"Entre Euphorie et Musique à la Festi'witch" [ Daisy & Moran] : Finit

COTÉ DU BIEN

Je l'entendis parler avec ce ton menaçant qu'elle utilisait si souvent et si bien. Je soupirais. La soirée d'hier était passé trop vite et j'avais l'impression qu'elle était un rêve. Un rêve tellement tout ce qui s'était passé était improbable avec la Daisy qui me pointait avec sa baguette, l'air menaçant. Je levais les mains au ciel en retournant pour faire l'innocent. En fait, je n'avais rien à cacher et il ne me serait jamais venu à l'idée de parler de tout ce qu'elle m'avait dit à qui que ce soit… Ni même de l'utiliser contre elle pour lui nuire. Plus la conversation avançait et plus elle dépeignait une image de moi assez négative, je ne pouvais que comprendre qu'elle ne m'apprécie pas…

- Je ne comptais pas le faire dis-je en simple réponse à sa phrase menaçante.

Celle qui suivit l'était beaucoup moins et ressemblait davantage à une complainte et une prière. Je la détaillais alors qu'elle était à quelques mètres de moi. Encore une fois, ce qu'elle me dit me laissait penser que sa famille n'était pas très commode. Et vu la conversation que nous avions eu la veille, je n'en doutais plus désormais.

- On ne s'aime pas, mais il ne me viendrait jamais à l'idée de divulguer quoi que ce soit qui pourrait te nuire vis-à-vis de ta famille… Tu vois je fais la différence entre les informations que j'ai trouvé parce que j'ai fouiné et les autres que l'on m'a dit en me faisant confiance… Celles-là, je n'en parle pas. Donc, tout ce qu'on s'est dit hier te concernant, ça reste entre toi et moi.

J'étais aussi sincère que je pouvais l'être. Je savais des choses sur certaines personnes parce qu'elles m'avaient fait confiance. Qui serais-je pour les trahir ainsi ? En fait, y penser remettait en cause tout ce à quoi je croyais. Si on me disait quelque chose d'effroyable, disons un meurtre d'une famille entière parce qu'on m'avait confiance, pourrais-je suivre encore ce mode de pensée et ne rien divulguer ? Ou me sentirais-je coupable et complice au point d'en parler aux gens qui traiteront l'affaire ? Je fronçais les sourcils en y pensant. Je savais que le monde n'était pas tout noir et tout blanc mais pourrais-je trahir un jour la confiance de quelqu'un ainsi ? Je me sentirais tout aussi mal que si je n'avais rien dit. Je me baissais pour prendre une pierre et je la lançais dans le lac. Elle fit quelques ricochets avant de plonger et je lançais d'une voix moqueuse à l'attention de Daisy :

- Je comprends pourquoi tu ne m'aimes pas maintenant. Vu la vision que tu sembles avoir de moi. Mais entre nous, je pense que c'est réciproque.

J'étais sincère, parce qu'hier soir, même pétée, j'avais découvert une nouvelle fille qui, j'en étais certain était caché sous les couches de cette Daisy qui me faisait face, pleine de faux-semblant et de méchanceté. Ce devait être pareil pour elle. Blackstone devait me voir d'une manière ignoble et alors, je ne pouvais pas la blâmer de me détester. Comme elle ne pouvait pas me blâmer de la détester aussi.

Spoiler:

Daisy le fixait toujours, pendue à sa réponse, quelle qu'elle soit. Tendue, elle essayait de masquer sa gêne et son appréhension en faisant glisser sa baguette entre ses doigts. Elle se sentit libérée lorsqu'il formula enfin sa réponse. Ainsi Moran pouvait être quelqu'un de confiance ? Quelqu'un a qui on confie ses secrets sans qu'ils ne soient jamais dévoilés ? Daisy en doutait. Toujours muette, elle essaya d'analyser ses expressions. Pouvait-elle lui faire réellement confiance ou était-ce de sa part une énième tentative de tromperie ? Pour une fois, il paraissait sincère, mais pouvait-elle vraiment se fier à cette sensation ? Elle hésitait. Pinçant les lèvres elle écouta sa longue tirade. Après tout cela pouvait servir de test e confiance. Il promettait en quelque sorte le silence, si cela s'ébruitait, elle saurait qu'il avait parlé et elle pourrait déverser sa haine à souhait. Si le secret était bien gardé, c'était qu'il était digne de confiance et … qu'il possédait au moins une qualité … Mais quel en serait le prix ? La jeune blonde savait que rien n'était gratuit. Elle lui serait redevable et ce sentiment lui était particulièrement inconfortable.

