que la jeune femme aimait boire son thé. Elle regarda la tasse de l'auror et faillit sourire. Du café. Le pauvre il devait en boire des dizaines avec toute cette agitation. La sorcière releva la tête en entendant les paroles de son collègue et soupira. Livide, des cernes énormes sous les yeux elle ne pouvait nier. Néanmoins Mafalda tenta de s'en sortir par une parade inutile.

- Tu as aussi mauvaise mine que moi. Et il y a deux jours je suis allée au restaurant avec ma cousine.

Bon, ce n'était pas des vacances certes mais aux yeux de Mafalda ces quelques heures de détente lui avait semblé être largement suffisantes. Et puis, prendre des vacances, impossible, elle ne pouvait arrêter son travail. Mais Mafalda savait que Kingley ne lâcherait pas l'affaire. En silence elle accepta une des pâtisserie et réfléchit. Il était le seul en qui elle avait véritablement confiance et elle pouvait en parler. En revanche, la rousse ne voulait pas inquiéter Kingley, lui ajouter une préoccupation de plus. La peur de perdre son père la fit se décider.

- Par la barbe de Merlin ! Oui ça ne va pas. Je... C'est mon père il reçoit de plus en plus de menaces, il faut dire qu'il n'est pas très prudent à clamer sa haine des mangemorts à chaque occasion. Et puis c'est un traitre à son sang. Il sera trop fier pour demander de l'aide aux aurors. J'ai déjà envoyer ma mère en France mais papa ne veut pas quitter son travail. Je...

Elle s'interrompit après ce petit monologue assez hystérique. Ça faisait du bien d'avoir tout révélé même si maintenant elle se sentait légèrement stupide. Ce n'était rien comparé aux assassinats de plus en plus nombreux. Il fallait relativiser voilà tout. La fatigue commençait à se faire ressentir. Loin de l'agitation du bureau, toute l'adrénaline était retombée et elle ne fit pas attention à sa tasse qui pencha dangereusement vers le coté, avant de renverser une fois de plus son contenu, heureusement par terre. La sang mêlé sentit les larmes lui monter aux yeux et elle se leva pour aller préparer un autre thé avant que Kingley ne lui pose de question. Au bout de la salle, alors qu'elle venait de plonger un sachet dans l'eau chaude elle respirait profondément, essayant de se calmer. Jamais Mafalda n'avait été aussi déconcentrée quelque chose clochait. Demain, tout irait mieux.