- Bien … Se contenta-t-elle de lui répondre, satisfaite que ses confidences, s'il y en avait eu, ne s'ébruitent pas, du moins pas tout de suite.

Ramassant ses chaussures et marchant en direction du lac, elle écouta la remarque de son interlocuteur. Bien sur qu'elle ne l'aimait pas. Comment cela pourrait être autrement après toutes ses années ?

- Les premières impressions sont toujours les bonnes, de toute façon … Répondit-elle comme si c'était une évidence.

Elle le fixa de nouveau et songea à ce matin et à cette nuit. Comment cela avait-il pu finir ainsi ? Moran Powell et Daisy Blackstone, dormant enlacés sur une souche d'arbre à la belle étoile, les vêtements collés, sentant la vase et l'humidité, perlés de grains de sable … ? Il fallait qu'elle sache avant de quitter cette conversation et demanda :

- Qu'est-ce qu'on a fait exactement ? Pourquoi est-ce que … Je t'ai suivi ?

COTÉ DU BIEN

Vu la tête qu'elle tirait elle n'avait pas l'air très convaincue par mes paroles et au fond… Ouais, je pouvais comprendre. Je n'étais pas trop réputé pour être quelqu'un de confiance et généralement les gens fouineurs ne l'étaient pas. Mais contrairement à ce que certains croyaient, j'avais une morale et un sens de l'éthique. Nous avions hier soir discutés dans un cadre privé, je ne la manipulais pas pour qu'elle parle. Cela resterait donc entre nous, et il était évident que personne ne serait jamais au courant de mon côté. Après, si elle se sentait le courage de dire à des amis proches ce qui c'était passé, c'était son problème, pas le mien. Je ne savais pas si elle était mal-à-l'aise mais je pouvais quand même voir un peu de soulagement chez elle. Je me demande… Ce qu'elle aurait fait si je lui avais dit qu'elle pouvait dès à présent envoyer une missive à son père pour lui dire elle-même pour notre escapade nocturne. Je déglutis. Je me sentais mal rien qu'en l'imaginant, non, je n'étais pas quelqu'un de méchant ou de mauvais.
Je rie en l'entendant me parler des premières impressions mais je ne répondis rien. Tout dépendait des gens… J'avais eu de très bons sentiments vis-à-vis de Rogue et vu la manière dont il me l'avait rendu, je n'étais pas certain que cette première impression ait été la bonne. Mais peut-être qu'entre nous cela avait été le cas ? Je m'en rappelais je l'avais vu dans le Poudlard Express pour la première fois, mais j'étais incapable de me rappeler ce que j'avais pu lui dire… Je me souvenais juste de son air hautain lorsqu'elle m'avait jaugé de haut en bas. Après, j'étais parti. Je mis fin à mes songes lorsque je me rendis compte qu'elle me fixait. Mal-à-l'aise je regardais à l'opposé d'elle, le bout du lac qui était recouverts par la brume. Sa question me désarçonna. Pauvre fille, elle ne se souvenait de rien !

- Euh… c'est toi qui as voulu que je te suive. Tu étais avec Thomas devant la scène et tu avais l'air de bien t'amuser. Je n'étais pas très loin et tu es venues me chercher. Après on est parti vers le lac et on y a passé la soirée. Je devrais plutôt me demander ce qui m'a pris de me laisser entraîner par Daisy Blackstone.

Je n'avais pas dit cela d'un air méchant mais plutôt d'un air provocateur. Au départ, je n'avais rien demandé ! C'était elle qui avait voulu qu'on se baigne, c'était elle aussi qui m'avait aspergé pour que je cède. Bon d'accord, je voulais bien plaider coupable pour le sable mais c'était franchement minime à côté.
Tout en me remémorant la soirée, je laissais un sourire égayer mon visage.

- Tu avais chaud et tu voulais aller te baigner alors je t'ai suivis. Pourquoi je l'ai fait, je n'en sais rien par contre.

C'était vrai. J'aurais très bien pu me dégager de sa main qui m'entraînait loin de la foule et lui dire que je ne voulais pas qu'elle me gâche la soirée. En somme, j'aurais pu faire comme d'habitude. Mais non, je n'avais pas fait cela, et en fait, je n'y avais même pas pensé.

- Après je crois qu'on s'est fait courser par un truc dans le lac alors on est sorti et tu m'as fait bouffer du sable.

Je laissais échapper un rire en me remémorant en train de m'étouffer par terre. J'essayais de mettre en ordre toute la chronologie de la soirée que nous avions passée ensemble. Je lui jetais un regard en me demandant si elle s'en rappelait aussi.

Bien étrange soirée.

Spoiler:

Qu'est-ce qui lui avait pris d'aller le chercher ? Et lui de la suivre ? Daisy repensa à Fluvia et à la mixture que toutes deux avaient absorbées. Elle avait une excuse, elle, celle de l'ivresse et de son incapacité à réfléchir avant d'agir. Mais pourquoi l'avoir entraîné lui. Aux dernières nouvelles, ils n'étaient pas vraiment en très bons termes, alors pourquoi ? Afin d'améliorer leur relation ? Non, elle n'avait pas le souvenir d'en avoir eu même l'envie. Ou peut-être bien. De toute façon depuis leur conversation dans la salle commune, depuis le rêve étrange qu'elle avait fait, Daisy était confuse et n'était plus sûre de rien à son sujet. Même sa haine viscérale envers Moran semblait trouver sa source d'en d'autres sentiments qu'elle ne maîtrisait pas. Tandis qu'il poursuivait la description de leur soirée, le sourire qu'il afficha la perturba. Il avait l'air de s’être amusé, et elle regretta un instant de ne pas partager ce souvenir. Il continua et visiblement Moran se posait les mêmes questions qu'elle car il ne savait pas pourquoi lui-même l'avait suivi dans le lac. Peut-être était-il ivre lui aussi ? Elle essaya de retrouver en elle les images qu'il évoquait et petit à petit certaines d'entre elles prirent sens et se remirent dans l'ordre. Voilà pourquoi ses vêtements étaient dégoûtants et sa peau collante. Lorsqu'il dit qu'elle lui avait fait bouffer du sable, Daisy ne put se retenir de rire, rire qu'elle réprima aussitôt. C'était vraiment étrange et déstabilisant comme sensation que celle de ne pas se souvenir de ce qui semblait avoir été une bonne soirée, avec une personne qu'elle n'aimait pas.

- Bien …. Finit-elle par lui répondre d'un ton neutre… On a l'air d'avoir passé un bon moment …. et sans s’entre-tuer …

- J'espère que tu n'y as pas pris goût parce que ce n'est pas prêt d'arriver de sitôt …

- Puisque j'ai ta parole ..... Si tu veux bien m'excuser …. Je vais aller me laver, me changer et tout oublier …. ah non ça c'est déjà fait … Conclut-elle sur un ton moitié taquin, moitié frustré

Elle fit volte face, ses chaussures et sa baguette en main. D'un pas décidé elle fila vers le camping ou se trouvait la tente qu'elle partageait avec ses cousins. Elle y pénétrait sans un bruit, se doucha et se faufila dans son lit... Drôle de soirée, songea-t-elle .. Elle partageait désormais un secret avec Moran Powell …

COTÉ DU BIEN

Bon, vu sa réaction ce devait être très très flou dans sa tête. Tant pis pour elle, elle ne savait pas ce qu'elle ratait. Enfin, techniquement elle n'avait rien raté mais en même temps si elle avait sobre la soirée aurait sans doute était moins amusante, davantage stressante, parsemé de cris et d'insultes. La suite de son discours m'arracha un sourire ironique. C'était étrange mais je n'avais pas du tout la même impression qu'elle. Je restais persuadé que la Daisy entrevue hier soir devait être accessible quelque part, mais qu'il fallait juste aller la chercher… Alors, j'étais sûr qu'un jour ou l'autre je finirais par la revoir.

Mais je décidais de ne rien répondre pour ne pas l'agacer. Le souvenir d'hier soir était encore trop présent et je ne voulais déterrer la hache de guerre pour l'instant.

Je lâchais un rire à sa dernière phrase qui était l'égal d'elle-même.

- Alors, bonne journée Blackstone lançais-je d'un ton neutre.

Elle partit sans demander son reste et je la regardais partir pendant un moment. Il allait nous falloir quelque chose pour nous remettre les idées en place, parce qu'elle comme moi étions de toute évidence perdu dans notre relation haineuse. Mais je pense que je devais être celui chez lequel cela devait être le plus visible. Je ne cachais pas mes interrogations, je les formulais à l'oral si bien qu'elle savait grosso modo ce que je pensais de tout ça… Elle par contre, restait indéchiffrable : toujours cet air froid et hautain, toujours ce même ton neutre qu'elle utilisait…

A croire qu'elle ne connaissait pas autre chose.

Je restais sur la berge encore quelques instants à réfléchir puis je repartis à mon tour vers le camping. J'avais dans l'idée de passer la journée au lit et de sortir peut-être faire un tour au concert ce soir, en priant pour ne pas revoir Daisy Blackstone.